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06/01 - Le Festival d'Anandu
- Par cpt-tibo
- Le 13/01/2018
- Dans Inde du sud
- 6 commentaires
En plus des paysages magnifiques, le train des montagnes m'a permit de vivre une, si ce n'est la, meilleure expérience culturelle de ma vie.
Sur le chemin du retour à Ooty, je demande à un flic qui faisait la circulation où se trouve le bus. Il me dit d'attendre, suite à quoi je le vois arrêter la première voiture qui passe et demander à son chauffeur s'il va à Ooty. Surpris et pas forcément rassuré, je me retrouve dans la voiture d'Anandu, tamoul de 28 ans, parti chercher sa fiancée à Coonor pour l'emmener à Chinacoonoor, son petit village où se déroule un festival hindou. "Tu veux venir ?" il me demande - "Ouais pourquoi pas, j'ai rien de prévu".Il est environ 13h, le village est à une heure de route mais il peut me raccompagner vers 18h. Ok, faisons comme ça.
Le temple vu du haut du village
C'est ainsi que je me suis retrouvé dans ce petit village traditionnel de moins de 200 habitants. La majeure partie de ses habitants vivent de la culture du thé, des oignons, tomates, ail... Les autres ont étudié à Coimbatore et sont dans l'informatique. A notre arrivée, ils étaient tous rassemblés à l'intérieur et autour du temple, dans leur tenue traditionnelle hindoue. Le point sur le front et un foulard.
La "cuisine" et la "salle à manger" en face du templeVous pouvez imaginer leur surprise lorsque je suis arrivé dans la voiture du neveu du "maire". Anandu ne me quittait pas d'un poil. "T'inquiètes je vais m'occuper de toi" m'avait-il prévenu sur le chemin. Sa manière de s'adresser à moi en finissant chacune de ses phrases par "sir" était, au départ, un peu gênante. En fait, il ne s'agit pas d'un respect poussé à l'outrance digne de l'époque coloniale (j'exagère, loin de moi cette idée), ce que j'ai réalisé plus tard. Jusqu'alors, j'ai rencontré deux types d'indiens: les indifférents et les "respecurieux". Ceux-là me posent pleins de questions sur mon origine et mon séjour. "What pourrpoz u come in India ?" (C'est quoi les bails?) est la plus récurrente. Ils sont très humbles, surtout quand je dois leur demander de répéter chaque question en moyenne 4,8 fois. Parfois, au bout d'un moment, je souris ou je répond à côté. Et ça passe en général. Mon hôte et guide était tellement gentil qu'il arrêtait la voiture à chaque fois que je sortais l'appareil pour tenter capturer les incroyables paysages de la vallée. Ca n'a quand même pas donné grand chose.
Anandu's milf
Dans une large rue au style grec sur les toits du village, il m'a d'abord invité à prendre le thé dans sa petite maison rose. La famille proche était assise autour de la salle à manger. Lors du festival, la plus âgée de la famille donne sa bénédiction à chaque membre de celle-ci. En l'occurence l'arrière grand-mère de 97 ans (probablement la doyenne du village). Encore quelques dents, et le visage si marqué qu'on aurait pu faire du bobsleigh entre ses rides. Elle n'arrêtait pas de me gaver de bananes. Pas grave, elles sont pas si mauvaises ici.
Anandu l'hindou en face de chez lui
Pendant que l'on faisait le tour du village, j'ai eu le droit à un briefing. Le festival dure une semaine et célèbre leurs ancêtres. Samedi était l'avant dernier jour de fête. Il y a plusieurs rituels assez formels, comme le pélerinage jusqu'à la montagne ou le passage au temple pour la prière. Mais rien de très exigent. Voir un étranger débouler un appareil photo autour du cou, en plein milieu d'une cérémonie sacrée n'a eu comme conséquence que de la curiosité. Il fallait qu'il sachent ce que je foutais là, tout seul, et surtout comment j'étais arrivé là. Pieds nus, j'étais libre d'aller où je voulais. Mais comme je suis resté la plupart du temps avec mon cher guide, il pouvait d'abord m'introduire en Indi avant la classique présentation en face à face.
La cour du temple Hetai Amman pendant le passage du cortège
Il s'agit avant tout de manger et danser dans la joie et la bonne humeur. Avant cela, j'ai suivi Aandu jusqu'au temple où le prêtre lui administrait un sacrement. Il voulait que je m'agenouille et que je prie avec lui, mais son pote m'a retenu. Bien vu, je ne sais pas si ça aurait plu au prêtre. Même pour moi, il y a des limites à l'intégration culturelle. Pour me fondre dans la masse, il m'a demandé si je voulais m'habiller des vêtements traditionnels, à savoir le dhoti, un tissu blanc noué autour de la taille et une longue chemise avec des motifs dorés. Finalement, je me suis ponctué le front à la craie.
