Mongolia
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03/04 - Coup de froid sur la route d'Ulaanbaatar : notre Road Trip éclair
- Par cpt-tibo
- Le 25/04/2018
- Dans Oulan-Bator
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ULAANBAATAR, MONGOLIA
03/04
L'unique preuve de notre essaiC'est le grand jour. Nous avons d'abord pris un bus jusqu'à l'aéroport, puis un taxi.
Quel lamentable taxi ! Ici comme presque partout en Asie, le prix se fixe avant la course. On s'était mit d'accord sur 4000 tugriks (un peu plus d'un euro), le prix local pour un trajet d'une distance de quatre kilomètres. Le chauffeur a fait très fort en sortant du mauvais côté de l'aéroport, dans la direction opposée de Cheke Tours, l'agence de location des motos. Il nous avait dit qu'il connaissait, nous étions sur son terrain, j'y croyais encore... Après 10km dans la mauvaise direction et une tentative de dépôt au milieu de nulle part, je lui ai passé mon GPS. Le résultat fut, en plus d'être dangereux, complètement désastreux. Ce piètre chauffeur a essayé de couper sur des routes en terre cabossées sans quitter les yeux de mon téléphone, toujours (un peu moins cela dit), dans la mauvaise direction. J'ai dû le guider vers la route principale pour les dix derniers kilomètres. Et comme attendu, il a osé nous demandé 40 000 tugriks, soit dix fois plus. Alors qu'il s'excitait avec une voix tremblante, Khalid le regardait interloqué, pendant que je lui disait ses quatre vérités et le menaçait d'appeler la police. Il a finalement gagné cinq fois moins qu'il espérait, mais cinq fois plus que le prix de base. Avant de claquer la portière direction le road trip, ses "Nooo, nooo, noooo !!" résonnaient dans nos têtes.
La petite agence Cheke Tours est gérée par deux français : un ancien légionnaire et un jeune expatrié depuis cinq ans. Ils organisent des tours en haute saison notamment avec "Vintage Ride", un site qui m'avait servi pour l'organisation de l'itinéraire. Notre manque d'expérience ne les gênaient pas plus que cela. Sans nous demander notre permis de conduire, ils nous ont briefé en détails, que ce soit pour la conduite, les règles, la mécanique ou l'itinéraire. Après le contrat, les papiers, le paiement, nous nous sommes entraînés devant l'agence. Khalid apprenait vite. Il avait déjà conduit des scooters en France mais jamais de semi-automatique. Je me suis rapidement fait aux petites différences de la Mustang chinoise par rapport à la Pulsar indienne. La station service à 200m était notre premier objectif.
Les premiers kilomètres se sont déroulés sans contretemps, bien qu'il était déjà midi et Karakorum, notre première étape, se situait à plus de 300km... Nous n'avons même pas fait 25km ! Un vent glacial nous frappait de toute ses forces. Sans visière, le visage n'était pas le pire. C'était les mains ! J'avais des gants en cuir achetés la ville. Khalid : une paire de sous gants et des North Face légers. Complètement inutiles ! Ce n'était pas tant le froid que le vent qui nous a immédiatement calmés.
Après une vingtaine de minutes de souffrance, j'ai donc signalé une pause dans une épicerie, à un Khalid qui était aussi soulagé que moi de s'arrêter. La douleur, elle, ne s'arrêtait pas. Le froid s'était inséré dans nos doigts et ne voulait pas relâcher son emprise. Il déchirait nos os jusqu'à un stade de douleur que nous avons découvert. Sous mes cinq couches de vêtements archi serrés, je commençais à me sentir mal. Nous sommes restés un bon quart d'heure près du radiateur de l'épicerie, jurant, comme les Québécois, que l'on se moquerait bien des "vagues de froid" en France. La décision fut directe et unanime qu'il fallait rendre les motos aujourd'hui, sous peine de perdre quelques doigts.
