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  • 07/05 - Japanize Guesthouse : un repaire de français à Tokyo

    TOKYO, JAPON
    07/05

     

    Tokyo Tower
    Tokyo depuis la Tokyo Tower

    Après plus de quatre mois de voyage depuis Bangalore, presque deux pour Khalid depuis Ulanbaataar, notre arrivée dans la capitale japonaise représentait l'ultime étape d'un peu plus d'une semaine. Dans le bus allant à Tokyo, l'ambiance était spéciale. Je me sentais particulièrement nostalgique quant à ce "dernier voyage". Ici plus que n'importe où ailleurs, je réalisais malgré moi l'imminence du retour. Des souvenirs faisaient surface d'eux même. Je n'étais pas déprimé pour autant, pas encore... La satisfaction des rencontres inoubliables, des paysages magnifiques et des repas excellents (l'essentiel : lien ???) l'emportait largement sur la perspective du retour imminent.

     

    Bus Tokyo
    Dans le bus quittant Yamanakako

    Sous une trombe d'eau en fin de journée, nous avons eu un aperçu de la Tokyo Tower illuminée en violet. L'Inde me paraissait si lointaine à ce moment. Le bus nous a déposés à Shinjuku, le quartier des gratte-ciels le plus dynamique de la capitale. Nous voici arrivés dans la "capitale de l'est", aussi bien politique, économique, que culturelle. Avec plus de 42 millions d'habitants dans l'agglomération en 2016, Tokyo possède l'aire urbaine la plus peuplée au monde. Il fera moche une bonne partie de la semaine.

     

    Shinjuku station
    Gare de Shinjuku

    Difficile de s'organiser un planning tant les choses à faire sont nombreuses. De toute façon, ce n'était pas maintenant que nous allions changer notre organisation : prévoir au mieux la veille pour le lendemain, et encore... Il s'agira de visiter tranquillement Tokyo - ses quartiers principaux, une de ses deux tours d'observation, une rue (un peu plus) traditionnelle, un musée peut-être - et de faire du shopping, c'était le meilleur moment et le meilleur endroit pour ça. Nous passerons une bonne partie de la semaine en compagnie de Mégane et Angélina, les deux françaises rencontrées à Ogurayama. Elles étaient déjà allées à Tokyo, donc connaissaient quelques bons plans.

     

    Japanese Guesthouse
    Japanize Guesthouse

    Nous étions heureux d'apprendre l'existence d'une correspondance directe entre Shinjuku et notre hôtel : "Japanize Guesthouse", dans le centre à Bakurocho, à mi-chemin entre Akihabara, Asakusa et Ryogoku, le temple du Sumo. Il est situé dans une avenue assez animée avec des guesthouses, des restaurants et des "conveniance store" ouverts 24h/24 .

     

    Japanese Guesthouse Tokyo   Japanese Guesthouse Tokyo
    Une guest factory

    C'était l'un des établissements les moins chers qu'il est possible de réserver une semaine avant. Il nous évoquait une "guest factory" (usine dortoir). L'espace est organisé de manière à pouvoir installer un maximum de lits. Dans l'un des quatre dortoirs de vingt lits chacun, je dormais sous un énorme tuyau de canalisation dans un lit assez large et confortable. L'avantage d'être entassé, c'est que les clients ne vont dans le dortoir que pour dormir ou se poser sur leur lit. Du coup, seul un opulent ronfleur est venu déranger le calme de nos premières nuits. Mais en réalité, je pense qu'on a plus dérangé que l'inverse. L'immeuble, relativement étroit, est opérationnel sur sept étages. On pouvait monter sur le toit dont la vue se limitait à l'avenue. Il y a un bar au rez-de-chaussée qu'on a pas mal fréquenté.

    Ils auraient dû l'appeler "Frencheze Guesthouse" tant il regorge de compatriotes.

