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  • 17/03 - Le Temple du Ciel sous la neige

    PEKIN, HUNAN, CHINE
    17/03


    Hallelujah, il neige ! Soit quelqu'un a mal prié dans le "Temple de Prière pour les Bonnes Récoltes" du Temple du Ciel, soit Chioné la déesse du froid a entendu mes prières. C'est un miracle ! Quelle bonheur d'enfiler sa parka, marcher face au vent frais, enlever la neige accumulée sur mon bonnet. Elle n'accrochait pas bien, mais son important débit suffisait au moins à garantir une ambiance hivernale comme je l'aime.


    Heaven temple
    Allée du Temple du Ciel

    L'atmosphère du Temple du Ciel était glaciale. C'était magnifique. La neige n'a pas vraiment dissuadé les visiteurs, tous munis de leurs parapluies.


    temple of heaven coridor   temple of heaven coridor
    Sous un corridor

    Le site est un parc carré dans lequel s'organisent des temples, des pagodes, des pavillons et des aires de jeu. Le temple du Ciel ne coûte que 10 yuans, mais on préfère prendre le ticket à 30 yuans, qui donne accès à l'ensemble du site. Il est quatre fois plus large que la Cité Interdite.


    Temple of Heavan great harvest
    Temple des Prières pour les Bonnes Récoltes

    Sa location a été déterminée par le maître Fengshui a "l'endroit où le ciel rejoint la terre". Il est entouré de 360 colonnes représentant les 360 jours de l’année, le toit est soutenu par 28 colonnes et les 4 piliers centraux qui symbolisent les 4 saisons, et les tuiles bleues émaillées symbolisent le ciel. Sublime.

    Temple of Heavan great harvest  Temple of Heavan great harvest  Temple of Heavan great harvest
    En passant d’un bâtiment carré à un édifice de forme ronde, l’Empereur "illustrait son ascension de la Terre vers le Ciel".

    Salle de l'abstinence   Salle de l'abstinence
    Salle de l'Abstinence

    La batterie de mon appareil photo m'a lâchée après ce temple. Au départ, j'avas cru à une noyade à cause de la neige. Sans ses joints d'étanchéité (qui m'ont en partie convaincu pour l'achat) ni sa sacoche waterproof, je n'aurais jamais envisagé de l'emmener.

    Demeure du seigneur du ciel
    Demeure du Seigneur du Ciel
    Le Mur de l'Echo au nord peut transporter un chuchotement jusqu'au temple.

    Autel du Ciel   Autel du Ciel
    Grande allée conduisant à l'Autel du Ciel
    l’Empereur l'utilisait pour les sacrifices rituels destinés à obtenir les bonnes faveurs du Ciel. Cet autel circulaire avait un usage astronomique. Il était aussi l'endroit pour la cérémonie annuelle du solstice d'hiver. 3 niveaux représentant la Terre, le monde des mortels et le ciel.

    La douche au retour à l'auberge était divine. J'ai réservé un tour de la Grande Muraille pour le lendemain. En me basant sur les meilleurs marchés de Pékin, je suis sorti pour un périple d'achat d'oeuvres d'art.


    Rongbaozhai
    Rongbaozhai

    Il ne neigeait plus. La rue des arts Liulichang n'est pas du tout un marché, mais un ensemble de boutiques d'art de toutes sortes. La boutique Rongbaozhai abrite de nombreuses galeries d'art au sous-sol, plus ou moins bon marché. Chaque artiste a son coin et expose ses oeuvres. Les prix que me donnaient les artistes étaient si exorbitants qu'ils me faisait faisaient faire demi-tour sans même essayer de négocier. Astucieux, ils m'invitaient alors à écrire mon prix, et j'étais surpris de voir qu'ils ne refusaient pas de le diviser par plus de dix. Lorsque l'on fixe un prix et que le vendeur accepte, le marché est conclu. Deux fois donc, les négociations se sont terminées par un prix supérieur à ce que j'aurais été amené à payer, si je n'avais pas eu l'impression de faire une affaire.


    Liulichang Street   Liulichang Street
    Antiquaire de la rue Liulichang

    Plus loin dans la rue, un petit magasin avec des vieilleries rétro dans tous les recoins proposait des reproductions d'affiches de propagande communiste sur du papier d'époque. Pas chères et mises en valeur autour de vieilles BD comme Tintin et le Lotus Bleu traduites en chinois.


    Chaoyangmen Alley
    Chaoyangmen Alley

    Celui qui m'avait dit que la nourriture à Pékin ne vaut pas les restaurants chinois français n'avait clairement pas mangé aux bonnes adresses (#clin d'oeil). Rue Qianmen, j'ai trouvé un restaurant très imagé et pas si cher. Chaque soir, jusqu'à un certain budget, j'essayais un nouveau plat. Pendant un poulet à la sauce aigre douce et riz cantonnais - quelle nouveauté ! - je me suis fait interviewer par deux étudiants. Ils m'ont filmé en me posant des questions sur mes connaissances gastronomiques locales. Je pense m'en être bien sorti, sous le regard amusé et curieux des passants.


    Qianmen Street
    Qianmen Street

  • 15/03 - 16/03 - La Cité Interdite porte bien son nom

    PEKIN, HUNAN, CHINE
    15/03

    Plus besoin de présenter Pékin : 21 millions d'habitants, la principale métropole de l'Empire du Milieu, son coeur politique, économique et culturel. Dans l'avion, je me disais que cette semaine ne pourrait jamais être perdue quoi qu'il advienne. Mon séjour en plein centre de Pékin sera très touristique, tranquille et apréciable.


    Air China Beijing Kunming
    Kunming - Pékin, Air China

    Peu avant mon arrivée, la capitale était en proie à un coup de théâtre politique sans précédant : sans limite de mandats dans le temps, le président Xi Jinping peut désormais rester chef d'état à vie. Dans le même temps, les négociations reprennent entre la Corée du Nord et le reste du monde, ce qui accroît l'inquiétude de Pékin concernant ses relations commerciales, tandis que la rafle des Ouïgours, une minorité musulmane, se poursuit dans les confins de l'ouest jusque dans les camps et les prisons. Un air bien plus respirable qu'il y a quelques années grâce aux engagements tenus de la COP 21, mais un hiver qui s'annonce plus froid que jamais. Et c'est gelé de la tête aux pieds que j'ai posé les pieds à Pékin. Je me suis perdu une bonne demi-heure dans l'immense aéroport international excentré au nord est, avant de prendre un bus pour le centre ville où était mon auberge. Suite à quoi ma nuit blanche m'a fait dormir de tout mon saoul. 


    16/03 : la Cité Interdite porte bien son nom


    Happy Dragon Saga Youth Hostel Beijing
    "Rue de l'auberge"

    Six jours à Happy Dragon Saga Youth Hostel, entre la Cité Interdite et la gare principale, à dix minutes d'une station de métro. Je n'ai pas vu le dragon joyeux, mais le staff de femmes rattrapait amplement cette légère déception. En bonnes oratrices, elles répondaient droit au but et sans formalité à mes questions avant même que je les pose. L'ambiance était particulièrement détendue grâce à elles et ses visiteurs éphémères. En six jours, j'étais déjà un client de longue date. Et comme un petit vieux, j'ai rapidement pris mes habitudes. Je finissais mes soirées dans le bar de l'hôtel jusqu'à pas d'heures, accompagné de nationalités variées et chaque jour différentes, et de barmans locaux qui se la mettent autant que leurs clients. Résultat : je me réveillais autour de 11h pour un porridge aux fruits ou du pain perdu (French toast yeaaah) avant de tourister dans la capitale. En fin de journée, je traînait ensuite sur Qianmen Street, dans le même restaurant puis le même café. Puis retour à l'auberge et au bar.


    Happy Dragon Saga Youth Hostel Beijing
    Happy Dragon Saga

    La veille, alors qu'un anglais, enseignant à Pékin, expliquait que des réunions importantes ont lieu au parlement en ce moment même, d'où le renforcement de la sécurité, dans les rues mais aussi sur internet, une brésilienne débarquait en découvrant les restrictions et n'était pas sur d'avoir son visa américain pour son vol à Miami le lendemain (elle semble l'avoir eu).
    Je confirme la présence massive des forces de l'ordre : militaires, policiers, agents de sécurité, en poste partout dans la rue, le métro et les lieux publics. Cité Interdite au programme, au plus près du pouvoir. 


    Beijing metro
    Metro de Pékin

    La Cité n'est qu'à trois stations de métro de mon auberge. C'est mon quatrième métro en Chine, et définitivement le plus sûr, le plus propre, le plus beau et le mieux organisé. Il est si propre que je glisse sur un carrelage brillant nettoyé en permanence par les agents d'entretien. Les vitres de sécurité aux bords du quai sont brillantes. Il est si bien organisé que je m'y repère bien mieux que dans le métro parisien. Les correspondances et les directions sont toujours évidentes (Ca me change des treks). Les tickets des bornes donnent le droit à toutes les stations qui coûtent le même prix. Ce sont des cartes en plastique que les machines avalent et récupèrent à la sortie. Il est si sûr que les agents ne savent plus quoi faire. Chaque bouche de métro a ses deux militaires sur un piédestal, qui passent stoïquement leurs journées dans la même position. Ceux du contrôle à l'entrée s'ennuient et passent le temps comme ils peuvent. Ils font semblant de contrôler en levant les bras de temps à autre. Ceux de la station de mon auberge était amusés à tous les coups. Contrôleurs de la galère, ils ne se sont jamais faits à moi. Difficile de faire plus pragmatique que le métro pékinois


    Forbbiden City entrance   350
    Entrée de la Cité interdite

    L'entrée autour du site est gratuite, mais les contrôles s'étendent sur des centaines de mètre, au point qu'on préférerait payer pour rentrer. Il faut dire qu'arriver en fin de matinée n'est peut-être pas la meilleure idée. J'ai été un peu déçu par le "manque de grandeur". Après les contrôles, je m'attendais à une place immense et sobre depuis laquelle des portes de la Cité Interdite et le portrait de Mao me frapperaient de leur intensité, sous un ciel pollué mais typique de la capitale.


