20/01 - 21/01 - Road trip au Rajasthan [Jours 3-4] - RANAKPUR & KULBALGARTH - Approche pittoresque de la campagne rajpoute - "Prendre son temps"
Frustré et admiratif, je bois mon café depuis le toit où je peux contempler une dernière fois cette majestueuse forteresse. Une nuit de plus à maudire cet éternel tapage nocturne. Grandes villes ou pas, j'ai réalisé que c'est d'abord l'épaisseur des murs de la chambre qui détermine le droit au sommeil. Cette fois-ci, j'avais carrément l'impression d'être en plein milieu de la rue. J'entendais avec précision les conversations bruyantes des gens dans leur chambres et sur le toit, en plus des BOUM BOUM à répétition jusqu'à deux heures du matin, comme s'ils étaient en travaux. Malgré un prix imbattable et un personnel le plus attentionné du monde, quand un établissement ne parvient pas à remplir sa fonction première, à savoir dormir, c'est caca.
La veille, j'hésitais toujours entre Jaisalmer et Ranakpur. Le premier me faisait emprunter le grand ouest désertique, jusqu'à une centaine de kilomètres de la frontière pakistanaise. L'idée était tentante, mais les possibilités qui s'offraient ensuite plus limitées. Sur les conseils de mes hôtes et des invités, j'ai opté pour Ranakpur, moins loin mais plus reculé.
Comme chaque veille depuis mon départ, j'avais réservé mon hébergement pour le lendemain. Après environ cinq heures de route (en omptant les pauses), posé mes affaires, fait le tour du vieux quartier et des sites d'intérêt, avant de m'écrouler pour dormir d'un sommeil saccadé et finalement partir plus tard que prévu. Heureusement, cette journée va venir un peu casser cette "routine" si vite établie.
Au delà des problèmes mécaniques, le plus gênant sur la route est un facteur que j'aurais pu prévoir : le froid. Ayant laissé ma parka dans le casier de l'auberge à Jaipur, je n'avais que mes t-shirt et une veste (assez légère) avec moi. Quand bien même je faisais des vraies nuits, impossible de partir à l'aube. Il fait entre 10 et 15° jusqu'à 8h du matin, heure à laquelle le soleil finit de se lever. Ensuite, ça se réchauffe, mais pas assez pour rouler confortablement dans un tel accoutrement. C'est con, parce que les citadins indiens sont les pires couche-tard. Du coup, la circulation le matin est excellente.
Quelque part entre Ranakpur et Ganerao
Entre Jodhpur et mon auberge de jeunesse à Ganerao, la route était, comme prévu, fraîche et tranquille. Les villages que traversaient l'autoroute étaient de plus en plus petits au fur et à mesure que j'approchais de ma destination. Je suis arrivé en début d'après-midi dans un domaine avec piscine, tentes de luxe et cinéma en plein air, vide de gens et de bruit. Victoire ! Je n'avais qu'un lit dans le dortoir principal, mais tout le service de ce "camp" à ma disposition. A ma grande satisfaction, ils n'étaient pas trop envahissants. Pas de Wi-fi, mais le gérant a eu la gentillesse de partager sa 4G pour que je puisse réserver ma prochaine chambre d'hôte. Posé sur un transat en face de la piscine, j'ai savouré ma salade de tomates en me réconciliant avec mon estomac. Une petite heure au calme, presque plus réparatrice que mes deux dernières nuits, avant de repartir aussitôt pour Ranakpur.
Le petit village à une trentaine de km était aussi innatendu qu'impressionant...
Pour ses minuscules rues et la beauté architecturale de ses maisons. Je m'étais arrêté à la recherche d'un ATM (distributeur d'argent), dans ce village et ses rues qui ne figurent sur aucune carte. Chaque habitant m'arrêtait pour savoir comment j'étais arrivé là.
Des enfants qui rentraient de l'école voulaient prendre des selfies.
Il y en a un qui n'a pas perdu le nord en me demandant son "cadeau". 10 roupies svp monsieur.