J'ai donné mes gants en cuir à Khalid pour sortir mes gants de ski. Ce n'était pas beaucoup plus efficace. Malgré la bonne visibilité des routes, le comportement des voitures, des bus et des camions était très dur à anticiper. J'ai fait face à trois situations dangereuses, dont l'une sur un rond-point était de ma faute. Quelques kilomètres en Mongolie m'ont semblé plus difficiles qu'un millier en Inde. Il faut dire aussi que nous n'étions pas dans les meilleurs conditions physiques. Nous nous sommes arrêtés dans un restaurant à cinq kilomètres de l'agence pour tomber sur les gérants de Cheke Tour. Nous les avions appelé à l'épicerie et ils se sont montrés très compréhensifs (je pense que l'un des deux a du gagner son pari). A l'agence, ils nous ont rendu quatre jours de paiement, en se moquant gentiment de nous. "Putain déjà ? Vous êtes trop rapides les gars !". On s'en foutait, le froid nous avait traumatisés. Tout ce qu'on voulait, c'était trouver un lit chaud et ne pas penser à ce road trip avorté en moins d'une heure. Je leur ai dit rendez vous en été.
L'un des gérants, un mongol taxi à mi-temps nous a déposés gratuitement jusqu'à notre guesthouse en nous conseillant sur les choses à faire à UB. Erik nous avait prêté les clefs pour notre retour prévu dans cinq jours. J'ai annulé la réservation du homestay de Karakorum juste à temps, puis j'ai prévenu Erik sur WhatsApp, qui m'a répondu : "Pas de problème, restez aussi longtemps que vous voulez". A cinq euros la nuit, on va pas se gêner.
Morale de l'histoire : les coups de bol viennent après les sales coups.
Dans le post précédant : après le vol du téléphone, le flic sympa qui nous a déposé dans notre guesthouse à 1h du matin, vraiment pas évidente à trouver, avant de donner un coup de fil à Erik, pour apprendre qu'il fallait qu'on attende 1h, sans quoi nous serions partis je ne sais où. Suite au manque d'offres de motos en cette saison (pour des raisons que l'on comprend mieux maintenant) et à la difficulté de trouver des hébergements sûrs en chemin, Erik nous a donné un bon coup de main. Enfin, la satisfaction de se faire rembourser puis conduire tranquillement à notre point de départ après le coup de froid de l'hiver et l'échec du road trip.
Une semaine plus tard, on avait perdu le vent et gagné 10°C. Le road trip aurait largement été réalisable, et sûrement très appréciable. Place au coup de blues.
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30/03 - 02/04 - Hatgal to Moron to UB : Retour tranquille mais pas sans détour
- Par cpt-tibo
- Le 24/04/2018
- Dans Oulan-Bator
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HATGAL, MONGOLIA
30/03
"Aéroport" d'HatgalEn route vers Hatgal, un jeune mongol en scooter est venu à notre rencontre pour nous indiquer le chemin de sa guesthouse, comme convenu avec Bayardalai. Tout le monde le connaît, et s'amusait à nous le passer au téléphone.
HatgalAmbiance balnéaire. Temps froid et venteux. Petites maisons triangulaires de toutes les couleurs. Nos cottages étaient beaux à l'extérieur, mais assez inconfortables et mal isolé à l'intérieur. Le routeur Wi-Fi était cassé. Deux chiens inépuisables nous sautaient dessus et nous accompagnaient où que nous allions.
Quartier de notre cottageA notre grande surprise, la mission "restaurant to douche to lessive" fut un désastre, tout étant fermé à cette période de l'année. Nous avons marché plus de deux kilomètres sans trouver un seul restaurant, hôtel ou guesthouse d'ouverts. A ce stade, prendre une douche et faire une lessive devenaient encore plus vital que le ravitaillement, car quelques épiceries étaient ouvertes. Une femme nous a sauvés en nous emmenant d'abord dans un restaurant.
