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28/03 - Responsabilités hivernales : "Tenger" - Mongolian Sheperd [Jour 5]
- Le 14/04/2018
- Dans Lac Khovsgol
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MAMA'S FARM, HATGAL, MONGOLIA
27/03
тэнгэр, цас, аз жаргалLa veille, Mama montrait le ciel de ses mains, cherchant à signfier quelque chose. Spartacus refusait une fois de plus de donner son lait, et Bouteille avait l'air plus abattu que jamais. Nous cherchions le lien entre le ciel et la mort du nouveau né, qu'elle mimait en continuant de bien se marrer. "Tenger", le ciel, étant à la base des croyances du bouddhisme mongol, j'imputais logiquement l'attitude de Spartacus aux aléas du temps, ou peut-être l'inverse. Le matin, tout était plus clair. Mama voulait tout simplement dire qu'il allait neiger. Le paysage a complètement changé, pour une demi-journée...
Harmonie hivernaleOn nous a demandé de conduire les yaks dans une autre direction. Etre berger en Mongolie ne s'improvise pas. Il faut sélectionner des pâturages adaptés en fonction des saisons et des besoins de chaque type de troupeaux. Les yaks savaient heureusement où aller.
Aucune différence pour les bêtesTindu, le jeune de 17 ans (mais qui en fait beaucoup plus), voulait qu'on le rejoigne à deux kilomètres de la ferme en suivant les traces de sa moto. Mais avant, coffee time ! Si le travail était plus important, le confort augmentait lui aussi sensiblement. Notre "Capfé" en poudre est devenu un rituel après la tétée du matin. Mama le préparait toute seule à la fin pour pouvoir également profiter de son bol. Pour elle, le café semblait appeler la sieste. Elle nous gavait sans arrêt de thé et de gâteaux, qui n'arrêtaient pas de devenir meilleurs. J'arrivais à manger son fromage de chèvre dur comme la pierre en le suçotant. Un délicieux pâté en croûte est apparu le dernier jour. Nous avons aussi découvert France 24 sur le câble mongol, pour apprendre l'attentat de Trèbes. Il nous a fallu cinq jours pour comprendre que la vaisselle n'était pas auto nettoyante.
La neige a fondu à une vitesse affolanteNous avons suivi des traces à moitié effacées pour arriver dans un chantier de troncs et de poutres en bois organisées en rond. Tindu et son père nous ont expliqué qu'il s'agira de la ferme du jeune. Il recevra les bébés chèvres de son père, peut-être à sa majorité. Quand il nous parlait de construire une yourte au milieu du domaine, nous n'imaginions pas qu'elle serait construite, montée, finie deux jours plus tard. Ils sont partis à Hatgal chercher les pièces nécessaires à sa construction.
Mongolian carpentersPendant deux heures, nous avons fixé des poutres tout en apprenant sur le tas le schéma de base de l'enclos. Le Vieux donnait des instructions improvisées en utilisant ce qu'on trouvait sous la main. Son fils ne manquait pas une occasion de montrer sa force en soulevant seul des troncs d'arbre. La palissade de l'enclos semblaient un peu bancale, en raison d'un bois abimé ou de fixations nouées avec du fil de fer rouillé.
Un résultat satisfaisant
Le Vieux adorait les photosMongol style. Chaque outil, morceau de bois ou de fer avait déjà été utilisé. La clôture a vite fait de prendre forme. Travailler de nos mains dans ce superbe cadre était véritablement gratifiant.
Les chèvres allaient vraiment partoutPlus de travail signifie également plus de responsabilités. Mama, voyant que l'on avait saisi les principaux rudiments du métier, n'a pas hésité à nous confier la responsabilité entière du troupeau ce soir là. Elle est partie chercher en cheval des mères yaks égarées, ce que nous ne savions pas encore. Nous étions à la merci de la bonne interprétation de ses directives. La nuit tombant, nous avons rentré les chèvres qui attendaient gentiment autour de l'enclos. Des HOK et des lancers de pierre nous ont fait économiser une escapade sur la colline pour les plus perchées.
m
Encore une fois, ramener les chèvres était beaucoup plus facile que nous l'imaginionsAu tour des yaks, ensuite, au fond de la vallée ouest. Nous avons prit la bonne décision, car Mama est arrivée à l'heure où rentrer l'intégralité du troupeau aurait été difficile, peut-être ingérable en pleine nuit.
Braves bêtesElle était ravie. Plus tard, Bayardalai nous a dit au téléphone qu'elle saluait notre utilité et qu'elle était très satisfaite de notre implication. Nous la comprenions de mieux en mieux. Sous son air sévère se cache une femme pleine d'humour à la patience et au courage inébranlable. Nous avons pris un substantif pour fêter ça. Ce fut la soirée la plus reposante (malgré la toux de Mama), car Tindu et le Vieux étaient à Hatgal pour la yourte et Pile électrique dormait chez quelqu'un d'autre. Un lit pour l'un et le droit de s'étendre sur la sol sans risque de coups pour l'autre.
"Tenger"
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27/03 - Tempête à la ferme : "Oooohh oh oh" - Mongolian Sheperd [Jour 4]
- Le 14/04/2018
- Dans Lac Khovsgol
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MAMA'S FARM, HATGAL, MONGOLIA
27/03
Tandis que le soleil finissait de dissiper les nuages, le vent s'est levé d'une force équivalente à une tempête en France. Si seulement nous avions pu le calmer comme le cheval avec un : "Oooohh oh oh"...
Colline sudDans la vallée, les rafales nous faisaient faire des écarts. Nous nous demandions comment les garçons faisaient pour ne pas s'envoler. Ils nous avaient suivi jusqu'à la rivière, pour le grand desarroi de Khalid qui s'est vu faucher son tour à cheval. Mama avait profité de notre expédition sur la colline sud pour nous demander d'abreuver le cheval. Quinze minutes plus tard, elle nous a demandé de ramener ses petits fils.
Vue sur la vallée à l'ouest de la fermeDu haut de la colline, j'avais parfois les joues qui battaient comme en chute libre. J'aurais pu me laisser tomber de la falaise et rester collé à sa paroi tant le vent nous en voulait. Sa vue valait largement l'expédition. Elle nous a prit environ une demi-heure depuis la rivière. Nous avons savouré des cookies et les dernières pommes à l'abri du vent derrière un rocher.
