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27/01 - 03/02 - Thib au Tibet [1] - Leh, Ladakh

Julley ! Ce simple mot, qui veut dire à la fois bonjour, au revoir et merci, suffit à s'attirer les faveurs du peuple. Même pas besoin de parler ladakhi. A utiliser sans modération !  

Leh
Leh
Au Kerala, je croyais avoir définitivement stoppé la course du temps. Le Ladakh est à un tout autre niveau. Je n'ai jamais rien vu d'aussi majestueux que cette région aux sommets immenses et aux petits villages perdus dans les vallées sèches et désertiques. Au calme écrasant de l'Himalaya se mêle la splendeur du style architectural tibétain, grandiose et apaisant. Sans exagérer, chaque monastère, stupa, ou maison, blanche et fenêtres dorées, est une merveille que je n'imaginais voir que dans les films et les livres. Les arbres, à mon image (grands, fins et secs), bordent ces rues quasi désertes où les chiens et les vaches semblent enfin vivre décemment. Sous un soleil de plomb, quelques timides étendues de neige et des arbres nus rappellent la saison. Quand je vois ce qui tombe en France, je me dis que la neige continue de m'éviter. Les locaux disent que la région est encore plus sublime en été, lorsque les abricotiers retrouvent leurs couleurs et leurs fruits. Attendez-moi...

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Aperçu de l'Himalaya
Leh, à 3500m d'altitude, est la porte d'entrée du Ladakh, et mon camp de base pour cette semaine. Quitté Delhi à 6h du matin, je n'avais pas dormi depuis presque 24h. La veille, je voulais absolument avoir une place côté fenêtre droit dans l'avion, pour voir se dessiner l'Himalaya au lever du soleil, quitte à payer pour ça. Sauf qu'en ligne plus rien n'était disponible. Après coup, tant mieux, car il suffisait de demander à l'enregistrement pour l'avoir gratuitement. J'étais du côté gauche, mais c'est déjà ça.

Vallée de l'Indus
La Vallée de l'Indus
L'atterrissage à Leh, dans l'immense Vallée de L'Indus, est impressionnant. Il secoue un peu car la piste n'est pas en bitume, en plus d'être courte. Les taxis sont des minibus archi confortables qui roulent pépères. Aucun tuk-tuk. Aucun deux-roues. Aucun klaxon. Mon cerveau en manque de sommeil et d'oxygène était en ébullition. Passer de villes comme Agra et Delhi à ce "Petit Tibet" était une bénédiction. Je n'arrivais plus à m'arrêter. Résultat, j'ai dormi presque 20h d'affilé.
La température moyenne en journée est de -2°C. Froid, certes, mais pas tant que ça. Le soleil ne quitte jamais la région. Leh n'enregistre que quelques jours sans soleil par an. La nuit, l'absence d'éclairage est largement compensé par une lune et des étoiles cinglantes. Il fait alors beaucoup plus froid. Genre -20°C. Le dernier jour, après une bouffe au centre ville, je suis rentré en pleine nuit sur une route magnifiquement éclairée par la pleine lune, dans un calme infini. Seuls quelques chiens, surpris et apeurés par un grand gaillard à l'allure vive.

Leh Ecology Hostel
Vue télescopique de l'Ecology Hostel depuis le Shanti Stupa
Ma grande auberge, complètement excentrée du centre-ville, possède une multitude de petits dortoirs de deux lits. Je me suis retrouvé avec le seul européen du coin : un vieux hongrois barbu, taciturne, à Leh depuis 6 semaines pour des recherches historiques. Malgré son omniprésence dans la chambre, avec son don pour le roi du silence, c'était comme si j'étais seul. Son réchaud, ses provisions et ses affaires de baroudeur décoraient les meubles de la chambre. Il aurait pu survivre des semaines sans la quitter, facile. Il est parti deux jours à Mumbai en milieu de semaine pour revenir ensuite. Pile quand je suis revenu moi aussi de mon trek. Il y avait peut-être cinq chambres de libre, mais il fallait qu'on soit ensemble. 
Sur Booking, l'auberge s'annonce à 600m du centre ville. C'est peut-être le cas en été, mais en attendant ce fameux centre-ville n'a qu'une seule et unique rue animée. Il faut donc marcher un peu plus de deux kilomètres pour atteindre cette gigantesque rue et le "Marché des réfugiés tibétains".

