[Jour 4] Kilimanjaro Route Machame 6D : Tueur de petit-déjeuner, horizon et vallées | Barranco Camp (3900m) - Barafu Camp (4670m)

     L'heure du Breakfast wall, ou Breakfast killer (tueur de petit-déjeuner). C'est le passage le plus technique du trekking. Il faut se sortir les mains des poches pour se hisser sur des rochers parfois assez raides et délicats. Rien de très périlleux néanmoins, car le tout est solide, et longe moins le précipice qu'il n'en donnait l'air d'en bas. 
Certains porteurs n'hésitent pas à emprunter des chemins alternatifs, sous une charge de 20kg, parfois plus. 

     Les embouteillages aux passages étroits n'arrangent rien. "C'est comme l'Everest", fais-je remarquer à Vasili. Nous voyons un senior se faire presque porter par son guide. Quand on dit que n'importe qui peut le faire... A côté de moi, un Quentin à l'aise comme un singe dans les arbres, prêt à tuer le tueur de petit-déjeuner. Au point qu'il est un peu resté sur sa faim.

Après ce passage parfois délicat, nous nous posons tranquillement devant l'une des meilleures vues du Uhuru Peak. Depuis un large promontoire à la vue dégagée, au milieu de tout, nous voyons encore le Shira Peak à l'ouest, ainsi qu'un océan de nuages au sud, sous le ciel bleu éclatant du début de la haute saison.

     Comme la veille, nous faisons l'ascenseur de l'acclimatation. Nous entamons une gentle slope (montée douce), comme l'appelle Paul, avant de redescendre jusqu'à la Karanga Valley, l'un des plus bels endroits du Kili selon moi. A travers un étroit chemin parsemé de petits pins et d'everlasting, la ballade est vraiment agréable. Quentin remonte en flèche jusqu'au déjeuner.

     Nous sommes arrivés un peu tôt, donc nous tuons le temps avec une tentative de château de carte à six étages, sur la table bancale d'une mess tent en équilibre précaire. Il n'y a même pas assez de hauteur et elle s'effondre à moitié. Cela nous fait au moins une bonne excuse pour échouer l'un après l'autre.

     La période d’acclimatation étant terminée, direction le camp de base ! Le brouillard nous enveloppe. Il est dense et profond. La quantité de cairn est impressionnante. Ils s'intègrent à merveille dans l'environnement mystérieux des brumes du Kili.
Ce n'est pas comme s'il y avait grand chose à observer. Nous sommes dans la troisième zone climatique : le désert alpin. Au delà des 4200m, nous sortons du brouillard. La montée est moins raide, mais tout n'est que désert de pierres, étendues sans fin de champs de cailloux. Dans ces mini cratères à l'ambiance apocalyptique, nous profitons de la dernière marche avant l'ascension finale. 

     Vasili nous désigne des aigles en les nommant "lama guy" (du moins, c'est ce que nous comprenons). Je lui demande si c'est parce qu'ils ressemblent à des lamas. Il ri, mais je pense qu'il ne comprend pas.

     Ou base camp, car c'est le point de départ de nombreuses expéditions vers le sommet. Celui-ci est atypique car son dénivelé est très irrégulier. Il est fait d'étages entre des rochers volumineux, sans vue d'ensemble.
Toujours de jolis toilettes avec une vue sur le Mawenzi Peak, l'un des trois sommets principaux. Malgré l'altitude, les toilettes sont toujours nombreuses, bâties en pierre et placées de manière régulière dans les camps.

     Dernier test d'oxygène de l'expédition. Nous prenons le dîner à 18h30 puis nous mettons nos réveils à 23h30, pour un départ au sommet prévu à minuit. Cette fois-ci, nous avons tué le dîner, ne laissant que des miettes. Il aura fallu 4670m d'altitude pour que nous finissions nos assiettes.

Plus rien ne peut nous arrêter !