    Nous l'avons découvert à nos dépends dès notre arrivée. Pendant le check-in, un vieux relou beurré nous a "pris le chou" justement car nous étions français. Il ne laissait même pas Shuju, le manager, en placer une. "Zai are frainech, its ok" disait-il, "zai are compatriotes" - "Yes I know..." répondait inlassablement Shuju. Bref, après avoir posé les affaires dans le dortoir, nous sommes descendus pour prendre notre verre de bienvenue. Rejeté par tous les clients du bar, il est revenu à la charge et ne voulait plus partir. Il accusait Khalid de l'avoir mal regardé pendant le check-in. En plus, à cause de ses origines, c'était inacceptable qu’ils ne soient pas comme des frères.

     

    Japanese Guesthouse Tokyo
    Bar de la guesthouse

    Il nous a fait croire cinq bonnes fois qu'il allait nous laisser tranquille. En vrai, il n'était pas méchant du tout. Au contraire, il se montrait débordant de bienveillance et de "bons conseils", mais extrêmement accablant et stupide, plus instigateur qu'inspirateur. Un épisode que je tenais à détailler, car ses énormités sont devenues pour nous des références. "Te prends pas le chou", "Je m'abaisse si tu veux, tu veux que je m'abaisse ?". "Ma femme m'a quitté, (le chien est parti avec la niche, le poisson rouge a essayé de se suicider), tu vas pas me rajouter ça", en parlant du regard de Khalid... Heureusement, il partait le lendemain.

     

    Shinjuku station
    Shinjuku

    La guesthouse a un staff très nombreux parmi lesquels deux français d'une vingtaine d'années qui travaillaient dans le cadre de leur visa vacances travail. Les innombrables paires de crocs à disposition des clients étaient appréciées en raison de la surface métallique des marches semblables à des lames de rasoir. Les gérants : Shuju et le cuisinier en train d'apprendre l'anglais étaient sympas et ouverts.

  • 30/03 - 02/04 - Hatgal to Moron to UB : Retour tranquille mais pas sans détour

    HATGAL, MONGOLIA
    30/03


    Hatgal aiport
    "Aéroport" d'Hatgal

    En route vers Hatgal, un jeune mongol en scooter est venu à notre rencontre pour nous indiquer le chemin de sa guesthouse, comme convenu avec Bayardalai. Tout le monde le connaît, et s'amusait à nous le passer au téléphone.


    Hatgal
    Hatgal

    Ambiance balnéaire. Temps froid et venteux. Petites maisons triangulaires de toutes les couleurs. Nos cottages étaient beaux à l'extérieur, mais assez inconfortables et mal isolé à l'intérieur. Le routeur Wi-Fi était cassé. Deux chiens inépuisables nous sautaient dessus et nous accompagnaient où que nous allions. 


    Hatgal
    Quartier de notre cottage

    A notre grande surprise, la mission "restaurant to douche to lessive" fut un désastre, tout étant fermé à cette période de l'année. Nous avons marché plus de deux kilomètres sans trouver un seul restaurant, hôtel ou guesthouse d'ouverts. A ce stade, prendre une douche et faire une lessive devenaient encore plus vital que le ravitaillement, car quelques épiceries étaient ouvertes. Une femme nous a sauvés en nous emmenant d'abord dans un restaurant.


    Moi Hatgal   Khalid Hatgal
    L'effet positif de l'absence de douche sur mes cheveux, notre fatigue après 10km de marche et la longue mais optimiste attente du repas.

    Nous avons mangé malgré nous les raviolis de yak les plus gras qui soient, à s'en dégoûter. Cette viande ne voulait vraiment pas nous quitter. Puis la mongole nous a conduit dans une "maison de douches". Elle nous avait auparavant conduit dans sa guesthouse, ignorant nos multiples rappels : "No guesthouse !". Finalement, elle a trouvé son compte avec la note de taxi et en lavant nos vêtements qui commençaient à sentir le fromage. Pas avant de nous avoir conduit dans sa petite yourte, servi le thé, des gâteaux et du fromage, et présenté ses sandales fabriquées à la main.


    Hatgal cotage
    Nos cottages à Hatgal

    La nuit fut froide, dure, et toujours coupée du monde. En l'absence de Wi-Fi, le plan qui était de louer des motos grâce au contact de Bayardalai a échoué. On ne peut pas faire le tour du Lac Khovsgol en moto, et personne ne pouvait nous renseigner sur les meilleurs intinéraires. Nous sommes donc montés dans un minibus pour Moron le lendemain.