Plafond du Temple d'Adinath
Ranakpur, à une vingtaine de kilomètres de mon auberge, sur une route défoncée, est davantage un site historique qu'un village. Il est célèbre pour son immense "Temple d'Adinath" en marbre blanc, un des plus grand temple jaïn d'Inde. Les jaïn sont une minorité religieuse de 4 millions de pratiquants en Inde, basée sur la non violence, la tolérance et l'honnêteté. Ce sont des extrêmes pacifistes, au point que certains se couvrent la bouche pour éviter d'avaler un insecte ou refusent de prendre le bus qui tue parfois des animaux. Le plus drôle, c'est qu'ils font partie des castes les plus riches, car tout le monde leur fait confiance pour les transactions commerciales.
1444 pilliers aux détails impressionants
Un seul de ces piliers n'est pas droit, car "dieu seul est parfait, pas l'homme"
En fin d'après-midi, l'atmosphère de ce temple à l'architecture si complexe et détaillée était véritablement seraine
Je voulais m'endormir là, entre ces dômes, chapelles et pilliers, dans la fraîcheur des derniers rayons du soleil.
De retour au camp, le personnel était aux petits soins. Déçus que je refuse de voir un film dans leur cinéma en plein air, ils en ont quand même lancé un le son à fond, pendant eviron un quart d'heure, avant de tout arrêter brusquement. Petite frayeur. J'ai dormi comme un bébé jusqu'à 9h.
Coucher de soleil depuis la terrasse
Au programme, Kumbhalgarh, puis Udaipur. Kumbhalgarh est à une dizaine de kilomètres de Ranakpur à vol d'oiseau. Soixante par la route. Mais quelle route ! Finie la monotonie des non paysages autoroutiers.
Une première partie forestière montante qui regorge de singes parqués au bord de la route. Il me restait quelques bananes achetées la veille (je ne pensais pas que ça m'arriverait un jour) pour finir d'achever mes problèmes de transit intestinaux. Inutile de vous dire qu'eux ont achevé mes bananes. On alterne ensuite entre des étendues arides et caillouteuses et des terres cultivées, le long d'une rivière.
Cinquante nuances de vert
La route est dans un sale état, mais pas à flanc de montagne. Ouf, car elle trop étroite même pour une voiture et une moto. J'ai pris le temps de m'arrêter de nombreuses fois pour observer ces paysages ruraux à couper le souffle. La vie modeste des travaux des champs : les hommes en turban, les femmes toutes en couleurs, menant leur troupeux de boeufs ou cultivant leurs terres. L'un d'entre eux est venu me parler, curieux mais très réaliste quand à ma présence dans le secteur.
La route suit une rivière pendant quelques kilomètres
Le tout sous un soleil radieux et une température idéale, malgré le petit kilomètre d'altitude. On se sent bien.
Kumbhalgarth, la Grande Muraille d'Inde
Le surnom que chacun donne spontanément à cette forteresse et sa muraille, tant la ressemblance avec la chinoise est frappante. Construite au XVIè siècle, désormais classée à UNESCO, elle ne protège plus aucune ville. Depuis n'importe quel terasse, la vue sur les montagnes arides des alentours est magnifique. Je n'ai pas trouvé de casier pour poser mon sac. Avec le soleil de midi qui tapait, tout comme mon estomac, j'en ai fait le tour en une demi-heure. En sortant, je me suis rendu compte que j'avais zappé le passage au guichet, et de fait, économisé environ cinq euros. Le garde, me voyant arriver l'air épuisé et chargé comme un mulet, a dû se dire que j'avais forcément mon ticket.
Environ 50 km avant Udaipur
Arrivée à Udaipur au coucher du soleil après trois bonne heures de route. A la fin de cette journée, lje me dis que le mieux aurait été de sortir des sentiers battus. Le problème, c'est qu'ils ne figurent pas dans les guides. On peut facilement se retrouver dans une zone de traitement des eaux usées à l'odeur insoutenabe. Dans une zone militaire s'étendant à perte de vue, sur une route longeant un grillage de barbelés avec des pancartes très claires sur le fait qu'on va mourrir si on met un pied dedans. Dans des décharges sauvages habitées par des cochons d'Inde ou bien juste en plein désert naturel et humain. Pas de regrets à avoir, les grandes villes restent dignes d'intérêt. Par contre, les grandes routes le sont beaucoup moins.
Commentaires
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- 1. Pap Le 08/02/2018
Thibault qui mange des bananes ... jolies les portes décorées des villages. Bien sûr les temples le sont aussi !
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