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  • 18/02 - 20/02 - Derniers jours au Népal - Expériences plus ou moins locales

    POKHARA, NEPAL
    18/02 - 19/02

    Accaparé que j'étais à flâner dans les cafés le long du lac de Pokhara, je n'ai pas grand chose à raconter de mes trois dernier jours dans ce pays si accueillant. Mais vous me connaissez (ou pas), je vais quand même m'étendre. True fact : en fait, je voulais six posts de mon séjour au Népal, pour atteindre mon quota d'au moins trois articles par semaine, ou environ un article tous les deux jours. N'en déplaise aux rageux et aux jaloux, je commence à avoir une audience à tenir. Incroyable de constater à quel point les gens vous suivent plus sur un blog que sur des "récits format pdf postés sur Google Drive".

    De retour dans la "Peace Guest House" de Pokhara, où les gérants m'appellaient mon frère et me donnaient du "peace", j'ai réalisé que leur béatitude n'était pas sans intérêt financier. La paix coûte (relativement) cher. Leur précieux conseil de ne pas booker la nuit du retour de mon trek s'est averée deux fois plus chère qu'il y a quatre jours, pour la même chambre. Environ six euros au lieu de trois. Bien joué les gars. J'étais relativement content de moi, en revanche, de ne pas avoir cédé à leur proposition de changer mon argent contre une taxe de presque dix euros. A les croire, je n'aurais pas pu trouver de meilleur deal. Bien essayé les gars. De toute façon, c'était dimanche, donc j'ai dû retirer. Sur cinq ATM, un seul a accepté de me distribuer mes dernières roupies, à mon grand soulagement. J'étais large pour me faire culinairement plaisir ces trois derniers jours.

    Pokhara est la ville hippiste népalaise (rien à voir avec les chevaux), par excellence. Les occidentaux aux longues chevelure, en tenues amples et décontractées ne manquent pas. Les maisons sont beaucoup plus colorées que celles de la capitale. Le centre, commercial et à l'ambiance festive, s'organise le long du lac, où abondent les restaurants et les chambres d'hôtes. Depuis la mienne, je pouvais profiter d'une vue sur ce lac entouré par les collines et brillant en fin de journée.


    Pokhara
    Il faisait moche ce jour là
    Dans ma flânerie, j'ai découvert une multitude de petits cafés et restaurants. L'après-midi, (à Pokhara comme partout au Népal et même en Inde), j'adorais me poser dans un café calme et confortable, pour lire et écrire, parfois de longues heures, en commandant régulièrement boissons et gâteaux. "You And I", mon favori à Pokhara, proposait un des ces poridges aux fruits et au miel. Leur "Hello to the Queen", sorte de crumble aux fruits, glace et chocolat, était tout aussi marquant. Mais ma plus fabuleuse découverte est une spécialité locale : les momos au chocolat. Souvenez-vous, ces petits raviolis en tout genre, ici curieusement proposés en dessert. Je pourrais retourner au Népal rien que pour goûter de nouveau à ce miracle culinaire, et accessoirement faire le trek du Camp de Base de l'Everest ensuite.

    Je l'avoue, je ne suis pas particulièrement fan de la cuisine traditionnelle népalaise, très proche de la cuisine indienne (en moins bone selon moi). A part les momos et les "Dal Bat", ensemble de légumes à la sauce locale, je restais assez frileux de m'aventurer en terrain inconnu. Mes repas, copieux, étaient très occidentaux : pizzas, spahettis, burgers et même galettes, une fois, dans la "French Crêperie" de Pokhara, avec son cuistot formé chez nous. La parisienne était délicieuse.

