fuji
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06/05 - 07/05 - Le Japon hara-kiri : la "forêt des suicidés"
- Par cpt-tibo
- Le 01/07/2018
- Dans Mont Fuji
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FUJIKAWAGUCHIKO, PREFECTURE DE YAMANASHI, JAPON
06/05
Trente-septième vue du Mont Fuji ?Au programme : Aokigahara, plus connue sous le nom de "forêt des suicidés". A 25km de notre guesthouse, elle s'étend sur 35km2 à la base du Mont Fuji. En 1993 dans "Mode d'emploi complet du suicide", l'écrivain Wataru Tsurumi l'a décrit comme "l'endroit parfait pour se suicider". On y recense environ un mort par jour, généralement par pendaison, depuis le début des années 2000. La culture japonaise était autrefois favorable au suicide, qui était considérée comme un moyen de retrouver son honneur perdu. En plus, dans la religion, elle ne souffre d'aucun tabou.
AokigaharaAokigahara a beaucoup fait parler d'elle depuis que le Youtuber Logan Paul s'est affiché devant un cadavre. Ne pensant qu'à sa notoriété, il s'est fait lyncher pour avoir montré sa découverte avec enthousiasme. Nous n'avions pas ce plan en tête. Au pays du "hara-kiri" qui enregistre le taux de suicide le plus important au monde, ce lieu nous intriguait davantage pour son ambiance particulière.
« Dépression céleste » à la station de bus de KawaguchikoKeisuke nous avait conseillé de prendre deux bus. A Kawaguchiko, un autre des cinq grands lacs, il fallait attendre le prochain bus près de deux heures. Nous avons donc loué des vélos pour environ 13 km de montée jusqu'à la grotte de glace, où commence le chemin balisé de la forêt. Mon vélo était un nul, nous étions un peu éreintés à l'entrée de la forêt.
A l'orée de la forêt
Elle n'est absolument pas touristiqueEn fait, nous n'avons croisé personne. Les gens semblent s'arrêter à la grotte de glace.
Aokigahara est également connue sous le nom de Jukai : "mer d'arbres"
Les gens y viennent pour mourir car elle est dense et irrégulière, et le dénivelé est parfois importantEn dehors des sentiers battus, il y est donc très facile de s'y cacher. Si des gardes forestiers la sillonnent régulièrement pour empêcher certains passages à l'acte, encore faut-il les trouver.
Fausse corde à 50mJ'étais un peu sceptique à la base, mais y aller à deux en faisant du bruit, ce n'est sûrement pas le meilleur moyen de ressentir l'atmosphère du lieu. Comme nous l'avons expliqué le soir à une française qui nous demandait notre avis, je le trouve digne d'intérêt pour les amateurs de belles forêts, mais un peu moins pour le côté spirituel.
Que fait cet homme ?Pour s'immerger un peu plus, nous avons quitté le chemin en direction d'un autre. Arrivés devant une montée abrupte, nous l'avons longé jusqu'à la fin pour finalement s'apercevoir que nous étions revenus tous seuls sur le chemin. Sa réputation de "Triangle des Bermudes" dans laquelle les GPS ne fonctionnent pas est tout simplement surfaite.
Cimetière au nord d'Aokihagara
Couleurs vives, nuage yin yang et Mont FujiLe temps était devenu menaçant donc nous sommes rentrés en vitesse. Nous n'avons presque pas eu besoin de pédaler sur les 13km.
A Yamanakako, le temps était plus menaçant encore
YAMANAKAKO, PREFECTURE DE YAMANASHI, JAPON
07/05
Fiers et confiants de notre premier succès d'auto-stoppeurs, nous avons remis ça à notre départ de Yamanakako, direction Tokyo. Cette fois-ci, on se disait que ce serait plus simple encore, car tout le monde va à Tokyo... Nous avions une grande pancarte en carton faite par Keisuke, avec kanji et dessin. La route en face de la guesthouse est une route nationale qui va vers Tokyo.
"Sumimasen"Suivant les conseils de Kei, nous nous sommes postés avant l'échangeur de la E68. Nous sommes devenus fous beaucoup plus rapidement que la première fois. Une heure et demie plus tard, il pleuvait. Nous avons fini par laisser les affaires sous un pont entre le 7 Eleven et le lac. Dix mètres plus loin, nous démarchions les voitures arrêtées au feu rouge. A la fin, je disais « Sumimasen » en m'inclinant pour chaque voiture.
