19/01 - Road trip au Rajasthan [Jour 2] - JODHPUR - Route banale, conditions précaires - "Lâcher prise"

8h du matin. Je me réveille brusquement. J'ai à peine dormi deux heures. Les chiens ont hurlé à la mort toute la nuit. Ma petite chambre aux murs si fins n'isolait aucun son, que ce soient les aboiements, les klaxons ou les voix. Je me souviens avoir fait répéter plusieurs fois mon alarme programée à 6h du matin. On oublie d'emblée l'idée du temple. Dommage.

19 01

D'un côté, je voulais abattre tous les chiens de Pushkar un par un. De l'autre, ayant vu comme ils sont traités ici, ils me faisaient un peu pitié. Chétifs, pleins de puces et d'infections, obligés de manger des déchets, voire leur propre merde, pour survivre. Le jour, ils dorment (parfois en plein milieu de la route), la nuit, ils se plaigent, et se foutent sur la gueule. Même le chien des voisins, pas de rue que je sache, se faisait une joie de participer à ce concours d'éloquence. Pour le coup, j'avais plus envie d'abattre son maître. Le gérant m'a dit que c'était un vrai problème ici. Apparement, plusieurs d'entre eux l'ont rapporté à la mairie, qui est trop fainéante pour faire quoi que ce soit. Cet homme m'a dit que si ça continuait, il embaucherait quelqu'un pour les caillasser (les chiens).

Jodpur
Coucher du soleil depuis la Forteresse de Mehrangarh 
Un café (au gingembre, pouah !) et c'est ti-part ! On ne peut pas dire que ça ne va pas, je n'ai pas dormi assez longtemps pour être trop assomé, ni pas assez longtemps pour ne pas être assez réveillé. Toujours un peu nauséeux, mais je tiens la route. Quitté Pushkar, j'arrive à m'oublier pour piloter d'abord avec mes sensations. Le pire, c'est d'essayer de se concentrer, pratique assez paradoxale. Quand on débute comme moi, c'est inévitable dans un premier temps. Il n'y a que lorsque la confiance vient qu'on arrête de penser et qu'on peut vraiment en profiter. Comme pour tout, le plaisir vient avec le "talent" qui vient avec le temps. Les quatre heures d'hier étaient amplement suffisantes pour que je familiarise avec le concept.
Si je pouvais profiter d'autoroutes dégagées en permanence, quel dommage qu'elles soient si fades. C'est du semi-aride tout le long, sans aucune vue d'ensemble. Les côtés de la route sont en permanence bordés des mêmes arbres. On tombe régulièrement sur des villages, mais eux aussi sont tous globalement les mêmes. De type hybride, ni modernes ni ancien, peuplés de fermiers connectés, de jeunes bien habillés et de femmes en tenues traditionnelles, des fils electriques, des restaurants et des ordures partout. Même les vaches sont si prévisibles. J'ai beau voir fréquemment des troupeaux au milieu de la route, il n'y a jamais d'accident ! Sans déconner, j'espère que le chien qui faisait le mort ce jour-là était juste en train de dormir pèpère sur la route. Cette épisode routier sans saveur est sans doute le meilleur moment pour vous énoncer les nombreux problèmes de ma petite pulsar 150.

Jodpur canon
Canon sur les remparts du fort
Pour commencer, le kick. Ma plus grosse frayeur à la base est devenu un véritable problème, beaucoup plus dangereux que celui que j'avais prévu. Dès que je vais un peu vite, cette saloperie ne cesse de tomber entre mon pied droit et la pédale de frein. Je finis par avoir le réflexe de le lever avant de freiner, mais p***** (putain), en cas de freinage d'urgence, vous me l'accorderez, c'est pas optimal. J'ai fini par l'accrocher avec du fil. Sinon, mécaniquement, c'était presque parfait. A part la troisième vitesse vitesse qui se transformait en première selon son humeur, rien à redire là dessus. J'ai déjà évoqué l'absence de rétros et de visière. Comme si ça ne suffisait pas, l'aiguille du compteur de vitesse et d'essence est bloquée plein sud. Pratique quand on est en plein désert. Le truc, c'est qu'il manque aussi un bouchon au réservoir, situé entre le siège et le guidon. Il y a le "capuchon" verrouillable, mais cet incapable laisse fuiter de l'essence quand la moto est vérouillée à l'arrêt, et donc légèrement inclinée sur le côté. L'art consiste à s'arrêter droit ou stationner avec un réservoir semi-plein. Pas très pratique non plus. Je vous en garde un peu pour les prochains épisodes.