Périple en Mustang 150Au retour à la ferme, alors que Khalid regardait un film, je me suis fait embarquer par Tindu jusqu'à sa ferme, pour ce que je croyais être un petit tour rapide à moto. A trois dessus avec Pile Electrique, il n'a pas hésité à traverser la rivière gelée. J'ai du descendre pour pousser la moto qui était bloquée dans la glace à moitié fondue.
On a prit des photos, rentré leurs yaks, bu un thé puis joué au "poker mongol président"Tindu m'a offert un oiseau sculpté dans du bois après m'avoir restitué mon jeu de cartes. Ils étaient passionnés par mon appareil photo et m'ont fait promettre de leur envoyer les photos, bien qu'ils n'aient ni internet ni smartphone.
Timit rendait fou ses frères qui n'arrêtaient pas de lui dire de descendre du chevalJe n'arrivais pas à leur faire comprendre qu'il fallait que je rentre prévenir mon pote, qui me croyait perdu, voire pire. De son côté, il avait demandé à toute la famille où j'étais, mais c'était à peine s'ils se souvenaient de mon prénom.
Rentrée des yaks le lendemainNous n'étions pas au bout de notre peine. Je suis rentré un peu avant la nuit, à l'heure du retour des troupeaux. Ils avaient fait rentrer les chèvres, mais les yaks étaient un peu plus capricieux que d'habitude, et pas encore en vue. Khalid est parti les chercher en cheval, pendant que je rentrais les petits après la têtée avec Mama. Le troupeau qui était introuvable a fini par rentrer tout seul, alors que j'escaladais la colline en urgence, pour rien, et que Khalid rendait le cheval à une Mama un peu énervée, pour sa plus grande surprise. Elle a finit de les raccompagner de nuit, puis s'est bien marrée devant les excuses de Khalid qui s'était imaginé responsable de la perte d'une quarantaine de yaks.
De justesseMama peut s'énerver tout en rigolant, mais ne garde jamais de rancune. Juste après le "drame", le Vieux avait l'air de dire à Khalid "T'inquiètes elle est folle celle-là !". Si Mama est capable de gérer toute seule la ferme, le travail est souvent partagé par les membres de la famille. Ceux qui restent dormir participent plus activement aux tâches de la vie quotidienne : bétail, ménage et repas.
Autre partie de la famille le premier jourCette nuit était sûrement la plus rude pour moi. Je dormais entre Khalid et Pile électrique. Je me suis fait frapper et envahir petit à petit jusqu'à finir entre deux tapis de sol, avant de rabattre Khalid sur le côté du lit du Vieux.
La lune avait créé un faisceau de lumière chassant tout les nuages présents dans son anneau.
"Oooohh oh oh" les nuages !
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26/03 - Berger en Mongolie : "HOK" - Mongolian Sheperd [Jour 3]
- Le 13/04/2018
- Dans Lac Khovsgol
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MAMA'S FARM, HATGAL, MONGOLIA
26/03
Réveil 8h, Mama avait déjà fini de préparer la marmite de thé au lait de yak. J'ai vu un os de yak à l'intérieur. Nous avons profité d'un petit déjeuner avant la traite. Khalid commençait à s'habituer, voire apprécier le thé et les gâteaux de Mama. Pour moi, c'était au moins trois bols. Et sans culpabiliser, car nous avons remarqué la réserve de gâteaux dans une boîte en carton de vodka.
MamaNous nous sommes aussi rendus compte que les repas dépendaient de la faim de Mama. En ce lundi , il n'y a pas eu l'habituel marmite de pâtes au yak. Les gâteaux devaient nous alimenter toute la journée, mais c'était sans compter sur nos provisions massives de barres, gâteaux, bonbons et chips (et le chocolat de ma Mama). J'étais tellement content d'avoir croisé ces deux françaises un mois plus tôt. Nous partagions parfois nos provisions avec la famille, quand nous ne sortions pas pour les manger. Mama résistait assez bien à la deuxième bouteille de vodka, ouverte et posée sur la table pour qui voulait en boire.
Nuage de chèvre à l'horizon
Poto bergerLa communication était loin d'être évidente, ce qui ne nous empêchait pas de mieux en mieux nous intégrer. Nous leur reconnaissons volontiers un don pour la patience. J'ai renversé mon bol de thé brûlant sur le tapis le premier jour, mangé des offrandes sous le portrait de son mari décédé en milieu de semaine. Mama s'est marée à chaque fois. Peut-être car je ne savais pas, ou, comme l'a dit Khalid, ça ne l'a pas dérangé car son mari était d'une nature généreuse.
Spartacus et son cadavre de fils, tentative de traiteIl n'y a rien qui ne fasse pas rire Mama. A la mort d'un bébé yak chétif qui avait été mis à l'écart des jours durant, elle nous expliquait en rigolant que c'était la raison pour laquelle la mère, Spartacus, refusait de donner son lait (ce qui ne nous avait pas échappé). Elle nous a demandé de sortir le cadavre du petit, que Spartacus a léché pour essayer de le réveiller, pendant que Mama essayait de la traire, sans succès. Son autre fils, Bouteille (il avait une bouteille accrochée au museau pour l'empêcher de traire afin de garder suffisamment de lait pour le bébé chétif) a perdu un frère mais regagné le droit de téter sa mère - et perdu sa bouteille ce jour là - Spartacus refusait dans tous les cas de lui donner son lait. Elle n'écoutait plus rien et nous a inquiétés plus d'une fois avec des mouvements dangereux, d'où le nom de Spartacus. A l'inverse du Thrace, on se disait qu'elle allait sûrement bientôt finir dans nos assiettes.
Photo de famille 2Mama était la plus expressive. Si ses attentes n'étaient jamais très claires, elle signait bien l'essentiel. Le Vieux quant à lui se a jouait muet, en faisant des gestes lents et calmes, et maniait le "OK" comme personne. Les autres se contentaient de répéter le même mot en espérant une illumination de notre part. On ne pouvait pas les blâmer. Ils avaient beau nous apprendre dix fois de suite le même mot en mongol (sans exagérer), on l'oubliait aussitôt. Il faut dire que cette langue altaïque à la croisée du russe, du chinois et du turc, est particulièrement incompréhensible pour des oreilles non avisées. De leur côté, l'apprentissage de l'anglais semblait au moins aussi rude.
