yunnan
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12/03 - 14/03 - Kunming - Analyse culturelle en vrac, coup de mou ou coup de gueule ?
- Par cpt-tibo
- Le 23/03/2018
- Dans Yunnan
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KUNMIG, YUNNAN, CHINE
12/03
Entrée du Temple YuantanJe dis au revoir et un enième merci à la gérante de Lily Pad Guesthouse pour la chambre offerte avant de commencer le périple habituel de la recherche du bus. Retour à Kunming : la "cité du printemps éternel". Comme c'est le printemps ici, je n'ai pas pu vérifier la véracité de cette appelation. En revanche, comme le disait le routard, c'était bel et bien ma porte d'entrée et de sortie du Yunnan.
Printemps à KunmingDans le bus, je suis devenu prof d'anglais par correspondance. J'avais beau expliquer à la jeune chinoise qui était asise à côté de moi que mon anglais n'était pas parfait, elle me disait trop modeste, ce qui me rendait moins modeste. A défaut, une fois de plus, de réussir à créer un WeChat (malgré son aide et sa Wi-Fi), on a gardé contact sur Skype. Arrivée à 19h, après 6h de bus, j'ai retrouvé le soleil et la chaleur que j'avais quitté une semaine plus tôt. En journée, on approche les 30°. Je n'étais pas vraiment préparé pour tous ces changements de température.
Rue Zhengyi et commémoration de la guerre sino-japponaiseDans le quartier de Wuha, Cloud Land International Youth Hostel est une chaîne d'auberges de jeunesse appartenant à Hostelling International, un label certifiant la "décence" de l'établissement. J'ai retrouvé l'ambiance "bagpacker" que j'avais quitté depuis un moment, avec toutes ses qualités et ses défauts : des rencontres intéressantes et éphémères, mais des nuits pas toujours faciles. Les auberges en Chine (et partout ailleurs) ne sont pas pour les couche-tôt. Il y a toujours au moins un ronfleur, et certains n'hésitent pas à allumer la lumière en pleine nuit, alors que chaque lit a une lampe. Quand il y a des rideaux (ce qui est rare), ce n'est pas vraiment un problème.
"Changer les âmes, changer les coeurs"Ici, un chinois était particulièrement énervé. Il a passé les deux nuits sur son téléphone, la lumière allumée, à péter et tousser jusqu'à 4h du matin. Il empêchait les autres de ronfler en tapant sur le mur, puis finissait par ronfler à son tour. Comme si ça ne suffisait pas, il parlait au téléphone à voix haute dès 10h du matin. J'en ai vu des cas mais celui-là, c'était un aigrefin de première catégorie. A cause de ce galapiat, j'ai fait deux nuits très courtes. Inutile d'essayer de se coucher tôt, vous l'aurez compris. Je m'emporte, mais il y a toujours au moins un ronfleur de toute façon.
"Changer le monde, changer les choses"Le respect est une notion très relative. D'une manière générale, j'ai l'impression que les habitants étaient de plus en plus décomplexés, surtout niveau hygiène. J'échangerais volontiers mon lit contre une chambre, si elles n'étaient pas si chères. Quelques rencontres intéressantes. Rien de très local. Le gérant est un allemand qui avisait avec joie. Un bar/restaurant classe et hyper confortable est intégré à l'auberge. J'y ai passé beaucoup de temps.
13/03
L'Université du YunnanUn endroit calme, avec des jardins et des bâtiments qui ressemblent plus à des musées qu'à des amphithéatres.
Le Temple de YuantongEn plein centre de Kunming, pour seulement 6 yuans. Pas très grand par rapport aux ensembles de temples que j'ai fais auparavant. Des estropies et deformés mendiaient devant ses portes. Petit mais rafraîchissant
Zhengyi Road et Memorial Sino-JaponnaisTrès fade avec ses grands magasins internationaux, excepté son arche autour de cerisiers.
Lac Cui Hu, ou Green Lake ParkJ'ai acheté ce que je pensais être un sandwich. C'était en fait du pain sec pour les canards. Maisons de thé, ballades en bateaux, et canards entre les cerisiers en fleur sont au thème du parc. Je suis resté un peu devant un concert de musique classique en plein air.
"Je m'souviens on avait des projets pour la Terre, pour les Hommes comme la Nature, faire tomber les barrières, les murs"Retour en métro, pendant lequel un phénomène a été la goutte d'eau qui a fait débordé le vase, ou plutôt l'ampère qui a fait survolter la batterie. Après les auberges, il faut que je passe un autre coup de gueule, un "coup de grelot" comme on dit. Je n'en peux plus des chinois immergés dans leurs téléphones. Partout, de la rue au métro en passant par les magasins, même sur leurs scooters, le nombre de gens qui marchent en regardant leur écran et qu'il faut éviter, est inimaginable. Je mange chinois dans les restaurants, puis je me mange des chinois dans la rue. J'envisage d'acheter un sifflet, voire une corne pour alerter les plus distraits. Sérieusement, j'avais été un peu choqué en Thailande, mais là on est à un tout autre niveau. En France, on est carrément à des années lumières. Du coup, j'ai un peu peur pour la Corée du Sud
14/03
Dragon Gate trailAujourd'hui, je m'attaque à la Porte du Dragon, à 20km à l'ouest de la ville, de l'autre côté du Lac Dian. Depuis West Hills Station commence une route ou un chemin au choix, d'environ 6km jusqu'au sommet de la colline.