    Forbidden City entrance   Forbidden City entrance
    Depuis la Place Tian'anmen quelques jours plus tard

    Elle n'est pas si grande que cela, et le temps était clair. En revanche, la sécurité renforcée : agents, barrières et fourgons, est un spectacle en soi. Certes, ils gênent beaucoup la vue, mais il faut se dire que c'est dans l'ordre des choses. De tous temps, la Cité Interdite et la Place Tiananmen ont sans doute été l'endroit le plus protégé du pays. Etant au milieu de la Place et de la Cité, je choisis cette dernière et me garde la place pour un autre jour.

    Porte du Midi Cité Interdite   Porte du Midi Cité Interdite
    Agent devant la Porte du Midi

    Il y a des agents tous les deux mètres le long de la Porte du Midi Ils sont là - je me suis fait reprendre - pour empêcher les gens de s'arrêter prendre des photos.

    Forbidden City   Forbidden City
    Porte de l'Harmonie Suprême

    Le passeport fait office de ticket, mais il faut tout de même payer 40 yuans pour accéder au Musée du Palais, l'ensemble des temples et musées de la Cité Interdite, par le Porte de l'Harmonie Suprême. Les contrôleurs rentrent le numéro de passeport pour vérifier que la taxe a bien été payée.

    Forbidden City   Forbidden City
    Pavillon de l'Harmonie Suprême 
    Le site est TRES grand. Il faut bien une journée entière pour tout voir. 14 millions de visiteurs annuels en font l'attraction touristique a plus populaire de Chine.

    Forbidden City   Forbidden City
    La Cité Interdite fut la demeure de 24 empereurs chinois. Kubilai Khan, empereur mongol plaça sa cité impériale à l'emplacement actuel de la Cité interdite avant même sa construction au XVe siècle.

    Forbidden City
    Les pavillons ont tous des noms poétiques : harmonie, tranquillité, fertilité... À l'époque impériale, des eunuques et des concubines habitaient la Cité. On dit que c'était un lieu où il valait mieux ne pas se promener seul la nuit.

    Forbidden City   Forbidden City
    Avec sa superficie de 1 km de long par 750 m de large, elle est deux fois plus grande que le Vatican. Elle est entourée d'une douve et de murs de 7 à 10 m de haut. 

    Forbidden City   Forbidden City
    9999 pièces remplies de constructions en bois qui en font la plus grande collection au monde

    Voilà, je peux rayer la Cité Interdite de la liste... s'il y en a une... J'ai pris le métro à Tienanmen à l'heure de pointe... Je vous laisse imaginer le monde.


    Qianmen Street Qianmen Street

    Encore trois stations plus loin, Qianmen Street : les Champs Elysées de Pékin. Derrière la Tour d'Archer circule un vieux tram carré fashion qui fait tinter ses cloches. Des grands magasins de mode et des restaurants de luxe bordent la rue principale. On y trouve un musée de cire Madame Tussaud avec très peu de personnalités outre chinoises. 


    Qianmen Street
    Tour d'Archer depuis Qianmen Street

    Malgré le côté réchauffé des commerces, les couleurs et l'ambiance sont très divertissantes la nuit. Un café, au début de la rue, est devenu mon point de chute. Il était un peu cher, mais si confortable avec ses poufs. J'y ait découvert le café tiramisu.


    Langfang Alley   Langfang Alley
    Langfang Alley

    Les rues piétonnes perpendiculaires sont plus authentiques et animées. Les nombreux restaurants proposent tous du "roasted duck", une sorte de poulet braisé, LA spécialité de la capitale. Le prix, également très spécial, m'a dissuadé d'essayer cette attraction, que tous disent être une des deux choses à faire avec la Grande Muraille. La street food habituelle - qu'à moitié dans la rue cela dit - fait fondre le porte monnaie plus vite que la neige au soleil. Une galerie marchande recouverte de souvenirs, avec notamment des sculpteurs de figurines personalisables à l'effigie de leurs clients était particulièrement intéressante.

  • 12/03 - 14/03 - Kunming - Analyse culturelle en vrac, coup de mou ou coup de gueule ?

    KUNMIG, YUNNAN, CHINE
    12/03

    Yuantan Kunming
    Entrée du Temple Yuantan

    Je dis au revoir et un enième merci à la gérante de Lily Pad Guesthouse pour la chambre offerte avant de commencer le périple habituel de la recherche du bus. Retour à Kunming : la "cité du printemps éternel". Comme c'est le printemps ici, je n'ai pas pu vérifier la véracité de cette appelation. En revanche, comme le disait le routard, c'était bel et bien ma porte d'entrée et de sortie du Yunnan.

    Kunming
    Printemps à Kunming

    Dans le bus, je suis devenu prof d'anglais par correspondance. J'avais beau expliquer à la jeune chinoise qui était asise à côté de moi que mon anglais n'était pas parfait, elle me disait trop modeste, ce qui me rendait moins modeste. A défaut, une fois de plus, de réussir à créer un WeChat (malgré son aide et sa Wi-Fi), on a gardé contact sur Skype. Arrivée à 19h, après 6h de bus, j'ai retrouvé le soleil et la chaleur que j'avais quitté une semaine plus tôt. En journée, on approche les 30°. Je n'étais pas vraiment préparé pour tous ces changements de température.

    Kunming pedestrian street
    Rue Zhengyi et commémoration de la guerre sino-japponaise

    Dans le quartier de Wuha, Cloud Land International Youth Hostel est une chaîne d'auberges de jeunesse appartenant à Hostelling International, un label certifiant la "décence" de l'établissement. J'ai retrouvé l'ambiance "bagpacker" que j'avais quitté depuis un moment, avec toutes ses qualités et ses défauts : des rencontres intéressantes et éphémères, mais des nuits pas toujours faciles. Les auberges en Chine (et partout ailleurs) ne sont pas pour les couche-tôt. Il y a toujours au moins un ronfleur, et certains n'hésitent pas à allumer la lumière en pleine nuit, alors que chaque lit a une lampe. Quand il y a des rideaux (ce qui est rare), ce n'est pas vraiment un problème.

    Kunming cherry
    "Changer les âmes, changer les coeurs"

    Ici, un chinois était particulièrement énervé. Il a passé les deux nuits sur son téléphone, la lumière allumée, à péter et tousser jusqu'à 4h du matin. Il empêchait les autres de ronfler en tapant sur le mur, puis finissait par ronfler à son tour. Comme si ça ne suffisait pas, il parlait au téléphone à voix haute dès 10h du matin. J'en ai vu des cas mais celui-là, c'était un aigrefin de première catégorie. A cause de ce galapiat, j'ai fait deux nuits très courtes. Inutile d'essayer de se coucher tôt, vous l'aurez compris. Je m'emporte, mais il y a toujours au moins un ronfleur de toute façon.

    Kunming cherry
    "Changer le monde, changer les choses"

    Le respect est une notion très relative. D'une manière générale, j'ai l'impression que les habitants étaient de plus en plus décomplexés, surtout niveau hygiène. J'échangerais volontiers mon lit contre une chambre, si elles n'étaient pas si chères. Quelques rencontres intéressantes. Rien de très local. Le gérant est un allemand qui avisait avec joie. Un bar/restaurant classe et hyper confortable est intégré à l'auberge. J'y ai passé beaucoup de temps.

     

    13/03


    Kunming yunnan university   Kunming yunnan university
    L'Université du Yunnan

    Un endroit calme, avec des jardins et des bâtiments qui ressemblent plus à des musées qu'à des amphithéatres. 

    Yuantan Kunming   Yuantan Kunming
    Le Temple de Yuantong

    En plein centre de Kunming, pour seulement 6 yuans. Pas très grand par rapport aux ensembles de temples que j'ai fais auparavant. Des estropies et deformés mendiaient devant ses portes. Petit mais rafraîchissant

    Zhengyi road kunming   Memorial jap chinois kunming
    Zhengyi Road et Memorial Sino-Japonnais

    Très fade avec ses grands magasins internationaux, excepté son arche autour de cerisiers.

    Kunming cui hu   Kunming cui hu
    Lac Cui Hu, ou Green Lake Park

    J'ai acheté ce que je pensais être un sandwich. C'était en fait du pain sec pour les canards. Maisons de thé, ballades en bateaux, et canards entre les cerisiers en fleur sont au thème du parc. Je suis resté un peu devant un concert de musique classique en plein air.

    Kunming cherry
    "Je m'souviens on avait des projets pour la Terre, pour les Hommes comme la Nature, faire tomber les barrières, les murs"

    Retour en métro, pendant lequel un phénomène a été la goutte d'eau qui a fait débordé le vase, ou plutôt l'ampère qui a fait survolter la batterie. Après les auberges, il faut que je passe un autre coup de gueule, un "coup de grelot" comme on dit. Je n'en peux plus des chinois immergés dans leurs téléphones. Partout, de la rue au métro en passant par les magasins, même sur leurs scooters, le nombre de gens qui marchent en regardant leur écran et qu'il faut éviter, est inimaginable. Je mange chinois dans les restaurants, puis je me mange des chinois dans la rue. J'envisage d'acheter un sifflet, voire une corne pour alerter les plus distraits. Sérieusement, j'avais été un peu choqué en Thailande, mais là on est à un tout autre niveau. En France, on est carrément à des années lumières. Du coup, j'ai un peu peur pour la Corée du Sud

     

    14/03 

    Dragon Gate Kunming
    Dragon Gate trail

    Aujourd'hui, je m'attaque à la Porte du Dragon, à 20km à l'ouest de la ville, de l'autre côté du Lac Dian. Depuis West Hills Station commence une route ou un chemin au choix, d'environ 6km jusqu'au sommet de la colline.

