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hatgal

  • 30/03 - 02/04 - Hatgal to Moron to UB : Retour tranquille mais pas sans détour

    HATGAL, MONGOLIA
    30/03


    Hatgal aiport
    "Aéroport" d'Hatgal

    En route vers Hatgal, un jeune mongol en scooter est venu à notre rencontre pour nous indiquer le chemin de sa guesthouse, comme convenu avec Bayardalai. Tout le monde le connaît, et s'amusait à nous le passer au téléphone.


    Hatgal
    Hatgal

    Ambiance balnéaire. Temps froid et venteux. Petites maisons triangulaires de toutes les couleurs. Nos cottages étaient beaux à l'extérieur, mais assez inconfortables et mal isolé à l'intérieur. Le routeur Wi-Fi était cassé. Deux chiens inépuisables nous sautaient dessus et nous accompagnaient où que nous allions. 


    Hatgal
    Quartier de notre cottage

    A notre grande surprise, la mission "restaurant to douche to lessive" fut un désastre, tout étant fermé à cette période de l'année. Nous avons marché plus de deux kilomètres sans trouver un seul restaurant, hôtel ou guesthouse d'ouverts. A ce stade, prendre une douche et faire une lessive devenaient encore plus vital que le ravitaillement, car quelques épiceries étaient ouvertes. Une femme nous a sauvés en nous emmenant d'abord dans un restaurant.


    Moi Hatgal   Khalid Hatgal
    L'effet positif de l'absence de douche sur mes cheveux, notre fatigue après 10km de marche et la longue mais optimiste attente du repas.

    Nous avons mangé malgré nous les raviolis de yak les plus gras qui soient, à s'en dégoûter. Cette viande ne voulait vraiment pas nous quitter. Puis la mongole nous a conduit dans une "maison de douches". Elle nous avait auparavant conduit dans sa guesthouse, ignorant nos multiples rappels : "No guesthouse !". Finalement, elle a trouvé son compte avec la note de taxi et en lavant nos vêtements qui commençaient à sentir le fromage. Pas avant de nous avoir conduit dans sa petite yourte, servi le thé, des gâteaux et du fromage, et présenté ses sandales fabriquées à la main.


    Hatgal cotage
    Nos cottages à Hatgal

    La nuit fut froide, dure, et toujours coupée du monde. En l'absence de Wi-Fi, le plan qui était de louer des motos grâce au contact de Bayardalai a échoué. On ne peut pas faire le tour du Lac Khovsgol en moto, et personne ne pouvait nous renseigner sur les meilleurs intinéraires. Nous sommes donc montés dans un minibus pour Moron le lendemain.


    MORON, MONGOLIA
    31/03


    Moron
    Moron en fin de journée

    C'est dans une tempête de sable que nous avons atteint le Far-West Mongol. Les pubs, les routes en sable, la feraille et les hôtels en brique orange conféraient à la ville une ambiance américano-soviéto-apocalyptique. Le bout du monde mongol, la frontière entre l'ouest sauvage et l'est un peu moins sauvage, Nuketown...


    Tenkhleg Hotel Moron
    Tenkhleg Hotel

    Khlid Moron
    Meilleur que les crousti-bat

    Nous nous sommes laissés aller à un hôtel tout confort, cette fois-ci beaucoup plus classe à l'intérieur. Le prix était franchement OK pour ce standing. Nous avons décidé de repousser le road trip jusqu'au retour à la capitale, car c'est de là que commencent les parcours les plus intéressants. La fraîcheur des légumes du restaurant de l'hôtel fut la consécration de ce confort tant attendu, avec en prime une soupe de yak, dont le goût et texture m'ont immédiatement replongé dans la ferme de Mama. 


    Moron   Moron bad stuff really bad

    Khalid Moron

    Au lieu du marché noir, le plus grand de Mongolie que nous étions partis chercher, nous avons croisé un taxi arborant fièrement une croix gammée, de nombreux karaokés, des terrains de jeux semblant laissés à l'abandon. De petites mais larges rues en sable s'organisent parallèlement autour des des rues principales qui concentrent les épiceries, hôtels, restaurants et immeubles d'habitations.