J'ai tout fait à pieds, en un temps recordA pieds ou en bus jusqu'au péage, puis à pieds ou en télésiège jusqu'à la Porte du Dragon (Longmen), et encore à pieds ou en télésiège jusqu'au lac.
Des gravures racontent que le Lac Dian vient des pleurs d'une veuve, dont l'âme est devenue les sommets des collinesUn escalier abrupt débouche sur un chemin de pierre à flanc de falaise, puis passe dans grotte pour enfin arriver à la Porte du Dragon.
Un dicton dit : "Si vous n'avez pas visité les collines de l'Ouest, vous n'avez pas visité Kunming et si vous n'êtes pas allé à la porte du Dragon vous n'avez pas vu les collines de l'Ouest."
Kunming et le Lac DianEn fin de journée, il n'y avait pas trop de monde et la vue sur le lac était assez propre. Kunming a, de loin, tout d'une grande ville mondiale.
A partir de là, une réflexion s'imposait : je ne paye qu'une misère en transports et en logements, alors comment je fais pour dépenser autant ? La réponse tient en ces deux mots : bouffe et attractions. L'argent ici fond plus vite que la neige au soleil. A chaque fois que je tombe sur une boulangerie par exemple, je ne peux pas m'empêcher d'acheter quelque chose. Les chinois sont des champions en la matière (pas autant que nous certes). Leurs pâtisseries sont excellentes. Des grandes chaînes de boulangerie proposent une vraie qualité et un choix large. La plupart de leurs clients payent par QR code.
Des cerisiers pour les gouverner tousDernière réflexion, dans la catégorie fumeurs tout-terrains, les chinois sont des bêtes de compétition. Malgré l'interdiction de fumer dans les lieux publics, j'en vois toujours au moins un dans les bars, restaurants, centre commerciaux, et même sur les quais du métro (les agents de sécurité ne disent rien !). Pour certains, la clope est un kit mains libres : elle reste collée à leur bouche comme un prolongement de leur corps. Ceux-là ne doivent même plus remarquer qu'ils fument (et enfument). Par contre, ils doivent réaliser après la dernière taffe que ah bah tiens elle est passée où la nicotine ? Les femmes quant à elles fument beaucoup moins. Dans un subway à Kunming, une serveuse bataillait contre un vieil homme borné qui refusait de comprendre l'interdiction. Autrement, dans la plupart des restaurants, la cigarette bien qu'officiellement inerdite est plus qu'admise. L'autoriser est aussi importante que d'avoir des baguettes pour manger. Comme disait Yang, le gouvernement fait beaucoup de lois qu'il n'essaye même pas de faire respecter.
Temple des Collines de l'EstJe ne suis pas vraiment sorti des sentiers battus pendant cette dizaine de jours dans le Yunnan. J'ai bien aimé Lijiang, adoré Dali, un peu moins Chengdu et encore moins Kunming. La veille de mon vol, j'ai réalisé que je ne voulais pas spécialement aller à Pékin. A la place, j'aurais préféré retourner à la campagne, ou trouver un autre Workaway. Le vol depuis Kunming m'avait coûté pas moins de 200€ et était réservé depuis des mois. Je pense que lorsqu'on s'habitue à ne rien comprendre, et qu'être un étranger se normalise, cela veut dire qu'on a fait son temps. Essayons de repartir sur de bonnes bases. Beijing est colossale, je sais que six nuits passeront vite dans tous les cas... ce qui n'est pas le cas de la nuit qui s'annonce. L'avion décolle à 7h30. Je vais encore passer une nuit à l'aéroport.
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10/03 - 12/03 - A Dali, tout me réussit ! - Ballade en scooter le long du lac Erhai
- Par cpt-tibo
- Le 20/03/2018
- Dans Yunnan
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DALI, YUNNAN, CHINE
10/03 - 12/03
Au nord de Dali en fin de journéeHmmmm, Dali ! J'ai su que j'allais aimer cette ville avant même d'y poser le pied. Chef lieu de la préfecture autonome Bai, le gigantesque Lac Erhai (250 km2) à l'est et les Monts Cangshan à l'ouest en font une contrée sublime. Dans la ville, de vieux remparts médiévaux et quatre arches aux quatre points cardinaux, grandioses surtout la nuit, délimitent un périmètre autour duquel des maisons basses et élégantes regorgent de mystère. Les décors rappellent des films tels Tigre et Dragon, sauf que contrairement à Li Mu Bai, lasse des combats, je ne me lasse pas d'affronter ce genre de ville.
Dali Old TownC'est quoi les Bai ? Tout simplement l'ethnie majoritaire de Dali, littéralement "ethnie blanche"... en raison de la couleur de ses vêtements (j'adore cette mentalité simple et sincère). Ils sont réputés pour être de fervents chanteurs et danseurs et d'excellents sculpteurs. La municipalité, pour conserver l'authenticité de son quartier mythique, interdit à ses habitants de construire au dessus de deux étages. Dali est encore plus mystérieuse que Lijiang, et plus reposante.