On aurait bien aimé retenir son nom
RivièreLes temps libres après la traite étaient réguliers. Nous passions le temps comme nous le pouvions : jeux de carte - même en Mongolie ils connaissent le président -, lecture des Naufragés de l'Ile Tromelin, coupage de bois ou expéditions sur les collines. Nous nous sommes arrêtés à la rivière ce jour là.
Spectacle des plus satisfaisantsEn fin de journée, il fallait conduire les bêtes jusqu'à la ferme, à pieds ou à cheval. Mama nous laissait de plus en plus la responsabilité complète des troupeaux. C'était de loin le travail le plus passionnant. Il reste simple, bien que parfois éprouvant. Les yaks ne nous appréciaient pas, mais nous craignaient encore plus que les chèvres. Les bêtes les plus à l'écart avaient vite fait de rentrer dans le rang. Des "HOK" ou brandir un bâton suffisaient à motiver les plus lents.
A mi-chemin
Au tour des chèvresDepuis leur naissance, les chèvres comme les yaks sont acclimatés à retourner à la maison à la tombée de la nuit. Ces derniers sont d'autant plus craintifs car malmenés depuis leur plus jeune âge, légèrement mutilés ou brutalisés pour être séparés de leur mère. Ainsi, ils avancent sans broncher. Les mères yaks reviennent d'elles-même, entraînant parfois le reste du troupeau. Sinon, il faut aller les chercher. Elles partaient le matin à l'ouest à la recherche de steppes fraîches pour finir au sud le soir, parfois de l'autre côté de la colline. Il nous a fallu un certain temps avant de les différencier des autres troupeaux. Lorsqu'ils étaient mélangés, seuls les notres voulaient bien suivre.
PerchéesLes chèvres et les moutons se posaient moins de questions. L'effet de groupe rendait la tâche facile, sauf quand elles s'éparpillaient en se nichant au sommet d'une colline ou dans la forêt. Les troupeaux avançant jusqu'à la ferme dans le creux de la vallée au coucher du soleil constituaient un tableau unique et fantastique.
Une seule à la foisLes journées se terminaient également par la tétée des bébés yak, et la tâche de les attraper une dernière fois avant le dîner, si dîner il y avait. Sans faute ce soir là.
Je dormais dans le sac de couchage rougeTindu s'est invité pour la nuit, par terre entre Mama et moi. Il fallait attendre qu'elle éteigne la lumière avant de dormir, et qu'elle arrête de parler. Elle n'arrêtait jamais vraiment, car elle gémissait en dormant. L'ambiance avant l'extinction des feux était toutefois chaleureuse, avant de devenir glaciale une fois la dernière bûche éteinte. On s'est sentis plus proches d'eux ce soir là, dans tous les sens du terme.
"HOK"
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25/03 - Le coût de l'autosuffisance - "One bébé" - Mongolian Sheperd [Jour 2]
- Le 13/04/2018
- Dans Lac Khovsgol
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MAMA'S FARM, HATGAL, MONGOLIA
26/03
Une première nuit un peu agitée, pas réparatrice pour tout le monde. Le soleil était toujours là mais le vent s'était levé, faisant chuter la température de manière drastique.
Depuis l'enclos à yaksNous commencions à nous familiariser avec la ferme, le paysage, la famille, les équipements et le bétail.
Ils ont des chèvres et des moutons à ne plus savoir quoi en faire (nous en avons compté environ 150), une quarantaine de yaks, dont neuf bébés, un cheval et un chien. Une partie du travail demande une certaine régularité, comme la traite matinale, première tâche de la journée. On fait rentrer les neuf mères yaks qui traînent autour de l'enclos, on ferme l'enclos puis on libère les bébés qui se jettent sur la première mère à leur portée. Un fouillis pas possible où les petits qui choisissent la mauvaise maman se prennent des coups de pieds et des coups de tête. Ils sont solides cela dit (pour notre plus grande peine).
Têtée et traite des yaksLorsque Mama donne le signal "One bébé", il faut en faire sortir un, l'attraper puis l'attacher pendant qu'elle trait leur mère, assise tranquillement sur un tabouret en tee-shirt. Quand la traite est finie, il faut faire rentrer la marmaille. Les plus prudents sont difficiles à prendre par surprise et demandent une discrétion de voleur pour ne pas effrayer la mère. Nous préférions les porter, quitte à se recevoir des déjections sur les bras ou se prendre des reflux de lait frais maternel, plutôt que de les traîner par leur collier et les étrangler comme le conseillait Mama. Des coups, de la sueur et de la merde.
Rentrée des yaks ados
Attrapage des bébés yaks en soiréePuis vient le tour des "adolescents", des Tanguy dont la taille égale presque celle de leur mère. Avec les ressources de plus en plus diminuées de la steppe, on comprend qu'ils veuillent continuer à téter le plus tard possible. Au signal "One bébé" de Mama, nous faisions comme pour les bébés, mais un seul à la fois. Vu la taille du bestieau, c'était une chance. Malgré leur relative docilité, tous ne se laissaient pas faire. Les pieds ont surtout morflé, et même à deux sur les plus gros (des plus petits), nous aurions pu nous faire traîner. A la fin de la traite, elle rempli un petit sceau de lait suffisant pour les réserves de thé de la journée.
Toilettes mongolesCes bons vivants sont faciles à vivre, mais ne mènent pas la vie facile.
Les toilettes sont un trou dans le sol à une dizaine de mètres à l'extérieur de la ferme, exposées à la vue de tous, malgré de petites palissades en bois arrivant aux genoux. La pudeur n'existe pas vraiment. Nous avons vu plusieurs fois Mama pisser devant nous sans prévenir, à l'intérieur, dans un sceau, comme à l'extérieur.