    MORON, MONGOLIA
    31/03


    Moron
    Moron en fin de journée

    C'est dans une tempête de sable que nous avons atteint le Far-West Mongol. Les pubs, les routes en sable, la feraille et les hôtels en brique orange conféraient à la ville une ambiance américano-soviéto-apocalyptique. Le bout du monde mongol, la frontière entre l'ouest sauvage et l'est un peu moins sauvage, Nuketown...


    Tenkhleg Hotel Moron
    Tenkhleg Hotel

    Khlid Moron
    Meilleur que les crousti-bat

    Nous nous sommes laissés aller à un hôtel tout confort, cette fois-ci beaucoup plus classe à l'intérieur. Le prix était franchement OK pour ce standing. Nous avons décidé de repousser le road trip jusqu'au retour à la capitale, car c'est de là que commencent les parcours les plus intéressants. La fraîcheur des légumes du restaurant de l'hôtel fut la consécration de ce confort tant attendu, avec en prime une soupe de yak, dont le goût et texture m'ont immédiatement replongé dans la ferme de Mama. 


    Moron   Moron bad stuff really bad

    Khalid Moron

    Au lieu du marché noir, le plus grand de Mongolie que nous étions partis chercher, nous avons croisé un taxi arborant fièrement une croix gammée, de nombreux karaokés, des terrains de jeux semblant laissés à l'abandon. De petites mais larges rues en sable s'organisent parallèlement autour des des rues principales qui concentrent les épiceries, hôtels, restaurants et immeubles d'habitations.


    Moron bus station
    Station de bus de Moron

    Ce fut un retour très tranquille en fin de compte, étendu sur trois jours au lieu de deux. Après le sable est venu la neige. Le passage à l'heure d'été nous a fait douter du bon horaire de départ du bus. Après vérification, point de changement. 800km... Que dire à part que le bus n'est pas l'endroit le plus adapté au visionnage de Black Mirror ? Surtout lorsque le trajet dure quinze heures...

     

    ULAANBAATAR, MONGOLIA
    01/04


    Nous sommes arrivés à la Dragon Station d'Ulanbaataar vers 22h30. Epuisés, nous attendions devant le coffre du bus agglutinés comme les mongols impatients de récupérer leurs affaires. Nos bagages étaient au fond du coffre. Les gens collaient, comme à leur habitude, et ne faisaient pas semblant de bousculer. Il nous a fallu un certain temps pour récupérer nos bagages, et nous sommes partis vers notre guesthouse à pieds, à environ 7km. Après seulement 200m, Khalid ne trouvait plus son téléphone. Il a couru jusqu'au bus pour le chercher partout. Le bus ratissé, il ne lui a pas fallu longtemps pour comprendre qu'un infâme pickpoket avait profité d'une bousculade pour le lui subtiliser.

    Au commissariat, un seul policier parlait anglais. Au lieu de nous faire une main courante, il nous a dit qu'il fallait se rendre à l'ambassade pour trouver un traducteur qui pourrait nous aider à faire les démarches de la plainte. Puis, on se demande toujours pourquoi, il a appelé Bayardalai, qui lui a répondu qu'il nous avait prévenus. Pas faux. Il a prit nos coordonnées, le Facebook de Khalid et s'est bien marré avec son pote. Puis, moyennant rémunération, il nous a déposés à la guesthouse dans le centre-ville, où nous avons attendu près d'une heure qu'Eric, le propriétaire, revienne de l'aéroport avec deux allemandes. Khalid a récupéré mon deuxième téléphone.

     

    02/03

    Erik était d'une aide précieuse pour l'organisation du road trip. De nature généreuse et avec son énergie sans limite, il nous a tracé un parcours de quatre jours passant par Karakorum, l'ancienne capitale, deux parc nationaux, une cascade... Et avant même qu'on lui demande, il a appelé les quelques agences de location de moto encore ouvertes. Succès : 12€ par jour par personne pour des Mustang 150cc (semi-automatique), à récupérer le lendemain près de l'aéroport.