Arrivée à DaliTout au long de mon voyage, quel que soit le pays, je me dis que les bus longue distance en font vraiment le moins possible. Ils nous lâchent toujours loin des quartiers les plus prisés, souvent aux portes de la ville, parfois à des kilomètres, si ce n'est dans une ville intermédiaire. Comme s'ils évitaient volontairement le centre-ville. Eh oui c'est bien sûr... Les bus partent au départ de stations généralement situées dans le centre, ce qui veut dire qu'après avoir lâché leurs passagers, ils finissent par y retourner. La raison, je pense, est que tout les transporteurs en profitent. D'une part, les bus évitent la perte de temps liée à l'encombrement du centre. De l'autre, on soutient les taxis, qui possèdent les horaires d'arrivée du bus. Pour moi, cela voulait dire trois kilomètres à pieds de l'est à l'ouest de la vieille ville.
A 5min de l'aubergeJ'étais donc parti sur une auberge. A l'enregistrement, la réceptionniste m'a expliqué qu'en raison de ma taille - je devais bien mesurer "deux mètres" - je ne pouvais pas dormir dans un des petits lits du dortoir, car elle s'en voudrait que je ne sois pas à mon aise. En plus, un vieux japonnais qui est là depuis longtemps aime bien être au calme. Donc "si ça ne me dérange pas" - pour le même prix bien entendu - je peux occuper une chambre pour ces deux nuits... C'est une proposition intéressante, je vais y réfléchir... Euphémisme extrême de ma réaction qui fut aussi immédiate que ma décision. Qui aurait dit non ? C'était juste formidable ! La période post nouvel an est définitivement une bénédiction. Ou peut-être ai-je un bon karma avec les hôtels et les auberges.
Lily Pad InnDeux nuits dans une chambre double avec salle de bains m'ont coûté seulement six euros. Je m'efforçais de la garder propre, et de n'utiliser que les couvertures et oreillers d'un seul lit, pour ne pas culpabiliser. L'auberge se trouve dans une rue à une centaine de mètre de la porte ouest, à côté d'autres auberges, cafés et petits restaurants. Sa cour, avec sa fontaine, ses fauteuils et sa table de ping-pong est l'endroit rêvé pour un séjour paisible. Tout cela, je le répète, pour seulement six euros les deux nuits.
Ma chance (ou mon bon sens), ne s'est pas arrêtée en si bon chemin. J'ai fini par faire fonctionner mon VPN pour de bon, retrouvant ainsi la magie du contact instantanné. Pour info, les serveurs canadiens et américains sont beaucoup plus performants que ceux de Hong-Kong. A ce moment avec Khalid, nous devions (et devons toujours), trouver un hôte au Japon. Une ouverture s'était présentée quand le gérant d'un centre de vacances, pas loin de Fukuoka, nous avait mis sur sa file d'attente (SPOILER : ça n'a rien donné, après avoir épuisé Workaway, on va passer par WWOOFING)(SPOILER 2 : la période d'essai de mon VPN s'est terminée quatre jours avant mon départ en Mongolie).
Festival d'odeurs et de couleursJe suis ensuite sorti dans les larges rues piétonnes de la "Old Town". La nuit tombée, il y a foule, mais c'est viable. A seulement cent kilomètres de Lijiang, les spécialités ne sont pas si différentes. L'artisanat domine la ville. On trouve beaucoup de boutiques de tambours et autres instruments à percussion manuelle, qu'on entend régulièrement. Le Djembé, venant d'Afrique, est l'instrument symbolique du Yunnan. Beaucoup de magasins sont spécialisés dans le marbre. L'ambiance est plus détendue, moins pressée, plus appréciable. J'étais particulièrement content de retrouver les flower cake.
Autour du lac en scooter
En ce 11 mars 2018, je m'attaque aux routes chinoises. J'ai décidé de louer un scooter électrique, pour une expédition le long du Lac Erhai. Cela me paraissait être le meilleur plan pour visiter le coin en une après-midi, mais surtout pour être totalement libre. Les sensations sont limitées, même si l'accélération est assez importante pour le type de véhicule. On passe de 0 à 43 km/h (vitesse maximale) en trois secondes. L'anti-vol est parfois un peu trop efficace. Comme les klaxons, on les entend régulièrement (sans raison), ce qui me laisse croire que la différence sonore avec les essences est parfois mince.
Des champs à perte de vue, à peine quitté la vieille villeAvec leur tendance à se faufiler partout, la pratique du scooter électrique est plus dangereuse pour les piétons que pour ses conducteurs. Le véhicule est assez maniable, le frein particulièrement bien travaillé et il y a beaucoup de voies spéciales pour les deux roues.
Du jaune et des paysansLe code de la chinois a la particularité d'intégrer des amendements comme par exemple "faire preuve de politesse et laisser le passage à ceux qui enfreignent les règles". Il y a tellement de voitures en Chine (malgré la difficulté de s'en procurer une dans les grandes villes), que je comprends cette volonté d'éviter les aglutinements et les bouchons. Concrètement, ça force, ça dépasse de tous les côtés, mais les vitesses ne sont pas si élevées, car les radars réguliers. C'était franchement tranquille après la jungle indienne. En plus ici, on roule à droite.
