[Jour 1] Kilimanjaro Route Machame 6D : Percer le voile de la forêt tropicale" | Machame Gate (1830m) - Machame Camp (3050m)

     Quentin a passé une grande partie de la nuit à vomir... Intoxication alimentaire de crêpes de samosa, notre dîner de la veille du départ... Pas de soucis, il se rétablit vite. Quand bien même, le mental est là, et c'est le plus important. Smecta, ptit-déj, et nous sommes prêts à partir.

     Joseph, l’assistant manager de Monkey Adventures, accompagné de nos deux guides et sept porteurs, arrivent en minibus devant notre hôtel. Nous partons ensemble pour la Machame Gate, la porte d'entrée du parcours Machame, que nous ferons en 6 jours. 

     En chemin, nous faisons deux arrêts pour récupérer nos derniers porteurs, et une porteuse : Lauren, dreadlocks, un cure dent dans la bouche et le sac sur une épaule. La plus forte du groupe selon son boss.
Le route est agrémentée de scènes intéressantes : des gens préparant la bière à la banane, une spécialité régionale, d'autres en tenue orange labourant les champs d'un pénitencier.

     Après l'inscription au registre de la porte de Machame, la répartition des sacs, provisions, tentes en charges de 20kg maximum par porteur, nous sommes les premiers à partir.
Le premier des quatre environnements du Kili est celui de la forêt tropicale. Forêt dont ne pouvons qu'admirer une lisière baignant dans la brume. Le chemin en terre, large, humide et bien tracé, passe à travers une végétation luxuriante de montagne.

     Paul, notre guide principal, prend son job très au sérieux. Lui qui répète sans cesse Pole pole (Doucement en swahili), il porte bien son nom - mais pas parfaitement, car il n'utilise pas de walking poles (Batons de randonnée) - Chef d'équipe, il choisit lui-même ses porteurs. Sage et sérieux sont les premiers qualificatifs qui nous viennent à l'esprit.
Notre guide assistant s'appelle Vasili. Du haut de ses trente ans, il aborde en permanence un air jovial. Il est très ouvert et toujours présent pour motiver l'équipe, sa Simba Team.
A chaque départ, nos 7 porteurs partent toujours après nous, et arrivent toujours au camp bien avant nous (ou presque).

     Nos guides ouvrent le chemin à un rythme peu soutenu et nous donnent quelques précisions sur la flore. Ils nous montrent différentes plantes : l'Elephant trump, une fleur qui ne pousse qu'au Kili, des arbres fougères qui feraient pâlir nos satanés nids à tiques, des arbres à écorce médicinale, que je recommandais pour la guérison accélérée de Quentin, la "plante du pardon", cérémoniale...

     Talonnés par deux américains et un chinois (qui se seront enregistrés juste avant nous), nous sommes les premiers Mzungu arrivés ! Après l'inscription quotidienne du registre, nous avançons jusqu'au camp de Monkey Adventures. Ce sera la première et unique fois que nos porteurs n'auront pas fini d'installer les tentes avant notre arrivée. 

     Quelques minutes après notre installation, Robot, le porteur et "boy" du groupe, déclare : "Pop-corn is ready".
Pendant que Quentin récupère ses forces dans la tente, je découvre la mess tent. Ce n'est pas sans une certaine désillusion que j'entre dans ce minuscule espace constitué de 3m carré de bâches vert foncé. Une table bancale est installée en son centre, avec deux tabourets de plage et de quoi faire thé, café et chocolat chaud.
Je m'informe auprès de Paul : "Il n'y pas d'espace communautaire dans le camp ?". Non, me répond-t-il, "chaque expédition reste avec ses clients". Les prochains jours, si le temps le permet, nous pourrons faire tomber la mess tent pour manger avec le groupe. L'occasion ne s'est pas présentée. Pour être honnête, chaque jour passé sur la montagne et sa fatigue qui en découle m'enlevait l'envie de me socialiser. 

     Passé cette petite déception, je profite du calme (relatif) de cet espace boisé à moitié dissimulé par le brouillard. Evidemment, nous sommes libres d'aller où nous voulons dans le camp.
Petit tour, donc. Une heure seulement après notre arrivée, une vingtaine d'expéditions finissent de s'installer. Je trouve le nombre de personnes actives simplement impressionnant. Mais je n'ai encore rien vu.
Je descends jusqu'à la rivière, grâce à un petit chemin humide et escarpé, pour admirer des porteurs remonter avec des jérichans de 20l d'eau en équilibre sur leur tête.

     C'est donc cela une expédition à 1450$ tout frais payés : le confort de se faire servir trois gros repas par jour, dans la tradition la plus calorique qui soit ; de se faire assister à tous les niveaux : portage de nos affaires (sauf notre petit sac) installation du camp, service, remplissage des gourdes avec de l'eau bouillie. ; C'est aussi la sécurité de se voir réaliser deux health check par jour, matin et soir, en mesurant notre niveau d'oxygène et en notant notre état de forme sur un tableau périodique ; C'est enfin la présence constante et amicale de deux guides, toujours aux petits soins avec nous.

Sans tous ces privilèges, quelles auraient été nos chances de vaincre le sommet ?