26/03 - Berger en Mongolie : "HOK" - Mongolian Sheperd [Jour 3]
- Par cpt-tibo
- Le 13/04/2018
- Dans Lac Khovsgol
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MAMA'S FARM, HATGAL, MONGOLIA
26/03
Réveil 8h, Mama avait déjà fini de préparer la marmite de thé au lait de yak. J'ai vu un os de yak à l'intérieur. Nous avons profité d'un petit déjeuner avant la traite. Khalid commençait à s'habituer, voire apprécier le thé et les gâteaux de Mama. Pour moi, c'était au moins trois bols. Et sans culpabiliser, car nous avons remarqué la réserve de gâteaux dans une boîte en carton de vodka.
Mama
Nous nous sommes aussi rendus compte que les repas dépendaient de la faim de Mama. En ce lundi , il n'y a pas eu l'habituel marmite de pâtes au yak. Les gâteaux devaient nous alimenter toute la journée, mais c'était sans compter sur nos provisions massives de barres, gâteaux, bonbons et chips (et le chocolat de ma Mama). J'étais tellement content d'avoir croisé ces deux françaises un mois plus tôt. Nous partagions parfois nos provisions avec la famille, quand nous ne sortions pas pour les manger. Mama résistait assez bien à la deuxième bouteille de vodka, ouverte et posée sur la table pour qui voulait en boire.
Nuage de chèvre à l'horizon
Poto berger
La communication était loin d'être évidente, ce qui ne nous empêchait pas de mieux en mieux nous intégrer. Nous leur reconnaissons volontiers un don pour la patience. J'ai renversé mon bol de thé brûlant sur le tapis le premier jour, mangé des offrandes sous le portrait de son mari décédé en milieu de semaine. Mama s'est marée à chaque fois. Peut-être car je ne savais pas, ou, comme l'a dit Khalid, ça ne l'a pas dérangé car son mari était d'une nature généreuse.
Spartacus et son cadavre de fils, tentative de traite
Il n'y a rien qui ne fasse pas rire Mama. A la mort d'un bébé yak chétif qui avait été mis à l'écart des jours durant, elle nous expliquait en rigolant que c'était la raison pour laquelle la mère, Spartacus, refusait de donner son lait (ce qui ne nous avait pas échappé). Elle nous a demandé de sortir le cadavre du petit, que Spartacus a léché pour essayer de le réveiller, pendant que Mama essayait de la traire, sans succès. Son autre fils, Bouteille (il avait une bouteille accrochée au museau pour l'empêcher de traire afin de garder suffisamment de lait pour le bébé chétif) a perdu un frère mais regagné le droit de téter sa mère - et perdu sa bouteille ce jour là - Spartacus refusait dans tous les cas de lui donner son lait. Elle n'écoutait plus rien et nous a inquiétés plus d'une fois avec des mouvements dangereux, d'où le nom de Spartacus. A l'inverse du Thrace, on se disait qu'elle allait sûrement bientôt finir dans nos assiettes.
Photo de famille 2
Mama était la plus expressive. Si ses attentes n'étaient jamais très claires, elle signait bien l'essentiel. Le Vieux quant à lui se a jouait muet, en faisant des gestes lents et calmes, et maniait le "OK" comme personne. Les autres se contentaient de répéter le même mot en espérant une illumination de notre part. On ne pouvait pas les blâmer. Ils avaient beau nous apprendre dix fois de suite le même mot en mongol (sans exagérer), on l'oubliait aussitôt. Il faut dire que cette langue altaïque à la croisée du russe, du chinois et du turc, est particulièrement incompréhensible pour des oreilles non avisées. De leur côté, l'apprentissage de l'anglais semblait au moins aussi rude.
On aurait bien aimé retenir son nom
Rivière
Les temps libres après la traite étaient réguliers. Nous passions le temps comme nous le pouvions : jeux de carte - même en Mongolie ils connaissent le président -, lecture des Naufragés de l'Ile Tromelin, coupage de bois ou expéditions sur les collines. Nous nous sommes arrêtés à la rivière ce jour là.
Spectacle des plus satisfaisants
En fin de journée, il fallait conduire les bêtes jusqu'à la ferme, à pieds ou à cheval. Mama nous laissait de plus en plus la responsabilité complète des troupeaux. C'était de loin le travail le plus passionnant. Il reste simple, bien que parfois éprouvant. Les yaks ne nous appréciaient pas, mais nous craignaient encore plus que les chèvres. Les bêtes les plus à l'écart avaient vite fait de rentrer dans le rang. Des "HOK" ou brandir un bâton suffisaient à motiver les plus lents.
A mi-chemin
Au tour des chèvres
Depuis leur naissance, les chèvres comme les yaks sont acclimatés à retourner à la maison à la tombée de la nuit. Ces derniers sont d'autant plus craintifs car malmenés depuis leur plus jeune âge, légèrement mutilés ou brutalisés pour être séparés de leur mère. Ainsi, ils avancent sans broncher. Les mères yaks reviennent d'elles-même, entraînant parfois le reste du troupeau. Sinon, il faut aller les chercher. Elles partaient le matin à l'ouest à la recherche de steppes fraîches pour finir au sud le soir, parfois de l'autre côté de la colline. Il nous a fallu un certain temps avant de les différencier des autres troupeaux. Lorsqu'ils étaient mélangés, seuls les notres voulaient bien suivre.
Perchées
Les chèvres et les moutons se posaient moins de questions. L'effet de groupe rendait la tâche facile, sauf quand elles s'éparpillaient en se nichant au sommet d'une colline ou dans la forêt. Les troupeaux avançant jusqu'à la ferme dans le creux de la vallée au coucher du soleil constituaient un tableau unique et fantastique.
Une seule à la fois
Les journées se terminaient également par la tétée des bébés yak, et la tâche de les attraper une dernière fois avant le dîner, si dîner il y avait. Sans faute ce soir là.
Je dormais dans le sac de couchage rouge
Tindu s'est invité pour la nuit, par terre entre Mama et moi. Il fallait attendre qu'elle éteigne la lumière avant de dormir, et qu'elle arrête de parler. Elle n'arrêtait jamais vraiment, car elle gémissait en dormant. L'ambiance avant l'extinction des feux était toutefois chaleureuse, avant de devenir glaciale une fois la dernière bûche éteinte. On s'est sentis plus proches d'eux ce soir là, dans tous les sens du terme.
"HOK"
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