Les six cuistots du peuple
Une semaine pendant laquelle les cuisiniers se relaient 24h/24, en dormant devant des chaudrons dignes de Taram. La fumée, l'odeur et le paysage dégageaient une atmosphère particulière, hors du temps.
Préparation du thé
Pendant que les femmes préparent le thé... dans un sauna. Je pouvais lire des sourires qui me semblaient sincères. Respect dans tous les cas.
A table !
Tout le monde est libre, tout est gratuit. En ligne le long d'un tapis rouge, les habitants mangent quand ils veulent sur une feuille de bananier. C'est un peu le Thanksgiving hindou. Juste, pourquoi il fallait que ces haricots soient si épicés ?! Surement le chili local. En plus du coulage de nez et de mon absence de souplesse (de fait l'impossibilité pour moi de me tenir en tailleur plus de quelques minutes sans souffir), j'ai encore eu le droits à ces sourires, plus bienveillants que moqueurs, de la part des filles qui mangeaient en face de moi. J'admire la dextérité avec laquelle ils parvenaient à s'en mettre, aussi proprement, plein la bouche.
Chinacoonoor boyz
Avant l'arrivée du cortège religieux au retour de la montagne, j'étais assaili par une horde d'enfants. Ils étaient intéreressés par mon appareil. Je n'ai pas hésité à leur prêter. Le petit chef de la bande m'a bien amusé en demandant ma religion. Je lui ai répondu "atheist" puis "no religion". Il ne comprenait pas et continuait de me citer des religions. "No christian, no muslim, no boudhist, no hindou..." ai-je finit par répondre. "Aaaah, all religion !". Ou bien mon anglais est définitivement incompréhensible, ou bien son regard illuminé ne pouvait pas concevoir que quelqu'un ne croit pas en l'existence d'un dieu. Très, trop curieux, ils étaient ravis d'avoir une source de distraction innatendu dans ce festival qui semblait les ennuyer.
Anandu, des gosses et moi
Jusqu'à ce que mon bon Anandu ne les chasse et me présente à ses potos (pas les gosses sur cette photo). Pendant le passage du cortège, je les voyais se moquer en douce de leurs amis "enrôlés" dans ce rite à priori obligatoire pour "l'accomplissement religieux". On l'a tous déjà vécu, moi avec mes frères et ma soeur : ces regards et sourires impossibles à retenir lorsque l'on se trouve une situation formelle où la bienscéance est de rigueur.
Chinacoonoor girlz (et moi)
Les filles, normal à cet âge, font bande à part des mecs. La "chef du groupe" était la seule entreprenante. Un pot de colle. Des étoiles sont apparues dans ses yeux yeux quand je lui ai dit venir de Paris.
Les femmes dansent dans la cour du temple
La danse, entre le cortège, est continue. J'ai habilement réussi à y échapper pendant une bonne partie de la journée. Puis j'ai cédé pour deux minutes, je ne vais pas vous mentir, pas faciles faciles. Aandu m'avait dit qu'il allait me montrer. Le traître, je ne l'ai pas vu danser du tout. A moi de vous apprendre. Tout est dans les poignets et les genoux. En gros, il faut faire de moulinets avec ses mains tout en tournant recourbé sur soi-même. Je vous l'assure, effectuer une danse inconnue et "ininstinctive", sobre, sous le regard de presque tout un village, fait parti des expériences que l'on oublie pas. Des preuves :
Rien à ajouter
J'ai dû serrer une bonne vingtaine de mains des frères, soeurs, oncles, tantes et parents. Certains me demandaient d'eux même une photo. Le leader (spirituel) du village était plutôt cool. Il était ravi de me serrer la main très longtemps, se délectant des compliments que je lui versais, sans modération, en réponse à ce que je pensais de la fête. Vous pouvez le voir à ma gauche.Trois frères (j'adore le côté rétro de cette photo)
Vers 17h, Anandu m'a emmené chez son oncle. Avec un accent et des manières impeccables, il est le maire spontané du village. Il prend soin des villageois, notamment en gérant internet et les circuits électriques. C'est le meneur de sa lignée de développeurs et d'informaticiens. Une grande maison soignée et bien équipée. C'était le premier à plus me parler de lui qu'à me poser des questions. Il a beaucoup voyagé en Europe dans les années 90. Lorsque je lui ai parlé du volontariat, il était très intéressé par le concept. Apparement il avait accueilli une américaine il n'y a pas si longtemps pour un stage. Je devrais être sponsorisé par Workaway.