Photo de familleLes notions d'intimité ou d'espace personnel leur semblait étrangères. Il n'y a rien qu'ils ne savent cacher ou partager. Leur alimentation étant composée à 80% de thé au lait de yak et de gâteaux, ils ne boivent pas d'eau. Ainsi toute la famille s'est mise à boire dans ma gourde. Le soir, Mama me la demandait parfois pour ses "bébés". Si vous aviez vu les joues et la bouche du petit garçon, vous auriez sûrement vous aussi arrêté de boire dedans, jusqu'à ce que vos limites de l'acceptable finissent par être repoussées.
Rentrée des chèvresUn des petits-fils m'a emprunté mon jeu de carte sans prévenir. Un autre a failli me voler mon casque. Mon savon a disparu dès le premier jour et le gel douche de Khalid à la fin du séjour ("Je le séduis, je ramène le shampooing et je sois prudente"). L'accès à l'eau étant (extrêmement) limité, leur toilette - vous imaginiez qu'il y avait une douche ? - l'est d'autant plus. La maison ne sent jamais mauvais grâce au feu et à l'odeur de thé. Il y a un petit robinet au débit infime qu'il faut régulièrement remplir. J'ai vu Mama faire sa toilette une fois avec. Pour l'eau du thé, elle fait fondre de la glace, mais pas assez longtemps pour la rendre potable. Elle utilise des blocs de glace que nous avions coupé à la hache après avoir gratté la saleté autour. Sans nos pastilles purifiantes, il aurait fallu aller à la rivière deux fois par jour. Et encore, avec les fermes et les bêtes autour, la pureté de cette rivière était loin d'être garantie.
Forêt de la colline ouest
CavalierSi nous nous sommes faits aux toilettes "publiques", cette hygiène relative au froid et à l'eau nous gênait bien plus que l'intimité ou la propriété. Au contact des bêtes toute la journée, nous ne pouvions même pas nous laver les mains. "Nous, c'est pour une semaine, eux c'est pour toute la vie", citation avisée de Khalid.
TimitTimit, dit la pile electrique, un autre petit garçon de huit ans, est arrivé avec une partie de la famille. C'était les vacances scolaires pour les enfants encore en âge d'aller à l'école, il sera là les trois prochains jours, pour le meilleur et pour le pire.
Timit et... euh.. ??Ce jour était sans doute le plus long. La quantité de travail n'était pas à la hauteur de nos attentes, et l'impossibilité de communiquer ainsi que le temps froid et maussade n'aidaient pas pour le moral. Faire du zèle en proposant de nettoyer les enclos n'a pas fonctionné, donc nous sommes partis sur une session de coupage de bois, assisté par les garçons.
On a joué à la guerre comme des gaminsTimit est l'incarnation même de la précocité. Il nous assistait dans beaucoup de tâches, lorsqu'il ne les faisait pas lui-même. Il voulait sans arrêt montrer qu'il est capable de tout faire : couper du bois ou des blocs de glace, monter seul sur un cheval, ramener les troupeaux, jouer au poker mongol ou à l'une de mes applications sans explication. Un vrai casse cou pas douillet pour un sou. Il nous a bien amusés, parfois un peu effrayés, mais rapidement saoulés. Les membres de la famille ne le calculait pas la plupart du temps.
Ses moments calmes servaient à recharger ses batteries devant des dessins animés ou l'un de mes appareils électronique à la seconde où je l'allumais.
Easy hillPetite expédition cette après-midi là sur la colline à l'ouest de la ferme. Le vent a emporté la casquette de Khalid jusqu'en bas. En descendant pour la rattraper, mon appareil photo a dévalé une partie de la colline, brisant net le cache soleil. J'étais bien content d'avoir investi dans un reflex anti choc, et le filtre acheté pour le froid m'a finalement été utile pour les chutes. No bobo.
Disis MongoliaPour cette deuxième nuit, "Le Vieux", (un personnage récurrent, le père de Tindu, a sa ferme un peu plus loin), a réquisitionné un lit. Lui et Mama dormaient chacun avec un garçon, pendant que nous essayions de faire abstraction de la toux de fumeur du premier et d'une autre plus violente, qui semblait plus grave et nous faisait de la peine pour elle. On aurait adoré être des dormeurs tout terrain comme les mongols. Encore une fois, les nuits ne vont pas aller en s'améliorant.
"One bébé"
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24/03 - L'hospitalité nomade mongole : "OK" - Mongolian Sheperd [Jour 1]
- Le 12/04/2018
- Dans Lac Khovsgol
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Troupeau de yaksHatgal, Khovskol Lake : une petite vallée entre steppes et fôrets à une dizaine de kilomètres de la "Perle bleu foncé", le lac sacré le plus grand et plus profond du pays, âgé de plusieurs millions d'années. Des petites fermes familiales d'élevage de yaks, de chèvres et de moutons. Des mongols fiers, humbles et souriants, loin du mode de vie et des préoccupations occidentales, dont l'hospitalité égale nulle part ailleurs. Nous avons découvert ce qu'était réellement l'autosuffisance, ses avantages comme ses inconvénients. L'expérience volontaire sans aucun doute la plus authentique qui soit. Pour Khalid, le meilleur moyen de se mettre dans le bain sans attendre. Six jours hors du temps et du monde, au plus proche du contact naturel et humain le plus élémentaire.
Lever de soleil avant MoronAprès 15 heures de route dans un bus de nuit depuis Oulan-Bator, nous sommes arrivés vers huit heures à Moron. Là-bas, rendez-vous avec un chauffeur de taxi qui nous attendait muni d'une pancarte avec nos prénoms. Une petite course de cent kilomètres qui a coûté presque aussi cher que les 8OOkm du premier trajet. Tout était arrangé par notre contact sur Workaway, Bayardalai.
Chez Orn à HatgalDirection la ferme, en pick-up sur un chemin caillouteux à travers une steppe parsemée de collines et de petites forêts de sapins. C'était la fin de l'hiver. La température dépendait en réalité du vent. Il ne faisait pas trop froid au soleil mais les nuits étaient glaciales. Les terres sont semi arides, surtout autour de la ferme où s'étend un océan de crottes de yaks ressemblant de loin à des pierres.
