kunming
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12/03 - 14/03 - Kunming - Analyse culturelle en vrac, coup de mou ou coup de gueule ?
- Par cpt-tibo
- Le 23/03/2018
- Dans Yunnan
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KUNMIG, YUNNAN, CHINE
12/03
Entrée du Temple YuantanJe dis au revoir et un enième merci à la gérante de Lily Pad Guesthouse pour la chambre offerte avant de commencer le périple habituel de la recherche du bus. Retour à Kunming : la "cité du printemps éternel". Comme c'est le printemps ici, je n'ai pas pu vérifier la véracité de cette appelation. En revanche, comme le disait le routard, c'était bel et bien ma porte d'entrée et de sortie du Yunnan.
Printemps à KunmingDans le bus, je suis devenu prof d'anglais par correspondance. J'avais beau expliquer à la jeune chinoise qui était asise à côté de moi que mon anglais n'était pas parfait, elle me disait trop modeste, ce qui me rendait moins modeste. A défaut, une fois de plus, de réussir à créer un WeChat (malgré son aide et sa Wi-Fi), on a gardé contact sur Skype. Arrivée à 19h, après 6h de bus, j'ai retrouvé le soleil et la chaleur que j'avais quitté une semaine plus tôt. En journée, on approche les 30°. Je n'étais pas vraiment préparé pour tous ces changements de température.
Rue Zhengyi et commémoration de la guerre sino-japponaiseDans le quartier de Wuha, Cloud Land International Youth Hostel est une chaîne d'auberges de jeunesse appartenant à Hostelling International, un label certifiant la "décence" de l'établissement. J'ai retrouvé l'ambiance "bagpacker" que j'avais quitté depuis un moment, avec toutes ses qualités et ses défauts : des rencontres intéressantes et éphémères, mais des nuits pas toujours faciles. Les auberges en Chine (et partout ailleurs) ne sont pas pour les couche-tôt. Il y a toujours au moins un ronfleur, et certains n'hésitent pas à allumer la lumière en pleine nuit, alors que chaque lit a une lampe. Quand il y a des rideaux (ce qui est rare), ce n'est pas vraiment un problème.
"Changer les âmes, changer les coeurs"Ici, un chinois était particulièrement énervé. Il a passé les deux nuits sur son téléphone, la lumière allumée, à péter et tousser jusqu'à 4h du matin. Il empêchait les autres de ronfler en tapant sur le mur, puis finissait par ronfler à son tour. Comme si ça ne suffisait pas, il parlait au téléphone à voix haute dès 10h du matin. J'en ai vu des cas mais celui-là, c'était un aigrefin de première catégorie. A cause de ce galapiat, j'ai fait deux nuits très courtes. Inutile d'essayer de se coucher tôt, vous l'aurez compris. Je m'emporte, mais il y a toujours au moins un ronfleur de toute façon.
"Changer le monde, changer les choses"Le respect est une notion très relative. D'une manière générale, j'ai l'impression que les habitants étaient de plus en plus décomplexés, surtout niveau hygiène. J'échangerais volontiers mon lit contre une chambre, si elles n'étaient pas si chères. Quelques rencontres intéressantes. Rien de très local. Le gérant est un allemand qui avisait avec joie. Un bar/restaurant classe et hyper confortable est intégré à l'auberge. J'y ai passé beaucoup de temps.
13/03
L'Université du YunnanUn endroit calme, avec des jardins et des bâtiments qui ressemblent plus à des musées qu'à des amphithéatres.
Le Temple de YuantongEn plein centre de Kunming, pour seulement 6 yuans. Pas très grand par rapport aux ensembles de temples que j'ai fais auparavant. Des estropies et deformés mendiaient devant ses portes. Petit mais rafraîchissant
Zhengyi Road et Memorial Sino-JaponnaisTrès fade avec ses grands magasins internationaux, excepté son arche autour de cerisiers.
Lac Cui Hu, ou Green Lake ParkJ'ai acheté ce que je pensais être un sandwich. C'était en fait du pain sec pour les canards. Maisons de thé, ballades en bateaux, et canards entre les cerisiers en fleur sont au thème du parc. Je suis resté un peu devant un concert de musique classique en plein air.
