25/02 - 03-03 - De la poussière et des larmes : Opération purification - Volontariat dans la campagne chinoise [2]
- Par cpt-tibo
- Le 15/03/2018
- Dans Sichuan & Chongqing
- 1 commentaire
CAIJIAGOU, REGION DE CHONGQING, CHINE
25/02 - 03-03
Caijiagou depuis la maison
Les conditions de vie n'étaient pas aussi spartiates qu'il le prétendait : des cartons et une couverture pliée en quatre faisaient office de matelas, tandis que mon sac de couchage m'isolait amplement de nuits très froides. Je dormais bien dans cette petite pièce toute vide, qui me rappelait au départ un certain trou à rats de Bangkok. Ici au moins, l'hôte n'a pas mit les voiles. C'est aussi bien mieux qu'une tente à même le sol, sans sac de couchage (coucou Harsh).
Arrosage des planches pour faire adhérer la poussière (Joie)
En revanche, le travail était fidèle à sa description. Comme il me l'avait annoncé, les trois quarts du boulot consistaient à nettoyer la maison. Je ne ménageais pas mes efforts (ce sont mes efforts qui ménageaient), en partie car ma santé en dépendait. Ma chambre de fortune était sous une partie du grenier envahie de poussière et de saletés, au plancher plein de trous.
La logistique de nettoyage était un vrai casse tête. Un soir qu'il ventait, le lavage du sol de la veille est parti en poussière. Je n'avais pas eu le temps d'attaquer la deuxième partie du grenier, celle qui tient grossièrement en équilibre sur des bambous d'un autre âge, maladroitement fixés.
Les anciennes fermes des trois frères
Quand je pense à toutes ces heures de nettoyage qui auraient pu être gagnées, si seulement Yang avait investi dans du matériel un minimum décent. Il n'y avait qu'un vieux torchon (toujours le même) en guise de serpillière, et une sorte de pelle tressée à la main pour le ramasse poussière. Inutile de préciser qu'après un mur ou une poutre, le torchon ne torchait plus efficacement. Toutes les dix minutes, je devais changer l'eau en transportant le sceau depuis les escaliers jusqu'à la cour. Je lui ai dit, dit et redit qu'une serpillière, c'est la base. A la fin, sa réponse était : "Si ça peut t'aider, je veux bien en acheter une au marché demain"... Inouï. "Mais... C'est pour toi que c'est utile" lui ai-je répondu. Au marché, ils n'avaient que des vieilles serpillières datant peut-être de la dynastie des Qing voire des Song.
Grenier
J'ai eu la présence d'esprit de commencer par le grenier, pour finir par le salon (le contraire aurait définitivement été stupide). Yang n'était pas assez entreprenant pour me donner des conseils, mais n'hésitait pas, comme il le disait lui même avec humour, à contrôler le résultat comme un inspecteur. Ce n'est pas le meilleur pour déléguer des tâches, mais il excelle dans le côté perfectionniste.
Caijiagou
Le plus frustrant était de nettoyer ce satané sol, planche par planche, en sachant pertinemment qu'il allait de nouveau disparaître sous une couche de poussière le lendemain. La première heure est la plus difficile. Ensuite, la répétition de la tâche devenait une sorte de méditation, aidée par la musique. Dans une certaine mesure, la culpabilité cachée mais évidente de Yang pour la délégation de ce travail si palpitant l'amenait à me ménager en me proposant régulièrement des pauses. Un smoothie, une pomme, des gâteaux ou bien une barre de pop-corn d'Uncle Pop, entre deux aller-retour à la fontaine.
Coupage du riz
Un jour qu'il faisait beau, Yang était ravi de me permettre de travailler dehors, et moi aussi. Le job consistait à raccourcir ses plants de riz au sécateur. J'en ai coupé une quantité astronomique. L'autre jour qu'il faisait beau, j'étais de charge des mauvaises herbes. Quatre heures de jardinage qui sont passées largement plus vite que deux heures de nettoyage. Respectant la devise selon laquelle "rien ne se perd", les mauvaises herbes et les plants de riz étaient laissées sur place. Les déchets quant à eux vont presque tous au compost.
Spring is here
Yang avait toujours la fâcheuse tendance de se justifier par ses problèmes de santé. Sa constitution, le l'ai bien compris, est fragile à tous les étages, mais ça n'explique pas comment il a fait pour survivre dans un endroit si sale et poussiéreux les premières semaines. Les attentions de Yang étaient trop. Les premiers jours, j'étais plutôt flatté et satisfait de sa bienveillance. Mais à la longue, c'était parfois très frustrant. Par exemple, il ne cessait de vanter le bienfait que peuvent avoir les différentes bactéries de ses entreprises culinaires sur le transit, me disant que c'était excellent pour "nos estomacs fragiles". Je n'ai rien dit, mais j'aurais bien voulu.
Les voisins de jour
Tout dans sa cuisine est "gluten free". Les repas étaient des festivals de légumes locaux, toujours accompagnés de divers cornichons dans un bol à part. La viande est arrivée avec sa sœur, le dernier jour. Elle avait amené, avec son ex mari, un poulet en pièces détachées de la tête aux pattes. Pas mauvais. Pour le dernier repas, bien meilleur, du poisson. C'est comme si la viande a remplacé la bonne ambiance tranquille qui régnait jusque là, pour laisser place à des lourds silences et un Yang plus renfrogné que jamais. Fin de la purification alimentaire.
Réserve de bois
Un conférant fait maison concluait chaque dîner. Il récupérait les bactéries de la dernière préparation pour celle du lendemain, lui conférant l'auto-suffisance sacrée.
Tout était délicieux, mais comment dire... le délice était souvent un peu fade. Les quantités étaient plus que satisfaisantes cela dit. Seul son pain perdu et son porridge du petit-déjeuner, bien que "sugar free", étaient étrangement goûteux.
Les voisins de nuit
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Commentaires
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- 1. Quentin Le 15/03/2018
Sympa Caijiagou ça doit être apaisant après la frénésie des grandes villes.
Enfin pas tant que ça avec le nettoyage heureusement que t'es pas allergique à la poussière
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