Village Bai au nord de DaliLa location d'un scooter m'a coûtée moins cher que celle d'un vélo, sans aucune garantie : 7€, un nom et un numéro de téléphone, c'est tout ce qui est demandé. Il n'y a besoin d'aucune autorisation particulière pour les conduire. Juste avant de prendre la route, je suis tombé sur un marseillais que j'avais rencontré à Chongqing. Son train pour Fenghuang était complet, donc il a prit la direction opposée (ou peut-être me suivait-il). Je vais finir par croire au karma. Quoi qu'il en soit, ce fut bref, car il était déjà midi.
Les Trois Pagodes (Chongsheng)Avant le lac, le site des trois Pagodes (10km au nord). J'étais "littéralement" mort de rire en voyant les traductions françaises, d'un niveau Ducobuesque. Tout est littéralement traduit, il manque des mots et il y a des espaces partout. J'obtiendrais de meilleurs résultats avec un simple copier coller sur Google Traduction. Franchement, là on ne peut même pas parler d'effort de traduction. Respectez-nous ! C'est ainsi que le "centre des affaires de billet" m'a extorqué 120 yuans, en faisant l'attraction touristique la plus chère de mon histoire (plus chère que ce qu'aurait dû me coûter le Taj Mahal). Traduit correctement ça donne 15€.
Les pagodes sont organisées en triangle symétrique. La principale au centre mesure soixante mètres de haut
Les temples, impeccablement conservées, ont presque tous résisté aux guerres et intempéries
Ce qui en font les plus anciens édifices du Yunnan
Le site est immense
Ca ne s'arrêtait plusIls sont organisés en ligne le long de l'allée principale, qui monte au final assez haut. Je restais tout de même plus surpris par les traductions déroutantes qui accompagnaient chaque temple. Je les ai notés. Ca donne : "Salle du fondateur de la secte" pour Founder Hall, "Salle de haut bonze" pour Eminent Monk Hall, "Tube de tournée de la psalmodie des prières" pour Prayer Wheel, "Pilon de diamant" pour Vajra, "Bassin pour relâcher des animaux vivants" pour Free Captive Pond (comment peut-on être libre et captif ?), "Etang de se rassembler des images" pour Shadow Agglomeration Pond, "Grande porte de la zone touristique", "Station de la voiture de tourisme", ou encore mon favori : "Salle du Maître du médicament" pour Medicine Buddha Hall, selon les rudiments du couteau de salle à manger... J'ai éclaté de rire en voyant ce dernier !
TerreDirection le lac, qui me faisait penser à un mélange d'Udaipur et de Pokhara, en plus grand et scénique. Il s'étend à perte de vue du nord et au sud sur 40km. Les couples fraîchement mariés y viennent accompagnés de leurs photographes pour la pose. On en croise des nuées autour du vieux quartier. Leur spot préféré est une jetée sur laquelle ils se placent sur des rochers avec les Monts Cangshan en arrière plan.
Sérénité acalmique de cette petite merTout autour du lac se découpent des bandes de terre. Elles se déclinent en berges. Certaines ont une allure de marécages, d'autres avec leurs hautes herbes vertes sont plus chaleureuses. Toutes ont leur charme et une certaine quiétude.
MieumDans un restaurant, je me suis fait inviter par l'amie d'un couple qui venait de se marier. Son anglais était très bon. Elle avait commandé mon plat, pour finalement m'inviter à rejoindre leur table. Des assiettes de boeuf et de porc marinés aux poivrons, oignons, champignons, du riz et une casserole de poisson avec son bouillon de légumes tournaient sur la plaque au centre de la table, pendant que mes bienfaiteurs étaient admiratifs quant aux rudiments de mon voyage. Personnellement, j'étais admiratif de cette chinoise qui s'exprimait parfaitement bien, traduisait les réactions de ses amis et essayait de m'intégrer tout au long du repas. Avant que j'ai eu le temps de proposer qu'on sépare l'addition en trois, ils l'avaient déjà réglée dans mon dos : "Chichié !" Je m'en doutais à vrai dire. Quelle chance de tomber sur la seule chinoise de la région capable de parler anglais (je ne suis sûrement pas loin).
Un peu plus tard dans la journée, on m'a offert un deuxième café et une pomme, dans un café où j'étais le seul client. C'était un peu culpabilisant cette fois-ci.
C'est ça les Bai !La route du lac passe la moitié du temps à travers les grands villages de la banlieue de Dali.. Une odeur du poisson accompagnait des habitants du troisième âge prenant leur temps. Un temps agréable.
Tant de "photo spots" que je m'arrêtais toutes les cinq minutes
Il pleuviotait tout les quart d'heure, mais ça ne durait jamais plus de quelques minutes
A l'extrême nord... je n'ai fait qu'à peine un quart du lacQuitté l'agglomération, il n'y avait pas beaucoup de monde, et la vue était différente à chaque fois. J'ai subi les photos de quelques motards électriques.
Jouons à "qu'est-ce qu'ils cultivent ?"Le retour, après Xizhou, un petit village à l'ancienne très touristique, était différent. De l'autre côté du lac, on prend une claque sur l'autre joue. S'étendent sans interruption des champs jaunes, que leurs fermiers chapeaux triangle cultivent tranquillement sous un temps agréable, quoi qu'un peu frais. Les collines se dressent superbement derrière leurs maisons noires et blanches au second plan.