    Dragon Gate Kunming   Dragon Gate Kunming
    J'ai tout fait à pieds, en un temps record

    A pieds ou en bus jusqu'au péage, puis à pieds ou en télésiège jusqu'à la Porte du Dragon (Longmen), et encore à pieds ou en télésiège jusqu'au lac.

    Dragon Gate Kunming   Dragon Gate Kunming
    Des gravures racontent que le Lac Dian vient des pleurs d'une veuve, dont l'âme est devenue les sommets des collines

    Un escalier abrupt débouche sur un chemin de pierre à flanc de falaise, puis passe dans grotte pour enfin arriver à la Porte du Dragon. 

    Dragon Gate Kunming   Dragon Gate Kunming
    Un dicton dit : "Si vous n'avez pas visité les collines de l'Ouest, vous n'avez pas visité Kunming et si vous n'êtes pas allé à la porte du Dragon vous n'avez pas vu les collines de l'Ouest."

    Dragon Gate Kunming   Dragon Gate Kunming
    Kunming et le Lac Dian

    En fin de journée, il n'y avait pas trop de monde et la vue sur le lac était assez propre. Kunming a, de loin, tout d'une grande ville mondiale.

    A partir de là, une réflexion s'imposait : je ne paye qu'une misère en transports et en logements, alors comment je fais pour dépenser autant ? La réponse tient en ces deux mots : bouffe et attractions. L'argent ici fond plus vite que la neige au soleil. A chaque fois que je tombe sur une boulangerie par exemple, je ne peux pas m'empêcher d'acheter quelque chose. Les chinois sont des champions en la matière (pas autant que nous certes). Leurs pâtisseries sont excellentes. Des grandes chaînes de boulangerie proposent une vraie qualité et un choix large. La plupart de leurs clients payent par QR code.

    Kunming cherry
    Des cerisiers pour les gouverner tous

    Dernière réflexion, dans la catégorie fumeurs tout-terrains, les chinois sont des bêtes de compétition. Malgré l'interdiction de fumer dans les lieux publics, j'en vois toujours au moins un dans les bars, restaurants, centre commerciaux, et même sur les quais du métro (les agents de sécurité ne disent rien !). Pour certains, la clope est un kit mains libres : elle reste collée à leur bouche comme un prolongement de leur corps. Ceux-là ne doivent même plus remarquer qu'ils fument (et enfument). Par contre, ils doivent réaliser après la dernière taffe que ah bah tiens elle est passée où la nicotine ? Les femmes quant à elles fument beaucoup moins. Dans un subway à Kunming, une serveuse bataillait contre un vieil homme borné qui refusait de comprendre l'interdiction. Autrement, dans la plupart des restaurants, la cigarette bien qu'officiellement inerdite est plus qu'admise. L'autoriser est aussi importante que d'avoir des baguettes pour manger. Comme disait Yang, le gouvernement fait beaucoup de lois qu'il n'essaye même pas de faire respecter. 

    Dragon Gate Kunming
    Temple des Collines de l'Est

    Je ne suis pas vraiment sorti des sentiers battus pendant cette dizaine de jours dans le Yunnan. J'ai bien aimé Lijiang, adoré Dali, un peu moins Chengdu et encore moins Kunming. La veille de mon vol, j'ai réalisé que je ne voulais pas spécialement aller à Pékin. A la place, j'aurais préféré retourner à la campagne, ou trouver un autre Workaway. Le vol depuis Kunming m'avait coûté pas moins de 200€ et était réservé depuis des mois. Je pense que lorsqu'on s'habitue à ne rien comprendre, et qu'être un étranger se normalise, cela veut dire qu'on a fait son temps. Essayons de repartir sur de bonnes bases. Beijing est colossale, je sais que six nuits passeront vite dans tous les cas... ce qui n'est pas le cas de la nuit qui s'annonce. L'avion décolle à 7h30. Je vais encore passer une nuit à l'aéroport.

  • 10/03 - 12/03 - A Dali, tout me réussit ! - Ballade en scooter le long du lac Erhai

    DALI, YUNNAN, CHINE
    10/03 - 12/03

    Dali fields
    Au nord de Dali en fin de journée

    Hmmmm, Dali ! J'ai su que j'allais aimer cette ville avant même d'y poser le pied. Chef lieu de la préfecture autonome Bai, le gigantesque Lac Erhai (250 km2) à l'est et les Monts Cangshan à l'ouest en font une contrée sublime. Dans la ville, de vieux remparts médiévaux et quatre arches aux quatre points cardinaux, grandioses surtout la nuit, délimitent un périmètre autour duquel des maisons basses et élégantes regorgent de mystère. Les décors rappellent des films tels Tigre et Dragon, sauf que contrairement à Li Mu Bai, lasse des combats, je ne me lasse pas d'affronter ce genre de ville.


    Dali Old Town   Dali Old Town
    Dali Old Town

    C'est quoi les Bai ? Tout simplement l'ethnie majoritaire de Dali, littéralement "ethnie blanche"... en raison de la couleur de ses vêtements (j'adore cette mentalité simple et sincère). Ils sont réputés pour être de fervents chanteurs et danseurs et d'excellents sculpteurs. La municipalité, pour conserver l'authenticité de son quartier mythique, interdit à ses habitants de construire au dessus de deux étages. Dali est encore plus mystérieuse que Lijiang, et plus reposante.


    Dali Old Town
    Arrivée à Dali

    Tout au long de mon voyage, quel que soit le pays, je me dis que les bus longue distance en font vraiment le moins possible. Ils nous lâchent toujours loin des quartiers les plus prisés, souvent aux portes de la ville, parfois à des kilomètres, si ce n'est dans une ville intermédiaire. Comme s'ils évitaient volontairement le centre-ville. Eh oui c'est bien sûr... Les bus partent au départ de stations généralement situées dans le centre, ce qui veut dire qu'après avoir lâché leurs passagers, ils finissent par y retourner. La raison, je pense, est que tout les transporteurs en profitent. D'une part, les bus évitent la perte de temps liée à l'encombrement du centre. De l'autre, on soutient les taxis, qui possèdent les horaires d'arrivée du bus. Pour moi, cela voulait dire trois kilomètres à pieds de l'est à l'ouest de la vieille ville. 


    Dali Old Town
    A 5min de l'auberge

    J'étais donc parti sur une auberge. A l'enregistrement, la réceptionniste m'a expliqué qu'en raison de ma taille - je devais bien mesurer "deux mètres" - je ne pouvais pas dormir dans un des petits lits du dortoir, car elle s'en voudrait que je ne sois pas à mon aise. En plus, un vieux japonnais qui est là depuis longtemps aime bien être au calme. Donc "si ça ne me dérange pas" - pour le même prix bien entendu - je peux occuper une chambre pour ces deux nuits... C'est une proposition intéressante, je vais y réfléchir... Euphémisme extrême de ma réaction qui fut aussi immédiate que ma décision. Qui aurait dit non ? C'était juste formidable ! La période post nouvel an est définitivement une bénédiction. Ou peut-être ai-je un bon karma avec les hôtels et les auberges.


    Lily Pad inn Dali
    Lily Pad Inn

    Deux nuits dans une chambre double avec salle de bains m'ont coûté seulement six euros. Je m'efforçais de la garder propre, et de n'utiliser que les couvertures et oreillers d'un seul lit, pour ne pas culpabiliser. L'auberge se trouve dans une rue à une centaine de mètre de la porte ouest, à côté d'autres auberges, cafés et petits restaurants. Sa cour, avec sa fontaine, ses fauteuils et sa table de ping-pong est l'endroit rêvé pour un séjour paisible. Tout cela, je le répète, pour seulement six euros les deux nuits. 
    Ma chance (ou mon bon sens), ne s'est pas arrêtée en si bon chemin. J'ai fini par faire fonctionner mon VPN pour de bon, retrouvant ainsi la magie du contact instantanné. Pour info, les serveurs canadiens et américains sont beaucoup plus performants que ceux de Hong-Kong. A ce moment avec Khalid, nous devions (et devons toujours), trouver un hôte au Japon. Une ouverture s'était présentée quand le gérant d'un centre de vacances, pas loin de Fukuoka, nous avait mis sur sa file d'attente (SPOILER : ça n'a rien donné, après avoir épuisé Workaway, on va passer par WWOOFING)(SPOILER 2 : la période d'essai de mon VPN s'est terminée quatre jours avant mon départ en Mongolie).


    Dali Old Town
    Festival d'odeurs et de couleurs

    Je suis ensuite sorti dans les larges rues piétonnes de la "Old Town". La nuit tombée, il y a foule, mais c'est viable. A seulement cent kilomètres de Lijiang, les spécialités ne sont pas si différentes. L'artisanat domine la ville. On trouve beaucoup de boutiques de tambours et autres instruments à percussion manuelle, qu'on entend régulièrement. Le Djembé, venant d'Afrique, est l'instrument symbolique du Yunnan. Beaucoup de magasins sont spécialisés dans le marbre. L'ambiance est plus détendue, moins pressée, plus appréciable. J'étais particulièrement content de retrouver les flower cake. 


    Dali Erhai Autour du lac en scooter

    En ce 11 mars 2018, je m'attaque aux routes chinoises. J'ai décidé de louer un scooter électrique, pour une expédition le long du Lac Erhai. Cela me paraissait être le meilleur plan pour visiter le coin en une après-midi, mais surtout pour être totalement libre. Les sensations sont limitées, même si l'accélération est assez importante pour le type de véhicule. On passe de 0 à 43 km/h (vitesse maximale) en trois secondes. L'anti-vol est parfois un peu trop efficace. Comme les klaxons, on les entend régulièrement (sans raison), ce qui me laisse croire que la différence sonore avec les essences est parfois mince.


