24/03 - L'hospitalité nomade mongole : "OK" - Mongolian Sheperd [Jour 1]
- Par cpt-tibo
- Le 12/04/2018
- Dans Lac Khovsgol
- 3 commentaires
Troupeau de yaks
Hatgal, Khovskol Lake : une petite vallée entre steppes et fôrets à une dizaine de kilomètres de la "Perle bleu foncé", le lac sacré le plus grand et plus profond du pays, âgé de plusieurs millions d'années. Des petites fermes familiales d'élevage de yaks, de chèvres et de moutons. Des mongols fiers, humbles et souriants, loin du mode de vie et des préoccupations occidentales, dont l'hospitalité égale nulle part ailleurs. Nous avons découvert ce qu'était réellement l'autosuffisance, ses avantages comme ses inconvénients. L'expérience volontaire sans aucun doute la plus authentique qui soit. Pour Khalid, le meilleur moyen de se mettre dans le bain sans attendre. Six jours hors du temps et du monde, au plus proche du contact naturel et humain le plus élémentaire.
Lever de soleil avant Moron
Après 15 heures de route dans un bus de nuit depuis Oulan-Bator, nous sommes arrivés vers huit heures à Moron. Là-bas, rendez-vous avec un chauffeur de taxi qui nous attendait muni d'une pancarte avec nos prénoms. Une petite course de cent kilomètres qui a coûté presque aussi cher que les 8OOkm du premier trajet. Tout était arrangé par notre contact sur Workaway, Bayardalai.
Chez Orn à Hatgal
Direction la ferme, en pick-up sur un chemin caillouteux à travers une steppe parsemée de collines et de petites forêts de sapins. C'était la fin de l'hiver. La température dépendait en réalité du vent. Il ne faisait pas trop froid au soleil mais les nuits étaient glaciales. Les terres sont semi arides, surtout autour de la ferme où s'étend un océan de crottes de yaks ressemblant de loin à des pierres.
Ferme de Mama
Orn et sa femme, bons amis de nos hôtes, nous ont déposés dans la ferme de Oat, dit Mama : une bonne vivante au physique imposant à la cinquantaine d'années. Ma tête touche le plafond de l'unique pièce de sa petite maison en bois. Il y a deux lits simples, quelques meubles, une table et un poële à bois où un feu brûle en permanence. Ajouté à cela les décorations chaleureuses des murs et du sol. Si nous n'étions pas si fatigués, nous aurions déjà pu nous sentir à la maison. La télé fonctionne grâce à une batterie de voiture reliée à un panneau solaire. Une autre batterie est utilisée pour recharger les appareils, bien que la seule possession electronique de Mama soit un téléphone à antenne, qu'elle utilise pour crier de longues conversations.
La famille de Mama
Premier contact un peu froid avec Mama qui nous avait pourtant chaudement salué. Pour cause : personne ne parle plus de trois mots d'anglais. Elle nous a accueilli avec un plat de yak et des galettes de farine. Toutes les parties de la bête, du coeur aux intestins étaient à manger à la main et au couteau. Un véritable festin local pour ce que nous imaginions être un repas quotidien. Il y avait aussi du thé mongol, des biscuits et du fromage de chèvre aussi dur que la pierre. Le thé, base de leur alimentation, est fait avec du lait de yak trait le matin même par Mama. Bloqués sur le lit et dans l'incapacité de prendre part à la conversation, le temps semblait déjà long, surtout après l'épuisement du voyage. Ici, on communique avec des signes, donc nous lui avons fait comprendre qu'on sortait faire un tour.
Nous n'avons pas perdu de temps
Dans ces grands espaces, il y a le choix du tour. A environ 1,5km au sud, une rivière gelée avant laquelle la vallée se décline dans deux directions opposées : une colline caillouteuse à l'est, une forestière à l'ouest.
Depuis chacune de ces formations rocheuses façonnées par le vent, la vue est à couper le souffle. On pouvait voir Hatgal et une partie du lac depuis celle-ci.
Ce sera (presque) une colline par jour. Pas de vent, un soleil de plomb, des températures beaucoup plus chaudes que prévues. Mais attention, le temps peut changer très brusquement d'un jour à l'autre.