L'effet positif de l'absence de douche sur mes cheveux, notre fatigue après 10km de marche et la longue mais optimiste attente du repas.Nous avons mangé malgré nous les raviolis de yak les plus gras qui soient, à s'en dégoûter. Cette viande ne voulait vraiment pas nous quitter. Puis la mongole nous a conduit dans une "maison de douches". Elle nous avait auparavant conduit dans sa guesthouse, ignorant nos multiples rappels : "No guesthouse !". Finalement, elle a trouvé son compte avec la note de taxi et en lavant nos vêtements qui commençaient à sentir le fromage. Pas avant de nous avoir conduit dans sa petite yourte, servi le thé, des gâteaux et du fromage, et présenté ses sandales fabriquées à la main.
Nos cottages à HatgalLa nuit fut froide, dure, et toujours coupée du monde. En l'absence de Wi-Fi, le plan qui était de louer des motos grâce au contact de Bayardalai a échoué. On ne peut pas faire le tour du Lac Khovsgol en moto, et personne ne pouvait nous renseigner sur les meilleurs intinéraires. Nous sommes donc montés dans un minibus pour Moron le lendemain.
MORON, MONGOLIA
31/03
Moron en fin de journéeC'est dans une tempête de sable que nous avons atteint le Far-West Mongol. Les pubs, les routes en sable, la feraille et les hôtels en brique orange conféraient à la ville une ambiance américano-soviéto-apocalyptique. Le bout du monde mongol, la frontière entre l'ouest sauvage et l'est un peu moins sauvage, Nuketown...
Tenkhleg Hotel
Meilleur que les crousti-batNous nous sommes laissés aller à un hôtel tout confort, cette fois-ci beaucoup plus classe à l'intérieur. Le prix était franchement OK pour ce standing. Nous avons décidé de repousser le road trip jusqu'au retour à la capitale, car c'est de là que commencent les parcours les plus intéressants. La fraîcheur des légumes du restaurant de l'hôtel fut la consécration de ce confort tant attendu, avec en prime une soupe de yak, dont le goût et texture m'ont immédiatement replongé dans la ferme de Mama.
Au lieu du marché noir, le plus grand de Mongolie que nous étions partis chercher, nous avons croisé un taxi arborant fièrement une croix gammée, de nombreux karaokés, des terrains de jeux semblant laissés à l'abandon. De petites mais larges rues en sable s'organisent parallèlement autour des des rues principales qui concentrent les épiceries, hôtels, restaurants et immeubles d'habitations.
Station de bus de MoronCe fut un retour très tranquille en fin de compte, étendu sur trois jours au lieu de deux. Après le sable est venu la neige. Le passage à l'heure d'été nous a fait douter du bon horaire de départ du bus. Après vérification, point de changement. 800km... Que dire à part que le bus n'est pas l'endroit le plus adapté au visionnage de Black Mirror ? Surtout lorsque le trajet dure quinze heures...
ULAANBAATAR, MONGOLIA
01/04
Nous sommes arrivés à la Dragon Station d'Ulanbaataar vers 22h30. Epuisés, nous attendions devant le coffre du bus agglutinés comme les mongols impatients de récupérer leurs affaires. Nos bagages étaient au fond du coffre. Les gens collaient, comme à leur habitude, et ne faisaient pas semblant de bousculer. Il nous a fallu un certain temps pour récupérer nos bagages, et nous sommes partis vers notre guesthouse à pieds, à environ 7km. Après seulement 200m, Khalid ne trouvait plus son téléphone. Il a couru jusqu'au bus pour le chercher partout. Le bus ratissé, il ne lui a pas fallu longtemps pour comprendre qu'un infâme pickpoket avait profité d'une bousculade pour le lui subtiliser.Au commissariat, un seul policier parlait anglais. Au lieu de nous faire une main courante, il nous a dit qu'il fallait se rendre à l'ambassade pour trouver un traducteur qui pourrait nous aider à faire les démarches de la plainte. Puis, on se demande toujours pourquoi, il a appelé Bayardalai, qui lui a répondu qu'il nous avait prévenus. Pas faux. Il a prit nos coordonnées, le Facebook de Khalid et s'est bien marré avec son pote. Puis, moyennant rémunération, il nous a déposés à la guesthouse dans le centre-ville, où nous avons attendu près d'une heure qu'Eric, le propriétaire, revienne de l'aéroport avec deux allemandes. Khalid a récupéré mon deuxième téléphone.