    Moron bus station
    Station de bus de Moron

    Ce fut un retour très tranquille en fin de compte, étendu sur trois jours au lieu de deux. Après le sable est venu la neige. Le passage à l'heure d'été nous a fait douter du bon horaire de départ du bus. Après vérification, point de changement. 800km... Que dire à part que le bus n'est pas l'endroit le plus adapté au visionnage de Black Mirror ? Surtout lorsque le trajet dure quinze heures...

     

    ULAANBAATAR, MONGOLIA
    01/04


    Nous sommes arrivés à la Dragon Station d'Ulanbaataar vers 22h30. Epuisés, nous attendions devant le coffre du bus agglutinés comme les mongols impatients de récupérer leurs affaires. Nos bagages étaient au fond du coffre. Les gens collaient, comme à leur habitude, et ne faisaient pas semblant de bousculer. Il nous a fallu un certain temps pour récupérer nos bagages, et nous sommes partis vers notre guesthouse à pieds, à environ 7km. Après seulement 200m, Khalid ne trouvait plus son téléphone. Il a couru jusqu'au bus pour le chercher partout. Le bus ratissé, il ne lui a pas fallu longtemps pour comprendre qu'un infâme pickpoket avait profité d'une bousculade pour le lui subtiliser.

    Au commissariat, un seul policier parlait anglais. Au lieu de nous faire une main courante, il nous a dit qu'il fallait se rendre à l'ambassade pour trouver un traducteur qui pourrait nous aider à faire les démarches de la plainte. Puis, on se demande toujours pourquoi, il a appelé Bayardalai, qui lui a répondu qu'il nous avait prévenus. Pas faux. Il a prit nos coordonnées, le Facebook de Khalid et s'est bien marré avec son pote. Puis, moyennant rémunération, il nous a déposés à la guesthouse dans le centre-ville, où nous avons attendu près d'une heure qu'Eric, le propriétaire, revienne de l'aéroport avec deux allemandes. Khalid a récupéré mon deuxième téléphone.

     

    02/03

    Erik était d'une aide précieuse pour l'organisation du road trip. De nature généreuse et avec son énergie sans limite, il nous a tracé un parcours de quatre jours passant par Karakorum, l'ancienne capitale, deux parc nationaux, une cascade... Et avant même qu'on lui demande, il a appelé les quelques agences de location de moto encore ouvertes. Succès : 12€ par jour par personne pour des Mustang 150cc (semi-automatique), à récupérer le lendemain près de l'aéroport.

    Nous avons fait la rencontre de deux françaises qui s'en allaient pour le Lac Khosvgol. A mon tour de leur recommander la ferme de Mama, de leur donner les coordonnées de Bayardalai, et de divulguer de précieux conseils sur la survie en terre mongole. Elles semblaient emballées, jusqu'à ce que je leur parle de la difficile intimité et des problèmes liés à l'eau. Les allemandes ont choisi un tour dans le désert de Gobi organisé par Erik, qui, comme la plupart des tenanciers, est aussi un tour opérateur.

    L'ambassade, à deux pas de la guesthouse, était fermée à cause du lundi de Pâques. Nous sommes retournés à la Dragon Station pour faire le tour du marché noir. Les étalages respiraient le vol à plein nez : téléphones, batteries, cables, cartes mémoires... C'était l'occasion pour Khalid de potentiellement retrouver son Samsung mais aussi de se faire une idée des prix des téléphones, très bon marché chez les vendeurs non officiels. Quelques jours plus tard au Teddy Store, le meilleur endroit pour faire une bonne affaire, les contrefaçons chinoises réalisaient avec succès les tests de vérification d'authenticité. Mais le prix n'était même pas assez intéressant pour prendre le risque. De quoi décourager rapidement. J'y ai acheté une carte micro SD de 32go - que je n'ai pas oublié d'essayer sur mon appareil photo avant - qui contenait les photos volées d'une famille mongole. Les mecs n'avaient même pas prit la peine de vérifier sur un ordinateur les fichiers de la carte volée...