    Dali fields
    Des champs à perte de vue, à peine quitté la vieille ville

    Avec leur tendance à se faufiler partout, la pratique du scooter électrique est plus dangereuse pour les piétons que pour ses conducteurs. Le véhicule est assez maniable, le frein particulièrement bien travaillé et il y a beaucoup de voies spéciales pour les deux roues.


    Dali fields   Dali fields
    Du jaune et des paysans

    Le code de la chinois a la particularité d'intégrer des amendements comme par exemple "faire preuve de politesse et laisser le passage à ceux qui enfreignent les règles". Il y a tellement de voitures en Chine (malgré la difficulté de s'en procurer une dans les grandes villes), que je comprends cette volonté d'éviter les aglutinements et les bouchons. Concrètement, ça force, ça dépasse de tous les côtés, mais les vitesses ne sont pas si élevées, car les radars réguliers. C'était franchement tranquille après la jungle indienne. En plus ici, on roule à droite.


    Dali villages
    Village Bai au nord de Dali

    La location d'un scooter m'a coûtée moins cher que celle d'un vélo, sans aucune garantie : 7€, un nom et un numéro de téléphone, c'est tout ce qui est demandé. Il n'y a besoin d'aucune autorisation particulière pour les conduire. Juste avant de prendre la route, je suis tombé sur un marseillais que j'avais rencontré à Chongqing. Son train pour Fenghuang était complet, donc il a prit la direction opposée (ou peut-être me suivait-il). Je vais finir par croire au karma. Quoi qu'il en soit, ce fut bref, car il était déjà midi.


    Three Pagodas Dali
    Les Trois Pagodes (Chongsheng)

    Avant le lac, le site des trois Pagodes (10km au nord). J'étais "littéralement" mort de rire en voyant les traductions françaises, d'un niveau Ducobuesque. Tout est littéralement traduit, il manque des mots et il y a des espaces partout. J'obtiendrais de meilleurs résultats avec un simple copier coller sur Google Traduction. Franchement, là on ne peut même pas parler d'effort de traduction. Respectez-nous ! C'est ainsi que le "centre des affaires de billet" m'a extorqué 120 yuans, en faisant l'attraction touristique la plus chère de mon histoire (plus chère que ce qu'aurait dû me coûter le Taj Mahal). Traduit correctement ça donne 15€.

     

    Three Pagodas Dali   Three Pagodas Dali

    Les pagodes sont organisées en triangle symétrique. La principale au centre mesure soixante mètres de haut

    Three Pagodas Dali   Three Pagodas Dali
    Les temples, impeccablement conservées, ont presque tous résisté aux guerres et intempéries

    Three Pagodas Dali   Three Pagodas Dali
    Ce qui en font les plus anciens édifices du Yunnan

    Three Pagodas Dali   Three Pagodas Dali
    Le site est immense

    Three Pagodas Dali   Three Pagodas Dali
    Ca ne s'arrêtait plus

    Three Pagodas Dali   Three Pagodas Dali

    Ils sont organisés en ligne le long de l'allée principale, qui monte au final assez haut. Je restais tout de même plus surpris par les traductions déroutantes qui accompagnaient chaque temple. Je les ai notés. Ca donne : "Salle du fondateur de la secte" pour Founder Hall, "Salle de haut bonze" pour Eminent Monk Hall, "Tube de tournée de la psalmodie des prières" pour Prayer Wheel, "Pilon de diamant" pour Vajra, "Bassin pour relâcher des animaux vivants" pour Free Captive Pond (comment peut-on être libre et captif ?), "Etang de se rassembler des images" pour Shadow Agglomeration Pond, "Grande porte de la zone touristique", "Station de la voiture de tourisme", ou encore mon favori : "Salle du Maître du médicament" pour Medicine Buddha Hall, selon les rudiments du couteau de salle à manger... J'ai éclaté de rire en voyant ce dernier !


    Dali Erhai
    Terre

    Direction le lac, qui me faisait penser à un mélange d'Udaipur et de Pokhara, en plus grand et scénique. Il s'étend à perte de vue du nord et au sud sur 40km. Les couples fraîchement mariés y viennent accompagnés de leurs photographes pour la pose. On en croise des nuées autour du vieux quartier. Leur spot préféré est une jetée sur laquelle ils se placent sur des rochers avec les Monts Cangshan en arrière plan.


    Dali Erhai
    Sérénité acalmique de cette petite mer

    Tout autour du lac se découpent des bandes de terre. Elles se déclinent en berges. Certaines ont une allure de marécages, d'autres avec leurs hautes herbes vertes sont plus chaleureuses. Toutes ont leur charme et une certaine quiétude.


    Dali food
    Mieum

    Dans un restaurant, je me suis fait inviter par l'amie d'un couple qui venait de se marier. Son anglais était très bon. Elle avait commandé mon plat, pour finalement m'inviter à rejoindre leur table. Des assiettes de boeuf et de porc marinés aux poivrons, oignons, champignons, du riz et une casserole de poisson avec son bouillon de légumes tournaient sur la plaque au centre de la table, pendant que mes bienfaiteurs étaient admiratifs quant aux rudiments de mon voyage. Personnellement, j'étais admiratif de cette chinoise qui s'exprimait parfaitement bien, traduisait les réactions de ses amis et essayait de m'intégrer tout au long du repas. Avant que j'ai eu le temps de proposer qu'on sépare l'addition en trois, ils l'avaient déjà réglée dans mon dos : "Chichié !" Je m'en doutais à vrai dire. Quelle chance de tomber sur la seule chinoise de la région capable de parler anglais (je ne suis sûrement pas loin).
    Un peu plus tard dans la journée, on m'a offert un deuxième café et une pomme, dans un café où j'étais le seul client. C'était un peu culpabilisant cette fois-ci.


    Dali villages
    C'est ça les Bai !

    La route du lac passe la moitié du temps à travers les grands villages de la banlieue de Dali.. Une odeur du poisson accompagnait des habitants du troisième âge prenant leur temps. Un temps agréable. 


    Dali Erhai
    Tant de "photo spots" que je m'arrêtais toutes les cinq minutes

    Dali Erhai
    Il pleuviotait tout les quart d'heure, mais ça ne durait jamais plus de quelques minutes

    Dali Erhai
    A l'extrême nord... je n'ai fait qu'à peine un quart du lac

    Quitté l'agglomération, il n'y avait pas beaucoup de monde, et la vue était différente à chaque fois. J'ai subi les photos de quelques motards électriques. 


    Dali fields
    Jouons à "qu'est-ce qu'ils cultivent ?"

    Le retour, après Xizhou, un petit village à l'ancienne très touristique, était différent. De l'autre côté du lac, on prend une claque sur l'autre joue. S'étendent sans interruption des champs jaunes, que leurs fermiers chapeaux triangle cultivent tranquillement sous un temps agréable, quoi qu'un peu frais. Les collines se dressent superbement derrière leurs maisons noires et blanches au second plan.


    Dali fields   Dali fields
    Retour pépère entre les champs et le lac

    En fin de journée, l'ensemble était magnifiquement mit en valeur par les derniers rayons du soleil. Malgré une circulation relativement importante et ma vitesse de croisière, j'ai préféré le retour sur cette route. On ne dirait vraiment pas qu'on est dans une des villes les plus touristiques de Chine.


    Dali fields
    Good Bai Dali

    Avec du recul, j'aurais mieux fait de doubler mon séjour ici. Ces deux jours sont passés si vite...  En plus, peut-être aurais-je pu rester encore plus longtemps dans cette chambre ? Pas la peine de se torturer, il ne me reste que trois jours dans le Yunnan. Et maintenant, retour à Kunming, où m'attend mon vol pour Pékin le 15 mars.

  • 08/03 - 09/03 - "Gorgeous Gorges" - Les Gorges du Saut du Tigre (et plus loin encore)

    Tiger Leaping Gorges
    Gorges du Saut du Tigre

    A 60km au nord de Lijiang, les Gorges du Saut du Tigre sont considérées comme les plus belles et les plus anciennes de Chine. Certains disent que ce sont les gorges les plus profondes du monde. Quel bonheur d'y être à l'intérieur (et quelle introduction de poète). Le majestueux Yangtsé, plus long fleuve asiatique, prend sa source au Tibet et franchit les gorges jusqu'au nord de Shanghai dans la mer de Chine Orientale. A des centaines de mètre au dessus, on pouvait quand même entendre le vacarme de son débit fracassant. Entre montagnes, glissements de terrains réguliers, chemins à flanc de falaise, mal voire pas du tout indiqués, villages naxis, troupeaux de chèvres, etc, cette randonnée est parfois difficile mais toujours magnifique.

     

    TIGER LEAPING GORGES, YUNNAN, CHINE
    08/03 - 09/03

     

    Avare de temps et d'argent comme à mon habitude, je prévoyais de finir le parcours en une journée. Généralement, il se fait en deux jours, de Qiaotou à la Tina's Guesthouse, d'où partent les seuls bus pour Lijiang ou Shangri La à 15h30. A moins de courir pour choper le bus à temps : deux jours obligent, car il faut compter entre six et neuf heures pour rejoindre Tina's. L'entrée coûte 60 yuans, et donne accès à tout le site, qui ne se limite pas qu'aux gorges. 21km de longueur pour 800m de hauteur, pour la première partie... pour moi...

     

    Tiger Leaping Gorges Qiaotou   Tiger Leaping Gorges Qiaotou

    Tiger Leaping Gorges Qiaotou  250  Tiger Leaping Gorges Qiaotou
    Qiaotou : début du trek

    Après 2h de trajet, le bus nous a lâché vers 9h30 à la Jane's Guesthouse : un américain, deux couples d'allemands et moi. Nous étions les seuls passagers de ce bus, le seul et l'unique en partance de Lijiang, et presque les seuls sur tout le site ! La randonnée ne commence réellement qu'après un kilomètre sur une route goudronnée, mais les paysages sont déjà au rendez-vous. Le chemin monte alors de manière assez violente. Dépasser était difficile. Deux chevaux qui bloquaient le passage m'ont obligé à effectuer un dépassement délicat. Un troupeau de coréens avançait étonnement bien, mais pas assez pour que je garde la distance avec les gens du bus. Au départ, le soleil me brutalisait sous mes trois couches de vêtements. 