02/03
Erik était d'une aide précieuse pour l'organisation du road trip. De nature généreuse et avec son énergie sans limite, il nous a tracé un parcours de quatre jours passant par Karakorum, l'ancienne capitale, deux parc nationaux, une cascade... Et avant même qu'on lui demande, il a appelé les quelques agences de location de moto encore ouvertes. Succès : 12€ par jour par personne pour des Mustang 150cc (semi-automatique), à récupérer le lendemain près de l'aéroport.
Nous avons fait la rencontre de deux françaises qui s'en allaient pour le Lac Khosvgol. A mon tour de leur recommander la ferme de Mama, de leur donner les coordonnées de Bayardalai, et de divulguer de précieux conseils sur la survie en terre mongole. Elles semblaient emballées, jusqu'à ce que je leur parle de la difficile intimité et des problèmes liés à l'eau. Les allemandes ont choisi un tour dans le désert de Gobi organisé par Erik, qui, comme la plupart des tenanciers, est aussi un tour opérateur.
L'ambassade, à deux pas de la guesthouse, était fermée à cause du lundi de Pâques. Nous sommes retournés à la Dragon Station pour faire le tour du marché noir. Les étalages respiraient le vol à plein nez : téléphones, batteries, cables, cartes mémoires... C'était l'occasion pour Khalid de potentiellement retrouver son Samsung mais aussi de se faire une idée des prix des téléphones, très bon marché chez les vendeurs non officiels. Quelques jours plus tard au Teddy Store, le meilleur endroit pour faire une bonne affaire, les contrefaçons chinoises réalisaient avec succès les tests de vérification d'authenticité. Mais le prix n'était même pas assez intéressant pour prendre le risque. De quoi décourager rapidement. J'y ai acheté une carte micro SD de 32go - que je n'ai pas oublié d'essayer sur mon appareil photo avant - qui contenait les photos volées d'une famille mongole. Les mecs n'avaient même pas prit la peine de vérifier sur un ordinateur les fichiers de la carte volée...
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29/03 - Bergers endurcis : "Inggit" [Jour 6]
- Par cpt-tibo
- Le 15/04/2018
- Dans Lac Khovsgol
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MAMA'S FARM, HATGAL, MONGOLIA
27/03
French horseman in Mongolia
Le matin, Khalid a laissé un bébé yak s'échapper avec sa mère. Ils se sont empressés d'aller rejoindre le reste du troupeau en chemin pour les derniers pâturages. Pendant que Khalid négociait le cheval avec Mama pour le rattraper, j'ai couru avant de m'étaler en avant cinquante mètres plus loin. Nous avons largement contourné les heureux évadés puis commencé une interminable chasse au veau. Le petit nous glissait sans arrêt entre les doigts. La mère était plus docile. Son petit suivant, nous l'avons reconduite à la la baguette jusqu'à la case départ. "Gooood"
French horseman in MongoliaLe cheval nous était acquis. Débutants que nous sommes, il suivait assez peu nos directives. Pas de problème pour rentrer les bêtes ou aller à la rivière pour boire de l'eau. En revanche, sortir de ses sentiers battus ou poser dix secondes pour une photo ne rentraient pas dans ses mords. Son impassibilité était à toute épreuve. Pas facile d'être un cheval en Mongolie.
Après le café post tétée, je suis parti pour la colline nord, la plus longue et la plus haute des environs.
On pouvait voir tout Hatgal, des steppes et d'autres collines à perte de vue. Un bûcher était installé sur le point le plus haut.