    Nous avons fait la rencontre de deux françaises qui s'en allaient pour le Lac Khosvgol. A mon tour de leur recommander la ferme de Mama, de leur donner les coordonnées de Bayardalai, et de divulguer de précieux conseils sur la survie en terre mongole. Elles semblaient emballées, jusqu'à ce que je leur parle de la difficile intimité et des problèmes liés à l'eau. Les allemandes ont choisi un tour dans le désert de Gobi organisé par Erik, qui, comme la plupart des tenanciers, est aussi un tour opérateur.

    L'ambassade, à deux pas de la guesthouse, était fermée à cause du lundi de Pâques. Nous sommes retournés à la Dragon Station pour faire le tour du marché noir. Les étalages respiraient le vol à plein nez : téléphones, batteries, cables, cartes mémoires... C'était l'occasion pour Khalid de potentiellement retrouver son Samsung mais aussi de se faire une idée des prix des téléphones, très bon marché chez les vendeurs non officiels. Quelques jours plus tard au Teddy Store, le meilleur endroit pour faire une bonne affaire, les contrefaçons chinoises réalisaient avec succès les tests de vérification d'authenticité. Mais le prix n'était même pas assez intéressant pour prendre le risque. De quoi décourager rapidement. J'y ai acheté une carte micro SD de 32go - que je n'ai pas oublié d'essayer sur mon appareil photo avant - qui contenait les photos volées d'une famille mongole. Les mecs n'avaient même pas prit la peine de vérifier sur un ordinateur les fichiers de la carte volée...

  • 08/03 - 09/03 - "Gorgeous Gorges" - Les Gorges du Saut du Tigre (et plus loin encore)

    Tiger Leaping Gorges
    Gorges du Saut du Tigre

    A 60km au nord de Lijiang, les Gorges du Saut du Tigre sont considérées comme les plus belles et les plus anciennes de Chine. Certains disent que ce sont les gorges les plus profondes du monde. Quel bonheur d'y être à l'intérieur (et quelle introduction de poète). Le majestueux Yangtsé, plus long fleuve asiatique, prend sa source au Tibet et franchit les gorges jusqu'au nord de Shanghai dans la mer de Chine Orientale. A des centaines de mètre au dessus, on pouvait quand même entendre le vacarme de son débit fracassant. Entre montagnes, glissements de terrains réguliers, chemins à flanc de falaise, mal voire pas du tout indiqués, villages naxis, troupeaux de chèvres, etc, cette randonnée est parfois difficile mais toujours magnifique.

     

    TIGER LEAPING GORGES, YUNNAN, CHINE
    08/03 - 09/03

     

    Avare de temps et d'argent comme à mon habitude, je prévoyais de finir le parcours en une journée. Généralement, il se fait en deux jours, de Qiaotou à la Tina's Guesthouse, d'où partent les seuls bus pour Lijiang ou Shangri La à 15h30. A moins de courir pour choper le bus à temps : deux jours obligent, car il faut compter entre six et neuf heures pour rejoindre Tina's. L'entrée coûte 60 yuans, et donne accès à tout le site, qui ne se limite pas qu'aux gorges. 21km de longueur pour 800m de hauteur, pour la première partie... pour moi...

     

    Tiger Leaping Gorges Qiaotou   Tiger Leaping Gorges Qiaotou

    Tiger Leaping Gorges Qiaotou  250  Tiger Leaping Gorges Qiaotou
    Qiaotou : début du trek

    Après 2h de trajet, le bus nous a lâché vers 9h30 à la Jane's Guesthouse : un américain, deux couples d'allemands et moi. Nous étions les seuls passagers de ce bus, le seul et l'unique en partance de Lijiang, et presque les seuls sur tout le site ! La randonnée ne commence réellement qu'après un kilomètre sur une route goudronnée, mais les paysages sont déjà au rendez-vous. Le chemin monte alors de manière assez violente. Dépasser était difficile. Deux chevaux qui bloquaient le passage m'ont obligé à effectuer un dépassement délicat. Un troupeau de coréens avançait étonnement bien, mais pas assez pour que je garde la distance avec les gens du bus. Au départ, le soleil me brutalisait sous mes trois couches de vêtements. 