Ferme de MamaOrn et sa femme, bons amis de nos hôtes, nous ont déposés dans la ferme de Oat, dit Mama : une bonne vivante au physique imposant à la cinquantaine d'années. Ma tête touche le plafond de l'unique pièce de sa petite maison en bois. Il y a deux lits simples, quelques meubles, une table et un poële à bois où un feu brûle en permanence. Ajouté à cela les décorations chaleureuses des murs et du sol. Si nous n'étions pas si fatigués, nous aurions déjà pu nous sentir à la maison. La télé fonctionne grâce à une batterie de voiture reliée à un panneau solaire. Une autre batterie est utilisée pour recharger les appareils, bien que la seule possession electronique de Mama soit un téléphone à antenne, qu'elle utilise pour crier de longues conversations.
La famille de MamaPremier contact un peu froid avec Mama qui nous avait pourtant chaudement salué. Pour cause : personne ne parle plus de trois mots d'anglais. Elle nous a accueilli avec un plat de yak et des galettes de farine. Toutes les parties de la bête, du coeur aux intestins étaient à manger à la main et au couteau. Un véritable festin local pour ce que nous imaginions être un repas quotidien. Il y avait aussi du thé mongol, des biscuits et du fromage de chèvre aussi dur que la pierre. Le thé, base de leur alimentation, est fait avec du lait de yak trait le matin même par Mama. Bloqués sur le lit et dans l'incapacité de prendre part à la conversation, le temps semblait déjà long, surtout après l'épuisement du voyage. Ici, on communique avec des signes, donc nous lui avons fait comprendre qu'on sortait faire un tour.
Nous n'avons pas perdu de tempsDans ces grands espaces, il y a le choix du tour. A environ 1,5km au sud, une rivière gelée avant laquelle la vallée se décline dans deux directions opposées : une colline caillouteuse à l'est, une forestière à l'ouest.
Depuis chacune de ces formations rocheuses façonnées par le vent, la vue est à couper le souffle. On pouvait voir Hatgal et une partie du lac depuis celle-ci.
Ce sera (presque) une colline par jour. Pas de vent, un soleil de plomb, des températures beaucoup plus chaudes que prévues. Mais attention, le temps peut changer très brusquement d'un jour à l'autre.
Ferme depuis la colline estA Oulan Bator, Khalid ne réalisait pas encore qu'il était à l'autre bout du monde, tandis que je ne réalisais pas que lui était là avec moi. Au sommet de ce rocher dans le calme infini des grands espaces mongols, nous nous demandions toujours comment nous étions arrivés là.
Nous sommes redescendus couper du bois, une tâche qui demande une certaine précision mais pas forcément beaucoup de vigueur.
Ce sera notre passe-temps principal pendant les temps morts
Mama et KhalidUn peu plus tôt, Mama était enchantée de notre cadeau : une bouteille de vodka qu'ils se sont empressés de terminer avec une partie de la famille arrivée un peu plus tard. Pendant que les vieux étaient occupés à s'éclater la tronche, les petits fils d'une vingtaine d'années : Tindou et ??? nous ont proposé une partie de lutte. Le dernier au nom imprononçable est un petit bloc de muscles avec des appuis solides qui nous a tous couchés plusieurs fois de suite. Au delà du physique, il attendait patiemment l'ouverture au moment de l'attaque pour nous soulever avec une force et une vitesse surprenante. Découverte de la lutte mongole, ou "bökh", qui est l'un des trois sports virils du pays. A la différence des autres, il n'y a pas de division de poids. On a fini en tee-shirt dans un lieu où je pensais avoir besoin de gants de ski.
Yak devant la ferme
Berger mongolLa famille de Bayardalai est très nombreuse. En gros, ceux qui ont "réussi" ou qui n'ont pas résisté à l'appel de la ville, vivent à Oulan-Bator (comme le tiers de la population). Les autres vivent dans des fermes autour de la vallée. Ils ont quelquefois essayé de nous expliquer leur lien de parenté. Bayardalai semble être le frère du défunt mari de Mama, dont le portrait décore le mur.
Il y a 900 000 nomades en Mongolie (l'autre tiers de la population qui n'habite pas à Oulan-Bator) dont la vie est basée sur l'élevage. La majorité sont autosuffisants grâce aux produits obtenus par leurs animaux. Nos fermiers sont des nomades sédentaires, car tels des nomades, ils ont choisi l'endroit en fonction des ressources naturelles : arbres, pâturages, collines... Ils sont sédentaires car ils ne migrent pas à chaque fin de saison. Mama est installée depuis longtemps, mais les fermes des plus jeunes sont beaucoup plus récentes. Sa famille s'invite régulièrement mais participe également au maintien de la ferme.
Khalid Horseman
Retour des chèvresUne journée déjà bien chargée malgré un travail assez tranquille. Tindu nous a fait nettoyer les crottes de l'enclos à chèvres, à l'aide d'une pelle et d'un traîneau de fortune. Puis, accompagnés des deux lutteurs, nous avons aidé à rentrer les bêtes à cheval. Le travail de berger sera différent chaque jour. Il fallait ensuite attraper les petits yaks après la tétée, direction leur enclos.
Mama rentrant les chèvres
Bébé yak tétant sa ronnedaEn rentrant à la ferme, Mama vomissait, aidée par son petit fils : un garçon de huit ans, et gentiment moquée par les autres qui imitaient l'ivresse en nous expliquant : "Mama Vodka". Elle nous a serré les mains avec une poigne dantesque en disant "I'm sooooorrry, don't tell Bayalai" (dites rien au boss). On a décidé d'attendre avavnt de sortir les deux autres bouteilles de vodka. Exceptée la lumière allumée tout la nuit, la Mama vomissant et pissant dans un sceau, crachant ses poumons, le lit trop court et la couette trop lourde, j'ai assez bien dormi. Khalid était plus partagé (euphémisme extrême). Mais on aurait dû tous se réjouir car c'était peut-être la nuit la moins agitée.
"OK" -
21/03 - 23-03 - Transibérien : Arrivée à Oulan-Bator et fin du voyage en solitaire
- Le 12/04/2018
- Dans Oulan-Bator
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Après les géants indiens et chinois de plus d'un milliard d'habitants chacun, me voici - ou plutôt nous voici - en Mongolie, le pays qui a la plus faible densité de population au monde avec 1,94 hab/km2. Sur ce territoire immensément vide, nous partons à la rencontre de ses légendaires steppes, de ses nomades et de leurs troupeaux de yaks et de chèvres.