    KATMANDU, NEPAL 
    19/01 - 20/01

    Le 19, il me fallait retourner sur Katmandu, où m'attendait mon vol pour la Chine le lendemain matin.
    Départ, donc, de la guesthouse à six heures, accompagné de Mich, qui avait acheté le même billet que moi, pour un décollage du bus à sept heures. Sense 8 je vous dis !
    Le trajet fut particulièrement pénible. L'état de la route, sa non linéarité et son trafic ont produit un trajet de presque dix heures pour 200 kilomètres, soit, en comptant les pauses, une moyenne de 30 km/h. Dix heures à subir soit une série de musiques criardes qui m'explosaient le crâne (impossible d'écouter sa propre musique), soit deux films Bollywoodiens de trois heures chacun, le son à fond aussi. Avant qu'un guide ne m'explique que le premier film était indien, je croyais qu'il parlait des Gurung, car il commence par une scène épique et suicidaire de récupération de miel sur une falaise, et ces tribus étaient auparavant réputées pour cela. Les tâches de saleté en guise de filtre rendaient l'image intéressante. Quant aux techniques de filmage et aux effets spéciaux, rien à nous envier. On pourrait critiquer le jeu, qui semble exagéré, mais ne l'est pas vraiment quand on voit qu'il s'inscrit parfaitement dans la culture. C'est d'un naturel très poussé, non calculé (contrairement aux nôtres), mais représentatif des réactions spontanées de ses habitants. J'aurais bien aimé aller au cinéma à Delhi, mais ils ne passaient qu'un seul film sans sous-titres anglais. Je me dis quand même que ces aspects des transports indiens et népalais ne vont certainement pas me manquer.

    A Katmandu, je devais reprendre un bus local jusqu'à l'aéroport où se trouvait mon hôtel. Dernière longue attente dans les transports népalais : une heure pour parcourir quelques kilomètres. Un hôtel splendide et pas si cher m'attendait à deux minutes à pieds de l'aéroport. Au programme de la soirée : une longue et vraie douche, suivie d'une beuverie dans le restaurant de l'hôtel. Des locaux m'avaient invité à les rejoindre pour célébrer ma dernière nuit au Népal. Heureusement que le décollage était à onze heures le lendemain.

    Je garderais un excellent souvenir du Népal, de ses habitants si accueillants, de mon séjour chez à Patiswara - ses Gurung, ses volontaires et ses paysages - de l'ambiance festive et détendue de Pokhara, mais surtout de l'Himalaya et de mon mini treking qui m'a épuisé, parfois effrayé, mais toujours fait rêver. 

    Goat Nepal
    "NEEEEEPAAAAL"

  • 14/02 - 18/02 - Mon périple Himalayen : Solo trek du Mardi Himal

    ANNAPURNA CONSERVATION AREA, NEPAL
    14/02 - 18/02

    L'avant Trek

           L'Himalaya. Ce mot résonne en moi comme un rêve grandiose inaccessible. Entre nous, qui ne s'est jamais imaginé atteindre le sommet de l'Everest dans un ultime effort, pour contempler un paysage infini depuis le toit du monde ? Ces dernières semaines, "1996, Tragédie à l'Everest" de John Krakauer, venait renforcer ma volonté de me confronter à l'Himalaya (Malgré son titre, ce livre est passionant et magnifique), dans la limite de mon temps et de mes capacités. Après tout, c'est pour ça que je suis venu au Népal à l'origine.

           Mardi Himal Base Camp
           Fin du trek

    Maki n'avait que le Langtang en bouche. Il a convaincu tout ceux qui avaient le temps et la foi de le faire. Pour ma part, il n'était pas question que je retourne sur Katmandu avant de voir Pokhara et la chaîne des Annapurnas (Sommet de l'Annapurna : 8091m). L'avantage de son trek était sa gratuité, contrairement à celui que je m'apprête à faire. L'idée du Mardi Himal (Sommet : 5587m) venait de Max, qui baroudait au Népal depuis un certain temps.
    La particularité de ce trek est la montée rapide en altitude et le changement de décor régulier. Des villages, on passe aux forêt et aux étendues de montagnes rocheuses, puis le meilleur pour la fin : les sommets enneigés avant le Base Camp à 4500m, avant de retourner aux hameaux. Le Mardi Himal se fait normalement entre quatre et huit jours, avec plusieurs déclinaisons possibles. Il s'agit d'un de ces "tea house trekking" où l'on peut trouver un hammeau/camp à chaque étape. Toutes les critiques en vantait l'excellent rapport beauté/temps. Je confirme. Il vaut le coup.

           Mardi Himal
           Vision de rêve entre le Low Camp et le High Camp

    J'ai passé quelque temps à étudier une gigantesque carte (achetée pour pas moins de quatre euros) et dessiner mon parcours optimal. En raison des très nombreuses routes, la principale difficulté était d'établir le point de départ. A partir du Low Camp, ma seconde étape, le chemin ne se décide plus jusqu'au Camp de Base. Le gérant de ma guesthouse m'a aidé à étblir un itinéréraire à partir de cette carte. Celui-ci prévoyait environ huit heures de marche sur quatre jours, à une allure lente. En vrai, mes étapes dépendront de mon état de fatigue, des conditions climatiques et de l'heure (ordre respecté pour chaque jour). Il ne me restait plus qu'à payer les autorisations et diverses asurances de responsabilité pour une quarantaine d'euros, et j'étais prêt à partir. 

