25/02 - 03-03 - Un paradis menacé : la résistance d'un homme - Volontariat dans la campagne chinoise [3]
- Par cpt-tibo
- Le 16/03/2018
- Dans Sichuan & Chongqing
- 2 commentaires
CAIJIAGOU, REGION DE CHONGQING, CHINE
25/02 - 03-03
Caijiagorgeous
Le village n'a pas cessé de se moderniser. En seulement cinq ans, des promoteurs ont fait construire une route et des grandes maisons blanches. On comprend tout de suite pourquoi. Il faut dire que le coin est superbe et idéalement situé. Dès qu'on s'élève un peu, la vue est imprenable.
Début de la randonnée
Au soleil, le côté supérieur des falaises devient doré - d'où le nom - orange en fin de journée, alors qu'au clair de lune, il prend une teinte bleue. Si le village paraît isolé, il n'est en réalité qu'à cinq minutes d'une grande route, et à une heure d'un Parc national et de la moyenne ville Nanchuan. Les citadins, ça ne fait aucun doute, vont arriver en masse et finir par achever cette merveille, pour le plus grand plaisir de Yang. Il suffit de quelques promoteurs bien intentionnés...
Feux
Yang n'avait de cesse de condamner cette modernisation qui détruit le paysage. Il protestait également contre les feux sauvages d'ordures (alors que les pompiers passent régulièrement pour faire de la prévention). Depuis la ferme, jamais une heure ne s'écoulait sans que l'on puisse voir un feu. Il m'expliquait que les gens lui rient au visage quand il leur demande d'arrêter de brûler les ordures.
Pavillon un peu plus haut
Une fois, il m'avait demandé - c'était peut-être une question rhétorique - comment leur faire comprendre ? Tout fier de mon expérience chez Harsh, je lui ai répondu qu'essayer de convaincre les gens de changer une méthode non seulement simple mais qu'ils ont en plus utilisée durant toute leur vie, est inutile. Il vaut mieux démontrer par les actes. Encore faut-il savoir par où commencer. C'était quand même triste de voir des flacons vides du fameux "round up" de Monsanto éparpillés comme des petits cailloux dans la vallée. Les locaux s'en servent presque quotidiennement pour désherber les chemins.
Jinshan
Dans la voiture familiale nous conduisant au marché, je me souviens d'une moquerie d'un passager sur Yang. Ce dernier digérait assez mal l'odeur de sa cigarette, et lui faisait comprendre. Moi, c'était la seule chose que j'ai comprise.
"Arrêtez de me donner des sacs plastiques"
La ville dans laquelle on a atterrit me faisait penser à un quartier anglais post industriel. Son marché était plein de charbon et de ferraille. On a fait le plein de fruits et légumes, avant de prendre le déjeuner le plus tôt de mon histoire : 9h30. Même à cette heure-ci, le tofu se mélangeait parfaitement bien aux épices et condiments à volonté du buffet de la petite gargote.
J'étais naturellement le porteur du panier...
(Dès qu'il a commencé à être un peu chargé). A la fin, il me rentrait dans le dos, m'obligeant à adopter une posture recourbée ou à garder mes mains en soutien. C'était le signe qu'on était pleins et qu'il fallait rentrer. J'étais très satisfait de mon achat d'un pack de ces excellentes barres Uncle Pop et des tomates, que Yang rejetait car "elles étaient sûrement bourrées de pesticides". Il semblerait qu'il ait un sixième sens pour détecter les produits chimiques. Mes huiles essentielles indiennes - il était désolé de me décevoir - sont bourrées de produits pas naturels. Bref, le marché était très rentable pour moi, sauf pour la serpillière.
Deux villageois tiraient un tronc d'arbre
Pendant la semaine, on attendait l'éclaircie pour faire une randonnée autour des falaises. Au départ, Yang s'était invité, un peu à mes dépends, dans mon excursion. J'avais le sentiment qu'il voulait m'accompagner pour m'empêcher d'atteindre le "chemin de la mort" (comme je l'appelle). A trois heures de la ferme, un sentier abrupte longe la falaise, les villageois l'empruntent pour récolter des bambous. Il avait aussitôt regretté de m'en avoir parlé. A ses côtés, je savais bien qu'on n'allait pas marcher trois heures, encore moins récolter des bambous.
J'étais - à mes dépends une fois de plus - automatiquement porteur des snacks et de son matériel photo (qu'il n'a pas du tout utilisé)
Forêt de bambous
Finalement, c'est un excellent guide. Il connaît la vallée comme sa poche. Passionné qu'il est par la nature, il arrive toujours à se rendre intéressant. La forêt est si riche en arbres, fleurs et oiseaux.
Sacrement difficiles à photographier
Pour chaque espèce, j'apprenais qu'il ne s'agissait que de l'une sur 1x10 puissance 10 de plus dans la région. On est passés devant des tombeaux abandonnés, des rivières, des forêts de bambous, de pins et d'autres arbres tropicaux.
Retour à la maison après à peine deux heures
Yang est un fanatique des violettes. Il est allé deux fois à Toulouse pour assister à une conférence spéciale sur cette fleur. Lorsqu'il a vu sa "deuxième violette de l'année", toute petite et flétrie sur le bord du chemin, il s'est immédiatement couché pour la sentir. Pendant qu'il s'extasiait sur elle, j'essayais de rester normal.
On y voyait bien la nuit
Ma dernière soirée, au clair de lune, signait la fin du nouvel an chinois. A l'occasion, les villageois ont mitraillé la vallée de pétards presque sans interruption (leur Toussaint en quelque sorte).
J'étais assez fier qu'il ait reconnu mon utilité. Je lui ai peut-être fait gagner des années d'espérance de vie en dépoussiérant la baraque, et en le "refaisant marcher". Lui m'a fait goûter pendant ce court séjour à une vie simple (qu'il pouvait avoir tendance à compliquer) : nourriture fraîche et mode de vie sain, dans un environnement calme et magnifique, avant le retour à la décadence.
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Commentaires
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- 1. Moi Le 16/03/2018
Rien de plus naturel que mes photos. Stop rager c'est pas de ma faute s'il fait moche au pays. Hahaha. Bisous. -
- 2. Quentin Le 16/03/2018
Une contrée de toute beauté ! Mais tu tricherais pas sur les couleurs de ton appareil photo ? Le vert paraît trop intense presque pas naturel. En tout cas ça nous change de la grisaille en France
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