Ferme depuis la colline est
A Oulan Bator, Khalid ne réalisait pas encore qu'il était à l'autre bout du monde, tandis que je ne réalisais pas que lui était là avec moi. Au sommet de ce rocher dans le calme infini des grands espaces mongols, nous nous demandions toujours comment nous étions arrivés là.
Nous sommes redescendus couper du bois, une tâche qui demande une certaine précision mais pas forcément beaucoup de vigueur.
Ce sera notre passe-temps principal pendant les temps morts
Mama et Khalid
Un peu plus tôt, Mama était enchantée de notre cadeau : une bouteille de vodka qu'ils se sont empressés de terminer avec une partie de la famille arrivée un peu plus tard. Pendant que les vieux étaient occupés à s'éclater la tronche, les petits fils d'une vingtaine d'années : Tindou et ??? nous ont proposé une partie de lutte. Le dernier au nom imprononçable est un petit bloc de muscles avec des appuis solides qui nous a tous couchés plusieurs fois de suite. Au delà du physique, il attendait patiemment l'ouverture au moment de l'attaque pour nous soulever avec une force et une vitesse surprenante. Découverte de la lutte mongole, ou "bökh", qui est l'un des trois sports virils du pays. A la différence des autres, il n'y a pas de division de poids. On a fini en tee-shirt dans un lieu où je pensais avoir besoin de gants de ski.
Yak devant la ferme
Berger mongol
La famille de Bayardalai est très nombreuse. En gros, ceux qui ont "réussi" ou qui n'ont pas résisté à l'appel de la ville, vivent à Oulan-Bator (comme le tiers de la population). Les autres vivent dans des fermes autour de la vallée. Ils ont quelquefois essayé de nous expliquer leur lien de parenté. Bayardalai semble être le frère du défunt mari de Mama, dont le portrait décore le mur.
Il y a 900 000 nomades en Mongolie (l'autre tiers de la population qui n'habite pas à Oulan-Bator) dont la vie est basée sur l'élevage. La majorité sont autosuffisants grâce aux produits obtenus par leurs animaux. Nos fermiers sont des nomades sédentaires, car tels des nomades, ils ont choisi l'endroit en fonction des ressources naturelles : arbres, pâturages, collines... Ils sont sédentaires car ils ne migrent pas à chaque fin de saison. Mama est installée depuis longtemps, mais les fermes des plus jeunes sont beaucoup plus récentes. Sa famille s'invite régulièrement mais participe également au maintien de la ferme.
Khalid Horseman
Retour des chèvres
Une journée déjà bien chargée malgré un travail assez tranquille. Tindu nous a fait nettoyer les crottes de l'enclos à chèvres, à l'aide d'une pelle et d'un traîneau de fortune. Puis, accompagnés des deux lutteurs, nous avons aidé à rentrer les bêtes à cheval. Le travail de berger sera différent chaque jour. Il fallait ensuite attraper les petits yaks après la tétée, direction leur enclos.
Mama rentrant les chèvres
Bébé yak tétant sa ronneda
En rentrant à la ferme, Mama vomissait, aidée par son petit fils : un garçon de huit ans, et gentiment moquée par les autres qui imitaient l'ivresse en nous expliquant : "Mama Vodka". Elle nous a serré les mains avec une poigne dantesque en disant "I'm sooooorrry, don't tell Bayalai" (dites rien au boss). On a décidé d'attendre avavnt de sortir les deux autres bouteilles de vodka. Exceptée la lumière allumée tout la nuit, la Mama vomissant et pissant dans un sceau, crachant ses poumons, le lit trop court et la couette trop lourde, j'ai assez bien dormi. Khalid était plus partagé (euphémisme extrême). Mais on aurait dû tous se réjouir car c'était peut-être la nuit la moins agitée.
"OK"
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Commentaires
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- 1. Mom Le 13/04/2018
Géant ! -
- 2. Pap Le 13/04/2018
Purement authentique mais tellement sympathique. Ça fait plaisir de vous savoir tous 2 dans ces conditions si proches de la nature. -
- 3. Quentin Le 12/04/2018
Excellent merci pour les anecdotes, Mama Vodka j'adore le personnage !
La vie là bas à l'air d'être à la dure mais au moins c'est une expérience purement authentique : cow-boy, bûcheron, lutteur vous allez revenir en warriors !
PS : c'est galère maintenant d'écrire des coms avec la nouvelle version du captcha sur ton blog
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