    Jour 1 : Kande - Forest Camp / 8h - 15€

    A bord d'un bumpy bus, j'ai quitté Pokhara, à 900m d'altitude, pour Kande, quelques centaines de mètres plus haut, à une dizaine de kilomètres au nord sur la voie rapide. Normalement, le trek commence à l'Australian Camp, en prenant une jeep, mais je ne voyais pas l'intérêt de payer pour gagner à peine une heure de marche. Je commence donc par un des points les plus bas et éloigné du Camp de Base, avec un sac d'environ six kilos.

          Kande Mardi Himal
          Kande
    J'ai croisé très peu de touristes. La plupart sont des familles chinoises descendant tranquillement avec leurs armées de porteurs.
    On ne m'avait pas menti en disant que février est la saison idéale. "Il ne fait ni trop chaud ni trop froid, et les treks moyennement populaires sont vides de monde", m'avait dit ue holandaise à Katmandu. Effectivement, le soleil brille, la température est moyenne, mais il fait vite chaud en mouvement. En plus, la visibilité est excellente. Pour l'instant.

    Mardi Himal 45    Mardi Himal 45

    Mardi Himal 45    Mardi Himal 45
    Entre Kande et Tolga
    Les chemins sont multiples. Les habitants des hammeaux confirmaient régulièrement ma direction, ce qui ne m'a pas empêché de me perdre plus d'une fois. Parfois, le chemin à emprunter est un petit sentier déviant. On croit être sur la bonne route, avant de se rendre compte après un quart d'heure qu'on a emprunté l'un des nombreux chemins alternatif. Avant d'arriver au checkpoint de Tolga, j'avais dû par trois fois rebrousser chemin, perdu dans la forêt, et réaliste/pessimiste quant aux chances de revenir sur le trek par un ces chemins involontairement empruntés.

    46 3   Mardi Himal 46   Mardi Himal 46
    Autour du Camp Australien
    Arrivée à l'Australian Camp et premier aperçu des hauts sommets. Le camp est grand et propre, presque luxueux. Ensuite, le chemin monte en pente douce et traverse des hammeaux das la vallée. Le temps est agréable. Quelques kilomètres plus loin, une école appelant aux dons, des fermes et des plantations en terrasses. Régulièrement, des petits troupeaux de vaches et de buffles, dont l'un, effrayé par ma présence, galopait en groupe mais en restant la route principale quelques mètres devant moi. 

    Mardi Himal 47   Mardi Himal 47   Mardi Himal 47
    Nature, hameaux, animaux
    A partir des checkpoints, les établissements commerciaux sont régulés par le Mardi Trek Tourism Management and Merchant Committee. Les prix sont fixés en fonction de l'altitude et de la difficulté d'accès. Partout, les menus proposent les mêmes plats, dont le prix augmente à chaque étape. "Ecrire les prix à la main est punissable. Si c'est le cas, il ne faut pas rester dans un hôtel de la sorte" disent les cartes. C'est amusant de voir que certains s'assument.
    Seule la bouffe est chère. Même tout en haut, les chambres coûtent une misère. A Tolga, j'ai dépensé environ quatre euros pour un pauvre sandwich au poulet gras dans un pain triangle sec. La détente sur cette petite terrasse ensoleillée et sa vue sur la vallée était beaucoup plus savoureuse, bien que fraîche. Un chilly lunch comme on les aime.

           Mardi Himal 48
           La vallée en HDR
    Vers 15h, black tea à Landruk, chez des gérantes qui essayaient de me convaincre de rester pour la nuit. "Forest Camp ? Impossible today !" - "Why that ?" Elle m'a sourit puis est partie. Je suis reparti une heure plus tard, pas tout à fait serein quant à l'avancement de la journée.  
    Le chemin allant au Forest Camp est particulièrement physique. Il monte sec. Les marches de fortune font s'élever de plus de 800m sur seulement deux kilomètres. Les choses sérieuses commencent. Quelques petites déviations proposent des panoramas intéressants sur la vallée, au soleil couchant. Le Forest Camp, 2550m, ne comprend que deux maisons de thé. 