Retour pépère entre les champs et le lacEn fin de journée, l'ensemble était magnifiquement mit en valeur par les derniers rayons du soleil. Malgré une circulation relativement importante et ma vitesse de croisière, j'ai préféré le retour sur cette route. On ne dirait vraiment pas qu'on est dans une des villes les plus touristiques de Chine.
Good Bai DaliAvec du recul, j'aurais mieux fait de doubler mon séjour ici. Ces deux jours sont passés si vite... En plus, peut-être aurais-je pu rester encore plus longtemps dans cette chambre ? Pas la peine de se torturer, il ne me reste que trois jours dans le Yunnan. Et maintenant, retour à Kunming, où m'attend mon vol pour Pékin le 15 mars.
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06/03 - 08-03 - Lijiang et le folklore de sa vieille ville, prenante et prisée
- Par cpt-tibo
- Le 18/03/2018
- Dans Yunnan
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Black Dragon Pool à LijiangYunnan. Le Far West chinois, frontalier du Vietnam et du Laos au sud, du Mynamar à l'ouest, sous les montagnes du Tibet au nord, je l'attendais avec impatience. Entre montagnes, fleuves, gorges, rizières et architecture traditionnelle, m'y voila enfin ! Dans cette immense région aux cultures et paysages infinies, tempérée toute l'année en raison de son altitude. Littéralement : au "Sud des Nuages", la province est globalement paysanne et assez pauvre, ce qui ne l'empêche pas d'être TRES touristique grâce à ses atouts cités plus tôt. Y voyager hors saison m'a sans doute permit de profiter davantage de ses villes et de ses merveilles naturelles, à commencer par Lijiang, tout à l'ouest du plateau du Yunnan : sa vieille ville et les Gorges du Saut du Tigre.
LIJIANG, YUNNAN, CHINE
06/03 - 08-03
Lijiang depuis Elephant HillA la gare de Lijiang, je ne savais plus où ni quand la journée avait commencée. Le coup de froid à la sortie du train m'a fait réaliser que la ville, à 2400m, est assez haute en altitude. Il était six heures et le premier bus passait dans une heure et demie, à quinze kilomètres de vieux quartier où était mon auberge. Comme d'habitude, je ne savais pas exactement où allait me déposer le bus. Lorsque j'arrive à plus de trois kilomètres de mon hôtel, je prend généralement un bus local allant dans la bonne direction, puis lorsque mon gps m'indique que je suis assez proche de mon hôtel (ou si je vois qu'il s'éloigne), je descends et fais le reste à pieds. Ensuite, ce que j'économise en transport, je le dépense largement en bouffe.
Marché dans le sud de la vieille villeMon auberge étant au nord, j'ai eu un aperçu de ce quartier si populaire et complètement vide de monde au lever du soleil. Sur des ruelles pavées, j'ai traversé un marché de viande où les commerçants découpaient des porcs entiers. Tandis que les réceptionnistes dormaient encore, certains cafés et restaurants ouvraient tout juste leurs grilles et commençaient à faire cuire des petites galettes (frangipane) et toutes sortes de pâtes sucrées pour le petit déjeuner, attirant de leur odeur les rares touristes matinaux. Je n'étais plus qu'à quelques minutes de mon auberge, mais une galette s'imposait.
Lijiang "à l'aube" pour ses habitantsEn hiver et au printemps, les commerces ouvrent vers 9-10h. Les habitants, qui se couchent tôt, semblent se caler sur le rythme du soleil. Je les soupçonne de faire des nuits très complètes. Lijiang est le foyer des naxis, un groupe ethnique issu du Dongba, une culture et une religion millénaire entre le bouddhisme et le taoïsme. Cette minorité ethnique est très particulière, notamment pour ses traditions anciennes, matriarcales et libertines. La ville est surnommée la "Venise orientale" pour ses 354 ponts qui traversent la vieille ville, d'ailleurs classée toute entière au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Rue populaire de la vieille villeOui, les visiteurs, très majoritairement chinois, ont envahi le quartier. J'étais prévenu, donc je profitais tant bien que mal de cette ouverture inespérée, malgré mon état de fatigue. En 1996, l'année précédant le classement à l'UNESCO, un tremblement de terre a détruit une partie de la ville. Tout a été rapidement restauré. Aujourd'hui, l'architecture traditionnelle est présente ici plus que jamais, unique et entourée de montagnes comme le Mont Enneigé du Dragon de Jade, atteignable en téléphérique à 5000m, bouteilles d'oxygène disponibles.
Garden InnJe suis resté trois nuits dans cette petite auberge située dans une rue calme pas loin de la porte nord de la vieille ville. Il s'agit, sans conteste, de la meilleure auberge dans laquelle il m'ait été donné de dormir (égalité avec Adventure Hostel de Bangkok). Des rideaux sur les côtés d'un grand lit molletonné, sous lequel un casier assez grand pour faire rentrer mon sac, des toilettes et salle de bain propres avec eau chaude instantanée, une cour belle et relaxante et des réceptionnistes qui m'ont traité comme un roi. Il faut dire que j'étais le seul à occuper le dortoir pendant ces trois jours. Mieux qu'une chambre, j'avais un dortoir. Royal je vous dis.