La voiture dessinée par Keisuke était pourtant magnifiqueCette fois n'était pas la bonne. Les gens, cela se voyait à leurs têtes et à leurs voitures, étaient plus vieux et plus aisés qu'à Matsumoto, ce qui n'aidait pas.
Mario 64 à Murabito avec KeisukeNous sommes donc rentrés bredouilles et trempés à Murabito trois heures après la fin du check out. Il nous a de nouveau chaleureusement accueillis, et, compatissant, a réservé nos billets de bus pour Toky, puis nous a invités à une partie de Mario Kart sur Nintendo 64 sur rétroprojecteur. C'était cool de rejouer à cette console antique, qui plus est dans le pays de Nintendo. Les traductions des personnages, notamment Bowser, qui s'appelle Koopa en version japonaise, l’amusaient.
Quarante minutes plus tard, nous avons dit adieu à Keisuke et à Fujisan avant de monter dans le bus en route pour la dernière étape du périple : Tokyo.
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04/05 - 05/05 - Autour du Lac Yamanaka : l'éblouissant Mont Fuji
- Par cpt-tibo
- Le 25/06/2018
- Dans Mont Fuji
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MATSUMOTO, PREFECTURE DE NAGANO, JAPON
04/05
Le long du Lac YamanakaFujisan, "lieu sacré et source d'inspiration artistique" (UNESCO), est probablement la plus belle chose que nous ayons vue au Japon. Il faut le voir pour comprendre l'importance de sa symbolique artistique et religieuse. Son profil symétrique exceptionnel a inspiré grand nombre d'artiste, le plus connu étant La Grande Vague de Kanagawa, planche n°1 des "Trente-six vues du mont Fuji". Point culminant du Japon à 3776 mètres d'altitude, le Mt Fuji est un volcan considéré comme actif qu'il est possible de gravir quelques mois dans l'année. A environ trente kilomètres de ce dernier, nous nous rendons à Yamanakako. On ne va pas le gravir mais profiter tranquillement des vues et des activités du scénique Lac Yamanaka.
This is FujisanMais avant, retour au Mcdo de Matsumoto où nous avions dormi la semaine dernière. Mégane a écrit notre destination en katakana (un caractère correspond à une syllabe), l’un des trois alphabets japonais, sur une feuille double. J'ai complété en recopiant les kanji (autre alphabet) de la ville. Nous avons marché 2km jusqu'à la Nagano Expressway. Les filles se sont arrêtées devant un conveniance store tandis que Khalid et moi avons continué jusqu'à un péage. Il leur a fallu un quart d'heure pour se faire transporter. Petit coucou et rendez-vous à Tokyo au passage. Pleins d'espoir, on se disait qu'il nous faudrait, comme elles, peu de temps...
Grand sourire pour compenser l'inquiétude provoquée par le masque anti-pollutionNous avons plus de chances qu'une voiture s'arrête, nous disait Terumi san, en attirant l'attention sur nous. Après une heure à lever le pouce et à brandir une pancarte à tour de rôle, nous n'hésitions plus à danser ou à taper des poses "Kawai" (mignonnes en japonais). Khalid a même fait des pompes. Sans succès, mais voir les sourires amusés de certains était déjà une satisfaction. Beaucoup de japonais s'excusaient en passant, on pouvait le lire sur leurs lèvres ou ils faisaient un signe de la main.
On garde le moralAu bout de deux heures, deux voitures s'étaient arrêtées : un vieux qui n'avait pas trop l'air de savoir où il allait et une voiture pleine avec deux voyageuses qui faisaient aussi du stop. On se demande toujours pourquoi ils se sont arrêtés ceux là... Alors que nous avions choisi de franchir le péage, un agent nous a recommandés un endroit où il disait avoir vu des gens faire du stop. C'était celui où Mégane et Angélina avaient été prises en quinze minutes. Retour à la case départ. Nous avons mis des chansons françaises et perdu le peu d'inhibition qu'il nous restait.
