Taj Mahal
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25/01 - 26/01 - Le désastre d'Agra
- Par cpt-tibo
- Le 06/02/2018
- Dans Rajhastan
- 2 commentaires
J'annonce que je vais être très dur tout en tâchant d'être le plus objectif possible. C'est un épisode particulièrement foireux mais qui mérite d'être raconté. N'étant photographe de sensation, je n'ai que ma prose de reporter sans pareil à vous offrir.
Mon expérience d'Agra a été particulièrement immonde pour ne rien vous cacher. Delhi, je n'y ai transité qu'à peine un jour, suffisant pour ne pas avoir envie d'y retourner. Après Leh, je suis forcé d'y repasser pour deux jours, mais je ne ferais probablement rien d'autre que du repos.J'ai quitté Jaipur de bon matin à bord d'un bus local. TRES local. Des jeunes indiens sympathiques et envahissants essayaient d'échanger leurs écouteurs contre mon casque. Ils voulaient me faire croire, en rigolant, que la qualité de mon casque était nettement inférieur à leurs écouteurs, afin de le garder pour eux. On a tous éclaté de rire. Pendant la première partie du trajet, j'écoutais donc de la musique traditionelle rajpoute en observant un paysage de désolation, pendant qu'eux passaient du Daft Punk et autres artistes populaires qu'ils reconnaissaient dans mes playlists.
Des bidonvilles à profusion. Malgré le temps maussade, c'était la foire à la douche sauvage. De sauvage, les décharges étaient les plus fréquentes. Les fenêtres de ce bus vétuste, dont il ne restait plus grand chose de la couleur rose d'origine, étaient à moitité ouvertes. Je n'avais pas besoin d'essayer d'imaginer l'odeur. Je ne compte pas, spectacle de désolation, les cadavres de vaches, frais ou en décomposition sur le bord de la route. Pour le grand plaisir des chiens, qui se faisaient une joie de fouiller avidement l'intérieur de ces pauvres bêtes. Le sommum de la décolation était ce cadavre de dromadaire (ou chameau) en plein milieu de la route. Une route qui, en plus d'être longue, s'annonçait rude.
Les pires ordures, c'était les deux collecteurs du bus. Deux frères à l'allure bollywoodienne. Costauds, moustache et manches retroussées, se croyant tout permis. Hautains commme jamais, ils ont presque jeté dehors un vieux qui les suppliait de le laisser rester en leur tendant un billet de dix roupies. Un peu plus tard, un enfant est arrivé, jouant (détruisant) du violon et hurlant ce que je soupçonne être une chanson. Il nous a tous cisaillé le crâne. Je lui ai donné dix roupies. Il s'est fait jeté dehors. Tout cela, ce n'était que les trois premières heures. J'étais serré comme du bétail sur un siège où la place pour mes jambes (c'était prévu) était trois fois trop étroite.Le chauffeur et ses deux imbéciles de collecteurs, à qui j'avais pourtant acheté un billet direct pour Agra, nous ont lâché moi et cinq locaux à Bharatpur. Fuckers ! De là, j'ai suivi le groupe jusqu'à un minibus, conduit par une autre espèce d'ordure. Une fois de plus, un autre vieux qui était avec nous s'est fait jeter comme un malpropre. Heureusement pour nos coprs, car je ne me souviens pas avoir été aussi serré dans un véhicule. Nous étions quatre sur une banquette de trois, avec nos sacs et valises sur et autour de nous. Devant, trois indiens empilés avaient l'air d'être dans une situation légèrement plus problématique. Avec le chauffeur, je crois qu'ils avaient un débat houleux sur je ne sais quel sujet. Quoi qu'il en soit, le chauffeur dominait la discussion. On aurait dit qu'il engeulait en permanence ses passagers, qui semblaient s'écraser à longueur de temps. Avant de partir, grosse frayeur. Un poivrot, apparement ami du chauffeur, s'était fait passer pour lui. Sur peut-être vingt mètres, il a calé cinq bonnes fois et manqué de renverser tous les gens autour. "Ahahah elle est bien bonne Richard" a dû dire son pote. Enc**** !! J'étais tellement écrasé contre ma portière qu'il était impossible de fermer la fenêtre. Frigorifié, on arrive enfin à Agra après une bonne heure de route. Evidemment, il nous lâche aux portes de la ville, à cinq kilomètres de ma guesthouse toute proche du Taj-Mahal.
J'ai choppé le premier Tuk-tuk qui arrvait. Un musulman crachotant qui ne parlait pas un mot d'anglais. Quand je lui ai montré l'adresse, il avait l'air de ne pas savoir lire puisqu'il n'arrêtait pas de prendre mon téléphone pour le montrer à des passants. Beaucoup de petites rues où les voitures, les deux-roues et les tuk-tuk doivent à moitité s'empiler pour circuler, ainsi que, plus intéressant, des troupeaux de buffles le long des grandes avenues. Arrivé autour de la guesthouse, il continuait de s'arrêter pour demander le chemin aux habitants, alors que, grâce à ma carte, je lui donnait les directions précises avec ma main... Rien à faire. Le pire, c'est qu'il s'attendait à un pourboire. Quel abruti ! Dégouté avant même d'arriver à Agra.