Leh Main Bazar Street
Main Bazar Street
Quelle rue ! Seules quelques banques, petits restaurants, boutiques de souvenir, de textile et magasins de fruits secs sont ouvert. Se perdre dans les petites rues autour de la "Main Bazar Street" est presque impératif. L'hiver a cette atmosphère de tranquillité et de proximité avec les habitants. Les ladakhis savent prendre leur temps, car il n'y a pas grand chose d'autre à faire. Comme les ours, l'été, ils font leur réserves de gains et de provisions, puis hibernent "quand viennent les premières neiges". Qu’est-ce que ça change du reste de l'Inde, où il faut se battre pour garder sa place dans les files d'attente. A Delhi en particulier, les gens n'hésitent pas à te doubler au moindre relâchement. Ici, tout ce qu'il y a, c'est de la place et du temps. On croise très peu de touristes, ce qui est un peu problématique pour les habitants qui vivent pour la plupart grâce à cette activité.

Leh Main Bazar Street 2
Des vieilles dames, assises par terre, vendent les légumes de leur jardin tout en tricotant des vêtements en laine, toujours le sourire au visage
Je voulais acheter trois gros navets à l'une d'entre elles pour nourrir les vaches. A la place, j'en ai eu trois kilos selon la balance de Roberval. Julley ! Pour 50 roupies, ça ne se discute même pas. 

Leh Shanti Stupa
Finesse
Mon restaurant préféré à Leh : Red Sauce. Excellent et diversifié, on peut manger jusqu'à mexicain dans ce grand bouis bouis perdu dans les petites rues adjacentes à la rue principale. Bonne découverte ou plutôt bon jeu de piste, avec leurs nombreuses affiches collées partout dans la ville, insistant sur le fait qu'il sont ouvert toute l'année. J'ai appris qu'il y a une Alliance française (la plus haute du monde) avec une bibliothèque. Je ne l'ai malheureusement pas trouvée. Ca aurait une bonne occasion d'échanger mon seul livre ("Persévérer", Jean-Louis-Etienne, super bouquin que j'ai dévoré). D'ailleurs, j'ai trouvé un "café lecture" qui sert d'excellents cookies.

Leh Palace
Le Palais de Leh domine le côté est de la ville

Leh Palace 2
Il est en restauration depuis des années, plein de trous et de cul-de-sac obscurs

Leh ChokhankVihara
Chokhang Vihara Temple
En plein centre du centre, ce temple est toujours archi plein, aussi bien le matin que le soir. Des hauts parleurs diffusent en continu des chants perchés.

Leh Ecology Hostel 2
Ecology Hostel vu depuis la route
Il se sont pas foulés pour le nom. Comme vous l'aurez compris, mon auberge est écolo. La douche se fait au sceau. Les canalisations étant gelées en hiver, c'est le cas de la plupart des établissement à Leh. Sauf qu'ici, l'eau chaude est illimitée et instantanée. Grâce à un astucieux système, l'eau qu'on verse dans la bouteille de gauche sort instantanément brûlante de l'autre côté. On est à deux minutes de la rivière, donc on se douche avec autant de sceaux qu'on veut sans culpabiliser. Mon niveau de courage était d'une tous les trois jours. Sans regrets, car l'effet sauna de cette douche à l'ancienne la rend tellement satisfaisante. La "salle de bain" étant à moitié à l'extérieur, il faut se sécher en deux secondes sous peine de geler sur place.

Leh Ecology Hostel 3
Le faiseur de douches

On comprend mieux l'orientation écolo quand on sait que l'établissement appartient à une association pour le maintien du développement durable. Leh est un exemple en la matière. Peut-être une des seules villes d'Inde avec une poubelle à chaque coin de rue.
La journée, l'électricité et la Wi-Fi ne fonctionnent pas. Vu qu'ils tournent aux panneaux solaires, je les accuse de couper volontairement le courant pour faire des économies. C'est assez évident quand on voit qu'il y a en permanence du jus dans la salle commune.