    Mardi Himal Forest Camp    Mardi Himal Forest Camp

    Mardi Himal Forest Camp    Mardi Himal Forest Camp
    Avant le Forest Camp
    Je n'avais pas réalisé que le prix des chambres était indiqué sur le menu. Etant l'un des seul clients du site, j'avais prévu de prendre une chambre chez l'un et de manger chez l'autre. J'ai failli en payer le prix fort. Pour cause, prendre une chambre oblige à manger dans le restaurant du même établissement, sous peine de payer 600 roupies de plus. Manger chez le concurrent ? 600 roupies ! Rammener son casse dalle ? 600 roupies ! Prendre un thé en face ? Ouf ça passe. Faut dire qu'à 2€ la nuit... je comprends l'assurance financière. 

    Forest Camp    Forest Camp
    Une maison de thé du Forest Camp
    Le petit "dining hall" était bien chauffé. Un grand poèle à bois et trois anglaises qui sont parties se coucher à 19h, me laissant commencer un nouveau bouquin policier sans saveur. Vers 20h, direction ma petite case toute sale (˜ prison) où un énorme mille-pattes/phasme squattait le mur au dessus de mon lit. Fais de beaux rêves !

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  • 07/02 - 13/02 - Communauté durable chez les Gurung [2] - Coopération en tout genre

    PATISWARA, DISTRICT DE GORKHA, NEPAL
    07/02 - 13/02

    Six familles possèdent chacune leur carré de terre, qu'elles exploitent selon différentes méthodes. 

    Frenc intensive

    Celle ci se sert de la méthode dite "française intensive". Pendant environ une heure, on a labouré le sol, puis recouvert de paille et de cendres (fertilisant). Ils vont en faire une plantation d'"Hammer on", et il paraît qu'il ne s'agit pas des notes du musique.

    Green mustard and potatos
    Plantation de moutarde brune et de patates

    Les sessions de travail sont courtes, mais intenses. Il n'y a pas d'horaires définis. Généralement, on prend le petit déjeuner vers 8h, puis il faut attendre que Maki annonce le programme. Ce n'est pas vraiment un pédagogue spontanné. Il répond volontiers aux questions qu'on lui pose, expliquant d'une manière très claire et calme, mais son niveau d'agacement est parfois difficile à déterminer. 

    Mushroom greenhouse
    Serre à champignons
    Tous les jours, il faut arroser la moutarde brune (green mustard), les pommes de terre et les champignons, dans la serre à champignons. Sans doute la seule tâche régulière de cette communauté qui vit au jour le jour. Pendant la mousson, ils fabriquent de l'huile essentielle et du savon, qu'ils vendent au prix fort dans leur unique magasin de Katmandu ouvert quelques heures un jour sur sept. Et tout s'écoule en moins de deux. En attendant, c'est la période de plantage.

    Patiswara farm
    Maki et ses petits amis
    Maki est impressionnant quand il s'agit de travailler. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il ne fait pas semblant. Pour mon premier jour de travail, le but était de désherber à la machette l'espace autour des orangers, récupérer les mauvaises herbes et s'en servir pour entourer et protéger les arbustres. Je pense qu'il nous a tous fait un peu culpabiliser dès la seconde où l'a vu s'y mettre. Il était peut-être aussi productif que nous huit indolents réunis. Alors que l'on se détruisait les mains, lui semblait immunisé contre les ronces et les ampoules. Ses cris de guerre étaient sans doute très efficaces. En tout cas, mes mains en témoignent, il m'a parfaitement montré l'exemple.  

    Mud oven
    Four en argile
    Le travail devenait chaque jour plus intéressant. Après les repas, j'attendais vraiment avec impatience le programme du jour, désespérant parfois qu'il arrive. Il n'y a pas eu de vraie "journée de repos", pour mon plus grand plaisir. Du moins, pas imposée. Je suis tombé salement malade le deuxième soir, et resté couché toute la journée suivante, ratant sûrement le job le plus intéressant : la construction d'un four en argile. Au moins, j'aurais épargné mes pieds...

    La communauté est basée sur l'entraide. Toutes les semaines (doute sur la temporalité), un membre de chaque famille est chargé de travailler au service de la communauté.
    L'exemple parfait de ce système : le montage express d'une serre, en une heure top chrono.