La petite famille
Un athé, après trois thés et trois albums de voyage, est retourné au temple magnifiquement éclairé. Finalement, mon bus est arrivé vers 20h. La faute à une grève générale qui a fait remplacer les chauffeurs Fury Road des montagnes par ceux qui "conduisent lentement et se trompent de chemin"... Plus ou moins rassurant. Je commence à m'habituer aux conduites de l'extrême, mais il faut fixer des bases solides. Ma journée dans "l'endroit le plus sûr d'Inde" (0% de crimes) comme aime bien le rappeler monsieur le maire, touche à sa fin. Une expérience inattendu et pleine de surprises, dans ce village où tout le monde semble heureux. Cohabitation de fermiers et d'informaticiens, pas la même valeur ajoutée mais des valeurs et une culture commune.
Le temple la nuit
Apparté : pendant le trajet Bangalore - Ooty, j'étais passé devant un "cashless village", qui sont sensés être des endroits démonétisées. Selon Indian Express, les quelques villes de ce genre en Inde ne fonctionnent ont maintenant carrément des distributeurs d'argent en leur sein... Le secret pour être heureux , c'est peut-être l'isolement.
Bref, j'en ai pris plein les yeux. Je suis juste un peu déçu d'avoir oublié le nom de la cérémonie. Pour moi ça restera le "festival d'Aandu". -
05/01 - 06/01 - Mysore & Ooty - Voyage d'un autre temps à travers l'Inde des collines du Tamil Nadu
- Par cpt-tibo
- Le 13/01/2018
- Dans Inde du sud
- 2 commentaires
C'est l'aube, Bangalore s'endort. Dans le hall de l'hôtel, les réceptionnistes sont couchés à même le sol. Moi, je leur rend les clefs et je me sauve, motivé par le voyage à venir à travers le Tamil Nadu. Une journée qui sera riche en transports.
Chikpet, la veille à côté de mon hôtelNon sans mal, je trouve une gare de bus, mais pas la bonne. Non sans peine, j'accepte de prendre un ricksaw, les tuk-tuk jaune indiens. Non sans surprise, il m'a couté six fois plus cher que mon dernier repas (Ca reste moins de 4€).
Pas de bus direct pour Ooty avant 8h30. Tant pis, ça fera l'occasion de s'arrêter un peu à Mysore. Environ 3h de route avec au loin le Monument Valley indien et ses montagnes de formation rocheuses d'une taille impressionante. J'ai à peine le temps de poser le pied à Mysore qu'un ricksaw me démarche pour faire les "highlights de la ville" (non sans mal pour lui).
Le palais de Mysore, principal monument, architecturalement impressionant.
Le marché aux épices, très petit et pas assez épicé à mon goût (Prétexte pour m'emmener plus loin).Je l'attendais le voici : le fameux "comissionnage" décrit dans tout les guides touristiques. Jamais deux attractions sans un virage commercial comme on dit. Du coup je quitte Mysore avec trois flacons d'huiles essentielles multifonction. De l'huile de lotus entre autres, efficace contre les maux de tête, l'insomnie, les rhumes, diarrhées, cicatrices... Rien que l'odeur, je vous assure, ainsi qu'un petit massage des tempes avec une seule goutte d'huile était déjà très apaisant... Aussi, comment refuser après une telle présentation et démonstration ? Je n'ai pas le sentiment de m'être fait entuber., mais davantage surpris de m'être laissé prendre dans cet engrenage bien connu.
Cette interlude commerciale révélant ma capacité à donner de l'argent en échange de biens, il a fallu que je montre ma détermination au chauffeur pour qu'il me ramène à la gare routière. Trois fois "no thanks" et au revoir Mysore.
Je reste sur une note positive, en notant que cette ville semble être comme il le dit la "plus propre d'Inde".
Gare routière de Mysore
Arrive la meilleure partie : la route reliant Mysore à Ooty, dans les collines du Tamil Nadu. On est littéralement passé du moche au beau (Rien de subjectif, c'est l'UNESCO qui le dit) lorsqu'on a passé la frontière des deux régions. Elle passe en plein milieu du parc national de Bandipur et de Mudumalai. Juste Sublime ! Subjugué par la beauté du paysage, il m'en arrivait d'oublier pourquoi j'avais pris le bus à la base.
