15/04 - 22/04 - Un couple remarquable dans la campagne japonaise - [1] Volontariat chez les Shigematsu, région de Fukuoka

FUKUOKA, JAPON


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Minako Shigematsu à Kama City

Le Japon ! Nous y sommes ! La dernière étape d'un mois avant le retour. Nous commençons par une arrivée sans histoire à Fukuoka où nous attendent nos premiers hôtes japonais, avant de partir pour une semaine à la conquête d'Hiroshima et de Kyoto. Nous goûterons ensuite à l'hospitalité d'une adorable famille de fermiers au pied des Alpes, passerons trois jours autour du Mont Fuji pour finir par un séjour d'une semaine dans la capitale.

 

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Le pays du soleil levant, tant attendu, nous a reçu au soleil couchant

Fukuoka, au sud-ouest, est l'une des villes les plus dynamiques et attractives du Japon. Fumer dans la rue est interdit dans tout le pays. A la sortie de l'aéroport, un panneau nous disait donc d'avoir "une attitude de cigarette respectueuse". Nous avons marché jusqu'à notre auberge à environ un kilomètre, à mi-chemin entre l'aéroport et la gare.

 

Ramens   Ramens
Ramens

Ici plus que n'importe où en Asie, le respect est d'une importance capitale. L'image des japonais qui s'inclinent pour un oui ou pour un non est loin d'être un cliché. Nous l'avons constaté dès notre premier repas dans un restaurant de ramens. Les serveuses ont pris le temps de nous expliquer le fonctionnement de la borne de paiement. Elles ont changé le menu pour enlever le porc de la portion de Khalid. Nous étions quelque peu éreintés par la galère de l'aéroport séoulien et notre arrivée tardive, mais nous avons trouvé l'atmosphère de ce petit restaurant très chaleureuse. A 22h, les japonais rentrant du travail semblaient de bonne humeur. Tout le monde nous souriait et discutait de bon cœur. Arigato gosaimas.

 

Fukuoka
La nuit fut courte mais le lit était d'un confort stratosphérique

A 10h, en route pour Kamiyamada (Kama City). La gare de Fukuoka n'était qu'à une dizaine de minutes à pieds, fort heureusement pour nos dos (surtout le mien) portant des sacs de plus en plus lourds. Le JR, train régional, coutait à peine 2€ pour quarante kilomètres.

 

Fukuoka
Je trouve personnellement les gares et voies de chemin de fer japonais d'une esthétique remarquable.

 

JR Fukuoka
Le train quittait progressivement la ville pour la campagne beaucoup plus verte.

 

Fukuoka hosts
Minako & Hiroaki Shigematsu

Minako san et Hiroaki san,  couple du troisième âge, nous attendaient à la gare de Chikuzen Daibu depuis au moins trente minutes. Dans leur petite voiture, nous avons un peu fait connaissance avait Minako san. Introduction basique, bonne première impression. Elle nous a montré le "yellow sand", le nuage de pollution chinois venant de l'ouest.

 

KAMIYAMADA, PREFECTURE DE FUKUOKA, JAPON
 

Kama city

Kama city   Kama city
Kamiyamada

Ou Kama City, est une petite ville de campagne (ou un grand village) à une quarantaine de kilomètres de Fukuoka. Jusqu'à la fermeture de la dernière mine de charbon, elle concentrait beaucoup d'emplois dans l'exploitation minière. Avant, nous disait Minako san, il y avait 5 cinémas. Aujourd'hui, la démographie est en chute libre (comme dans toute la région sauf à Fukuoka). Au centre-ville, il y a un 7 Eleven, quelques restaurants, une piscine, une banque... 

 

Kamiyamada farm   Kamiyamada farm

Kamiyamada farm   Kamiyamada farm
Shigematsu Farm

La ferme de nos hôtes est au pied d'une petite colline, au bord d'une route un peu à l'écart. Ils ont trois maisons, 4 poulaillers pour environ 200 poules, des exploitations d'arbres fruitiers et de légumes, quelques panneaux solaires pour l'électricité et pour l'eau chaude, et une chienne : Aisha.