    Greenhouse building
    Les habitants avaient au préalable préparé des poteaux courbés pour la structure verticale, des longs bâtons de bois pour l'horizontale et des bâches pour couvrir le tout.
    Il faut dire qu'on était au moins dix, chacun ayant une fonction plus ou moins précise. Trois étapes très simple : ramassage des rochers destinés à soutenir les bâches, fixation des poteaux de bois sur les côtés puis installation des bâches à l'aide des rochers.

    Greenhouse building
    Ensuite, il ne restait plus que les finitions au scotch. Ma taille était très demandée pour ce type de travail. Les bras levés, Maki et sa team touchaient à peine le plafond, alors que moi je devais presque me baisser pour y entrer.

    Ocra plants
    Cette serre temporaire ne tiendra que quelques mois. Elle sert de couvent pour les plants d'ocra, (ou gombo), de concombres et de tomates que l'on a planté le jour suivant. Une tâche délicate. Les plants étant fragiles, il fallait enlever absolument toutes les pierres dans les lits de terre que l'on a fabriqués. Puis avec les mains, découper des mini tranchées pour planter les graines.

    35
    Pour la construction d'un arrosoir, les fermiers ont fait preuve d'une éloquente improvisation, utilisant un bidon et des boites de conserves trouées à la vis. A ce jour, le moyen de rendre le couvercle troué amovible n'avait pas encore été trouvé.

    Patiswara farm
    Vue sur le camp depuis la route

  • 07/02 - 13/02 - Communauté durable chez les Gurung [1] - Intro secouée

    PATISWARA, DISTRICT DE GORKHA, NEPAL
    07/02 - 13/02

    Pendant que mon minibus pour Pokhara attend ses derniers arrivants, j'admire le "Puja" qui a lieu en face de moi. Il s'agit d'une procession hindoue paraît-il assez courante. Ici, des femmes portaient des plateaux de fleurs et de nourriture, qu'elles venaient déposer sur un autel en offrande aux dieux, le tout accompagné de tintements de cloches. C'est un rite régulier dans la vie d'un hindou, sensé carrément invoquer une divinité.

    Quelques cinq heures de route en comptant la pause déjeuner, la roue crevée et l'oubli du chauffeur de me lâcher à Chumkhola, à mi chemin entre Katmandu et Pokhara. Il s'est bien rattrapé en arrêtant un pick up surpeuplé afin que je puisse rebrousser chemin jusqu'à ma dernière étape.

    Chumkhola bridge
    Grand Pont de Chumkhola
    "A Chumkhola, descends les escaliers, traverse le pont puis prend le bus, il part tous les jours à 15h". Voici en gros les instructions de mon hôte. Inutile d'être plus précis. Il n'y a effectivement qu'un seul bus, et le pont est impossible à rater.

    Chumkhola
    Bus Terminal
    Le "village" (bien grand mot pour trois ou quatre habitations), est avant tout un point de départ important de rafting, et le terminal de l’unique bus du coin. Un couple d'allemands a débarqué in extremis juste avant son départ. On a immédiatement compris la raison de notre présence à tous les trois dans ce coin perdu. Phillipe et Maike, vingt-cinq ans et travailleurs sociaux, étaient mes deux acolytes pour ce périple de deux heures à travers les petits villages du district de Gorkha. Au départ, on s'est retrouvés debout, le bus étant surbooké depuis des heures. Taille impose, je devais constamment plier la tête, si ce n'est le dos lors des sauts de cabri. Je n'ai pas tenu cinq minutes dans cette position. Au diable la dignité, je préfère m'asseoir sur le sol. Pendant le retour la semaine suivante, j'ai compris ce que Philippe essayait de m'expliquer. J'ai raté tout le fun, mais c'était pour le mieux. La route est en sable, étroite, et frôle le précipice en permanence, au point qu'on voit rarement le sol quand on regarde par la fenêtre.

    Patiswara road
    Patiswara National Highway
    C'est encore moins rassurant d'apprendre qu'il n'y a jamais eu d'accidents sur cette route. Je m'explique. La majorité des népalais croient au karma, qui veut que chaque situation/conséquence soit le résultat de causes précises, se répercutant sur les différentes vies. La croyance en la réincarnation amène l'hindou à être fataliste.  Donc pas de tension, juste le destin. Ce qui n'a pas pu être accompli dans cette vie le sera peut-être dans la suivante (Poussé à l'extrême, il n'y aucune raison morale de donner aux mendiants, car s'ils sont aussi pauvres, c'est parce qu’ils le méritent à cause des actes de leurs précédentes vies). Je pense que cela explique dans une certaine mesure la sérénité des conducteurs et des passagers. 

