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03/04 - Coup de froid sur la route d'Ulaanbaatar : notre Road Trip éclair

ULAANBAATAR, MONGOLIA
03/04

Road trip UB
L'unique preuve de notre essai

C'est le grand jour. Nous avons d'abord pris un bus jusqu'à l'aéroport, puis un taxi.

Quel lamentable taxi ! Ici comme presque partout en Asie, le prix se fixe avant la course. On s'était mit d'accord sur 4000 tugriks (un peu plus d'un euro), le prix local pour un trajet d'une distance de quatre kilomètres. Le chauffeur a fait très fort en sortant du mauvais côté de l'aéroport, dans la direction opposée de Cheke Tours, l'agence de location des motos. Il nous avait dit qu'il connaissait, nous étions sur son terrain, j'y croyais encore... Après 10km dans la mauvaise direction et une tentative de dépôt au milieu de nulle part, je lui ai passé mon GPS. Le résultat fut, en plus d'être dangereux, complètement désastreux. Ce piètre chauffeur a essayé de couper sur des routes en terre cabossées sans quitter les yeux de mon téléphone, toujours (un peu moins cela dit), dans la mauvaise direction. J'ai dû le guider vers la route principale pour les dix derniers kilomètres. Et comme attendu, il a osé nous demandé 40 000 tugriks, soit dix fois plus. Alors qu'il s'excitait avec une voix tremblante, Khalid le regardait interloqué, pendant que je lui disait ses quatre vérités et le menaçait d'appeler la police. Il a finalement gagné cinq fois moins qu'il espérait, mais cinq fois plus que le prix de base. Avant de claquer la portière direction le road trip, ses "Nooo, nooo, noooo !!" résonnaient dans nos têtes.

La petite agence Cheke Tours est gérée par deux français : un ancien légionnaire et un jeune expatrié depuis cinq ans. Ils organisent des tours en haute saison notamment avec "Vintage Ride", un site qui m'avait servi pour l'organisation de l'itinéraire. Notre manque d'expérience ne les gênaient pas plus que cela. Sans nous demander notre permis de conduire, ils nous ont briefé en détails, que ce soit pour la conduite, les règles, la mécanique ou l'itinéraire. Après le contrat, les papiers, le paiement, nous nous sommes entraînés devant l'agence. Khalid apprenait vite. Il avait déjà conduit des scooters en France mais jamais de semi-automatique. Je me suis rapidement fait aux petites différences de la Mustang chinoise par rapport à la Pulsar indienne. La station service à 200m était notre premier objectif. 

Les premiers kilomètres se sont déroulés sans contretemps, bien qu'il était déjà midi et Karakorum, notre première étape, se situait à plus de 300km... Nous n'avons même pas fait 25km ! Un vent glacial nous frappait de toute ses forces. Sans visière, le visage n'était pas le pire. C'était les mains ! J'avais des gants en cuir achetés la ville. Khalid : une paire de sous gants et des North Face légers. Complètement inutiles ! Ce n'était pas tant le froid que le vent qui nous a immédiatement calmés.

Après une vingtaine de minutes de souffrance, j'ai donc signalé une pause dans une épicerie, à un Khalid qui était aussi soulagé que moi de s'arrêter. La douleur, elle, ne s'arrêtait pas. Le froid s'était inséré dans nos doigts et ne voulait pas relâcher son emprise. Il déchirait nos os jusqu'à un stade de douleur que nous avons découvert. Sous mes cinq couches de vêtements archi serrés, je commençais à me sentir mal. Nous sommes restés un bon quart d'heure près du radiateur de l'épicerie, jurant, comme les Québécois, que l'on se moquerait bien des "vagues de froid" en France. La décision fut directe et unanime qu'il fallait rendre les motos aujourd'hui, sous peine de perdre quelques doigts.

J'ai donné mes gants en cuir à Khalid pour sortir mes gants de ski. Ce n'était pas beaucoup plus efficace. Malgré la bonne visibilité des routes, le comportement des voitures, des bus et des camions était très dur à anticiper. J'ai fait face à trois situations dangereuses, dont l'une sur un rond-point était de ma faute. Quelques kilomètres en Mongolie m'ont semblé plus difficiles qu'un millier en Inde. Il faut dire aussi que nous n'étions pas dans les meilleurs conditions physiques. Nous nous sommes arrêtés dans un restaurant à cinq kilomètres de l'agence pour tomber sur les gérants de Cheke Tour. Nous les avions appelé à l'épicerie et ils se sont montrés très compréhensifs (je pense que l'un des deux a du gagner son pari). A l'agence, ils nous ont rendu quatre jours de paiement, en se moquant gentiment de nous. "Putain déjà ? Vous êtes trop rapides les gars !". On s'en foutait, le froid nous avait traumatisés. Tout ce qu'on voulait, c'était trouver un lit chaud et ne pas penser à ce road trip avorté en moins d'une heure. Je leur ai dit rendez vous en été.

L'un des gérants, un mongol taxi à mi-temps nous a déposés gratuitement jusqu'à notre guesthouse en nous conseillant sur les choses à faire à UB. Erik nous avait prêté les clefs pour notre retour prévu dans cinq jours. J'ai annulé la réservation du homestay de Karakorum juste à temps, puis j'ai prévenu Erik sur WhatsApp, qui m'a répondu : "Pas de problème, restez aussi longtemps que vous voulez". A cinq euros la nuit, on va pas se gêner.

Morale de l'histoire : les coups de bol viennent après les sales coups.

Dans le post précédant : après le vol du téléphone, le flic sympa qui nous a déposé dans notre guesthouse à 1h du matin, vraiment pas évidente à trouver, avant de donner un coup de fil à Erik, pour apprendre qu'il fallait qu'on attende 1h, sans quoi nous serions partis je ne sais où. Suite au manque d'offres de motos en cette saison (pour des raisons que l'on comprend mieux maintenant) et à la difficulté de trouver des hébergements sûrs en chemin, Erik nous a donné un bon coup de main. Enfin, la satisfaction de se faire rembourser puis conduire tranquillement à notre point de départ après le coup de froid de l'hiver et l'échec du road trip.

Une semaine plus tard, on avait perdu le vent et gagné 10°C. Le road trip aurait largement été réalisable, et sûrement très appréciable. Place au coup de blues.

 

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