Je suis rentré à la ferme par la crête des collines de l'est
Troupeau de chèvres
Des chèvres assez braves pour sauter ou passer en dessous l'enclos jusqu'à la réserve de foin du cheval, avant de rentrer la queue entre les pattes.A mon retour, au milieu de l'enclos vide, j'ai essayé de bouger le cadavre d'un chèvre que je croyais être une imperturbable bronzeuse. Personne ne sait vraiment comment elle est morte. Beaucoup d'incompréhensions demeurent, notamment l'utilité des chèvres et des moutons. Mama fait occasionnellement du fromage de chèvre, et le régime alimentaire était uniquement constitué de yak. Nous n'avons pas participé ni assisté a un abattage de chèvre ou de yak. Deux sacs remplis de viande de yak dans la réserve me laissaient croire que nous étions tombés sur le mois du yak. Spartacus respirait encore le dernier jour. Bilan de la semaine : deux décès, aucune naissance.
Mama's farmComment fait Mama pour payer le cable et son abonnement téléphonique, acheter du sucre, de la farine ou du chocolat ? Elle a sorti une fois son porte monnaie en rigolant. Il ne restait que quelques billets de 1000 tugriks, autrement dit environ 1€. Peut-être échange-t-elle de la viande ou du lait au marché de Hatgal, ou compte-t-elle sur les amis et la famille... L'autosuffisance n'est certes pas totale, mais largement possible, et pratiquée dans sa majorité : terre, eau, électricité, nourriture, chauffage...
Brebis galeuses domptéesNotre dernier job de berger s'est déroulé sans ennui. Les chèvres étaient un plus hautes sur la colline, les yaks toujours aussi loin dans la vallée, mais plus rien de bien inquiétant pour nous désormais.
Notre famille mongole préféréeNous sommes restés six jours au lieu des dix prévus à la base. Megan et Agathe m'avaient garanti qu'une semaine était plus que suffisante. Moi qui avait prévu de rester seul pendant dix jours, j'étais enchanté d'avoir un poto sûr avec qui partager cette expérience hors du commun. Si la communication était vraiment possible et l'eau plus accessible, nous serions volontiers restés plus longtemps.
Bûcherons aguéris
Dernier soir à la fermeDépart après le petit déjeuner du lendemain matin. Les adieux étaient chaleureux. Mama avait l'air un peu émue. Elle nous a sorti la gamme complète de son lexique anglophone et francophone : "Byye", "Niiice", "Goood", "Yeees", "Meeerci"...
Déjà nostalgiques mais avides de douche, nous avons prit le chemin de Hatgal, pour une dernière marche d'une dizaine de kilomètres à travers les merveilleuses steppes du Lac Khovsgol, en écoutant la bande son du Seigneur des Anneaux.Voilà, ou comme disent les mongols : Inggit !
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28/03 - Responsabilités hivernales : "Tenger" - Mongolian Sheperd [Jour 5]
- Par cpt-tibo
- Le 14/04/2018
- Dans Lac Khovsgol
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MAMA'S FARM, HATGAL, MONGOLIA
27/03
тэнгэр, цас, аз жаргалLa veille, Mama montrait le ciel de ses mains, cherchant à signfier quelque chose. Spartacus refusait une fois de plus de donner son lait, et Bouteille avait l'air plus abattu que jamais. Nous cherchions le lien entre le ciel et la mort du nouveau né, qu'elle mimait en continuant de bien se marrer. "Tenger", le ciel, étant à la base des croyances du bouddhisme mongol, j'imputais logiquement l'attitude de Spartacus aux aléas du temps, ou peut-être l'inverse. Le matin, tout était plus clair. Mama voulait tout simplement dire qu'il allait neiger. Le paysage a complètement changé, pour une demi-journée...
Harmonie hivernaleOn nous a demandé de conduire les yaks dans une autre direction. Etre berger en Mongolie ne s'improvise pas. Il faut sélectionner des pâturages adaptés en fonction des saisons et des besoins de chaque type de troupeaux. Les yaks savaient heureusement où aller.