    Patiswara base camp
    Patiswara Base Camp
    En vie et à la bonne adresse, un membre de la communauté nous accompagne jusqu'à l'espace commun. Il est 17h et cinq autres volontaires sont déjà assis sur les bancs autour du feu. Sur huit, nous étions cinq francophones. On est un peu les chinois du voyage en somme. La team Patiswara est la suivante : Gipsy Max le savoyard, Tabarnak Stephanie, Mich from the US, les françaises chamailleuses Agathe de Paris et Megan de Londres, et mes allemands préférés. La doyenne du groupe, Mich, n'a que 27 ans.
    Notre hôte s'appelle Maki. A l'arrivée, on s'étonne de ne pas le voir se présenter, ou tout simplement dire Namaste. Il faut peu de temps pour saisir le caractère nonchalant du personnage. Il a souvent l'air dans son monde, toujours en train de siffler ou de fredonner la chansonnette, celle qui reste coincée dans la tête pendant des heures. Il a rendu folle Stéphanie, (plus d'une fois) qui a passé des heures à maîtriser une mélodie venue des Andes à la flûte, instrument qu'elle n'avait jamais joué avant.

    Patiswara
    Plantations en terrasse autour de la communauté
    Maki est en gros le "responsable actuel des volontaires". Avec lui, vous l'avez compris, pas de formalités. Ne semble l'intéresser que ce qui l'amuse ou le passionne. Il ne sait pas rester sans rien faire, mais reste lucide en toutes circonstances (stoned lucidity). C'est un bosseur qui a vécu et travaillé au Japon pendant quatre ans. Il n'a pas aimé son expérience là-bas, d'abord car les gens sont racistes.
    Jusqu'en milieu de semaine, j'aurais juré qu'il était japonais. En plus de son nom et de son apparence physique assez typique du Japon (je trouve), il avait invité une amie japonaise à lui. Une alpiniste un peu effacée mais très sympathique, qui participait volontiers aux tâches quotidiennes. Ses séances d'étirement/yoga au lever du soleil s'apparentaient à une œuvre d'art sur fond des hauts massifs himalayens. C'était l'invité spéciale qui avait le privilège de dormir dans la ferme du brave Maki.

    Manaslu from Patiswara
    Manaslu en fin de journée
    Quand le ciel est dégagé, on aperçoit le Manaslu, 8163m (8e plus haut sommet mondial), et d'autres hauts massifs du centre-ouest du Népal Himalayen, comme le Ganesh Himal. La communauté est située autour de petits villages traditionnels gurung, ethnie autrefois réputée pour ses talents de guerriers. Le sourire facile, il paraît qu'ils restent quand même de féroces combattants.

    Gurung goat
    Gurung et ses chèvres
    L'odeur du feu de camp et le bruit du bêlement des chèvres me réveillait chaque matin comme un rituel, quand ce n'était pas un volontaire qui se préparait à partir. Le soir, c'est la fête aux villages des alentours. On peut entendre des bruits sourds de grosses basses et de cris de joie venant de la colline en face. Un gurung sait faire la fête. En même temps, la weed (mauvaise herbe), n'a jamais aussi bien porté son nom qu'ici. Elle pousse partout, et on la sent partout. Les locaux en distribuent des poignées comme on distribue des chocolats. Pas étonnant que ce pays, berceau du cannabis, attire autant de hippies. Ils ont leur méthode de roulage bien à eux. Je n'en dirais pas plus pour éviter de compromettre certaines personnes. L'internet n'est plus si sûr de nos jours.

    Gurung family
    Ma famille Gurung préférée
    Les habitants de la communauté sont anti conformistes. Ils payent le moins de taxe possible, ce qui expliquerait les pannes de courant fréquentes. Malgré l'isolement relatif, on reste à deux minutes d'une école sur un site en construction, où plusieurs salles de classe sont faites de tôle. En fin de journée, on assiste au défilé des écoliers et collégiens qui rentrent à la maison par la "route principale", passant devant la communauté. Namaste les premiers jours, puis juste des sourires. Il y a environ un an et demie, voir des étrangers a dû leur faire un choc. Maintenant, c'est évident qu'ils commencent à s'habituer à nous. Tout comme on s'habitue à eux.