     

    Tiger Leaping Gorges First Part  Tiger Leaping Gorges First Part  Tiger Leaping Gorges First Part
    Avant la Naxi Guesthouse

    Eric, un New-Yorkais, est devenu (après deux tentatives ratées de sa part) mon pote de trek. Un peu malgré moi au départ pour ne pas vous mentir. Je l'ai rapidement devancé, avant qu'il ne me rattrape pendant une pause. Quand on est reparti, je lui remit dix bonnes minutes, pendant une longue descente à travers une forêt d'arbres géants, dont les paysages et l'odeur rappelaient à des californiens leur chère région. Des pancartes poétisaient la prévention incendie : "La forêt, comme l'amour, brûle en chacun de nous". Fumer est interdit sur l'ensemble du site, vous êtes prévenus... 

     

    Tiger Leaping Gorges Naxi Guesthouse  Tiger Leaping Gorges Naxi Guesthouse  Tiger Leaping Gorges Naxi Guesthouse
    Après une ou deux heures de marche (plutôt une que deux)

    Le panorama devient intéressant à partir d'un promontoire avant la Naxi Guesthouse. Bien qu'il faisait faim, il était trop tôt pour s'y arrêter déjeuner. Je redoutais que le prochain restaurant soit un peu loin. Il l'était, pour le grand bonheur de notre estomac au déjeuner. Une autre longue partie forestière alternant montée et descente. Les "28 bends", la partie la plus montante du trail, est assez rude, mais offre un premier aperçu des gorges. Progressivement, on se sent rétrécir entre des montagnes de plus en plus imposantes.

     

    Tiger Leaping Gorges Tea Horse Guesthouse  Tiger Leaping Gorges Tea Horse Guesthouse
    Tea Horse Guesthouse

    Déjeuner au Tea Horse Guesthouse vers 14h. Pour moi, fried rice et nouilles au bœuf. Pour Eric, une assiette minimaliste de tofu avec quelques légumes verts. Dix minutes après ce lourd déjeuner, je m’aperçois que je suis arrivé malgré moi sur la route principale. J'ai fait demi-tour pour retrouver le "upper trail", bien mieux pour la vue et les sensations. Je retrouvais Eric qui s'était également fourvoyé, et l'emmenait avec moi, lui épargnant deux heures de marche sur la route.

     

    Tiger Leaping Gorges 28 bends  Tiger Leaping Gorges 28 bends  Tiger Leaping Gorges 28 bends

    Tiger Leaping Gorges 28 bends  Tiger Leaping Gorges 28 bends  Tiger Leaping Gorges 28 bends
    Sapins, hautes herbes, bambous, montagnes et chemins de falaise

    Il était bien content que je puisse "cheat" grâce à mon GPS. Personnellement, j'étais le premier surpris de l'avoir attendu. Bonne nouvelle : lui aussi comptait aller le plus loin possible, donc s'activait pour que nous puissions au moins atteindre le "Walnut Garden" avant qu'il fasse tout noir. En plus, étant sur la fin de son année d'étude à Pékin, il parle chinois ! C'était bien pratique. Quelques mots suffisent (pas comme Julley) pour s'ouvrir des portes inattendues (à condition de comprendre en retour). Les gens à qui il parlait étaient tellement ravis de cet effort qu'il avait souvent dû mal à arrêter la conservation.

     

    Tiger Leaping Gorges
    Passage délicat

    Funny fact : les quatre américains que j'ai rencontré pendant le périple des gorges parlaient tous chinois, cassant un peu mon préjugé selon lequel les anglophones sont des flemmards linguistiques (peut-être que les anglais sont les seuls). En tout cas, c'est à cause de ces américains qui s'investissent courageusement dans cette langue antagonique à la notre, que les chinois nous parlent chinois. Autre funny fact : trois d'entre eux m'ont répété que Trump allait rencontrer Kim Jong. L'un était (relativement) inquiet de ce qui pourrait aboutir d'une rencontre entre ces "deux enfants".

     

    Tiger Leaping Gorges  Tiger Leaping Gorges

    Tiger Leaping Gorges  Tiger Leaping Gorges  Tiger Leaping Gorges
    Temps : idéal, sensations : garanties

    La deuxième partie du trail est la plus sensationnelle. Le dénivelé est d'environ 1000m. En plus des vues à couper le souffle sur les écrasantes montagnes et l'énorme rivière serpentante, on ne monte plus. Toute la hauteur nécessaire a été prise auparavant. Cela rend le trek d'autant plus appréciable.

     

    Tiger Leaping Gorges Thibaut
    Coucou

    Je me rappelle qu'à ce spot, Eric m'a fait le coup des "Gorgeous Gorges" (je précise que je l'avais déjà trouvé tout seul). Lui le gardait en réserve pour cette occasion. J'aurais dû le lâcher une troisième fois rien que pour ça.

     

    Tiger Leaping Gorges Halfway  Tiger Leaping Gorges Halfway  Tiger Leaping Gorges Halfway
    HalfWay

    Half Yeah ! Ce village, comme son nom l'indique, est à mi-chemin du parcours. C'est ici que la plupart des villégiateurs s'arrêtent pour la nuit. Les randonneurs, en revanche, continuent au moins jusqu'à Tina's. Je comprend pourquoi, le style et ses paysages sont magnifiques.

     

    Tiger Leaping Gorges best part  Tiger Leaping Gorges best part

    Tiger Leaping Gorges best part  Tiger Leaping Gorges best part
    Chèvre, Gorge, Naxi

    Le chemin devient plus rocailleux, longe parfois la falaise ou passe entre d'immenses rochers. Des troupeaux de chèvre jouaient aux alpinistes. Certaines se nichaient dans de minuscules marches sur des pentes presque verticales. On pouvait profiter d'une brise agréable. Le soleil descendait de plus en plus, jusqu'à passer derrière les montagnes. Il se couche vers 20h à cette période de l'année. On ne cesse de descendre jusqu'à enfin arriver à Tina's.

     

    Tiger Leaping Gorges Thibaut
    Recoucou

    Tiger Leaping Gorges Tina's Guesthouse  Tiger Leaping Gorges Tina's Guesthouse
    Tina's Guesthouse

    J'en ai profité pour réserver le bus du lendemain. Un petit Yunnan Coffee pour se motiver, et c'est reparti. Plus qu'une heure de marche. On s'était mit d'accord pour prendre la route, plus directe que le chemin. Ce n'était pas un mauvais choix, car elle nous rapprochait du fleuve, offrant une perspective différente des gorges. Tranquillement, on arrive vers 19h00 à la Sean Guesthouse, à 2300m. Au total : environ 8h sans compter les pauses. Not bad.

     

    Tiger Leaping Gorges Sean Guesthouse  Tiger Leaping Gorges Sean Guesthouse
    Sean Guesthouse, notre refuge pour la nuit

    Rencontre de Sean, l'un des pionniers des Gorges. Activiste environnemental, c'est l'homme à l'origine d'un chemin jusqu'à un pic que je ferais le lendemain. Il m'a donné une carte, qui, à ma grande surprise, m'a fait découvrir ce chemin d'une durée de trois heures montant à 3000m. Plus loin, un camp de base, celui de la montagne Haba, atteignable en un jour supplémentaire. D'autres chemins passant à travers forêts et villages, et plus encore descendant au fleuve. Je voulais tout faire, mais ayant déjà réservé mon bus, le choix s'imposait de lui-même. Leurs nems étaient scandaleusement bons. J'ai pioncé comme un marmot, dans une petite chambre qui nous a coûté 3€ chacun.

     

    Tiger Leaping Gorges to Haba  Tiger Leaping Gorges to Haba  Tiger Leaping Gorges to Haba
    Départ du "Sean trek" (sans Sean)

    Départ tout seul à 8h après un bol de muesli au yaourth et aux fruits. Le départ est un large espace d'herbe sèche et de rochers où il faut choisir son chemin. J'ai vu des cochons sauvages et des chèvres. Le chemin était éprouvant dans tous les sens du terme.

     

    Tiger Leaping Gorges to Haba  Tiger Leaping Gorges to Haba  Tiger Leaping Gorges to Haba
    Il est physique :
    On prend 500m de hauteur sur six kilomètres. Le chemin, qui alterne sentiers de forêt, forêts de rochers, déserts de cailloux et montées de sable, est souvent très étroit et passe entre les arbres et à travers des branches.

     

    Tiger Leaping Gorges to Haba  Tiger Leaping Gorges to Haba  Tiger Leaping Gorges to Haba
    Il est psychologique :
    La plupart du temps, on est pas sûr d'être sur la bonne voie. Les marquages sont très rares et les déviations pas du tout évidentes.

     

    Tiger Leaping Gorges to Haba  Tiger Leaping Gorges to Haba  Tiger Leaping Gorges to Haba
    Il est dangereux :
    On est constamment à flanc de montagne. La plus grosse partie est en forêt, mais les sentiers sont vraiment minuscules, et même entre les arbres, le dénivelé de la montagne est effrayant.

     

    Tiger Leaping Gorges Best View Point
    Ce qui en fait un trek totalement WORTH IT !

    La difficulté est à la hauteur de la vue. Dès que l'on contourne la montagne du Walnut Garden, on dépasse les gorges. Un tout autre panorama s'offre alors sur un barrage et le village de Daju, dans un immense espace entouré de montagnes.