Depuis l'aubergeLa première chose que j'ai faite en arrivant, qui aurait dû être faite depuis longtemps (dormir mais ça pouvait attendre encore un peu) : laver mon pantalon. Ca faisait un moment qu'il puait, mais depuis Caijiagou... Il sentait carrément le purin. Tant pis s'il délave, me disais-je, parce que là c'est une question de vie ou de mort de honte. Il était 10h et je pensais que j'allais dormir toute la journée.
Place des roues la nuitMais non ! C'est donc en short que je sors dans la vieille ville une fois la nuit tombée. Un peu assommé, mais requinqué et particulièrement content de poser mes affaires pour plus d'une nuit. Il caillait assez, mais sans les montagnes bloquant le grand froid du nord, ça pourrait être pire. J'ai profité des merveilles de la vieille ville brillante de milles feux rouges et dorés, avec des commerces ouverts et des visiteurs réveillés. Entre les canaux, les nombreux commerces et stands de souvenir vendent plus ou moins la même chose, dans un style local : pierres, portes clefs, cartes, bijoux, sacs, portefeuilles... Authentique ou pas, l'effet est là. Les boutiques de vêtements traditionnels ont néanmoins l'air plus authentiques. L'ambiance est également au rendez-vous grâce aux bars et cafés avec leurs chanteurs.
Dongda StreetConcernant la bouffe, entre fromage de de Yak, gâteaux de durian (pas après ma remise à propre) et les habituels street food de brochettes, bouchées vapeurs, nouilles, etc... le choix s'offrait. Les fast-food américains, qui se sont implantées dans des bâtisses traditionnelles naxies, se fondent parfaitement dans le décor. L'une des spécialités très demandée (et encore plus offerte) est le "flower pastry cake" (gâteau aux fleurs) et toutes ses déclinaisons possibles. C'est juste délicieux. On trouve énormément de boutiques qui ne vendent que de ça, en gros dans des packs, ou en frais à l'unité dans les vitrines : du moins chère et plus courant à la rose jusqu'au potiron, le plus cher et au design le plus travaillé. L'odeur si attirante est largement à la hauteur du goût. J'ai croisé la réceptionniste de mon auberge qui m'a conseillé sur les meilleurs choix possibles.
Vielle ville côté nordMa première (et dernière) folie fut l'achat de 17€ de mangousteen... comme si elles s'étaient jetaient d'elles-même dans le sac plastique. Pour seulement deux ou trois kilos, la balance m'a balancé un 140 yuans agressif. Tout est allé si vite, j'ai à peine hésité, et je ne vous parle même pas de la vitesse à laquelle je les ai saignées.
Dragon Black PoolJe m'étais organisé un tour des principaux "tourist spot", à des distances à pied raisonnables. Lijiang a - comme beaucoup de grandes villes asiatiques - une colline depuis laquelle on peut profiter d'un panorama de la ville. A l'ouest de la vieille ville, le Parc de l'Etang du Dragon Noir regroupe un lac, des jardins, des temples et le clou du spectacle : la fameuse colline et le chemin Elephant Hill avec sa vue sur la ville. Petit choc à l'entrée : 8O yuans le ticket.
Cette photo, c'est le YunnanNouveau choc quand en arrivant au départ du chemin de la colline : il faut être au moins quatre pour pouvoir passer. J'ai attendu en vain qu'un groupe se présente. A l'arrivée d'un couple chinois qui est passé sans embrouilles, j'ai compris que la restriction est limitée aux étrangers. Comme si l'entrée du site, gratuite pour eux, ne suffisait pas, ils peuvent également monter quel que soit leur nombre... C'était trop. Désespéré, je lançais un "pleeeeeaaaaase" à la gardienne, mais rien à faire. Elle n'a qu'un seul job, c'était évident qu'elle n'allait pas me laisser passer. Ce n'est pas ça qui va m'arrêter. J'ai mis dix euros principalement pour la colline, donc comment faire pour la voir ?
Depuis la forêt, une partie moins ancienne de LijiangLeur système est un véritable appel à la gruge. Il y a - je m'en suis rendu compte tout de suite après - une forêt entre le lac et la colline. Elle n'est ni bloquée, ni surveillée, ni vraiment difficile, si on suit les traces et qu'on a des bonnes chaussures, mais parfois quand même assez glissante ou pentue. Si le GPS m'indiquait la direction, les derniers cinquante mètres pour rejoindre le chemin étaient complètement improvisés. Je me suis organisé une petite esacalade forestière entre passage de troncs et de rochers ou esquivage de ronces.
A mi cheminLe chemin et ses marches sont beaucoup plus simples. La vue est sympatoche tout le long jusqu'au sommet. Un point sur ma carte, qui indiquait une "tour facile à escalader", était en réalité une tour de télécommunication. Sûrement le coup d'un grimpeur de l'extrême.
Fin d'Elephant HillJ'ai continué jusqu'au bout de la colline et sa vue sur les montagnes du nord, notamment l'imposante Yulong. En descendant, je me suis accordé une revanche personnelle en passant un petit coucou à la gardienne. Elle s'en est battue les baguettes.