    Patiswara
    Ce gosse était dingue de moi, et surtout de mon appareil photo, qui est passé entre les mains de toute la petite famille

    Gorkha villages
    Aux alentours
    En réalité, les habitations sont si dispersées qu'on peut difficilement parler de "villages". Il n'y a presque aucun véhicule à des kilomètres. Le seul bus du coin descend chaque matin à partir de 7h et remonte à partir de 15h. A ne surtout pas manquer, si on ne veut pas attendre le lendemain pour repartir. Quelques échoppes se trouvent à des distances raisonnables de la communauté, pratique pour les réapprovisionnements de gâteaux et de bières.

    Gurung
    Gurung coupant des branches en face des chambres
    Les femmes sont courageuses. On les voit fréquemment traverser la route, chargées comme des mulets de branches ou de sacs. Elles travaillent dur et vivent dans des conditions précaires. On peut assister au spectacle des toilettes sauvages de la famille habitant la maison de fortune en face de la communauté. On préfère se retourner.

    Patiswara road
    Sur la voie rapide
    Notre première et dernière expédition en groupe avait pour but de dénicher de la farine pour en faire des chapatis ou du pain, que Mich désirais par dessus tout avant son départ, à défaut de grosses pizzas ricaines. J'aime conclure sur des grosses pizzas.

    Gorkha goat
    Mais rien ne vaut cette stoned goat
    Toutes les chèvres népalaises sont comme celle-ci. Oui.

  • 05/02 - 06/02 - Katmandu - Morne mais captivante

    KATMANDU, NEPAL
    05/02 - 06/02


    Retour forcé à New-Delhi. Je passe sous silence ces deux jours de battement qui ont été d'un intérêt chiatique. J'ai dû faire une petite dépression post-Leh. Du coup, je conclurais en déclarant ceci : les indiens sont vraiment trop nombreux. Je suis satisfait de l'utilisation de mon temps en Inde. C'était une expérience pour le moins étourdissante, entre calme et tempête. Tout ou rien, tout simplement.

    Katmandu
    La ville de Katmandu
    Avant de partir pour Gorkha pour mon prochain volontariat, je me suis "organisé" un jour dans la capitale népalaise. J'ai atterri à l'aéroport international de Katmandu un peu avant minuit. Moi, comme une cinquantaine d'autres villégiateurs/randonneurs, somme arrivés sans visas. A peine trente minutes plus tard, tout le monde était dehors. Scan du passeport, remplissage d'un formulaire sur les bornes, passage à la caisse dont le prix dépend de la durée du séjour, jusqu'à trois mois, et vous êtes libres. C'est à peine s'ils regardent les informations. Je m'étais préparé à passer du temps dans l'aéroport. Finalement, je peux marcher jusqu'à mon hôtel à une vingtaine de minutes. 
    Le lendemain, je décide de me rapprocher du centre ville. Je voulais prendre un tuk-tuk, mais les taxis ont prit le contrôle de la ville. Je ne dis pas que les tricycles motorisés me manquent (bien au contraire), mais ils étaient bien pratiques et économiques, parfois. 500 roupies pour environ cinq kilomètres (1 euro = 12O roupies). Si le prix reste correct, il est en réalité beaucoup trop élevé pour le pays. Mettons cette entourloupage sur le dos de ma phase d'adaptation à une nouvelle monnaie. Petit à petit, j'arrive toujours à négocier le "prix local" (à fixer avant de monter dans le taxi).
    J'ai posé mes affaires dans cette petite, mais haute guesthouse tenue par une hollandaise à Freak Streat, une rue réputée pour avoir été le lieu de vie privilégié des hippies dans les années 70.

    Katmandu Main Street
    Main street
    Ma première impression était de constater une certaine similitude avec l'Inde. Après deux semaines passées dans le pays, je ne retiens plus que la ressemblance physique des habitants, la religion, la langue et l'état du trafic. Un œil averti ne s'arrête cependant pas sur ce genre de détails, relativement importants je vous l'accorde. Bref, je trouve les népalais beaucoup plus patients et faciles à vivre que leurs voisins. La majorité des népalais sont hindous, mais les autres minorités religieuses sont acceptées sans préjugés. Pas de tensions à ce niveau là. J'ai appris à différencier les hindous des bouddhistes grâce à des petits gestes. Par exemple, un hindou joindra généralement ses mains en disant Namaste, car le mot signifie "je salue le divin qui est en vous". D'ailleurs le savié-tu ? Il y a au moins six mots pour "tu" et "vous", chacun correspondant à une nuance de respect différent. Un bouddhiste a tendance à donner quelque chose à deux mains, contrairement aux hindous qui ne s'en préoccupent pas. J'ai vu beaucoup d'hommes marcher main dans la main, signe strictement amical (ou plus si affinité). On est véritablement à la croisée de l'Asie du Sud et de l'Est.  