     

    Tiger Leaping Gorges Best View Point  Tiger Leaping Gorges Best View Point
    Troisième point de vue (selon Maps.Me)

    Je m'étais fixé 11 heures comme limite pour avoir le temps de redescendre, prendre un déjeuner et aller jusqu'au fleuve derrière Tina's. A l'image de Rob Hall en 1996, je n'ai pas eu le temps de tout faire (mais ça ne m'a pas coûté la vie), même si j'ignore réellement jusqu'où j'ai été.

     

    Tiger Leaping Gorges Best View Point
    Time to redescendre

    J'ai atteint cette aire dans un rythme objectivement rapide, à 11h précises, mais je ne pense pas avoir atteint le pic. J'avais refusé les services d'un guide local, car 200 yuans (25€) pour seulement trois heures, c'était un peu exorbitant. Le chemin était, comme ils le disaient, "poorly marked". Donc gros big-up à la technologie par satellite, surtout avec mon don pour prendre les chemins les moins évidents. 

     

    Tiger Leaping Gorges Best View Point  Tiger Leaping Gorges Best View Point
    Le retour était super satisfaisant

    Je courrais à moitié en écoutant du Red Hot. Les étendues de sable qui m'avaient tant frustré à l'aller, je pouvais maintenant les skier. Si je n'ai croisé personne pendant tout l'aller, j'ai trouvé un autre américain sur le retour un peu avant le Walnut Garden. Celui là travaille à Shanghai et parle encore mieux chinois. Le déjeuner s'est éternisé, car la serveuse n'avait pas compris que j'avais commandé mon plat.

     

    Tiger Leaping Gorges Tina's Guesthouse  Tiger Leaping Gorges Tina's Guesthouse  Tiger Leaping Gorges Tina's Guesthouse
    Route entre Tina's et Daju

    Je suis juste un peu déçu de ne pas avoir eu le temps de descendre jusqu'au fleuve pour admirer de plus près son incroyable débit. Mais comme l'a dit un homme sage un jour : "Jamais deux périples dans la même journée".

    Retour à Lijiang pour une dernière nuit dans mon auberge préférée. Demain, direction Dali, à une centaine de kilomètres à l'est. Les deux jours de train depuis Chongqing étaient normalement prévus pour Shangri-La, cette petite ville à la frontière du Tibet. Etant au nord, dans la direction opposée à celle de Kunming, j'envisageais mal de perdre deux autres jours rien que pour retourner sur Lijiang. Deux ou trois jours passent si vite en Chine...

     

    Tiger Leaping Gorges Thibaut
    A demain !

  • 06/03 - 08-03 - Lijiang et le folklore de sa vieille ville, prenante et prisée

    Dragon Black Pool Lijiang
    Black Dragon Pool à Lijiang

    Yunnan. Le Far West chinois, frontalier du Vietnam et du Laos au sud, du Mynamar à l'ouest, sous les montagnes du Tibet au nord, je l'attendais avec impatience. Entre montagnes, fleuves, gorges, rizières et architecture traditionnelle, m'y voila enfin ! Dans cette immense région aux cultures et paysages infinies, tempérée toute l'année en raison de son altitude. Littéralement : au "Sud des Nuages", la province est globalement paysanne et assez pauvre, ce qui ne l'empêche pas d'être TRES touristique grâce à ses atouts cités plus tôt. Y voyager hors saison m'a sans doute permit de profiter davantage de ses villes et de ses merveilles naturelles, à commencer par Lijiang, tout à l'ouest du plateau du Yunnan : sa vieille ville et les Gorges du Saut du Tigre.


    LIJIANG, YUNNAN, CHINE
    06/03 - 08-03


    Elephant Hill Lijiang
    Lijiang depuis Elephant Hill

    A la gare de Lijiang, je ne savais plus où ni quand la journée avait commencée. Le coup de froid à la sortie du train m'a fait réaliser que la ville, à 2400m, est assez haute en altitude. Il était six heures et le premier bus passait dans une heure et demie, à quinze kilomètres de vieux quartier où était mon auberge. Comme d'habitude, je ne savais pas exactement où allait me déposer le bus. Lorsque j'arrive à plus de trois kilomètres de mon hôtel, je prend généralement un bus local allant dans la bonne direction, puis lorsque mon gps m'indique que je suis assez proche de mon hôtel (ou si je vois qu'il s'éloigne), je descends et fais le reste à pieds. Ensuite, ce que j'économise en transport, je le dépense largement en bouffe.

    Lijiang market
    Marché dans le sud de la vieille ville

    Mon auberge étant au nord, j'ai eu un aperçu de ce quartier si populaire et complètement vide de monde au lever du soleil. Sur des ruelles pavées, j'ai traversé un marché de viande où les commerçants découpaient des porcs entiers. Tandis que les réceptionnistes dormaient encore, certains cafés et restaurants ouvraient tout juste leurs grilles et commençaient à faire cuire des petites galettes (frangipane) et toutes sortes de pâtes sucrées pour le petit déjeuner, attirant de leur odeur les rares touristes matinaux. Je n'étais plus qu'à quelques minutes de mon auberge, mais une galette s'imposait.

    Lijiang Old Town
    Lijiang "à l'aube" pour ses habitants

    En hiver et au printemps, les commerces ouvrent vers 9-10h. Les habitants, qui se couchent tôt, semblent se caler sur le rythme du soleil. Je les soupçonne de faire des nuits très complètes. Lijiang est le foyer des naxis, un groupe ethnique issu du Dongba, une culture et une religion millénaire entre le bouddhisme et le taoïsme. Cette minorité ethnique est très particulière, notamment pour ses traditions anciennes, matriarcales et libertines. La ville est surnommée la "Venise orientale" pour ses 354 ponts qui traversent la vieille ville, d'ailleurs classée toute entière au patrimoine mondial de l'UNESCO.

    Lijiang Old Town
    Rue populaire de la vieille ville

    Oui, les visiteurs, très majoritairement chinois, ont envahi le quartier. J'étais prévenu, donc je profitais tant bien que mal de cette ouverture inespérée, malgré mon état de fatigue. En 1996, l'année précédant le classement à l'UNESCO, un tremblement de terre a détruit une partie de la ville. Tout a été rapidement restauré. Aujourd'hui, l'architecture traditionnelle est présente ici plus que jamais, unique et entourée de montagnes comme le Mont Enneigé du Dragon de Jade, atteignable en téléphérique à 5000m, bouteilles d'oxygène disponibles.

    Garden Inn Lijiang
    Garden Inn

    Je suis resté trois nuits dans cette petite auberge située dans une rue calme pas loin de la porte nord de la vieille ville. Il s'agit, sans conteste, de la meilleure auberge dans laquelle il m'ait été donné de dormir (égalité avec Adventure Hostel de Bangkok). Des rideaux sur les côtés d'un grand lit molletonné, sous lequel un casier assez grand pour faire rentrer mon sac, des toilettes et salle de bain propres avec eau chaude instantanée, une cour belle et relaxante et des réceptionnistes qui m'ont traité comme un roi. Il faut dire que j'étais le seul à occuper le dortoir pendant ces trois jours. Mieux qu'une chambre, j'avais un dortoir. Royal je vous dis.

    Lijiang Old Town
    Depuis l'auberge

    La première chose que j'ai faite en arrivant, qui aurait dû être faite depuis longtemps (dormir mais ça pouvait attendre encore un peu) : laver mon pantalon. Ca faisait un moment qu'il puait, mais depuis Caijiagou... Il sentait carrément le purin. Tant pis s'il délave, me disais-je, parce que là c'est une question de vie ou de mort de honte. Il était 10h et je pensais que j'allais dormir toute la journée.

    Lijiang Old Town
    Place des roues la nuit

    Mais non ! C'est donc en short que je sors dans la vieille ville une fois la nuit tombée. Un peu assommé, mais requinqué et particulièrement content de poser mes affaires pour plus d'une nuit. Il caillait assez, mais sans les montagnes bloquant le grand froid du nord, ça pourrait être pire. J'ai profité des merveilles de la vieille ville brillante de milles feux rouges et dorés, avec des commerces ouverts et des visiteurs réveillés. Entre les canaux, les nombreux commerces et stands de souvenir vendent plus ou moins la même chose, dans un style local : pierres, portes clefs, cartes, bijoux, sacs, portefeuilles... Authentique ou pas, l'effet est là. Les boutiques de vêtements traditionnels ont néanmoins l'air plus authentiques. L'ambiance est également au rendez-vous grâce aux bars et cafés avec leurs chanteurs.

    Lijiang Old Town
    Dongda Street

    Concernant la bouffe, entre fromage de de Yak, gâteaux de durian (pas après ma remise à propre) et les habituels street food de brochettes, bouchées vapeurs, nouilles, etc... le choix s'offrait. Les fast-food américains, qui se sont implantées dans des bâtisses traditionnelles naxies, se fondent parfaitement dans le décor. L'une des spécialités très demandée (et encore plus offerte) est le "flower pastry cake" (gâteau aux fleurs) et toutes ses déclinaisons possibles. C'est juste délicieux. On trouve énormément de boutiques qui ne vendent que de ça, en gros dans des packs, ou en frais à l'unité dans les vitrines : du moins chère et plus courant à la rose jusqu'au potiron, le plus cher et au design le plus travaillé. L'odeur si attirante est largement à la hauteur du goût. J'ai croisé la réceptionniste de mon auberge qui m'a conseillé sur les meilleurs choix possibles.

    Lijiang Old Town
    Vielle ville côté nord

    Ma première (et dernière) folie fut l'achat de 17€ de mangousteen... comme si elles s'étaient jetaient d'elles-même dans le sac plastique. Pour seulement deux ou trois kilos, la balance m'a balancé un 140 yuans agressif. Tout est allé si vite, j'ai à peine hésité, et je ne vous parle même pas de la vitesse à laquelle je les ai saignées.