 

Kamiyamada hut   Kamiyamada hut
Notre "hutte" tout confort

Notre petite maison est archi confortable et bien équipée. Il y a un kotatsu : table basse chauffante pour les pieds et une terrasse à la vue sympa. On y capte un peu la Wi-Fi (quand Minako san l'allumait), pratique pour regarder South Park après les pompes du soir.

 

Kamiyamada main house   Kamiyamada main house
Leur maison est la moins récente, mais je la trouve plus mystérieuse et chaleureuse

 

Kamiyamada lower house
La "lower house" (maison du bas) ou maison d'hiver, à l'entrée, venait d'un autre temps avant sa récente rénovation

 

Kamiyamada lower house
Minako san dans la lower house


Kamiyamada walk
Marcheuse endurcie

Née d'une mère autiste, Minako san est une ancienne prof de japonais titulaire d'un master de littérature d'environ 67 ans. Ses parents ont divorcé quand elle était enfant, puis son père a fait banqueroute. Elle m'a confié avoir hérité de la faible constitution de sa mère (actuellement mourante), mais nous avons vu vu une femme à l'énergie et au courage étourdissant. Son rythme de marche est impressionnant, non seulement pour son âge mais aussi pour sa condition physique. Son esprit pédagogue se ressent dans son attitude calme et sa volonté de transmettre. 

 

Kamiyamada farm
Mini serre "couvent"

 

Kamiyamada farm
Notre hutte vue d'en haut

Elle est très curieuse et passionnée de géographie. En plus du dictionnaire, elle garde toujours près d'elle un atlas des pays du monde. Elle s'est montrée très intéressée par mon voyage que je lui détaillais sur ses cartes. Avec leur fille de quarante ans (qui les a convaincu de s'inscrire sur Wwoof Japan il y a dix ans), ils ont entreprit l'année dernière un voyage de plusieurs mois de la Finlande à l'ouest de l'Europe pour revoir leurs anciens volontaires. Une femme agréable, patiente, ouverte à tous les sujets, toujours de bonne humeur mais très, (parfois trop) bavarde.

 

Tea picking   Tea picking
Cueillette des feuilles de thé

Hiroaki san ne parle pas anglais, ou très peu. Dans les années 70, il obtient un diplôme d'ingénieur électrique. En période de libération des mœurs et de prise de conscience écologique, il lui était inconcevable de travailler pour des gros bonnets industriels. C'est donc pour mener une vie simple plus proche de la nature qu'il a investi dans ce terrain il y a une quarantaine d'années. Il est écrivain après 18h. Trois de ses livres sont publiés et traduits en chinois. Aujourd'hui, il écrit sur les volontaires. 

 

Kama city

Kama city
Quelque part à Kamiyamada

La lecture de son essai, bien que (très) approximativement traduite en français, nous a captivés : Essai d'Hiroaki san
On le sentait conscient de lui-même et de son temps. Il raconte qu'après Fukushima plus rien ne sera jamais comme avant, et que tout ce qui compte désormais est de profiter de la vie. Hiroaki san y parle, entre autre, de son incompréhension et de son impuissance face aux défis d'autosuffisance alimentaire, de conservation de l'environnement et du déficit de la population. L'essai, très nostalgique, voire morbide, est écrit d'une plume sincère de poète, d'une manière presque viscérale : "J'ai l'impression d'être préparé pour la noblesse de vivre seule et de mourir" [...] "À la fin de ma vie, je veux vivre comme je veux. Pour quelque chose, plutôt que quelque chose, juste vivre et vouloir mourir." Les sujets évoqués sont une synthèse de nos conversations avec Minako san qui nous parlait également du choix de son mari d'arrêter l'abattage de leurs poulets (tâche qu'elle a oublié d'enlever de son profil Wwoof), "J'ai pris la décision de ne pas avoir de poussin cette année".

 

Kama city
Hiroaki sensei

Son calme et sa gentillesse étaient un modèle. Minako san faisait parfois la traductrice à table lorsqu'un sujet l'intéressait.

 

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