La première partie est très sèche. Plus on monte, plus on zig zag, plus il fait froid et plus c'est vert. Pendant quelques kilomètres, on longe une rivière où on peut voir des éléphants, avant d'arriver aux villages perchés sur les collines et les plantations de thé.
La meilleure partie ommence à partir à partir du Parc de Mudumalai et de la ville de Gudalur. Les vallées du Tamil Nadu sont tout simplement paradisiaques, et le changement progessif de climat et de paysages est ahurissant. Il y a carrément une forêt de sapins un peu avant Ooty.
J'ai vu des grosses bêtes à corne, des grosses bêtes à plume et beaucoup de singes. Six heures pour rejoindre notre destination, dont quatre pour traverser les parcs. En plus des nombreuses pauses, il fallait souvent s'arrêter pour dépasser des chars à boeuf ou des camions transportant du bois, fruits et briques...
Parfois la route était trop étroite pour deux véhicules. Dans ce cas le plus léger doit faire marche arrière. Quand on est du côté du vide, on ne fait pas le malin... Faut pas trembler des mains, et ça n'arrive jamais. Ici ils n'hésitent pas à dépasser sans visibilité, même avant une épingle. Indian style. Je me dis sincèrement que c'était l'endroit rêvé pour un road trip en moto.
Ooty est un petit village situé d'environ 80 000 habitants, à quelques 2000m d'altitude. Fraîche et haute en couleurs. Ma Guesthouse, spacieuse, calme et confortable, était juste en face du lac de Ooty à 200m du centre. Des européens, un israelien, et une vue imprenable sur les collines et les maisons perchées au loin..J'ai testé différentes crêpes indiennes, notamment les "chapati", dans une petite gargote sous le regard amusé des tamouls. Le gérant était gentil de m'expliquer commment nettoyer la feuille de bananier qui sert d'assiette et comment manger avec ses doigts. A force d'avaler ma main pour ne rien renverser, j'ai fini par utiliser deux morceaux de crêpes comme couverts. Il y a aussi le "Indian Meals" qui consiste en un assortiment de sauces et autres mixtures autour d'un bol de riz et d'une crêpe. Toujours servi avec du lait crémeux pour contrer les épices. Etrangement, je n'ai rien mangé de trop agressif jusqu'à maintenant.
Must to do à Ooty : Nilgiri Mountain Railway ou "Toy Train". Egalement classé à l'UNESCO, c'est un vieux train à vapeur reliant Ooty à Coonoor. Prix : 15 centimes. La première classe coutaît environ 3€ mais était complète. Il faut se mettre du côté gauche pour voir les villages et les plantations en terrasse dans les vallées.
Entre les forêts et les collines, on passe sur plusieurs ponts suspendus. Véritable expérimentation du trajet des britanniques à l'époque coloniale.
Le train avance à une vitesse de croisière, assez lente pour sortir la tête du train et contempler cette magnifique nature à travers l'écran de son téléphone ou de sa caméra. Une ballade plutôt cool qui emmène jusqu'à Coonoor, une petite ville très similaire à Ooty, à une vingtaine de km.
Pour la petite histoire, ce fantastique blog n'accepte que des photos d'une taille inférieure à 10mo. Il m'aura fallu une semaine pour réaliser qu'on pouvait réduire la taille des photos sur paint. C'est donc avec presque 5 jours de retard que je poste ce périple.
Je vous fais des bisous. -
04/01 - Bangalore, dans le bain direct - Premières impressions
- Par cpt-tibo
- Le 06/01/2018
- Dans Inde du sud
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7h, à environ 10 000 mètres au dessus du "Sous-Continent", le soleil se lève sur la musique "The House of The Rising Sun" du groupe Animals. Comment faire mieux ? Nous y sommes. Bangalore, Karnataka : The "IT city", berceau des nouvelles technologies... askip... Du moins pas dans mon quartier.
Le temps de reprendre mes esprits après la course folle de mon bus, quelques souvenirs me reviennent de manière rapide et furieuse. J'avais oublié les principes de la jungle routière asiatique. Règle n°1 : priorité à celui qui force. Cette règle est respectée à la lettre. Les deux-roues, fourmillantes, n'hésitent pas à se faufiler entre deux bus à moins d'un mètre cinquante. Il y a beau y avoir des marquages au sol, on compte autant de voies qu'il y a de place sur la route. Ca passe tellement juste à chaque fois. Etant donné les reflexes accérés des conducteurs, les bus doivent se renverser plus facilement que les gens.Décidé à ne pas prendre de taxi, j'ai cherché un hôtel à Chickpet, le quartier où le bus m'a lâché. Prestige Residency, bon marché mais vétuste. Pardonnez mon impolitesse, mais je suis gentil vu la gueule du bordel. Le terme est beaucoup plus adéquat. Sans rentrer dans les détails, l'odeur et la saleté me faisent penser à un squat de junkies. Faut savoir que les auberges de jeunesse ne sont pas encore un concept très répandu en Inde. On trouve facilement des hôtels et des chambres d'hôte à moins de dix euros.