"Je m'souviens on avait des projets pour la Terre, pour les Hommes comme la Nature, faire tomber les barrières, les murs"Retour en métro, pendant lequel un phénomène a été la goutte d'eau qui a fait débordé le vase, ou plutôt l'ampère qui a fait survolter la batterie. Après les auberges, il faut que je passe un autre coup de gueule, un "coup de grelot" comme on dit. Je n'en peux plus des chinois immergés dans leurs téléphones. Partout, de la rue au métro en passant par les magasins, même sur leurs scooters, le nombre de gens qui marchent en regardant leur écran et qu'il faut éviter, est inimaginable. Je mange chinois dans les restaurants, puis je me mange des chinois dans la rue. J'envisage d'acheter un sifflet, voire une corne pour alerter les plus distraits. Sérieusement, j'avais été un peu choqué en Thailande, mais là on est à un tout autre niveau. En France, on est carrément à des années lumières. Du coup, j'ai un peu peur pour la Corée du Sud
14/03
Dragon Gate trailAujourd'hui, je m'attaque à la Porte du Dragon, à 20km à l'ouest de la ville, de l'autre côté du Lac Dian. Depuis West Hills Station commence une route ou un chemin au choix, d'environ 6km jusqu'au sommet de la colline.
J'ai tout fait à pieds, en un temps recordA pieds ou en bus jusqu'au péage, puis à pieds ou en télésiège jusqu'à la Porte du Dragon (Longmen), et encore à pieds ou en télésiège jusqu'au lac.
Des gravures racontent que le Lac Dian vient des pleurs d'une veuve, dont l'âme est devenue les sommets des collinesUn escalier abrupt débouche sur un chemin de pierre à flanc de falaise, puis passe dans grotte pour enfin arriver à la Porte du Dragon.
Un dicton dit : "Si vous n'avez pas visité les collines de l'Ouest, vous n'avez pas visité Kunming et si vous n'êtes pas allé à la porte du Dragon vous n'avez pas vu les collines de l'Ouest."
Kunming et le Lac DianEn fin de journée, il n'y avait pas trop de monde et la vue sur le lac était assez propre. Kunming a, de loin, tout d'une grande ville mondiale.
A partir de là, une réflexion s'imposait : je ne paye qu'une misère en transports et en logements, alors comment je fais pour dépenser autant ? La réponse tient en ces deux mots : bouffe et attractions. L'argent ici fond plus vite que la neige au soleil. A chaque fois que je tombe sur une boulangerie par exemple, je ne peux pas m'empêcher d'acheter quelque chose. Les chinois sont des champions en la matière (pas autant que nous certes). Leurs pâtisseries sont excellentes. Des grandes chaînes de boulangerie proposent une vraie qualité et un choix large. La plupart de leurs clients payent par QR code.
Des cerisiers pour les gouverner tousDernière réflexion, dans la catégorie fumeurs tout-terrains, les chinois sont des bêtes de compétition. Malgré l'interdiction de fumer dans les lieux publics, j'en vois toujours au moins un dans les bars, restaurants, centre commerciaux, et même sur les quais du métro (les agents de sécurité ne disent rien !). Pour certains, la clope est un kit mains libres : elle reste collée à leur bouche comme un prolongement de leur corps. Ceux-là ne doivent même plus remarquer qu'ils fument (et enfument). Par contre, ils doivent réaliser après la dernière taffe que ah bah tiens elle est passée où la nicotine ? Les femmes quant à elles fument beaucoup moins. Dans un subway à Kunming, une serveuse bataillait contre un vieil homme borné qui refusait de comprendre l'interdiction. Autrement, dans la plupart des restaurants, la cigarette bien qu'officiellement inerdite est plus qu'admise. L'autoriser est aussi importante que d'avoir des baguettes pour manger. Comme disait Yang, le gouvernement fait beaucoup de lois qu'il n'essaye même pas de faire respecter.
Temple des Collines de l'EstJe ne suis pas vraiment sorti des sentiers battus pendant cette dizaine de jours dans le Yunnan. J'ai bien aimé Lijiang, adoré Dali, un peu moins Chengdu et encore moins Kunming. La veille de mon vol, j'ai réalisé que je ne voulais pas spécialement aller à Pékin. A la place, j'aurais préféré retourner à la campagne, ou trouver un autre Workaway. Le vol depuis Kunming m'avait coûté pas moins de 200€ et était réservé depuis des mois. Je pense que lorsqu'on s'habitue à ne rien comprendre, et qu'être un étranger se normalise, cela veut dire qu'on a fait son temps. Essayons de repartir sur de bonnes bases. Beijing est colossale, je sais que six nuits passeront vite dans tous les cas... ce qui n'est pas le cas de la nuit qui s'annonce. L'avion décolle à 7h30. Je vais encore passer une nuit à l'aéroport.