  • 29/03 - Bergers endurcis : "Inggit" [Jour 6]

    MAMA'S FARM, HATGAL, MONGOLIA
    27/03


    Khalid horsemanFrench horseman in Mongolia

    Le matin, Khalid a laissé un bébé yak s'échapper avec sa mère. Ils se sont empressés d'aller rejoindre le reste du troupeau en chemin pour les derniers pâturages. Pendant que Khalid négociait le cheval avec Mama pour le rattraper, j'ai couru avant de m'étaler en avant cinquante mètres plus loin. Nous avons largement contourné les heureux évadés puis commencé une interminable chasse au veau. Le petit nous glissait sans arrêt entre les doigts. La mère était plus docile. Son petit suivant, nous l'avons reconduite à la la baguette jusqu'à la case départ. "Gooood"

    Thibaut horseman
    French horseman in Mongolia

    Le cheval nous était acquis. Débutants que nous sommes, il suivait assez peu nos directives. Pas de problème pour rentrer les bêtes ou aller à la rivière pour boire de l'eau. En revanche, sortir de ses sentiers battus ou poser dix secondes pour une photo ne rentraient pas dans ses mords. Son impassibilité était à toute épreuve. Pas facile d'être un cheval en Mongolie.

    North hill hatgal farm

    North hill hatgal farm
    Après le café post tétée, je suis parti pour la colline nord, la plus longue et la plus haute des environs.

    North hill hatgal farm

    North hill hatgal farm
    On pouvait voir tout Hatgal, des steppes et d'autres collines à perte de vue. Un bûcher était installé sur le point le plus haut.

    North hill hatgal farm
    Je suis rentré à la ferme par la crête des collines de l'est

    Sheep herd mongolia
    Troupeau de chèvres

    Sheep herd mongolia
    Des chèvres assez braves pour sauter ou passer en dessous l'enclos jusqu'à la réserve de foin du cheval, avant de rentrer la queue entre les pattes.

    A mon retour, au milieu de l'enclos vide, j'ai essayé de bouger le cadavre d'un chèvre que je croyais être une imperturbable bronzeuse. Personne ne sait vraiment comment elle est morte. Beaucoup d'incompréhensions demeurent, notamment l'utilité des chèvres et des moutons. Mama fait occasionnellement du fromage de chèvre, et le régime alimentaire était uniquement constitué de yak. Nous n'avons pas participé ni assisté a un abattage de chèvre ou de yak. Deux sacs remplis de viande de yak dans la réserve me laissaient croire que nous étions tombés sur le mois du yak. Spartacus respirait encore le dernier jour. Bilan de la semaine : deux décès, aucune naissance.

    Mama's farm

    Mama's farm
    Mama's farm

    Comment fait Mama pour payer le cable et son abonnement téléphonique, acheter du sucre, de la farine ou du chocolat ? Elle a sorti une fois son porte monnaie en rigolant. Il ne restait que quelques billets de 1000 tugriks, autrement dit environ 1€. Peut-être échange-t-elle de la viande ou du lait au marché de Hatgal, ou compte-t-elle sur les amis et la famille... L'autosuffisance n'est certes pas totale, mais largement possible, et pratiquée dans sa majorité : terre, eau, électricité, nourriture, chauffage...

    Sheep herd mongolia

    Sheep herd mongolia
    Brebis galeuses domptées

    Notre dernier job de berger s'est déroulé sans ennui. Les chèvres étaient un plus hautes sur la colline, les yaks toujours aussi loin dans la vallée, mais plus rien de bien inquiétant pour nous désormais.

    Old Mongolian sheperd

    Mongolian nomad family
    Notre famille mongole préférée

    Nous sommes restés six jours au lieu des dix prévus à la base. Megan et Agathe m'avaient garanti qu'une semaine était plus que suffisante. Moi qui avait prévu de rester seul pendant dix jours, j'étais enchanté d'avoir un poto sûr avec qui partager cette expérience hors du commun. Si la communication était vraiment possible et l'eau plus accessible, nous serions volontiers restés plus longtemps.

    Inggit
    Bûcherons aguéris

    Mongolian nomad family
    Dernier soir à la ferme

    Départ après le petit déjeuner du lendemain matin. Les adieux étaient chaleureux. Mama avait l'air un peu émue. Elle nous a sorti la gamme complète de son lexique anglophone et francophone : "Byye", "Niiice", "Goood", "Yeees", "Meeerci"...

    Mongolian steppe

    Mongolian steppe
    Déjà nostalgiques mais avides de douche, nous avons prit le chemin de Hatgal, pour une dernière marche d'une dizaine de kilomètres à travers les merveilleuses steppes du Lac Khovsgol, en écoutant la bande son du Seigneur des Anneaux.

