25/03 - Le coût de l'autosuffisance - "One bébé" - Mongolian Sheperd [Jour 2]
- Par cpt-tibo
- Le 13/04/2018
- Dans Lac Khovsgol
- 1 commentaire
MAMA'S FARM, HATGAL, MONGOLIA
26/03
Une première nuit un peu agitée, pas réparatrice pour tout le monde. Le soleil était toujours là mais le vent s'était levé, faisant chuter la température de manière drastique.
Depuis l'enclos à yaks
Nous commencions à nous familiariser avec la ferme, le paysage, la famille, les équipements et le bétail.
Ils ont des chèvres et des moutons à ne plus savoir quoi en faire (nous en avons compté environ 150), une quarantaine de yaks, dont neuf bébés, un cheval et un chien. Une partie du travail demande une certaine régularité, comme la traite matinale, première tâche de la journée. On fait rentrer les neuf mères yaks qui traînent autour de l'enclos, on ferme l'enclos puis on libère les bébés qui se jettent sur la première mère à leur portée. Un fouillis pas possible où les petits qui choisissent la mauvaise maman se prennent des coups de pieds et des coups de tête. Ils sont solides cela dit (pour notre plus grande peine).
Têtée et traite des yaks
Lorsque Mama donne le signal "One bébé", il faut en faire sortir un, l'attraper puis l'attacher pendant qu'elle trait leur mère, assise tranquillement sur un tabouret en tee-shirt. Quand la traite est finie, il faut faire rentrer la marmaille. Les plus prudents sont difficiles à prendre par surprise et demandent une discrétion de voleur pour ne pas effrayer la mère. Nous préférions les porter, quitte à se recevoir des déjections sur les bras ou se prendre des reflux de lait frais maternel, plutôt que de les traîner par leur collier et les étrangler comme le conseillait Mama. Des coups, de la sueur et de la merde.
Rentrée des yaks ados
Attrapage des bébés yaks en soirée
Puis vient le tour des "adolescents", des Tanguy dont la taille égale presque celle de leur mère. Avec les ressources de plus en plus diminuées de la steppe, on comprend qu'ils veuillent continuer à téter le plus tard possible. Au signal "One bébé" de Mama, nous faisions comme pour les bébés, mais un seul à la fois. Vu la taille du bestieau, c'était une chance. Malgré leur relative docilité, tous ne se laissaient pas faire. Les pieds ont surtout morflé, et même à deux sur les plus gros (des plus petits), nous aurions pu nous faire traîner. A la fin de la traite, elle rempli un petit sceau de lait suffisant pour les réserves de thé de la journée.
Toilettes mongoles
Ces bons vivants sont faciles à vivre, mais ne mènent pas la vie facile.
Les toilettes sont un trou dans le sol à une dizaine de mètres à l'extérieur de la ferme, exposées à la vue de tous, malgré de petites palissades en bois arrivant aux genoux. La pudeur n'existe pas vraiment. Nous avons vu plusieurs fois Mama pisser devant nous sans prévenir, à l'intérieur, dans un sceau, comme à l'extérieur.
Photo de famille
Les notions d'intimité ou d'espace personnel leur semblait étrangères. Il n'y a rien qu'ils ne savent cacher ou partager. Leur alimentation étant composée à 80% de thé au lait de yak et de gâteaux, ils ne boivent pas d'eau. Ainsi toute la famille s'est mise à boire dans ma gourde. Le soir, Mama me la demandait parfois pour ses "bébés". Si vous aviez vu les joues et la bouche du petit garçon, vous auriez sûrement vous aussi arrêté de boire dedans, jusqu'à ce que vos limites de l'acceptable finissent par être repoussées.
Rentrée des chèvres
Un des petits-fils m'a emprunté mon jeu de carte sans prévenir. Un autre a failli me voler mon casque. Mon savon a disparu dès le premier jour et le gel douche de Khalid à la fin du séjour ("Je le séduis, je ramène le shampooing et je sois prudente"). L'accès à l'eau étant (extrêmement) limité, leur toilette - vous imaginiez qu'il y avait une douche ? - l'est d'autant plus. La maison ne sent jamais mauvais grâce au feu et à l'odeur de thé. Il y a un petit robinet au débit infime qu'il faut régulièrement remplir. J'ai vu Mama faire sa toilette une fois avec. Pour l'eau du thé, elle fait fondre de la glace, mais pas assez longtemps pour la rendre potable. Elle utilise des blocs de glace que nous avions coupé à la hache après avoir gratté la saleté autour. Sans nos pastilles purifiantes, il aurait fallu aller à la rivière deux fois par jour. Et encore, avec les fermes et les bêtes autour, la pureté de cette rivière était loin d'être garantie.
Forêt de la colline ouest
Cavalier
Si nous nous sommes faits aux toilettes "publiques", cette hygiène relative au froid et à l'eau nous gênait bien plus que l'intimité ou la propriété. Au contact des bêtes toute la journée, nous ne pouvions même pas nous laver les mains. "Nous, c'est pour une semaine, eux c'est pour toute la vie", citation avisée de Khalid.
Timit
Timit, dit la pile electrique, un autre petit garçon de huit ans, est arrivé avec une partie de la famille. C'était les vacances scolaires pour les enfants encore en âge d'aller à l'école, il sera là les trois prochains jours, pour le meilleur et pour le pire.
Timit et... euh.. ??
Ce jour était sans doute le plus long. La quantité de travail n'était pas à la hauteur de nos attentes, et l'impossibilité de communiquer ainsi que le temps froid et maussade n'aidaient pas pour le moral. Faire du zèle en proposant de nettoyer les enclos n'a pas fonctionné, donc nous sommes partis sur une session de coupage de bois, assisté par les garçons.
On a joué à la guerre comme des gamins
Timit est l'incarnation même de la précocité. Il nous assistait dans beaucoup de tâches, lorsqu'il ne les faisait pas lui-même. Il voulait sans arrêt montrer qu'il est capable de tout faire : couper du bois ou des blocs de glace, monter seul sur un cheval, ramener les troupeaux, jouer au poker mongol ou à l'une de mes applications sans explication. Un vrai casse cou pas douillet pour un sou. Il nous a bien amusés, parfois un peu effrayés, mais rapidement saoulés. Les membres de la famille ne le calculait pas la plupart du temps.
Ses moments calmes servaient à recharger ses batteries devant des dessins animés ou l'un de mes appareils électronique à la seconde où je l'allumais.
Easy hill
Petite expédition cette après-midi là sur la colline à l'ouest de la ferme. Le vent a emporté la casquette de Khalid jusqu'en bas. En descendant pour la rattraper, mon appareil photo a dévalé une partie de la colline, brisant net le cache soleil. J'étais bien content d'avoir investi dans un reflex anti choc, et le filtre acheté pour le froid m'a finalement été utile pour les chutes. No bobo.
Disis Mongolia
Pour cette deuxième nuit, "Le Vieux", (un personnage récurrent, le père de Tindu, a sa ferme un peu plus loin), a réquisitionné un lit. Lui et Mama dormaient chacun avec un garçon, pendant que nous essayions de faire abstraction de la toux de fumeur du premier et d'une autre plus violente, qui semblait plus grave et nous faisait de la peine pour elle. On aurait adoré être des dormeurs tout terrain comme les mongols. Encore une fois, les nuits ne vont pas aller en s'améliorant.
"One bébé"
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Commentaires
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- 1. Pap Le 15/04/2018
Chouette expression que "des gens faciles à vivre menant une vie pas facile"
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