    Dragon Black Pool Lijiang  Dragon Black Pool Lijiang  Dragon Black Pool Lijiang
    Dragon Black Pool

    Je m'étais organisé un tour des principaux "tourist spot", à des distances à pied raisonnables. Lijiang a - comme beaucoup de grandes villes asiatiques - une colline depuis laquelle on peut profiter d'un panorama de la ville. A l'ouest de la vieille ville, le Parc de l'Etang du Dragon Noir regroupe un lac, des jardins, des temples et le clou du spectacle : la fameuse colline et le chemin Elephant Hill avec sa vue sur la ville. Petit choc à l'entrée : 8O yuans le ticket. 

    Dragon Black Pool Lijiang
    Cette photo, c'est le Yunnan

    Nouveau choc quand en arrivant au départ du chemin de la colline : il faut être au moins quatre pour pouvoir passer. J'ai attendu en vain qu'un groupe se présente. A l'arrivée d'un couple chinois qui est passé sans embrouilles, j'ai compris que la restriction est limitée aux étrangers. Comme si l'entrée du site, gratuite pour eux, ne suffisait pas, ils peuvent également monter quel que soit leur nombre... C'était trop. Désespéré, je lançais un "pleeeeeaaaaase" à la gardienne, mais rien à faire. Elle n'a qu'un seul job, c'était évident qu'elle n'allait pas me laisser passer. Ce n'est pas ça qui va m'arrêter. J'ai mis dix euros principalement pour la colline, donc comment faire pour la voir ?

    Elephant Hill Lijiang  Elephant Hill Lijiang  Elephant Hill Lijiang
    Depuis la forêt, une partie moins ancienne de Lijiang

    Leur système est un véritable appel à la gruge. Il y a - je m'en suis rendu compte tout de suite après - une forêt entre le lac et la colline. Elle n'est ni bloquée, ni surveillée, ni vraiment difficile, si on suit les traces et qu'on a des bonnes chaussures, mais parfois quand même assez glissante ou pentue. Si le GPS m'indiquait la direction, les derniers cinquante mètres pour rejoindre le chemin étaient complètement improvisés. Je me suis organisé une petite esacalade forestière entre passage de troncs et de rochers ou esquivage de ronces.

    Elephant Hill Lijiang  Elephant Hill Lijiang  Elephant Hill Lijiang
    A mi chemin

    Le chemin et ses marches sont beaucoup plus simples. La vue est sympatoche tout le long jusqu'au sommet. Un point sur ma carte, qui indiquait une "tour facile à escalader", était en réalité une tour de télécommunication. Sûrement le coup d'un grimpeur de l'extrême.

    Elephant Hill Lijiang
    Fin d'Elephant Hill

    J'ai continué jusqu'au bout de la colline et sa vue sur les montagnes du nord, notamment l'imposante Yulong. En descendant, je me suis accordé une revanche personnelle en passant un petit coucou à la gardienne. Elle s'en est battue les baguettes.

    Naxis Lijiang
    Naxis

    Lijiang est très chère. Le parcours que je m'étais organisé a été anéanti par l'indécence du prix des sites. Je l'ai quand même fait, mais n'ai vu que les portes qui me faisaient fuir à l'annonce de leurs prix. C'est en fin d'après-midi que Lijiang est la plus animée. Sur une place majeure, des femmes naxis effectuaient ce qui était peut-être une danse traditionnelle. J'ai fait deux cafés puis je suis rentré, avant d'y revenir pour un resto naxi.

    Lijiang Old Town
    Lijiang Old Town

    Dans la categorie bouche a oreille, Workaway est un exemple, je suis bien placé pour en parler. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai fais l'éloge du site. Le jour de mon départ pour Dali, après le retour des Gorges du Saut du Tigre (prochain épisode) c'était le tour d'un californien qui traînait dans l'auberge depuis un moment. Celui-là était plus marquant que les autres car le concept sonnait comme une révélation pour cet homme d'une cinquantaine d'années qui voyageait avec son fils. Il était notamment "jaloux" de mon trip en Mongolie. C'est si simple et pourtant si méconnu. En plus, il n'y a pas d'âge pour être volontaire. Je le répète, j'attends toujours mon sponsoring Workaway !

  • 03/03 - 06-03 - L'épreuve des trains chinois : A travers le Yunnan

    REGION DE CHONGQING, CHINE
    03/03
     


    Après un dernier déjeuner à Caijiagou et des adieux chaleureux, l'ex de la soeur de Yang m'a déposé sur le bord de la route. Pour rejoindre Nanchuan, j'avais le choix entre faire du stop ou arrêter un bus. A ma grande surprise - Yang m'avait prévenu que les gens s'arrêtent facilement, mais je restais sur deux mauvaises expériences, notamment en Thaïlande - la troisième voiture s'est arrêtée et me confirmait qu'elle allait bien à Nanchuan. Finalement, je me dis, c'est vachement pratique l'auto-stop. J'ai rechangé d'avis en même pas une heure, lorsque le chauffeur m'a demandé 20 yuans pour la course. Cette voiture familiale rouge était en réalité un taxi/uber déguisé, qui m'a coûté presque deux fois plus cher que le bus. Il faut vraiment que j'arrête de me faire avoir.
    Puis, serré et secoué dans tous les sens, je devais comparer les caractères chinois de mon téléphone à ceux du bus de Nanchuan afin de descendre à la bonne station.

    Nanchuan bus station
    Station de bus longue distance de Nanchuan


    La grande majorité des tickets sont pour Chongqing. On ne paye pas pour un bus partant à une heure précise, mais pour le premier disponible. Ce système vient du fait qu'il y a beaucoup plus de monde que de sièges disponibles. Dès qu'un bus arrivait, les gens se pressaient, allant jusqu'à se bousculer, voire doubler ceux qui tenaient mal la file. Il m'aura fallu une petite heure pour monter dans un de ces bus, qui arrivent toutes les dix minutes environ. Ils passaient un film de Mr Bean (heureusement pas doublé en chinois). Chongqing est fidèle à sa réputation de ville constamment embouteillée. Le retour a duré deux fois plus de temps que l'aller. J'ai retrouvé mon auberge de la semaine dernière, un récital de ronfleurs en plus.


    CHONGQING à KUNMING, YUNNAN
    04/03


    A 9h, la salle de réception était vide de réceptionnistes. Mon train pour Kunming partait à 11h. Il fallait que je rende les clef et récupère ma caution. J'avais beau sonner, personne ne répondait. Au bout d'un moment, j'ai crié "HELOOOOOO" (aux grands maux les grands hello). La veille, mon aubergiste m'avait briefé sur la manière de me rendre à la gare, mais ni lui ni moi n'étions sûrs qu'il s'agissait de la bonne. Yang avait réservé mes deux billets, pour une quinzaine d'euros en tout. Cependant, la réservation écrite en chinoise indiquait seulement "gare de Chongqing". Sachant qu'on est dans une des plus grandes villes de Chine, avec quatre gares... ils sont mignons. J'ai donc pris un taxi au cas-où. Arrivé à 10h à Chongqing West, vous n'imaginez pas à quel point j'étais soulagé que la guichetière accepte mes numéros de réservation et m'indique la porte de mon train.

    Chongqing West
    Gare de Chongqing Ouest


    Quelle gigantesque gare ! Pour info, c'est la deuxième plus grande de Chine, après Xi'an Nord. Elle est toute neuve, car ouverte il y a seulement plus d'un mois, le 25 janvier 2018. Avec ses nombreux halls, elle accueille environ 15 000 personnes à la fois, et dessert (presque) tout le pays.
    Moi, je n'ai pas cette ambition. Ma destination, Lijiang, n'a pas de correspondance directe, m'obligeant à prendre deux trains différents. Le premier a duré 12 heures pour 850 km dans un "train normal" (pas direct ni à grande vitesse), mais - c'est là que ça devient intéressant - sans siège ! Il ne restait plus de places au départ de Chongqing. Sur les quatre catégories de billets : "soft sleep", "hard sleep", "hard seet" et "standing", les deux dernières sont au même prix, car le train n'est pas rempli du début jusqu'à la fin.

    Selon Yang, pas grave, car je trouverais toujours un siège ou un endroit pour m'asseoir, et en plus, la période post nouvel an est l'une des plus creuses de l'année. Il a eu tort pendant les trois premières heures. Certes, je n'étais pas debout, mais grossièrement entassé entre les toilettes, la poubelle et les robinets, avec les autres malchanceux qui, comme moi, avaient réservé leur billet trop tard. Je me suis immédiatement installé dans le seul coin du compartiment, utilisant mon sac de couchage comme dossier de fortune. Malgré les interdictions, fumer à côté des toilettes est toléré. Certains ne se privent même pas de fumer sur leur siège, à côté de familles avec des enfants. Progressivement, le coin de fortune s'est transformé en un dépôt d'ordures.

    Les places disponibles dépendaient de la popularité des arrêts. Le compartiment s'est assez bien vidé en milieu de trajet, pour se remplir de nouveau à la fin. Occuper une place vacante, c'est comme jouer au loto. On ne sait jamais si on a misé sur un numéro gagnant. Disons que, sur une quinzaine d'arrêts, je suis resté assis durant presque dix d'entre eux. Pas si mal, je pense. Lorsque j'étais sur un siège, j'appréhendais chaque arrêt, et quand je me faisais gentiment expulser, le retour à cette "consigne" pestilentielle était brutal. Je préférais rester debout ou m'asseoir dans l'allée, malgré le passage des gens.
    12h, c'est long. Mes snacks, livres et films m'ont bien assisté dans cette épreuve.