    Inggit

    Voilà, ou comme disent les mongols : Inggit !

  • 28/03 - Responsabilités hivernales : "Tenger" - Mongolian Sheperd [Jour 5]

    MAMA'S FARM, HATGAL, MONGOLIA
    27/03

    Hatgal farm snow
    тэнгэр, цас, аз жаргал

          La veille, Mama montrait le ciel de ses mains, cherchant à signfier quelque chose. Spartacus refusait une fois de plus de donner son lait, et Bouteille avait l'air plus abattu que jamais. Nous cherchions le lien entre le ciel et la mort du nouveau né, qu'elle mimait en continuant de bien se marrer. "Tenger", le ciel, étant à la base des croyances du bouddhisme mongol, j'imputais logiquement l'attitude de Spartacus aux aléas du temps, ou peut-être l'inverse. Le matin, tout était plus clair. Mama voulait tout simplement dire qu'il allait neiger. Le paysage a complètement changé, pour une demi-journée...


    Hatgal farm snow

    Hatgal farm snow
    Harmonie hivernale

    On nous a demandé de conduire les yaks dans une autre direction. Etre berger en Mongolie ne s'improvise pas. Il faut sélectionner des pâturages adaptés en fonction des saisons et des besoins de chaque type de troupeaux. Les yaks savaient heureusement où aller.


    Hatgal farm snow
    Hatgal farm snow

    Aucune différence pour les bêtes

    Tindu, le jeune de 17 ans (mais qui en fait beaucoup plus), voulait qu'on le rejoigne à deux kilomètres de la ferme en suivant les traces de sa moto. Mais avant, coffee time ! Si le travail était plus important, le confort augmentait lui aussi sensiblement. Notre "Capfé" en poudre est devenu un rituel après la tétée du matin. Mama le préparait toute seule à la fin pour pouvoir également profiter de son bol. Pour elle, le café semblait appeler la sieste. Elle nous gavait sans arrêt de thé et de gâteaux, qui n'arrêtaient pas de devenir meilleurs. J'arrivais à manger son fromage de chèvre dur comme la pierre en le suçotant. Un délicieux pâté en croûte est apparu le dernier jour. Nous avons aussi découvert France 24 sur le câble mongol, pour apprendre l'attentat de Trèbes. Il nous a fallu cinq jours pour comprendre que la vaisselle n'était pas auto nettoyante.


    Hatgal farm snow

    Hatgal farm
    La neige a fondu à une vitesse affolante

    Nous avons suivi des traces à moitié effacées pour arriver dans un chantier de troncs et de poutres en bois organisées en rond. Tindu et son père nous ont expliqué qu'il s'agira de la ferme du jeune. Il recevra les bébés chèvres de son père, peut-être à sa majorité. Quand il nous parlait de construire une yourte au milieu du domaine, nous n'imaginions pas qu'elle serait construite, montée, finie deux jours plus tard. Ils sont partis à Hatgal chercher les pièces nécessaires à sa construction.


    Mongolian building farm

    Mongolian building farm
    Mongolian carpenters

    Pendant deux heures, nous avons fixé des poutres tout en apprenant sur le tas le schéma de base de l'enclos. Le Vieux donnait des instructions improvisées en utilisant ce qu'on trouvait sous la main. Son fils ne manquait pas une occasion de montrer sa force en soulevant seul des troncs d'arbre. La palissade de l'enclos semblaient un peu bancale, en raison d'un bois abimé ou de fixations nouées avec du fil de fer rouillé.


    Mongolian building farm
    Un résultat satisfaisant

    Mongolian building farm
    Le Vieux adorait les photos

    Mongol style. Chaque outil, morceau de bois ou de fer avait déjà été utilisé. La clôture a vite fait de prendre forme. Travailler de nos mains dans ce superbe cadre était véritablement gratifiant. 


    Sheep herd mongolia

    Sheep herd mongolia
    Les chèvres allaient vraiment partout

    Plus de travail signifie également plus de responsabilités. Mama, voyant que l'on avait saisi les principaux rudiments du métier, n'a pas hésité à nous confier la responsabilité entière du troupeau ce soir là. Elle est partie chercher en cheval des mères yaks égarées, ce que nous ne savions pas encore. Nous étions à la merci de la bonne interprétation de ses directives. La nuit tombant, nous avons rentré les chèvres qui attendaient gentiment autour de l'enclos. Des HOK et des lancers de pierre nous ont fait économiser une escapade sur la colline pour les plus perchées.