TransibérienLe Transibérien est parti le jour de l'expiration de mon visa chinois. Pour éviter l'amende, il me fallait atteindre Erlian, la frontière, avant minuit. Le train était quasi vide jusqu'en Mongolie. Je pouvais profiter d'un compartiment pour moi tout seul. Les quelques voyageurs du wagon-restaurant ressemblaient plus à des mongols retournant au pays que des pékinois.
Dernier coucher de soleil chinoisJ'ai dormi d'un sommeil de ferraille jusqu'à l'arrivée à Erlian à 22h. C'était ma première sortie de territoire terrestre. Le passage de la frontière chinoise a duré environ deux heures. Un agent chinois est rentré dans mon compartiment, a prit mon passeport puis est parti avec sans rien dire, me laissant stresser alors que le train avançait de manière saccadée. L'agent du train n'était pas très coopératif et l'attente fut longue. Deux heures plus tard, quelques kilomètres plus loin et quelques mongols en plus : la Mongolie, silencieuce et invisible à 1h du matin. Les douanières mongoles sont moins regardantes. Ce sont des grandes et robustes "strong independant wowan".
Dodo pendant la traversée du Désert de Gobi. Durant la nuit, le wagon restaurant s'estt transformé pour revêtir un style mongol au matin : un arc, une tête d'élan et des sculptures en bois représentant des animaux et le ciel. Je pouvais encore payer en yuans, parfait pour dépenser ce qu'il me restait.
Banlieue D'Oulan-BatorJe n'ai pas vu passer le voyage. Les quelques paysages que j'ai pu voir avant l'arrivée à Oulan-Bator sont des terres arides limitées au renfoncement de la voie de chemin de fer. La ville concentre toute la richesse du pays et les infrastructures en son centre. Les mongols, au delà du côté pratique, bâtissent leurs tours, dépôts et usines dans la seule grande ville pour ne pas dénaturer le reste du pays. Résultat : Oulan-Bator est la seconde ville la plus polluée au monde, ce qui ne ne ressent pas forcément. Un tiers de la population vit désormais ici, depuis un exode rural massif dans les années 30. La périphérie accueille plutôt l'alcoolisme, la misère et le désespoir, dans des yourtes ou des maisonnettes en bois et en tôle entourées de palissades.
Gare d'Oulan-BatorKhalid avait bien commencé son voyage en tombant malade dans l'avion. Des dommages collatéraux ont été évités de justesse par une hôtesse de l'air puis par des malheureux épiciers à UB. Remarquable entrée en scène. On s'était donné rendez-vous dans l'appartement de notre contact sur Workaway : Bayardalai, de la famille des fermiers chez qui nous nous rendons. La petite fille de notre hôte nous avait conduit chez eux depuis le bas d'un bloc d'immeubles. Je m'attendais à trouver une auberge, comme me l'avait indiqué la file aînée de Bayardalai. Je suis tombé sur l'appartement de la petite famille, et sur un Khalid endormi. Je l'ai secoué, on s'est dit bonjour et on s'est mit à jour. Puis nous sommes sortis dans le centre-ville pour faire les courses pour la semaine. Nous ne savions pas encore quand partait le bus car Bayardalai n'était pas encore réveillé.
Chez BayardalaiAbstraction faite des grandes enseignes internationales et des nombreux centres commerciaux, la capitale mongole ressemble à une grande ville soviétique des années 90. On y trouve des grands ensembles d'habitation très sobres datant de l'époque soviétique. Ses avenues sont constamment embouteillées.
Conformément aux instructions de françaises très avisées, nous avons fait le plein de provisions et de vodka. Trois bouteilles différentes à prix très saillants. Petite panique lorsque la caissière nous a demandé 100 000 tugriks, le temps de se rappeler de la valeur de la monnaie, de sortir nos épaisses liasses de billets de 20 0000 et de 10 000 et de compter le tout. Nous n'avions jamais tenu autant de billets qu'au Monopoly. 1€ = 3000 tugriks. Le pouvoir d'achat est considérable, mais c'est toujours la même histoire : on se sent riche donc on se permet, on finit par perdre la valeur de l'argent et la liasse se délie à une vitesse effrayante.
Place Genghis KhanA la Place Genghis Khan, j'ai craqué pour une toile et une peinture de Gengis Khan. Autour, il y a des bars Gengis Khan dans lesquels des mongols pleins comme des huîtres boivent de la Gengis Khan, avant de demander un crédit à la banque Gengis Khan. En bref, le mec est une légende archi respectée par ses habitants qui le considèrent comme le fondateur de leur nation. Marco Polo, le célèbre explorateur italien qui a servi à la cour de Kubilai Khan, a sa statue sculptée à l'image des habitants.
Je suis arrivé une demi-journée après Khalid, pourtant nous avons rencontré Bayardalai, notre hôte, en même temps. Il s'est réveillé quand nous sommes rentrés à l'appartement une fois la nuit tombée. Cet ancien prof de judo au physique large mais solide va nous diriger vers sa famille a côté de Khatgal, à environ 800km. Il restait dans la capitale le temps des vacances de ses enfants mais il passera à la ferme quand nous partirons. D'emblée, il nous a annoncé la couleur (qui était déjà très explicite par message) : la vie mongole est difficile. En gros, personne ne parle anglais, les ressources sont limitées et on travaille dur. Petit briefing sur la "famille d'accueil" et la manière de se rendre à la ferme. Nous restions un peu perplexes quand au prix exorbitant du taxi arrangé jusqu'à la dernière ville étape. Nous partons pour le bus de nuit du lendemain à 18h.
Centre-villeCela nous laissait une bonne journée pour visiter Oulan Bator, selon les plans. La réalité sera plutôt de profiter une dernière fois du confort de l'appartement de notre hôte avant la dure vie de la ferme. On aura le temps de bien la voir par la suite (même si on aurait préféré éviter).