NaxisLijiang est très chère. Le parcours que je m'étais organisé a été anéanti par l'indécence du prix des sites. Je l'ai quand même fait, mais n'ai vu que les portes qui me faisaient fuir à l'annonce de leurs prix. C'est en fin d'après-midi que Lijiang est la plus animée. Sur une place majeure, des femmes naxis effectuaient ce qui était peut-être une danse traditionnelle. J'ai fait deux cafés puis je suis rentré, avant d'y revenir pour un resto naxi.
Lijiang Old TownDans la categorie bouche a oreille, Workaway est un exemple, je suis bien placé pour en parler. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai fais l'éloge du site. Le jour de mon départ pour Dali, après le retour des Gorges du Saut du Tigre (prochain épisode) c'était le tour d'un californien qui traînait dans l'auberge depuis un moment. Celui-là était plus marquant que les autres car le concept sonnait comme une révélation pour cet homme d'une cinquantaine d'années qui voyageait avec son fils. Il était notamment "jaloux" de mon trip en Mongolie. C'est si simple et pourtant si méconnu. En plus, il n'y a pas d'âge pour être volontaire. Je le répète, j'attends toujours mon sponsoring Workaway !
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03/03 - 06-03 - L'épreuve des trains chinois : A travers le Yunnan
- Par cpt-tibo
- Le 17/03/2018
- Dans Yunnan
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REGION DE CHONGQING, CHINE
03/03
Après un dernier déjeuner à Caijiagou et des adieux chaleureux, l'ex de la soeur de Yang m'a déposé sur le bord de la route. Pour rejoindre Nanchuan, j'avais le choix entre faire du stop ou arrêter un bus. A ma grande surprise - Yang m'avait prévenu que les gens s'arrêtent facilement, mais je restais sur deux mauvaises expériences, notamment en Thaïlande - la troisième voiture s'est arrêtée et me confirmait qu'elle allait bien à Nanchuan. Finalement, je me dis, c'est vachement pratique l'auto-stop. J'ai rechangé d'avis en même pas une heure, lorsque le chauffeur m'a demandé 20 yuans pour la course. Cette voiture familiale rouge était en réalité un taxi/uber déguisé, qui m'a coûté presque deux fois plus cher que le bus. Il faut vraiment que j'arrête de me faire avoir.
Puis, serré et secoué dans tous les sens, je devais comparer les caractères chinois de mon téléphone à ceux du bus de Nanchuan afin de descendre à la bonne station.
Station de bus longue distance de Nanchuan
La grande majorité des tickets sont pour Chongqing. On ne paye pas pour un bus partant à une heure précise, mais pour le premier disponible. Ce système vient du fait qu'il y a beaucoup plus de monde que de sièges disponibles. Dès qu'un bus arrivait, les gens se pressaient, allant jusqu'à se bousculer, voire doubler ceux qui tenaient mal la file. Il m'aura fallu une petite heure pour monter dans un de ces bus, qui arrivent toutes les dix minutes environ. Ils passaient un film de Mr Bean (heureusement pas doublé en chinois). Chongqing est fidèle à sa réputation de ville constamment embouteillée. Le retour a duré deux fois plus de temps que l'aller. J'ai retrouvé mon auberge de la semaine dernière, un récital de ronfleurs en plus.
CHONGQING à KUNMING, YUNNAN
04/03
A 9h, la salle de réception était vide de réceptionnistes. Mon train pour Kunming partait à 11h. Il fallait que je rende les clef et récupère ma caution. J'avais beau sonner, personne ne répondait. Au bout d'un moment, j'ai crié "HELOOOOOO" (aux grands maux les grands hello). La veille, mon aubergiste m'avait briefé sur la manière de me rendre à la gare, mais ni lui ni moi n'étions sûrs qu'il s'agissait de la bonne. Yang avait réservé mes deux billets, pour une quinzaine d'euros en tout. Cependant, la réservation écrite en chinoise indiquait seulement "gare de Chongqing". Sachant qu'on est dans une des plus grandes villes de Chine, avec quatre gares... ils sont mignons. J'ai donc pris un taxi au cas-où. Arrivé à 10h à Chongqing West, vous n'imaginez pas à quel point j'étais soulagé que la guichetière accepte mes numéros de réservation et m'indique la porte de mon train.
Gare de Chongqing Ouest
Quelle gigantesque gare ! Pour info, c'est la deuxième plus grande de Chine, après Xi'an Nord. Elle est toute neuve, car ouverte il y a seulement plus d'un mois, le 25 janvier 2018. Avec ses nombreux halls, elle accueille environ 15 000 personnes à la fois, et dessert (presque) tout le pays.
Moi, je n'ai pas cette ambition. Ma destination, Lijiang, n'a pas de correspondance directe, m'obligeant à prendre deux trains différents. Le premier a duré 12 heures pour 850 km dans un "train normal" (pas direct ni à grande vitesse), mais - c'est là que ça devient intéressant - sans siège ! Il ne restait plus de places au départ de Chongqing. Sur les quatre catégories de billets : "soft sleep", "hard sleep", "hard seet" et "standing", les deux dernières sont au même prix, car le train n'est pas rempli du début jusqu'à la fin.