Aucune différence pour les bêtesTindu, le jeune de 17 ans (mais qui en fait beaucoup plus), voulait qu'on le rejoigne à deux kilomètres de la ferme en suivant les traces de sa moto. Mais avant, coffee time ! Si le travail était plus important, le confort augmentait lui aussi sensiblement. Notre "Capfé" en poudre est devenu un rituel après la tétée du matin. Mama le préparait toute seule à la fin pour pouvoir également profiter de son bol. Pour elle, le café semblait appeler la sieste. Elle nous gavait sans arrêt de thé et de gâteaux, qui n'arrêtaient pas de devenir meilleurs. J'arrivais à manger son fromage de chèvre dur comme la pierre en le suçotant. Un délicieux pâté en croûte est apparu le dernier jour. Nous avons aussi découvert France 24 sur le câble mongol, pour apprendre l'attentat de Trèbes. Il nous a fallu cinq jours pour comprendre que la vaisselle n'était pas auto nettoyante.
La neige a fondu à une vitesse affolanteNous avons suivi des traces à moitié effacées pour arriver dans un chantier de troncs et de poutres en bois organisées en rond. Tindu et son père nous ont expliqué qu'il s'agira de la ferme du jeune. Il recevra les bébés chèvres de son père, peut-être à sa majorité. Quand il nous parlait de construire une yourte au milieu du domaine, nous n'imaginions pas qu'elle serait construite, montée, finie deux jours plus tard. Ils sont partis à Hatgal chercher les pièces nécessaires à sa construction.
Mongolian carpentersPendant deux heures, nous avons fixé des poutres tout en apprenant sur le tas le schéma de base de l'enclos. Le Vieux donnait des instructions improvisées en utilisant ce qu'on trouvait sous la main. Son fils ne manquait pas une occasion de montrer sa force en soulevant seul des troncs d'arbre. La palissade de l'enclos semblaient un peu bancale, en raison d'un bois abimé ou de fixations nouées avec du fil de fer rouillé.
Un résultat satisfaisant
Le Vieux adorait les photosMongol style. Chaque outil, morceau de bois ou de fer avait déjà été utilisé. La clôture a vite fait de prendre forme. Travailler de nos mains dans ce superbe cadre était véritablement gratifiant.
Les chèvres allaient vraiment partoutPlus de travail signifie également plus de responsabilités. Mama, voyant que l'on avait saisi les principaux rudiments du métier, n'a pas hésité à nous confier la responsabilité entière du troupeau ce soir là. Elle est partie chercher en cheval des mères yaks égarées, ce que nous ne savions pas encore. Nous étions à la merci de la bonne interprétation de ses directives. La nuit tombant, nous avons rentré les chèvres qui attendaient gentiment autour de l'enclos. Des HOK et des lancers de pierre nous ont fait économiser une escapade sur la colline pour les plus perchées.
m
Encore une fois, ramener les chèvres était beaucoup plus facile que nous l'imaginionsAu tour des yaks, ensuite, au fond de la vallée ouest. Nous avons prit la bonne décision, car Mama est arrivée à l'heure où rentrer l'intégralité du troupeau aurait été difficile, peut-être ingérable en pleine nuit.
Braves bêtesElle était ravie. Plus tard, Bayardalai nous a dit au téléphone qu'elle saluait notre utilité et qu'elle était très satisfaite de notre implication. Nous la comprenions de mieux en mieux. Sous son air sévère se cache une femme pleine d'humour à la patience et au courage inébranlable. Nous avons pris un substantif pour fêter ça. Ce fut la soirée la plus reposante (malgré la toux de Mama), car Tindu et le Vieux étaient à Hatgal pour la yourte et Pile électrique dormait chez quelqu'un d'autre. Un lit pour l'un et le droit de s'étendre sur la sol sans risque de coups pour l'autre.