Selon les conseils de Bayardalai, nous sommes arrivés deux heures en avance à la Dragon Bus Station, un endroit réputé pour ses pickpockets. Le taxi pour s'y rendre était, comme la plupart des transporteurs, une voiture qui passait par là et qui s'est improvisée taxi. Comme prévu à la station, personne ne parlait anglais. Cependant, même indiquer le nom de notre destination ne semblait pas suffire. Nous nous sommes fait donner des indications contraires plusieurs fois de suite puis rediriger par trois fois pour enfin trouver le guichet vendant des tickets pour Moron.
Direction nulle part !
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19/03 - 20/03 - Filouterie autour de la Place Tian'anmen
- Le 09/04/2018
- Dans Pékin
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19/03
Jinbao StreetDe nombreux choix de palais, temples et parcs (l'un va toujours avec l'autre) s'offraient encore à moi, comme le Palais d'Eté ou le Temple des Lamas (rien à voir avec l'animal). J'aurais bien fait le palais d'Eté, mais... eh, c'est l'hiver. J'improvisais chaque jour en me basant sur les points d'intérêt et leurs descriptions affichées dans l'auberge. Les conseils du staff étaient utiles, mais je n'avais vraiment pas préparé grand chose. Ce jour là, je considérais avoir eu ma dose de temples et de palais au moins pour la vie.
Pavillon de Jingshan ParkUn parc au nord de la Cité Interdite, à deux stations de métro, offrait un point de vue digne d'intérêt. Il ne coûte que 2 yuans et permet d'accéder à un pavillon sur une petite colline.
La Cité est beaucoup plus impressionnante vue d'en haut
Forbidden picture
Brouillard ou pollution, la couche n'est pas si importante dans tous les cas. On y respire beaucoup mieux qu'il y a quelques annéesEn quittant le parc, je me suis fait avoir par un... je ne sais même pas comment appeler ça... un chariot éléctrique ?? J'étais de bonne humeur, les entourloupages que j'avais pu subir auparavant me semblaient loin. Je ne disais pas non à une réconciliation avec ce genre de transporteur. Par sécurité, j'avais fait répété trois fois au chauffeur "3 yuans" comme prix de la course jusqu'à la Place Tiananmen. Tout devait bien se passer.
Charette de l'enferIl m'a lâché après cinq minutes de conduite dangereuse dans des petites rues. Je lui ai donné les trois yuans comme convenu, mais son air condescendant m'a fait immédiatement comprendre mon erreur. J'ai fait celui qui n'a pas compris, lui rappellant qu'on s'était mis d'accord. C'est alors qu'il a commencé à taper sa crise. Avec sa voix qui déviait, on aurait dit un gamin qui faisait un caprice. Excédé mais résigné, je lui ai accordé (J'ai bien dû l'insulter au passage) ses 30 yuans. Comme je n'avais pas le change, je lui ai donné un billet de 100 yuans, et ce carambouilleur m'a donné des billets russes en échange... La simple évoquation de "police" l'a fait réaliser qu'il s'était évidemment trompé de devise... Mais tout cela n'était qu'une partie d'une plus grande diversion. Je pensais qu'il prenait un raccourci en serpentant dans ces petites ruelles, mais il m'a déposé à deux rues de l'endroit où il m'avait prit. On a fait le tour du pâté de maisons. Lui était à l'écart des nombreux policiers des avenues. Et moi, j'étais toujours à 15 minutes de la Place Tianamen. Ainsi me suis fais-je escamoter comme un amateur.
Place Tiananmen, Monument aux HérosLa Place Tiananmen semble être bloquée de manière permanente. On peut accéder à ses avenues parallèles, voir de loin de Monument aux Héros, mais pas se tenir dessus. La concentration des forces de l'ordre, d'agents de sécurité en tout genre, de motos, voitures et fourgons militaires est impressionnante.
Véhicule coiffé du toit de la Cité InterditeOn dirait presque qu'ils ont installé un camp militaire sur la place. Pour circuler autour, il fallait repasser par les contrôles de sécurité de la Cité Interdite, beaucoup plus rapides qu'en fin de matinée, peut-être car cette dernière est fermée le lundi.
Descente du drapeauJe suis arrivé autour de la place au coucher du soleil, pendant que tout le monde était rassemblé devant la Cité Interdite et filmait la descente du drapeau du Monument aux Héros.
Marée de smartphonesPuis, on ne change pas les bonnes habitudes, direction la Rue Qianmen pour un dîner et un café presque aussi cher que le repas.
Qianmen Street
20/03Le périple du jour - il en faut pour toutes les sensibilités - consistait à récupérer mon billet du Transibérien pour la Mongolie. L'adresse n'était pas évidente à trouver car il s'agissait du contact à Pékin de l'agence des trains russes, dans un bureau d'une agence mongolienne au 10e étage d'un immeuble. A l'est de la capitale, cette quête m'a conduit dans un quartier de hautes tours, centres commerciaux, grands magasins et hôtels prestigieux.
Ritan AvenuePour mon dernier jour en Chine, j'ai traîné autour de Ritan avenue et du quartier russe. Je n'ai pas réussi à conserver les 150 yuans que je mettais de côté pour le "roasted duck" du dîner. Manger, boire, debout, assis, tel fut le programme de l'après-midi, autour d'un parc, de cafés et de restaurants russes. J'ai fini par un bol de rice noodles au boeuf gargantuesque dans un petit resto devant l'auberge.
Jinbao StreetLa veille du train, j'avais croisé Sarkozy dans la rue, puis l'avais suivi discrètement pour le prendre en photo. J'étais sûr, en voyant son air suspect, qu'il s'était échappé de sa garde à vue. Peut-être était-ce un rêve prémonitoire. C'est un canadien qui m'a apprit la nouvelle. Le mec a 25 ans et enseigne à Pékin depuis déjà trois ans. Selon lui, prof d'anglais ici est le job le plus facile du monde. On les embauche à la pelle pour être assistants, mais la plupart d'entre eux ne foutent rien, si ce n'est faire le ménage de temps en temps. Les élèves sont sur leur téléphone à longueur de journée. Trois profs d'anglais se sont succédés dans ma chambre. Beaucoup d'anglais, d'américains, d'allemands, des français à ne plus savoir quoi en faire, des russes, italiens, espagnols...