    Sheep herd mongoliam
    Sheep herd mongolia
    Encore une fois, ramener les chèvres était beaucoup plus facile que nous l'imaginions

    Au tour des yaks, ensuite, au fond de la vallée ouest. Nous avons prit la bonne décision, car Mama est arrivée à l'heure où rentrer l'intégralité du troupeau aurait été difficile, peut-être ingérable en pleine nuit.


    Sheep herd mongolia
    Braves bêtes

    Elle était ravie. Plus tard, Bayardalai nous a dit au téléphone qu'elle saluait notre utilité et qu'elle était très satisfaite de notre implication. Nous la comprenions de mieux en mieux. Sous son air sévère se cache une femme pleine d'humour à la patience et au courage inébranlable. Nous avons pris un substantif pour fêter ça. Ce fut la soirée la plus reposante (malgré la toux de Mama), car Tindu et le Vieux étaient à Hatgal pour la yourte et Pile électrique dormait chez quelqu'un d'autre. Un lit pour l'un et le droit de s'étendre sur la sol sans risque de coups pour l'autre.

    Tenger

    "Tenger"

  • 27/03 - Tempête à la ferme : "Oooohh oh oh" - Mongolian Sheperd [Jour 4]

    MAMA'S FARM, HATGAL, MONGOLIA
    27/03


          Tandis que le soleil finissait de dissiper les nuages, le vent s'est levé d'une force équivalente à une tempête en France. Si seulement nous avions pu le calmer comme le cheval avec un : "Oooohh oh oh"...


    South hill hatgal farm

    South hill hatgal farm
    Colline sud

    Dans la vallée, les rafales nous faisaient faire des écarts. Nous nous demandions comment les garçons faisaient pour ne pas s'envoler. Ils nous avaient suivi jusqu'à la rivière, pour le grand desarroi de Khalid qui s'est vu faucher son tour à cheval. Mama avait profité de notre expédition sur la colline sud pour nous demander d'abreuver le cheval. Quinze minutes plus tard, elle nous a demandé de ramener ses petits fils.


    South hill hatgal farm

    South hill hatgal farm
    Vue sur la vallée à l'ouest de la ferme

    Du haut de la colline, j'avais parfois les joues qui battaient comme en chute libre. J'aurais pu me laisser tomber de la falaise et rester collé à sa paroi tant le vent nous en voulait. Sa vue valait largement l'expédition. Elle nous a prit environ une demi-heure depuis la rivière. Nous avons savouré des cookies et les dernières pommes à l'abri du vent derrière un rocher.


    mongolian rider hatgal farm

    mongolian rider hatgal farm
    Périple en Mustang 150

    Au retour à la ferme, alors que Khalid regardait un film, je me suis fait embarquer par Tindu jusqu'à sa ferme, pour ce que je croyais être un petit tour rapide à moto. A trois dessus avec Pile Electrique, il n'a pas hésité à traverser la rivière gelée. J'ai du descendre pour pousser la moto qui était bloquée dans la glace à moitié fondue. 


    Hatgal farm

    Hatgal farm

    Hatgal farm rider sheperd
    On a prit des photos, rentré leurs yaks, bu un thé puis joué au "poker mongol président"

    Tindu m'a offert un oiseau sculpté dans du bois après m'avoir restitué mon jeu de cartes. Ils étaient passionnés par mon appareil photo et m'ont fait promettre de leur envoyer les photos, bien qu'ils n'aient ni internet ni smartphone.