    Katmandu 2
    Depuis le toit de ma guesthouse 
    Katmandu est une ville très grise. Quelle pâleur ! Le ciel n'est jamais bleu et ses maisons sont majoritairement en briques oranges, ce qui confère à la ville un aspect plutôt insipide. La plupart de ces 1,5 millions d'habitants ne sortent jamais sans leur masque anti-pollution. 1350m d'altitude, montante à l'ouest.

    Katmandu monkey
    Jungle urbaine

    A peine sorti de la guesthouse, j'aperçois des singes se balader sur les fils électriques. Ca annonce la couleur.
    Les rues du centre ville sont larges et TRES animées. Quel monde ! On ne peut qu'être admiratif devant les nombreuses boutiques d'art autour de Durbar Square. Plus loin dans la rue commerçante principale, un établissement sur deux est une agence de trekking, un magasin de trekking ou un restaurant. Les stands de fruits, légumes, nourriture en tout genre, appareils électroniques, etc, bordent massivement la rue.

    Katmandu Main Street 2
    Entre temples et boutiques
    Des tricycles (non motorisés), au taquet, sont postés à chaque coin stratégiquet. Tant bien que mal, j'avance en me frayant un chemin. Pas de galère. Je viens d'arriver et j'ai tout mon temps. En plus, je suis rôdé pour ce genre d'endroit. Et une ressemblance de plus à ajouter dans la liste de l'Inde...

    Katmandu pollution
    La rivière est dans un sale état, et ça se sent  
    Le traitement des ordures est un véritable problème. Après les rues attrayantes s'étend un pont sur un cours d'eau infect à l'ouest. Comment font ces gens pour survivre dans un tel endroit ? 

    Durbar Square
    Durbar Square

    Cette place regroupe un ensemble de temples et palais dont certains sont classés au patrimoine mondial.
    Comme beaucoup, j'ai (involontairement) esquivé la taxe d'entrée de 1000 roupies, avant de remarquer les barrières. Cette fois-ci, le prix est honnête, au vu des dégâts subis par le tremblement de terre de 2015. Des poutres soutiennent nombre d'édifices fissurés. D'autres ne sont plus que ruines, dont l'importance historique des tas de gravats est impossibles à déterminer. 
    La banlieue de Katmandu quant à elle est un immense chantier en reconstruction. C'est vraiment choquant quand on s'éloigne un peu. Les routes sont alors dans un pire état que les maisons. Les priorités sont claires, mais le changement de gouvernement n'aide vraiment pas. En France, on sait les conséquences que peuvent avoir le changement de municipalité sur les projets de construction. Alors imaginez changer de gouvernement presque tous les ans. Tout ça pour dire que j'ai raté l'occasion de soutenir la reconstruction. Désolé Katmandu.

    Durbar Square 2
    Un temple à Durbar Square
    "Temple aux pigeons" autour duquel traînait une bohémienne faisant le show dans le but de gratter des clopes, ou quoi que ce soit que les gens acceptent de lui céder. Elle chantait, dansait, faisant d'elle la première attraction touristique, devant des temples presque millénaires.

    Durbar Square 3
    Cet autel est magnifique
    Photos interdites. Oups !

    Durbar Square 4
    Lui, par contre, nous encourageait vivement à le prendre en photo

    Swayambunath Temple
    Swayambunath Temple
    J'ai fini par le Swayambunath, ou Monkey Temple, et son stupa de Bodnath, à la tombée de la nuit. Un népalais m'a fait le coup de la visite guidée masquée et imposée. "Je travaille pas t'inquiètes". Il n'a pas voulu me lâcher avant que je lui lâche 100 roupies. Je suis faible. Chaque fois, je me dis que c'est la dernière...

    Swayambunath Temple
    Très jolis temples, autels et stupas

    Swayambunath
    Les singes n'avaient pas l'air d'apprécier les photos, et le faisaient savoir

    Ainsi s'achève ma très courte visite de la capitale. Certains coins étaient beaucoup plus intéressants que d'autres. J'ai tout de même hâte de partir m'isoler dans les petits villages de montagne.

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