Qianmen StreetC'est la fin de mon séjour en Chine. Un mois bien chargé de l'ouest au nord est, des vieilles villes à la gigantesque capitale, en passant par un séjour au calme à la campagne, d'autres moins reposants dans des métropoles colossales, un trekking, une ballade en scooter, un spectacle grandiose... Je considère le pays bien en avance par rapport à nous sur certains points : transports, infrastructurs, organisation, bien que je n'ai vu qu'un seul visage de Pékin et des villes du Sichuan et du Yunnan. Je ne suis pas mécontent de quitter d'autres aspects moins attrayants relatifs aux habitants. Un mois m'a suffit. Maintenant, il me tarde de retrouver le calme et la sincérité des endroits plus reculés.
Place à la Mongolie. Khalid et moi nous rejoignons le 22 mars chez notre hôte à Oulan Bator, la capitale. Mais avant, je prends le transibérien pour un voyage de 28h à travers les espaces infinis mongols.
Ce qui va le plus me manquer en Chine -
18/03 - Une médaille pour la Grande Muraille
- Le 08/04/2018
- Dans Pékin
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MUTIANYU, HUNAN, CHINE
18/03
J'avais consenti à la facilité du tour organisé par mon auberge, sur le site le plus populaire de la Grande Muraille : Mutinanyu. Pour 280 yuans, le tour incluait un aller-retour en bus, un petit-déjeuner, un déjeuner, et un guide. Je me suis retrouvé avec une quinzaine d'italiens d'un voyage organisé, un français, un danois, une brésilienne, un roumain, deux polonais, trois américains et d'autres encore, pour pas moins de... 32 PERSONNES DANS LE GROUPE ! Moi qui ne supporte pas les meutes de touristes, voilà que j'en fait partie... HEUREUSEMENT, nous étions libres sur la Muraille. Etant donné qu'il n'y a qu'un seul chemin - la Muraille - et que nous étions massivement nombreux, j'étais soulagé de l'apprendre. Notre "guide", Tony, est en réalité l'homme qui donne des conseils et explique l'histoire de la muraille dans le bus. Ce qu'il fallait retenir : 6700km, 700 ans depuis les Ming, prendre à gauche une fois sur la muraille.
Le tour n'incluait pas le téléphérique pour se rendre sur le mur. L'aller-retour coûte 15€ mais fait gagner une heure. Nous n'avions que trois heures pour aller le plus loin possible et revenir, donc tout le monde a prit son ticket. Selon Tony, les plus lents arriveraient à la Tour 20, les marcheurs "normaux" à la Tour 28, à partir de laquelle on arrive sur l'ancienne partie de la muraille, que les plus rapides auront le temps d'explorer un peu.
Je suis allé encore plus loin, en prenant mon temps pour immortaliser chaque perspective qu'offrait les tours, les virages et les promontoires. Dans le bus au retour, le guide n'en revenait pas quand je lui ai montré une photo de la Tour Zhengbeilou. Je lui ai demandé jusqu'où j'étais allé. Il m'a répondu trop loin, et qu'il n'en revenait pas que j'ai atteint cette tour en si peu de temps. Je sais qu'il exagérait un peu, mais il sait complimenter.
J'étais parti en premier pour éviter les embouteillages au téléphérique. Dès la Tour 14, le tableau était là, largement à la hauteur de sa réputation : merveilleux. Le soleil est arrivé à peine cinq minutes après le début de la randonnée.
On passe de tours en tours, sur une muraille alternant les pentes douces et les escaliers abrupts. La neige qui était tombée la veille était encore présente sur les montagnes avoisinantes, mais aussi sous nos pieds, rendant certains passages vraiment sensibles. Les visiteurs qui n'avaient pas prévu des chaussures adaptées s'étalaient admirablement.
Après la Tour 28, on arrive sur l'ancienne partie, qui n'a pas été rénovée depuis des siècles. Depuis le temps, la nature a commencé à reprendre ses droits. Le délabrement est passablement important, mais la structure tient bon.
m
Il faut parfois se coller à la muraille pour franchir des passages étroits, se hisser grâce à des briques empilées de manière hasardeuses ou encore passer entre les arbustres au milieu du passage.
La neige rendait les montées particulièrement difficiles. Il n'y a pas de marches, ce qui m'obligeait à m'accrocher aux surfaces creuses des parois. Contrairement au tronçon précédant, il y a une multitude de chemins possibles autour du mur. Chaque tour ou presque, au niveau du sol, offre une alternative à la randonnée sur le mur. On peut passer des jours à découvrir l'intégralité de ces chemins passant autour cette seule portion de la muraille.
L'ancienne muraille est définitivement la meilleure partie de Mutianyu.
Dans le sens de la montée, il n'y avait personne à l'aller. Je n'ai croisé que quelques groupes de randonneurs chinois qui portaient leurs tentes pour des treks de plusieurs jours (comme moi la prochaine fois). La vue depuis la Tour Zhengbeilou était tellement sublime que ma volonté de revenir à temps pour le déjeuner (voire de revenir tout court) a vacillé.
Contemplation. Hésitation. Résigation.
Il était midi et la fringale était en vigueur. Je devais redescendre en une heure ce que j'avais parcouru en deux heures, sans oublier les photos de moi et du mur. Cela aurait été presque décevant de ne pas s'immortaliser sur la première des Sept Merveilles du Monde (moderne). Ma deuxième en trois mois. Si si, j'ai vu le Taj Mahal. A au moins un kilomètre mais je l'ai vu !
Je descendais les marches trois par trois, m'arrêtant régulièrement pour demander des photos. J'étais le "chinois" de la Grande Muraille. Et je dois dire que je suis plus satisfait du résultat de leurs photos que de celles des étrangers.
Le déjeuner était excellent. Une dizaine de plats circulaient autour de tables de dix. Si j'ai mangé de tout mon saoul, je suis quand même resté sur ma faim concernant mon temps sur la Muraille. Car elle a dépassé toutes mes attentes. A Mutinayu, c'est loin, très loin d'être du réchauffé. En mars, l'endroit n'est pas du tout envahi de monde. L'austérité de la muraille et de ses montagnes sous la neige en font un spectacle extraordinaire, magique, inexprimable.