Ma guesthouse était très accueillante. Ils m'ont donné un tas de conseils, comme ne pas venir visiter le Taj-Mahal le vendredi (par exemple), car il fermé à cause de la prière... Attends deux minutes... Quel jour est-on ? Jeudi. Fin d'après-midi. Bon. Plus rien à faire. Echec total.
J'ai pris mon temps pour marcher autour du Taj Mahal et ses grandes rues commerçantes, regorgeantes de boutiques de souvenirs. Puis me suis posé sur le toit d'un excellent restaurant pour admirer de loin une merveille que je n'aurais pas la chance (c'est le cas de dire) de voir. Le soir, j'ai découvert des rues de plus en plus petites et sales, et des patisseries sucrées à l'excès.Vendredi matin, j'apprend que je peux voir le verso du Taj Mahal, le "Black Taj Mahal". Une vue aussi intéressante que gratuite de l'autre côté de la rivière. J'emploie donc un tuk-tuk (9km, pas trop le choix) pour me déposer à ce point de vue, avant la gare routière où je pourrais prendre un bus pour New-Dehi, le tout pour un prix raisonnable. En plus du froid de canard, au fur et à mesure que l'on s'approchait de la destination, le brouillard se fasait de plus en plus épais. A un kilomètre, on ne voyait déjà plus à dix mètres. Puis on arrive au "point de vue" : magnifique étendue brouillardeuse à perte de vue. Impressionant. Quelle poisse. Je me suis promis que je me renseignerais un minimum la prochaine fois. On s'est bien marrés avec le chauffeur, quand je lui ai dit "Waouh, magnifique, il est partout en fait. Regarde le Taj Mahal, on peut encore le voir". Il y avait toujours le fort d'Agra, ou le tombeau d'Akbar, mais j'avais plus du tout la motivation. Spécialement quand je me disais que j'aurais pu assister au défilé militaire de la fête nationale si j'avais été directemet à Delhi. Nouvel échec retrospectif.
Le bus était privé. Impeccable, mais cher. Après environ deux heures, quelqu'un a forcé une pause pipi sur le côté de la route. Plusieurs ont suivi, dont moi. Drôle d'expérience que de pisser en face du bus, sous le regard de dizaines d'indiens. La route, R.A.S. Elle se faisait de plus en plus large. D'immenses échangeurs autoroutiers ammènent dans une ville plutôt banale, de ce que j'en ai vu.Environ 15h. Je me suis fait méchamment couilloner par un chauffeur de taxi. L'erreur a été de lui demander de me déposer au centre commercial le plus proche. Je me suis souvenu à mes dépends qu'il faut toujours donner une adresse précise sans quoi, commissionné par certains magasins, le chauffeur fera tout pour t'y déposer. "Ici tu peux faire ton shopping". Certes, le plan était de traîner dans un "mall" en attendant mon vol le lendemain à 6h. Mais là... Payes ton centre commercial... Je me suis immédiatement barré de cet "emporium gouvernemental" ou plutôt ce piège à cons, qui accepte toutes sortes de moyens de paiement (jusqu'aux mamans), pour me réfugier dans un café, à partir duquel j'ai pu établir un plan solide grâce à leur Wi-Fi. Tout en espérant que ce salaud ne touche aucune comission. Une semaine plus tard (spoil), je me suis fait reconduire dans cette même rue, à pieds, par un chauffeur de tuk-tuk cette fois-ci(soi-disant hors service). Je n'avais plus vraiment la même mentalité. Pour la petite histoire, je galérais en ville, peut-être à un kilomètre de l'endroit en question, lorsqu'un mec m'a abordé. Il a couru le marathon de l'escroquerie pour me convaincre de visiter cette "superbe petite rue locale", qui est en réalité une très grande avenue longeant le métro aérien, infestée de ces magasins gouvernementaux qui vendent de tout. Avant d'y arriver, je l'avais percé à jour. Surpris et amusé, il était curieux de savoir comment j'étais au courant. Tout le monde est au courant... Avec tout le mal qu'il s'est donné, je ne voulais pas faire le crevard, donc je lui ai demandé combien de temps je devais rester dans tel magasin, et si je devais nécesseraiment acheter quelque chose pour qu'il touche son billet. Apparement non, juste dix minutes un quart d'heure suffisent. Mission accomplie.
Retour au 26 janvier, le métro était donc à deux pas. J'ai passé toute la fin de journée dans plusieurs cafés, le décathlon et le supermarché d'un gigantesque centre commercial, avant de finir dans l'aéroport autour de 22h.
La nuit fut très longue...