"Tenger"
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27/03 - Tempête à la ferme : "Oooohh oh oh" - Mongolian Sheperd [Jour 4]
- Par cpt-tibo
- Le 14/04/2018
- Dans Lac Khovsgol
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MAMA'S FARM, HATGAL, MONGOLIA
27/03
Tandis que le soleil finissait de dissiper les nuages, le vent s'est levé d'une force équivalente à une tempête en France. Si seulement nous avions pu le calmer comme le cheval avec un : "Oooohh oh oh"...
Colline sudDans la vallée, les rafales nous faisaient faire des écarts. Nous nous demandions comment les garçons faisaient pour ne pas s'envoler. Ils nous avaient suivi jusqu'à la rivière, pour le grand desarroi de Khalid qui s'est vu faucher son tour à cheval. Mama avait profité de notre expédition sur la colline sud pour nous demander d'abreuver le cheval. Quinze minutes plus tard, elle nous a demandé de ramener ses petits fils.
Vue sur la vallée à l'ouest de la fermeDu haut de la colline, j'avais parfois les joues qui battaient comme en chute libre. J'aurais pu me laisser tomber de la falaise et rester collé à sa paroi tant le vent nous en voulait. Sa vue valait largement l'expédition. Elle nous a prit environ une demi-heure depuis la rivière. Nous avons savouré des cookies et les dernières pommes à l'abri du vent derrière un rocher.
Périple en Mustang 150Au retour à la ferme, alors que Khalid regardait un film, je me suis fait embarquer par Tindu jusqu'à sa ferme, pour ce que je croyais être un petit tour rapide à moto. A trois dessus avec Pile Electrique, il n'a pas hésité à traverser la rivière gelée. J'ai du descendre pour pousser la moto qui était bloquée dans la glace à moitié fondue.
On a prit des photos, rentré leurs yaks, bu un thé puis joué au "poker mongol président"Tindu m'a offert un oiseau sculpté dans du bois après m'avoir restitué mon jeu de cartes. Ils étaient passionnés par mon appareil photo et m'ont fait promettre de leur envoyer les photos, bien qu'ils n'aient ni internet ni smartphone.
Timit rendait fou ses frères qui n'arrêtaient pas de lui dire de descendre du chevalJe n'arrivais pas à leur faire comprendre qu'il fallait que je rentre prévenir mon pote, qui me croyait perdu, voire pire. De son côté, il avait demandé à toute la famille où j'étais, mais c'était à peine s'ils se souvenaient de mon prénom.
Rentrée des yaks le lendemainNous n'étions pas au bout de notre peine. Je suis rentré un peu avant la nuit, à l'heure du retour des troupeaux. Ils avaient fait rentrer les chèvres, mais les yaks étaient un peu plus capricieux que d'habitude, et pas encore en vue. Khalid est parti les chercher en cheval, pendant que je rentrais les petits après la têtée avec Mama. Le troupeau qui était introuvable a fini par rentrer tout seul, alors que j'escaladais la colline en urgence, pour rien, et que Khalid rendait le cheval à une Mama un peu énervée, pour sa plus grande surprise. Elle a finit de les raccompagner de nuit, puis s'est bien marrée devant les excuses de Khalid qui s'était imaginé responsable de la perte d'une quarantaine de yaks.
De justesseMama peut s'énerver tout en rigolant, mais ne garde jamais de rancune. Juste après le "drame", le Vieux avait l'air de dire à Khalid "T'inquiètes elle est folle celle-là !". Si Mama est capable de gérer toute seule la ferme, le travail est souvent partagé par les membres de la famille. Ceux qui restent dormir participent plus activement aux tâches de la vie quotidienne : bétail, ménage et repas.
Autre partie de la famille le premier jourCette nuit était sûrement la plus rude pour moi. Je dormais entre Khalid et Pile électrique. Je me suis fait frapper et envahir petit à petit jusqu'à finir entre deux tapis de sol, avant de rabattre Khalid sur le côté du lit du Vieux.
La lune avait créé un faisceau de lumière chassant tout les nuages présents dans son anneau.
"Oooohh oh oh" les nuages !