    Timit horseman

    Timit horseman
    Timit rendait fou ses frères qui n'arrêtaient pas de lui dire de descendre du cheval

    Je n'arrivais pas à leur faire comprendre qu'il fallait que je rentre prévenir mon pote, qui me croyait perdu, voire pire. De son côté, il avait demandé à toute la famille où j'étais, mais c'était à peine s'ils se souvenaient de mon prénom.


    yaks back home hatgal

    yaks back home hatgal
    Rentrée des yaks le lendemain

    Nous n'étions pas au bout de notre peine. Je suis rentré un peu avant la nuit, à l'heure du retour des troupeaux. Ils avaient fait rentrer les chèvres, mais les yaks étaient un peu plus capricieux que d'habitude, et pas encore en vue. Khalid est parti les chercher en cheval, pendant que je rentrais les petits après la têtée avec Mama. Le troupeau qui était introuvable a fini par rentrer tout seul, alors que j'escaladais la colline en urgence, pour rien, et que Khalid rendait le cheval à une Mama un peu énervée, pour sa plus grande surprise. Elle a finit de les raccompagner de nuit, puis s'est bien marrée devant les excuses de Khalid qui s'était imaginé responsable de la perte d'une quarantaine de yaks. 


    yaks back home hatgal
    De justesse

    Mama peut s'énerver tout en rigolant, mais ne garde jamais de rancune. Juste après le "drame", le Vieux avait l'air de dire à Khalid "T'inquiètes elle est folle celle-là !". Si Mama est capable de gérer toute seule la ferme, le travail est souvent partagé par les membres de la famille. Ceux qui restent dormir participent plus activement aux tâches de la vie quotidienne : bétail, ménage et repas.


    Mama's farm
    Autre partie de la famille le premier jour

    Cette nuit était sûrement la plus rude pour moi. Je dormais entre Khalid et Pile électrique. Je me suis fait frapper et envahir petit à petit jusqu'à finir entre deux tapis de sol, avant de rabattre Khalid sur le côté du lit du Vieux.


    Mogolian moon

    La lune avait créé un faisceau de lumière chassant tout les nuages présents dans son anneau.

    "Oooohh oh oh" les nuages !

  • 26/03 - Berger en Mongolie : "HOK" - Mongolian Sheperd [Jour 3]

    MAMA'S FARM, HATGAL, MONGOLIA
    26/03


          Réveil 8h, Mama avait déjà fini de préparer la marmite de thé au lait de yak. J'ai vu un os de yak à l'intérieur. Nous avons profité d'un petit déjeuner avant la traite. Khalid commençait à s'habituer, voire apprécier le thé et les gâteaux de Mama. Pour moi, c'était au moins trois bols. Et sans culpabiliser, car nous avons remarqué la réserve de gâteaux dans une boîte en carton de vodka.

     

    Mama's farm
    Mama

    Nous nous sommes aussi rendus compte que les repas dépendaient de la faim de Mama. En ce lundi , il n'y a pas eu l'habituel marmite de pâtes au yak. Les gâteaux devaient nous alimenter toute la journée, mais c'était sans compter sur nos provisions massives de barres, gâteaux, bonbons et chips (et le chocolat de ma Mama). J'étais tellement content d'avoir croisé ces deux françaises un mois plus tôt. Nous partagions parfois nos provisions avec la famille, quand nous ne sortions pas pour les manger. Mama résistait assez bien à la deuxième bouteille de vodka, ouverte et posée sur la table pour qui voulait en boire.

    Sheep herd mongolia
    Nuage de chèvre à l'horizon

    Hatgal farm
    Poto berger

    La communication était loin d'être évidente, ce qui ne nous empêchait pas de mieux en mieux nous intégrer. Nous leur reconnaissons volontiers un don pour la patience. J'ai renversé mon bol de thé brûlant sur le tapis le premier jour, mangé des offrandes sous le portrait de son mari décédé en milieu de semaine. Mama s'est marée à chaque fois. Peut-être car je ne savais pas, ou, comme l'a dit Khalid, ça ne l'a pas dérangé car son mari était d'une nature généreuse. 

    Spartacus yak

    Spartacus yak
    Spartacus et son cadavre de fils, tentative de traite

    Il n'y a rien qui ne fasse pas rire Mama. A la mort d'un bébé yak chétif qui avait été mis à l'écart des jours durant, elle nous expliquait en rigolant que c'était la raison pour laquelle la mère, Spartacus, refusait de donner son lait (ce qui ne nous avait pas échappé). Elle nous a demandé de sortir le cadavre du petit, que Spartacus a léché pour essayer de le réveiller, pendant que Mama essayait de la traire, sans succès. Son autre fils, Bouteille (il avait une bouteille accrochée au museau pour l'empêcher de traire afin de garder suffisamment de lait pour le bébé chétif) a perdu un frère mais regagné le droit de téter sa mère - et perdu sa bouteille ce jour là - Spartacus refusait dans tous les cas de lui donner son lait. Elle n'écoutait plus rien et nous a inquiétés plus d'une fois avec des mouvements dangereux, d'où le nom de Spartacus. A l'inverse du Thrace, on se disait qu'elle allait sûrement bientôt finir dans nos assiettes.