     

    Tiger Leaping Gorges First Part  Tiger Leaping Gorges First Part  Tiger Leaping Gorges First Part
    Avant la Naxi Guesthouse

    Eric, un New-Yorkais, est devenu (après deux tentatives ratées de sa part) mon pote de trek. Un peu malgré moi au départ pour ne pas vous mentir. Je l'ai rapidement devancé, avant qu'il ne me rattrape pendant une pause. Quand on est reparti, je lui remit dix bonnes minutes, pendant une longue descente à travers une forêt d'arbres géants, dont les paysages et l'odeur rappelaient à des californiens leur chère région. Des pancartes poétisaient la prévention incendie : "La forêt, comme l'amour, brûle en chacun de nous". Fumer est interdit sur l'ensemble du site, vous êtes prévenus... 

     

    Tiger Leaping Gorges Naxi Guesthouse  Tiger Leaping Gorges Naxi Guesthouse  Tiger Leaping Gorges Naxi Guesthouse
    Après une ou deux heures de marche (plutôt une que deux)

    Le panorama devient intéressant à partir d'un promontoire avant la Naxi Guesthouse. Bien qu'il faisait faim, il était trop tôt pour s'y arrêter déjeuner. Je redoutais que le prochain restaurant soit un peu loin. Il l'était, pour le grand bonheur de notre estomac au déjeuner. Une autre longue partie forestière alternant montée et descente. Les "28 bends", la partie la plus montante du trail, est assez rude, mais offre un premier aperçu des gorges. Progressivement, on se sent rétrécir entre des montagnes de plus en plus imposantes.

     

    Tiger Leaping Gorges Tea Horse Guesthouse  Tiger Leaping Gorges Tea Horse Guesthouse
    Tea Horse Guesthouse

    Déjeuner au Tea Horse Guesthouse vers 14h. Pour moi, fried rice et nouilles au bœuf. Pour Eric, une assiette minimaliste de tofu avec quelques légumes verts. Dix minutes après ce lourd déjeuner, je m’aperçois que je suis arrivé malgré moi sur la route principale. J'ai fait demi-tour pour retrouver le "upper trail", bien mieux pour la vue et les sensations. Je retrouvais Eric qui s'était également fourvoyé, et l'emmenait avec moi, lui épargnant deux heures de marche sur la route.

     

    Tiger Leaping Gorges 28 bends  Tiger Leaping Gorges 28 bends  Tiger Leaping Gorges 28 bends

    Tiger Leaping Gorges 28 bends  Tiger Leaping Gorges 28 bends  Tiger Leaping Gorges 28 bends
    Sapins, hautes herbes, bambous, montagnes et chemins de falaise

    Il était bien content que je puisse "cheat" grâce à mon GPS. Personnellement, j'étais le premier surpris de l'avoir attendu. Bonne nouvelle : lui aussi comptait aller le plus loin possible, donc s'activait pour que nous puissions au moins atteindre le "Walnut Garden" avant qu'il fasse tout noir. En plus, étant sur la fin de son année d'étude à Pékin, il parle chinois ! C'était bien pratique. Quelques mots suffisent (pas comme Julley) pour s'ouvrir des portes inattendues (à condition de comprendre en retour). Les gens à qui il parlait étaient tellement ravis de cet effort qu'il avait souvent dû mal à arrêter la conservation.

     

    Tiger Leaping Gorges
    Passage délicat

    Funny fact : les quatre américains que j'ai rencontré pendant le périple des gorges parlaient tous chinois, cassant un peu mon préjugé selon lequel les anglophones sont des flemmards linguistiques (peut-être que les anglais sont les seuls). En tout cas, c'est à cause de ces américains qui s'investissent courageusement dans cette langue antagonique à la notre, que les chinois nous parlent chinois. Autre funny fact : trois d'entre eux m'ont répété que Trump allait rencontrer Kim Jong. L'un était (relativement) inquiet de ce qui pourrait aboutir d'une rencontre entre ces "deux enfants".