On l'a fait !Quand soudain, après trois heures de stop, une voiture s'arrête et son chauffeur nous invite à monter. Kensho et son pote, tous les deux 23 ans, allaient à Yamanakako et nous ont déposés en face de notre guesthouse. Le trajet a duré trois heures de plus. C'était notre première sur les routes japonaises (prends ça le Shinkansen !). Le Mont Fuji, grandiose, est apparu comme un mirage à 5O km de notre destination. Au dernier jour de la Golden Week, prendre un bus aurait sans doute été compliqué. A la fin dans les bouchons, nous nous sommes tous les deux endormis, preuve qu'on se sentait vraiment en confiance.
YAMANAKAKO, PREFECTURE DE YAMANASHI, JAPON
YamanakakoNous voilà à Yamanakako, village de plaisance qui s'étend le long du Lac Yamanaka, le plus grand des "Fujigoko", les cinq lacs bordant le Mont Fuji. C'est aussi l'un des plus grands lacs de Japon à une altitude de presque 1000m. On y vient pour faire des activités autour du lac, (l’onsen est réputé) tout en profitant de la vue Mont Fuji, à une trentaine de kilomètres, et ses paysages environnants.
Guesthouse MurabitoHôtels et "situation géographique de luxe" oblige, le train de vie est plus élevé que dans le reste du pays. Nos lits en dortoirs à la Guesthouse Murabito n'étaient pas donnés. Keisuke, le propriétaire, nous a présenté chaque détail, recoin, aspect de la guesthouse, pour un interminable check-in. L'accueil était exceptionnel mais un peu long. S'il s'agit de l'un des hébergements les plus chers de mon voyage, il se classe aussi parmi les meilleurs. On se sentait comme à la maison dans ce cocon confortable et coloré à l'atmosphère de voyage. Marino, la femme de Keisuke, a fait un tour du monde en 2015 et affiche fièrement ses photos. Les toilettes sont presque un peu trop sophistiquées. C'est sa maison familiale qu'ils ont retapée l'année dernière. Leur anglais est excellent et ils débordaient de conseils pour les "photos spots" et les trucs à faires autour de Fujisan.
Nous avons assisté à une rare scène de reproduction des chaussons au soleil sur la terrasseLe soir, nous privilégions enfin le restaurant au lieu du 7 Eleven. L'austérité était toujours en vigueur, mais il faut savoir vivre de temps en temps. Des ramens pour moi, un fried rice pour Khalid.
05/05
Le grand et scénique lac Yamanaka attendait avec impatience qu'on l'explore. Nous nous sommes renseignés sur les pédalos puis les bateaux à moteur, tous les deux au prix exorbitant. Nous avons opté, comme je le voulais, Khalid était un peu déçu, pour des vélos.
Le Mt Fuji est clairement à la hauteur de sa réputationIrréaliste, il est là : magistral, fier, éternel... ("Dur, ferme, franc, fier, fort, hardcore, Jusqu'à la mort"). Sous un temps magnifique, nous avons pris notre temps pour faire le tour du lac.
La première partie, le long des hôtels et des restaurants, n'est pas la plus intéressante car on est sur une route avec beaucoup de circulation où le Mont est masquéOn n'a pas le droit de rouler côte à côte, ce que nous ne savions pas encore.
Arbres en fleurs, pavillon, lac, Mont Fuji, ciel bleu... tout est là !
A partir de ce point, la ballade était juste renversanteOn attrape la piste cyclable et on avance le regard braqué sur Fujisan, le souffle coupé. Nous avons essayé de louer des jet ski mais il fallait une licence.
Grâce à la réaction cutanée provoquée par ses piqures de guêpes, Khalid a dû porter des bandages qui lui ont permis de développer son chakra et de franchir des cours d'eau tel un ninja
Flyboard sur le lac
Trop de "photos spot"Avant la fin, nous avons laissé les vélos au pied d'un escalier pour une colline qui aurait pu nous donner un autre point de vue. Malheureusement nous étions en plein milieu d'un bois, donc pas de panorama.
Petit temple shinto près de la guesthouse
Fujisan au coucher du soleilAu coucher du soleil, je suis revenu au "sunset point". Photographiquement parlant, ce n'est pas l'endroit optimal pour se coucher, mais les couleurs sont sympas.
Good night FujisanJ'ai demandé des conseils de réglage à un japonais qui avait le même Pentax que moi. Il paraît que le lever de soleil est encore plus majestueux, mais il fallait être debout à 5h du matin pour le vérifier.