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03/03 - 06-03 - L'épreuve des trains chinois : A travers le Yunnan
- Par cpt-tibo
- Le 17/03/2018
- Dans Yunnan
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REGION DE CHONGQING, CHINE
03/03
Après un dernier déjeuner à Caijiagou et des adieux chaleureux, l'ex de la soeur de Yang m'a déposé sur le bord de la route. Pour rejoindre Nanchuan, j'avais le choix entre faire du stop ou arrêter un bus. A ma grande surprise - Yang m'avait prévenu que les gens s'arrêtent facilement, mais je restais sur deux mauvaises expériences, notamment en Thaïlande - la troisième voiture s'est arrêtée et me confirmait qu'elle allait bien à Nanchuan. Finalement, je me dis, c'est vachement pratique l'auto-stop. J'ai rechangé d'avis en même pas une heure, lorsque le chauffeur m'a demandé 20 yuans pour la course. Cette voiture familiale rouge était en réalité un taxi/uber déguisé, qui m'a coûté presque deux fois plus cher que le bus. Il faut vraiment que j'arrête de me faire avoir.
Puis, serré et secoué dans tous les sens, je devais comparer les caractères chinois de mon téléphone à ceux du bus de Nanchuan afin de descendre à la bonne station.
Station de bus longue distance de Nanchuan
La grande majorité des tickets sont pour Chongqing. On ne paye pas pour un bus partant à une heure précise, mais pour le premier disponible. Ce système vient du fait qu'il y a beaucoup plus de monde que de sièges disponibles. Dès qu'un bus arrivait, les gens se pressaient, allant jusqu'à se bousculer, voire doubler ceux qui tenaient mal la file. Il m'aura fallu une petite heure pour monter dans un de ces bus, qui arrivent toutes les dix minutes environ. Ils passaient un film de Mr Bean (heureusement pas doublé en chinois). Chongqing est fidèle à sa réputation de ville constamment embouteillée. Le retour a duré deux fois plus de temps que l'aller. J'ai retrouvé mon auberge de la semaine dernière, un récital de ronfleurs en plus.
CHONGQING à KUNMING, YUNNAN
04/03
A 9h, la salle de réception était vide de réceptionnistes. Mon train pour Kunming partait à 11h. Il fallait que je rende les clef et récupère ma caution. J'avais beau sonner, personne ne répondait. Au bout d'un moment, j'ai crié "HELOOOOOO" (aux grands maux les grands hello). La veille, mon aubergiste m'avait briefé sur la manière de me rendre à la gare, mais ni lui ni moi n'étions sûrs qu'il s'agissait de la bonne. Yang avait réservé mes deux billets, pour une quinzaine d'euros en tout. Cependant, la réservation écrite en chinoise indiquait seulement "gare de Chongqing". Sachant qu'on est dans une des plus grandes villes de Chine, avec quatre gares... ils sont mignons. J'ai donc pris un taxi au cas-où. Arrivé à 10h à Chongqing West, vous n'imaginez pas à quel point j'étais soulagé que la guichetière accepte mes numéros de réservation et m'indique la porte de mon train.
Gare de Chongqing Ouest
Quelle gigantesque gare ! Pour info, c'est la deuxième plus grande de Chine, après Xi'an Nord. Elle est toute neuve, car ouverte il y a seulement plus d'un mois, le 25 janvier 2018. Avec ses nombreux halls, elle accueille environ 15 000 personnes à la fois, et dessert (presque) tout le pays.
Moi, je n'ai pas cette ambition. Ma destination, Lijiang, n'a pas de correspondance directe, m'obligeant à prendre deux trains différents. Le premier a duré 12 heures pour 850 km dans un "train normal" (pas direct ni à grande vitesse), mais - c'est là que ça devient intéressant - sans siège ! Il ne restait plus de places au départ de Chongqing. Sur les quatre catégories de billets : "soft sleep", "hard sleep", "hard seet" et "standing", les deux dernières sont au même prix, car le train n'est pas rempli du début jusqu'à la fin.
Selon Yang, pas grave, car je trouverais toujours un siège ou un endroit pour m'asseoir, et en plus, la période post nouvel an est l'une des plus creuses de l'année. Il a eu tort pendant les trois premières heures. Certes, je n'étais pas debout, mais grossièrement entassé entre les toilettes, la poubelle et les robinets, avec les autres malchanceux qui, comme moi, avaient réservé leur billet trop tard. Je me suis immédiatement installé dans le seul coin du compartiment, utilisant mon sac de couchage comme dossier de fortune. Malgré les interdictions, fumer à côté des toilettes est toléré. Certains ne se privent même pas de fumer sur leur siège, à côté de familles avec des enfants. Progressivement, le coin de fortune s'est transformé en un dépôt d'ordures.