     

    Tiger Leaping Gorges  Tiger Leaping Gorges

    Tiger Leaping Gorges  Tiger Leaping Gorges  Tiger Leaping Gorges
    Temps : idéal, sensations : garanties

    La deuxième partie du trail est la plus sensationnelle. Le dénivelé est d'environ 1000m. En plus des vues à couper le souffle sur les écrasantes montagnes et l'énorme rivière serpentante, on ne monte plus. Toute la hauteur nécessaire a été prise auparavant. Cela rend le trek d'autant plus appréciable.

     

    Tiger Leaping Gorges Thibaut
    Coucou

    Je me rappelle qu'à ce spot, Eric m'a fait le coup des "Gorgeous Gorges" (je précise que je l'avais déjà trouvé tout seul). Lui le gardait en réserve pour cette occasion. J'aurais dû le lâcher une troisième fois rien que pour ça.

     

    Tiger Leaping Gorges Halfway  Tiger Leaping Gorges Halfway  Tiger Leaping Gorges Halfway
    HalfWay

    Half Yeah ! Ce village, comme son nom l'indique, est à mi-chemin du parcours. C'est ici que la plupart des villégiateurs s'arrêtent pour la nuit. Les randonneurs, en revanche, continuent au moins jusqu'à Tina's. Je comprend pourquoi, le style et ses paysages sont magnifiques.

     

    Tiger Leaping Gorges best part  Tiger Leaping Gorges best part

    Tiger Leaping Gorges best part  Tiger Leaping Gorges best part
    Chèvre, Gorge, Naxi

    Le chemin devient plus rocailleux, longe parfois la falaise ou passe entre d'immenses rochers. Des troupeaux de chèvre jouaient aux alpinistes. Certaines se nichaient dans de minuscules marches sur des pentes presque verticales. On pouvait profiter d'une brise agréable. Le soleil descendait de plus en plus, jusqu'à passer derrière les montagnes. Il se couche vers 20h à cette période de l'année. On ne cesse de descendre jusqu'à enfin arriver à Tina's.

     

    Tiger Leaping Gorges Thibaut
    Recoucou

    Tiger Leaping Gorges Tina's Guesthouse  Tiger Leaping Gorges Tina's Guesthouse
    Tina's Guesthouse

    J'en ai profité pour réserver le bus du lendemain. Un petit Yunnan Coffee pour se motiver, et c'est reparti. Plus qu'une heure de marche. On s'était mit d'accord pour prendre la route, plus directe que le chemin. Ce n'était pas un mauvais choix, car elle nous rapprochait du fleuve, offrant une perspective différente des gorges. Tranquillement, on arrive vers 19h00 à la Sean Guesthouse, à 2300m. Au total : environ 8h sans compter les pauses. Not bad.

     

    Tiger Leaping Gorges Sean Guesthouse  Tiger Leaping Gorges Sean Guesthouse
    Sean Guesthouse, notre refuge pour la nuit

    Rencontre de Sean, l'un des pionniers des Gorges. Activiste environnemental, c'est l'homme à l'origine d'un chemin jusqu'à un pic que je ferais le lendemain. Il m'a donné une carte, qui, à ma grande surprise, m'a fait découvrir ce chemin d'une durée de trois heures montant à 3000m. Plus loin, un camp de base, celui de la montagne Haba, atteignable en un jour supplémentaire. D'autres chemins passant à travers forêts et villages, et plus encore descendant au fleuve. Je voulais tout faire, mais ayant déjà réservé mon bus, le choix s'imposait de lui-même. Leurs nems étaient scandaleusement bons. J'ai pioncé comme un marmot, dans une petite chambre qui nous a coûté 3€ chacun.

     

    Tiger Leaping Gorges to Haba  Tiger Leaping Gorges to Haba  Tiger Leaping Gorges to Haba
    Départ du "Sean trek" (sans Sean)

    Départ tout seul à 8h après un bol de muesli au yaourth et aux fruits. Le départ est un large espace d'herbe sèche et de rochers où il faut choisir son chemin. J'ai vu des cochons sauvages et des chèvres. Le chemin était éprouvant dans tous les sens du terme.