Leh Ecology Hostel 4
La salle commune
Ecology hostel, honnêtement, c'est loin d'être un choix. Je me serais volontiers épargné le manque de confort dû aux ressources limitées de l'auberge. Mais grâce à ma fâcheuse tendance à réserver mes hébergements au dernier moment, il n'y avait plus que cette auberge de disponible. Et puis, à 300 roupies la nuit (environ 4 euros), ça me laisse de la marge pour d'autres activités. Petit dej et repas inclus ==> 3000 roupies la semaine (un peu plus de 30€). Je ne me simplifie pas la vie, mais ça vaut le coup. En plus, on dort bien. Le chauffage fonctionne la nuit, et c'est le calme absolu. Après quelques semaines dans les grandes villes indiennes, un calme si plat est légèrement perturbant au début. Presque bruyant. Beaucoup d'indiens qui ont vécu toute leur vie dans le vacarme ambiant de la ville disent que le bruit finit par leur manquer quand ils la quittent. Moi, ça ne me manque pas du tout.
Les toilettes, je ne préfère pas en parler.

Leh Ecology Hostel 5
Regardez par vous même
Heureusement qu'il y avait une chaise trouée, quand on est obligé d'y aller plusieurs fois de suite, pendant longtemps... OK, cette fois-ci, promis j'arrête. Fallait me dire aussi de pas manger comme un gros juste avant d'aller en altitude ! D'ailleurs il est où le rapport entre la digestion et le manque d'oxygène ? Aussi, question de bon sens, mettez une poubelle dans les toilettes si vous voulez qu'elles restent écolos. Sinon, il n'est pas étonnant d'être K.O les deux premiers jours à l'arrivée, lorsqu'on est pas habitué à l'altitude. Moi, j'étais nauséeux, je sentais ma gorge et ma tête me brûler, mais mon état psychologique était tel que ça n'avait aucune importance. J'étais au paradis.

Ladakh
Drapeaux à prière
Rien de plus cool que de traîner autour de la ville. On ne marche pas deux minutes sans tomber sur un témoignage bouddhiste. Les plus fréquents sont les drapeaux à prière, disséminés partout dans la région. Chaque couleur représente un élément. Les ladakhis écrivent des prières dessus avant de les accrocher en guirlandes. Grâce au vent, ils débitent des prières continuelles.

Leh 2
Grand moulin à prière à Leh
Même chose pour les moulins à prière. On peut les faire tourner (dans le sens des aiguilles d'une montre). Chaque tour, une aiguille vient taper une cloche.

Ladakh 2
Petits moulins à prière 

Des moulins plus petits sont présents en masse tout autour des monastères. Les locaux les font tourner presque mécaniquement à chaque passage. Ceux-là ne produisent pas de son, mais autant de prières qu'ils font de tours. Le pragmatisme religieux des bouddhistes est vraiment stupéfiant. 

Shey Palace
Stupas du Palais de Shey
Il y aussi les "chortens", ou "stupas". De base ronde ou carré, leur extrémités sont généralement dorées. A contourner dans le sens des aiguilles d'une montre, si on veut réduire le temps d'accès au nirvana après toutes nos réincarnations.
Et bien sûr, chaque village est dominé par son monastère (gompa) s'accrochant à la montagne, depuis lequel on a une vue d'ensemble sur la vallée. Parfois de pair avec le palais.

Leh Shanti Stupa 2
Shanti Stupa
Le Shanti Stupa, à une centaine de mètres de l'auberge, surplombe la partie ouest de Leh. On peut l'atteindre soit en gravissant des marches abruptes sur la montagne, soit en continuant sur la route de l'auberge.

Leh Shanti Stupa 3
Inauguré par le Dalai Lama en 1985, il symbolise la paix dans le monde et l'alliance entre le Ladakh et le Japon

Leh 3
C'est loin d'être fini...

 

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Commentaires

  • Papa
    • 1. Papa Le 15/02/2018
    Le nirvana au paradis calme et bruyant. Programme sympatoche
  • Papa
    • 2. Papa Le 15/02/2018
    Le nirvana au paradis calme et bruyant. Programme sympatoche
  • Mom
    • 3. Mom Le 14/02/2018
    Julley,Julley and julley

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