    Mongolian sheperd
    Photo de famille 2

    Mama était la plus expressive. Si ses attentes n'étaient jamais très claires, elle signait bien l'essentiel. Le Vieux quant à lui se a jouait muet, en faisant des gestes lents et calmes, et maniait le "OK" comme personne. Les autres se contentaient de répéter le même mot en espérant une illumination de notre part. On ne pouvait pas les blâmer. Ils avaient beau nous apprendre dix fois de suite le même mot en mongol (sans exagérer), on l'oubliait aussitôt. Il faut dire que cette langue altaïque à la croisée du russe, du chinois et du turc, est particulièrement incompréhensible pour des oreilles non avisées. De leur côté, l'apprentissage de l'anglais semblait au moins aussi rude.

    Mongolian sheperd
    On aurait bien aimé retenir son nom

    River hatgal Khalid
    Rivière

    Les temps libres après la traite étaient réguliers. Nous passions le temps comme nous le pouvions : jeux de carte - même en Mongolie ils connaissent le président -, lecture des Naufragés de l'Ile Tromelin, coupage de bois ou expéditions sur les collines. Nous nous sommes arrêtés à la rivière ce jour là.

    Mongolian sheperd
    Spectacle des plus satisfaisants

    En fin de journée, il fallait conduire les bêtes jusqu'à la ferme, à pieds ou à cheval. Mama nous laissait de plus en plus la responsabilité complète des troupeaux. C'était de loin le travail le plus passionnant. Il reste simple, bien que parfois éprouvant. Les yaks ne nous appréciaient pas, mais nous craignaient encore plus que les chèvres. Les bêtes les plus à l'écart avaient vite fait de rentrer dans le rang. Des "HOK" ou brandir un bâton suffisaient à motiver les plus lents.

    Mongolian sheperd
    A mi-chemin

    Mongolian sheperd
    Au tour des chèvres

    Depuis leur naissance, les chèvres comme les yaks sont acclimatés à retourner à la maison à la tombée de la nuit. Ces derniers sont d'autant plus craintifs car malmenés depuis leur plus jeune âge, légèrement mutilés ou brutalisés pour être séparés de leur mère. Ainsi, ils avancent sans broncher. Les mères yaks reviennent d'elles-même, entraînant parfois le reste du troupeau. Sinon, il faut aller les chercher. Elles partaient le matin à l'ouest à la recherche de steppes fraîches pour finir au sud le soir, parfois de l'autre côté de la colline. Il nous a fallu un certain temps avant de les différencier des autres troupeaux. Lorsqu'ils étaient mélangés, seuls les notres voulaient bien suivre.

    Mongolian sheperd

    Mongolian sheperd
    Perchées

    Les chèvres et les moutons se posaient moins de questions. L'effet de groupe rendait la tâche facile, sauf quand elles s'éparpillaient en se nichant au sommet d'une colline ou dans la forêt. Les troupeaux avançant jusqu'à la ferme dans le creux de la vallée au coucher du soleil constituaient un tableau unique et fantastique.

    Mongolian sheperd
    Une seule à la fois

    Les journées se terminaient également par la tétée des bébés yak, et la tâche de les attraper une dernière fois avant le dîner, si dîner il y avait. Sans faute ce soir là. 

    Mama's farm
    Je dormais dans le sac de couchage rouge

    Tindu s'est invité pour la nuit, par terre entre Mama et moi. Il fallait attendre qu'elle éteigne la lumière avant de dormir, et qu'elle arrête de parler. Elle n'arrêtait jamais vraiment, car elle gémissait en dormant. L'ambiance avant l'extinction des feux était toutefois chaleureuse, avant de devenir glaciale une fois la dernière bûche éteinte. On s'est sentis plus proches d'eux ce soir là, dans tous les sens du terme.

    HOK

    "HOK"

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