Fort Jodhpur
Jodhpur entre les murailles
Rencontre intéressante d'un groupe d'indiens, dans une gargote sur la route à environ 100km de Jodhpur. Ils étaient tous super curieux, en cercle autour de moi, à me poser des questions dans un anglais approximatif. C'était bien marrant et le thé était bon. L'avantage de voyager en moto, c'est la spontaneité assurée des rencontres. Quand je leur dit ou qu'ils constatent que j'ai une moto, on part tout de suite d'un bon pied. Pas de sous entendu commercial, car mon parcours et mon moyen de transport sont prédéfinis. Dans votre gueule les tuk-tuk !

La cité bleue, vieille ville de Jodhpur

Jodpur 2
Vue du toit de ma guesthouse
Deuxième ville du Rajasthan avec un peu plus d'un million d'habitants, c'est la "Sun City", ville la plus ensoleillée d'Inde. Elle est à la frontière du désert du Thar. La forteresse de Mehrangarh, qui se voit à des kilomètres, surplombe la ville de manière imposante.

Jodhpur marché
Les rues sont de plus en plus vivantes et animées au fur et à mesure qu'on s'approche du fort

Jodhpur Clock Tower
Ma chambre d'hôte à deux pas de la forteresse m'a contraint à emprunter l'artère commerciale de la Clock Tower à l'heure de pointe.

Jodhpur centre
Imaginez un Times Square où chacun est en scooter. On force comme on peut.
Je pose mes affaires, pour un repas rapide sur le toit de ma chambre d'hôte à la vue imprenable avant de foncer en direction de la forteresse une heure avant sa fermeture.

Fort Jodhpur 2
Forteresse du XVè siècle s'élevant 140m au dessus de la ville. De loin, il semble en bois mais est entièrement en calcaire ocre.

Fort Jodhpur 3
Très touristique, c'est plus un musée qu'un fort

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Avant d'arriver sur les remparts, on passe par plusieurs cours, chambres royales, des salle de miniatures, d'armes de guerre, d'armures et même de nacelles d'éléphants.
On trouve la racaille touristique comme on l'aime. Celle qui se prend en photo avec tout ce qu'elle trouve, de manière immédiate dès l'arrivée dans une pièce. J'avoue, je fais le vieil aigri, mais souvent il m'arrive souvent de me demander "pourquoi j'ai pris ce tableau ou cette pièce ?" Sincèrement, même moi ça ne m'intéresse pas de revoir cette photo mal cadrée du tableau d'un tel maharaja dont j'ai oublié le nom et l'histoire. Si je fais des progrès, le savoir ne m'empêche pas de continuer. A mon avis, le bruit du déclencheur de mon reflex rend accro.

Opium Jodhpur
Atelier fumage d'opium
Ahurissant, aussi, le nombre de jeunes qui voulaient prendre un selfie avec moi. Au début, j'étais surpris et flatté de réaliser qu'ils voulaient non pas que je les prenne, mais que je sois sur leur photo. A la fin, j'étais carrément saoulé. En descendant du fort, j'étais un moment derrière un couple de vieux qui photographiait les gens devant chez eux comme des animaux au zoo devant leur cage. Sans leur demander, dans le plus grand des calmes.

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La vieille ville qui s'étend de l'horloge au fort est un autre labyrinthe de ruelles étroites où s'enchaînent le fouillis du bazar continuel et la tranquilité de certaines rues plus calmes.

Jodhpur marché 2
Vendeurs de fruits au pied de la Clock Tower

Jodhpur old city
C'est Jaipur en bleu

Peut-être avec un aspect plus intimiste. Les portes des gens sont ouvertes sur la rue et on peut sentir l'odeur des cuisines venant de l'intérieur. Très vivant et authentique. Toujours des rabateurs et un vacarme d'enfer, mais plus rafraîchissant et colorée que l'imposante Jaipur. Parmi les touristes étrangers, il paraît que 50% sont français. Les vendeurs connaissent les phrases d'accroche dans la langue de Depardieu. Comment ruiner un peu l'authenticité et la magie du lieu...

 

Commentaires

  • Thibs
    • 1. Thibs Le 03/02/2018
    Finalement l'inverse me semble plus logique ... Mais les deux font sens
  • Mom
    • 2. Mom Le 03/02/2018
    Le plaisir vient avec le talent... merci Thibaut, belle remarque!

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