     

    Tiger Leaping Gorges to Haba  Tiger Leaping Gorges to Haba  Tiger Leaping Gorges to Haba
    Il est physique :
    On prend 500m de hauteur sur six kilomètres. Le chemin, qui alterne sentiers de forêt, forêts de rochers, déserts de cailloux et montées de sable, est souvent très étroit et passe entre les arbres et à travers des branches.

     

    Tiger Leaping Gorges to Haba  Tiger Leaping Gorges to Haba  Tiger Leaping Gorges to Haba
    Il est psychologique :
    La plupart du temps, on est pas sûr d'être sur la bonne voie. Les marquages sont très rares et les déviations pas du tout évidentes.

     

    Tiger Leaping Gorges to Haba  Tiger Leaping Gorges to Haba  Tiger Leaping Gorges to Haba
    Il est dangereux :
    On est constamment à flanc de montagne. La plus grosse partie est en forêt, mais les sentiers sont vraiment minuscules, et même entre les arbres, le dénivelé de la montagne est effrayant.

     

    Tiger Leaping Gorges Best View Point
    Ce qui en fait un trek totalement WORTH IT !

    La difficulté est à la hauteur de la vue. Dès que l'on contourne la montagne du Walnut Garden, on dépasse les gorges. Un tout autre panorama s'offre alors sur un barrage et le village de Daju, dans un immense espace entouré de montagnes.

     

    Tiger Leaping Gorges Best View Point  Tiger Leaping Gorges Best View Point
    Troisième point de vue (selon Maps.Me)

    Je m'étais fixé 11 heures comme limite pour avoir le temps de redescendre, prendre un déjeuner et aller jusqu'au fleuve derrière Tina's. A l'image de Rob Hall en 1996, je n'ai pas eu le temps de tout faire (mais ça ne m'a pas coûté la vie), même si j'ignore réellement jusqu'où j'ai été.

     

    Tiger Leaping Gorges Best View Point
    Time to redescendre

    J'ai atteint cette aire dans un rythme objectivement rapide, à 11h précises, mais je ne pense pas avoir atteint le pic. J'avais refusé les services d'un guide local, car 200 yuans (25€) pour seulement trois heures, c'était un peu exorbitant. Le chemin était, comme ils le disaient, "poorly marked". Donc gros big-up à la technologie par satellite, surtout avec mon don pour prendre les chemins les moins évidents. 

     

    Tiger Leaping Gorges Best View Point  Tiger Leaping Gorges Best View Point
    Le retour était super satisfaisant

    Je courrais à moitié en écoutant du Red Hot. Les étendues de sable qui m'avaient tant frustré à l'aller, je pouvais maintenant les skier. Si je n'ai croisé personne pendant tout l'aller, j'ai trouvé un autre américain sur le retour un peu avant le Walnut Garden. Celui là travaille à Shanghai et parle encore mieux chinois. Le déjeuner s'est éternisé, car la serveuse n'avait pas compris que j'avais commandé mon plat.

     

    Tiger Leaping Gorges Tina's Guesthouse  Tiger Leaping Gorges Tina's Guesthouse  Tiger Leaping Gorges Tina's Guesthouse
    Route entre Tina's et Daju

    Je suis juste un peu déçu de ne pas avoir eu le temps de descendre jusqu'au fleuve pour admirer de plus près son incroyable débit. Mais comme l'a dit un homme sage un jour : "Jamais deux périples dans la même journée".

    Retour à Lijiang pour une dernière nuit dans mon auberge préférée. Demain, direction Dali, à une centaine de kilomètres à l'est. Les deux jours de train depuis Chongqing étaient normalement prévus pour Shangri-La, cette petite ville à la frontière du Tibet. Etant au nord, dans la direction opposée à celle de Kunming, j'envisageais mal de perdre deux autres jours rien que pour retourner sur Lijiang. Deux ou trois jours passent si vite en Chine...

     

    Tiger Leaping Gorges Thibaut
    A demain !