Les places disponibles dépendaient de la popularité des arrêts. Le compartiment s'est assez bien vidé en milieu de trajet, pour se remplir de nouveau à la fin. Occuper une place vacante, c'est comme jouer au loto. On ne sait jamais si on a misé sur un numéro gagnant. Disons que, sur une quinzaine d'arrêts, je suis resté assis durant presque dix d'entre eux. Pas si mal, je pense. Lorsque j'étais sur un siège, j'appréhendais chaque arrêt, et quand je me faisais gentiment expulser, le retour à cette "consigne" pestilentielle était brutal. Je préférais rester debout ou m'asseoir dans l'allée, malgré le passage des gens.
12h, c'est long. Mes snacks, livres et films m'ont bien assisté dans cette épreuve.
KUNMING à LIJIANG, YUNNAN
05/05 - 06/05
Mon auberge à Kunming était introuvable, car située au 18e étage d'un bloc d'immeubles. J'avais seulement sa position GPS sur Maps.Me, assez incorrecte, et aucune indication. Arriver vers minuit n'aidait pas. Je me suis fait accompagner par deux agents de sécurité. L'un d'eux, complètement beurré, s'est déclaré porteur de mon sac de couchage, pour me demander 10 yuans à l'arrivée. Moi aussi, dans un sens, j'étais beurré. Je ne savais plus où j'étais et marchait comme un robot derrière les agents, qui utilisaient leur badge pour entrer où ils voulaient. C'est à peine si je savais qui j'étais.
Bloc d'immeubles à Kunming
L'auberge est un appartement à deux pas de la gare que la propriétaire a aménagé en dortoir. A mon réveil, il était désert. Mon deuxième train pour Lijiang était à 21h, donc j'ai pris mon temps pour partir. Je suis retourné à la gare pour faire garder mon sac de voyage, mais ne savais pas exactement quoi faire ensuite.
Contrairement à l'Inde, je ne m'étais pas vraiment renseigné sur la Chine, sauf les principaux lieux a voir. Quant au reste, je trouve passionnant de découvrir par moi même les spécificités culturelles et psycho-sociologiques de ses habitants. Je note par exemple, à cet instant (13 janvier, 17h, Kunming (le retour)), que parler anglais ne sert définitivement à rien. Pourtant, c'est juste automatique quand on voyage depuis un moment. Je pourrais aussi bien parler moldave. Vraiment. Je viens de parler français à un serveur après avoir essayé l'anglais. je suis certain qu'il n'a pas remarqué la différence.
Ce jour là, je n'avais pas envie de faire de "tourist spot", sachant que j'y reviendrais de toute façon, par bus, en m'arrêtant à Dali au passage. Je suis resté dans un café situé dans une grande avenue commerciale. Un français apparemment en étude à l'année expliquait les rudiments de la vie à Kunming à sa mère venue lui rendre visite. Pour moi, ce n'est qu'une très grande ville très ensoleillée pleine de cerisiers en fleurs.
Retour à la gare. S'y repérer était assez compliqué, car même le nom des villes n'est pas traduit. En réalité, j'appréhendais particulièrement le train. Tout d'abord pour la difficulté et le doute persistant de descendre au mauvais arrêt ou pire, de monter dans le mauvais train. Si c'était sûrement possible en Inde, ici trois contrôles de billets sont effectués. Aussi, voyager seul implique de devoir garder un œil sur ses bagages. Encore une fois, les casiers de rangement sont suffisamment hauts et larges pour dormir sur ses deux oreilles.
Le train de nuit était moins fatiguant que le premier. Tout le monde avait son siège pour ces 9 heures de route et quelques 500 km de distance jusqu'à Lijiang, à l'ouest du Yunnan.
Train Kunming - Lijiang
Les gens prennent leur aises. Ils déballent leurs provisions et s'allongent de manière insolente sur chaque surface carré de siège disponible. J'étais avec des bons vivants qui ont essayé de me saouler avec de la liqueur. J'avais bien besoin d'un remontant. Si je les écoutait, c'était toute la bouteille. L'eau bouillante à volonté des robinets est très pratique pour les nouilles instantanées. Mes compagnons de voyage semblaient un peu déçus que je ne puisse pas communiquer, ce qui ne les empêchaient pas de continuer à me parler. Entre eux, je ne savais jamais s'ils riaient ou se disputaient, mais ils mettaient l'ambiance. On m'a offert moulte viande séchée et de la précieuse batterie. J'ai donné du confort en offrant mon sac de couchage en échange. Ronfleurs invétérés qu'ils étaient, je savais bien que je ne dormirais pas.
Bilan : deux bouquins et deux films pour deux trains. C'était une expérience éprouvante, mais qui passait beaucoup mieux que je l'imaginais.