Selon Yang, pas grave, car je trouverais toujours un siège ou un endroit pour m'asseoir, et en plus, la période post nouvel an est l'une des plus creuses de l'année. Il a eu tort pendant les trois premières heures. Certes, je n'étais pas debout, mais grossièrement entassé entre les toilettes, la poubelle et les robinets, avec les autres malchanceux qui, comme moi, avaient réservé leur billet trop tard. Je me suis immédiatement installé dans le seul coin du compartiment, utilisant mon sac de couchage comme dossier de fortune. Malgré les interdictions, fumer à côté des toilettes est toléré. Certains ne se privent même pas de fumer sur leur siège, à côté de familles avec des enfants. Progressivement, le coin de fortune s'est transformé en un dépôt d'ordures.
Les places disponibles dépendaient de la popularité des arrêts. Le compartiment s'est assez bien vidé en milieu de trajet, pour se remplir de nouveau à la fin. Occuper une place vacante, c'est comme jouer au loto. On ne sait jamais si on a misé sur un numéro gagnant. Disons que, sur une quinzaine d'arrêts, je suis resté assis durant presque dix d'entre eux. Pas si mal, je pense. Lorsque j'étais sur un siège, j'appréhendais chaque arrêt, et quand je me faisais gentiment expulser, le retour à cette "consigne" pestilentielle était brutal. Je préférais rester debout ou m'asseoir dans l'allée, malgré le passage des gens.
12h, c'est long. Mes snacks, livres et films m'ont bien assisté dans cette épreuve.
KUNMING à LIJIANG, YUNNAN
05/05 - 06/05
Mon auberge à Kunming était introuvable, car située au 18e étage d'un bloc d'immeubles. J'avais seulement sa position GPS sur Maps.Me, assez incorrecte, et aucune indication. Arriver vers minuit n'aidait pas. Je me suis fait accompagner par deux agents de sécurité. L'un d'eux, complètement beurré, s'est déclaré porteur de mon sac de couchage, pour me demander 10 yuans à l'arrivée. Moi aussi, dans un sens, j'étais beurré. Je ne savais plus où j'étais et marchait comme un robot derrière les agents, qui utilisaient leur badge pour entrer où ils voulaient. C'est à peine si je savais qui j'étais.
Bloc d'immeubles à Kunming
L'auberge est un appartement à deux pas de la gare que la propriétaire a aménagé en dortoir. A mon réveil, il était désert. Mon deuxième train pour Lijiang était à 21h, donc j'ai pris mon temps pour partir. Je suis retourné à la gare pour faire garder mon sac de voyage, mais ne savais pas exactement quoi faire ensuite.
Contrairement à l'Inde, je ne m'étais pas vraiment renseigné sur la Chine, sauf les principaux lieux a voir. Quant au reste, je trouve passionnant de découvrir par moi même les spécificités culturelles et psycho-sociologiques de ses habitants. Je note par exemple, à cet instant (13 janvier, 17h, Kunming (le retour)), que parler anglais ne sert définitivement à rien. Pourtant, c'est juste automatique quand on voyage depuis un moment. Je pourrais aussi bien parler moldave. Vraiment. Je viens de parler français à un serveur après avoir essayé l'anglais. je suis certain qu'il n'a pas remarqué la différence.
Ce jour là, je n'avais pas envie de faire de "tourist spot", sachant que j'y reviendrais de toute façon, par bus, en m'arrêtant à Dali au passage. Je suis resté dans un café situé dans une grande avenue commerciale. Un français apparemment en étude à l'année expliquait les rudiments de la vie à Kunming à sa mère venue lui rendre visite. Pour moi, ce n'est qu'une très grande ville très ensoleillée pleine de cerisiers en fleurs.
Retour à la gare. S'y repérer était assez compliqué, car même le nom des villes n'est pas traduit. En réalité, j'appréhendais particulièrement le train. Tout d'abord pour la difficulté et le doute persistant de descendre au mauvais arrêt ou pire, de monter dans le mauvais train. Si c'était sûrement possible en Inde, ici trois contrôles de billets sont effectués. Aussi, voyager seul implique de devoir garder un œil sur ses bagages. Encore une fois, les casiers de rangement sont suffisamment hauts et larges pour dormir sur ses deux oreilles.
Le train de nuit était moins fatiguant que le premier. Tout le monde avait son siège pour ces 9 heures de route et quelques 500 km de distance jusqu'à Lijiang, à l'ouest du Yunnan.
Train Kunming - Lijiang
Les gens prennent leur aises. Ils déballent leurs provisions et s'allongent de manière insolente sur chaque surface carré de siège disponible. J'étais avec des bons vivants qui ont essayé de me saouler avec de la liqueur. J'avais bien besoin d'un remontant. Si je les écoutait, c'était toute la bouteille. L'eau bouillante à volonté des robinets est très pratique pour les nouilles instantanées. Mes compagnons de voyage semblaient un peu déçus que je ne puisse pas communiquer, ce qui ne les empêchaient pas de continuer à me parler. Entre eux, je ne savais jamais s'ils riaient ou se disputaient, mais ils mettaient l'ambiance. On m'a offert moulte viande séchée et de la précieuse batterie. J'ai donné du confort en offrant mon sac de couchage en échange. Ronfleurs invétérés qu'ils étaient, je savais bien que je ne dormirais pas.
Bilan : deux bouquins et deux films pour deux trains. C'était une expérience éprouvante, mais qui passait beaucoup mieux que je l'imaginais.