    KUNMING à LIJIANG, YUNNAN
    05/05 - 06/05


    Mon auberge à Kunming était introuvable, car située au 18e étage d'un bloc d'immeubles. J'avais seulement sa position GPS sur Maps.Me, assez incorrecte, et aucune indication. Arriver vers minuit n'aidait pas. Je me suis fait accompagner par deux agents de sécurité. L'un d'eux, complètement beurré, s'est déclaré porteur de mon sac de couchage, pour me demander 10 yuans à l'arrivée. Moi aussi, dans un sens, j'étais beurré. Je ne savais plus où j'étais et marchait comme un robot derrière les agents, qui utilisaient leur badge pour entrer où ils voulaient. C'est à peine si je savais qui j'étais.

    Kunming bloc
    Bloc d'immeubles à Kunming


    L'auberge est un appartement à deux pas de la gare que la propriétaire a aménagé en dortoir. A mon réveil, il était désert. Mon deuxième train pour Lijiang était à 21h, donc j'ai pris mon temps pour partir. Je suis retourné à la gare pour faire garder mon sac de voyage, mais ne savais pas exactement quoi faire ensuite.
    Contrairement à l'Inde, je ne m'étais pas vraiment renseigné sur la Chine, sauf les principaux lieux a voir. Quant au reste, je trouve passionnant de découvrir par moi même les spécificités culturelles et psycho-sociologiques de ses habitants. Je note par exemple, à cet instant (13 janvier, 17h, Kunming (le retour)), que parler anglais ne sert définitivement à rien. Pourtant, c'est juste automatique quand on voyage depuis un moment. Je pourrais aussi bien parler moldave. Vraiment. Je viens de parler français à un serveur après avoir essayé l'anglais. je suis certain qu'il n'a pas remarqué la différence.

    Ce jour là, je n'avais pas envie de faire de "tourist spot", sachant que j'y reviendrais de toute façon, par bus, en m'arrêtant à Dali au passage. Je suis resté dans un café situé dans une grande avenue commerciale. Un français apparemment en étude à l'année expliquait les rudiments de la vie à Kunming à sa mère venue lui rendre visite. Pour moi, ce n'est qu'une très grande ville très ensoleillée pleine de cerisiers en fleurs.
    Retour à la gare. S'y repérer était assez compliqué, car même le nom des villes n'est pas traduit. En réalité, j'appréhendais particulièrement le train. Tout d'abord pour la difficulté et le doute persistant de descendre au mauvais arrêt ou pire, de monter dans le mauvais train. Si c'était sûrement possible en Inde, ici trois contrôles de billets sont effectués. Aussi, voyager seul implique de devoir garder un œil sur ses bagages. Encore une fois, les casiers de rangement sont suffisamment hauts et larges pour dormir sur ses deux oreilles.

    Le train de nuit était moins fatiguant que le premier. Tout le monde avait son siège pour ces 9 heures de route et quelques 500 km de distance jusqu'à Lijiang, à l'ouest du Yunnan.

    Train to Lijiang
    Train Kunming - Lijiang


    Les gens prennent leur aises. Ils déballent leurs provisions et s'allongent de manière insolente sur chaque surface carré de siège disponible. J'étais avec des bons vivants qui ont essayé de me saouler avec de la liqueur. J'avais bien besoin d'un remontant. Si je les écoutait, c'était toute la bouteille. L'eau bouillante à volonté des robinets est très pratique pour les nouilles instantanées. Mes compagnons de voyage semblaient un peu déçus que je ne puisse pas communiquer, ce qui ne les empêchaient pas de continuer à me parler. Entre eux, je ne savais jamais s'ils riaient ou se disputaient, mais ils mettaient l'ambiance. On m'a offert moulte viande séchée et de la précieuse batterie. J'ai donné du confort en offrant mon sac de couchage en échange. Ronfleurs invétérés qu'ils étaient, je savais bien que je ne dormirais pas.

    Bilan : deux bouquins et deux films pour deux trains. C'était une expérience éprouvante, mais qui passait beaucoup mieux que je l'imaginais.

  • 25/02 - 03-03 - Un paradis menacé : la résistance d'un homme - Volontariat dans la campagne chinoise [3]

    CAIJIAGOU, REGION DE CHONGQING, CHINE
    25/02 - 03-03


    Caijiagou
    Caijiagorgeous
    Le village n'a pas cessé de se moderniser. En seulement cinq ans, des promoteurs ont fait construire une route et des grandes maisons blanches. On comprend tout de suite pourquoi. Il faut dire que le coin est superbe et idéalement situé. Dès qu'on s'élève un peu, la vue est imprenable.

    Yang trek
    Début de la randonnée
    Au soleil, le côté supérieur des falaises devient doré - d'où le nom - orange en fin de journée, alors qu'au clair de lune, il prend une teinte bleue. Si le village paraît isolé, il n'est en réalité qu'à cinq minutes d'une grande route, et à une heure d'un Parc national et de la moyenne ville Nanchuan. Les citadins, ça ne fait aucun doute, vont arriver en masse et finir par achever cette merveille, pour le plus grand plaisir de Yang. Il suffit de quelques promoteurs bien intentionnés...

    Caijiagou
    Feux
    Yang n'avait de cesse de condamner cette modernisation qui détruit le paysage. Il protestait également contre les feux sauvages d'ordures (alors que les pompiers passent régulièrement pour faire de la prévention). Depuis la ferme, jamais une heure ne s'écoulait sans que l'on puisse voir un feu. Il m'expliquait que les gens lui rient au visage quand il leur demande d'arrêter de brûler les ordures.

    Caijiagou pavillion
    Pavillon un peu plus haut
    Une fois, il m'avait demandé - c'était peut-être une question rhétorique - comment leur faire comprendre ? Tout fier de mon expérience chez Harsh, je lui ai répondu qu'essayer de convaincre les gens de changer une méthode non seulement simple mais qu'ils ont en plus utilisée durant toute leur vie, est inutile. Il vaut mieux démontrer par les actes. Encore faut-il savoir par où commencer. C'était quand même triste de voir des flacons vides du fameux "round up" de Monsanto éparpillés comme des petits cailloux dans la vallée. Les locaux s'en servent presque quotidiennement pour désherber les chemins.

    Jinshan
    Jinshan
    Dans la voiture familiale nous conduisant au marché, je me souviens d'une moquerie d'un passager sur Yang. Ce dernier digérait assez mal l'odeur de sa cigarette, et lui faisait comprendre. Moi, c'était la seule chose que j'ai comprise.

    Jinshan market
    "Arrêtez de me donner des sacs plastiques"
    La ville dans laquelle on a atterrit me faisait penser à un quartier anglais post industriel. Son marché était plein de charbon et de ferraille. On a fait le plein de fruits et légumes, avant de prendre le déjeuner le plus tôt de mon histoire : 9h30. Même à cette heure-ci, le tofu se mélangeait parfaitement bien aux épices et condiments à volonté du buffet de la petite gargote.

    Porteur
    J'étais naturellement le porteur du panier...
    (Dès qu'il a commencé à être un peu chargé). A la fin, il me rentrait dans le dos, m'obligeant à adopter une posture recourbée ou à garder mes mains en soutien. C'était le signe qu'on était pleins et qu'il fallait rentrer. J'étais très satisfait de mon achat d'un pack de ces excellentes barres Uncle Pop et des tomates, que Yang rejetait car "elles étaient sûrement bourrées de pesticides". Il semblerait qu'il ait un sixième sens pour détecter les produits chimiques. Mes huiles essentielles indiennes - il était désolé de me décevoir - sont bourrées de produits pas naturels. Bref, le marché était très rentable pour moi, sauf pour la serpillière.

    Porteur
    Deux villageois tiraient un tronc d'arbre
    Pendant la semaine, on attendait l'éclaircie pour faire une randonnée autour des falaises. Au départ, Yang s'était invité, un peu à mes dépends, dans mon excursion. J'avais le sentiment qu'il voulait m'accompagner pour m'empêcher d'atteindre le "chemin de la mort" (comme je l'appelle). A trois heures de la ferme, un sentier abrupte longe la falaise, les villageois l'empruntent pour récolter des bambous. Il avait aussitôt regretté de m'en avoir parlé. A ses côtés, je savais bien qu'on n'allait pas marcher trois heures, encore moins récolter des bambous.

    Porteur
    J'étais - à mes dépends une fois de plus - automatiquement porteur des snacks et de son matériel photo (qu'il n'a pas du tout utilisé)

    Caijiagou bamboo
    Forêt de bambous
    Finalement, c'est un excellent guide. Il connaît la vallée comme sa poche. Passionné qu'il est par la nature, il arrive toujours à se rendre intéressant. La forêt est si riche en arbres, fleurs et oiseaux.

    Caijiagou birds
    Sacrement difficiles à photographier
    Pour chaque espèce, j'apprenais qu'il ne s'agissait que de l'une sur 1x10 puissance 10 de plus dans la région. On est passés devant des tombeaux abandonnés, des rivières, des forêts de bambous, de pins et d'autres arbres tropicaux.

    Caijiagou
    Retour à la maison après à peine deux heures
    Yang est un fanatique des violettes. Il est allé deux fois à Toulouse pour assister à une conférence spéciale sur cette fleur. Lorsqu'il a vu sa "deuxième violette de l'année", toute petite et flétrie sur le bord du chemin, il s'est immédiatement couché pour la sentir. Pendant qu'il s'extasiait sur elle, j'essayais de rester normal.  

    Caijiagou
    On y voyait bien la nuit
    Ma dernière soirée, au clair de lune, signait la fin du nouvel an chinois. A l'occasion, les villageois ont mitraillé la vallée de pétards presque sans interruption (leur Toussaint en quelque sorte).
    J'étais assez fier qu'il ait reconnu mon utilité. Je lui ai peut-être fait gagner des années d'espérance de vie en dépoussiérant la baraque, et en le "refaisant marcher". Lui m'a fait goûter pendant ce court séjour à une vie simple (qu'il pouvait avoir tendance à compliquer) : nourriture fraîche et mode de vie sain, dans un environnement calme et magnifique, avant le retour à la décadence.