Ce qui frappe en premier à Bangalore ce sont les couleurs vives. Le jaune et le vert, couleurs nationales, qui dominent le paysage urbain, en particulier dans les habitations et les publicités. J'aime bien ce style architectural un peu oriental, avec les immeubles blancs et jaune clair et leurs étages carrés sans dessus-dessous. De loin, les ballons d'eau de couleur jaune sur les toits se confondent avec les domes dorés qu'on trouve sur les mosquées. Le temps est bon, frais le matin et en début de soirée, pas trop lourd en journée. La petite brise du soir met bien.
Quelques rues après mon hôtel, Raja Market. Un bazar géant. Quelle concentration d'indiens ! Beaucoup de petites rues sympas et typiques, malgré des embouteillages omniprésents. Il fallait se frayer un chemin à travers des vendeurs de fruits, de tissus et de vêtements disséminés entre les trottoirs et les rues, les deux-roues, klaxon enclenché, mais aussi les vaches, les chiens et les chèvres. Les odeurs d'épices n'étaient pas désagréables, on s'y habitue rapidement. L'ambiance était (je n'en demande pas plus) typique. C'était surtout assourdissant ! Sérieux, les gens ici klaxonnent plus qu'on met nos clignotants en France. Clairement, je pense, l'archétype d'un quartier d'une ville en voie de développement.
Puis j'ai quitté le quartier des marchés pour arriver sur Shankarapura, aux avenues plus larges. Un quartier qui me paraît plus aisé, avec ses banques, ses boutiques de téléphonie et quelques supermarchés et fast-food. Pas difficile de faire mieux après la rue qui longe le métro. Assez désolant. Peu de monde mais des allées hybrides de terre et de pierre jonchées d'ordures. En y pensant, il y avait une vue intéressante sur des buildings en arrière plan. Avec la barrière de séparation du métro au premier plan, cela me rappelle des photos que l'on étudiait au collège. Elles montraient le contraste de la coexistence des bidonvilles et des quartiers d'affaire à Mumbai. Je ne vous cache pas que j'ai beaucoup hésité à sortir mon appareil photo.
Contrairement à l'Asie du Sud-Est, je trouve pour l'instant les indiens moins entreprenants. Ce n'est pas le meilleur accueil que j'ai eu. Les gens ont l'air relativement indifférents quant aux étrangers. Pourtant à la fin de la journée, je n'ai pas vu un seul occidental (A part si on se penche un peu sur la photo que j'ai prise d'une rue à Chickpet) [INSERER PHOTO INSERER INTERNET] Comme je le disais avant de partir, l'Inde est si vaste et pleine de cultures différentes qu'il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives.
Désespérant d'internet, je suis resté devant un KFC pour squatter sa Wi-Fi. Forcément, j'ai d'abord perdu 15min à répondre à mes messages, suite à quoi le réseau était parti. Au final je pense que c'était quelqu'un qui partageait sa connexion. Quelques centaines de mètres plus loin, je check les Wi-Fi de dispo. Confirmation, car moins cinq sur les quinze étaient des hotspots, et deux d'entre eux étaient libres. J'arrive à me connecter juste assez longtemps pour réserver une chambre d'hôtes à Ooty pour le lendemain. Pas question d'échouer cette fois. Je vais devoir trouver à l'ancienne un bus qui y va.
En remontant à travers Sultanpete, on trouve beaucoup de mosquées et une pauvreté ambiante assez malaisante. Si les voitures de patrouille étaient nombreuses, j'ai quand même un don pour emprunter les quartiers les moins "fréquentables". En même temps sans internet, difficile de savoir quelles sont les centres d'intérêt. Les mecs de mon hôtel parlent extrêmement mal anglais.
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03/01 - Paris to l’aéroport de Mumbai - Cité des anges, dédale infernal
- Par cpt-tibo
- Le 22/12/2017
- Dans Inde du sud
- 2 commentaires
Commençons par le plus drôle. Mon avion a atterri à minuit trente, mais on a pu en sortir qu’un quart d’heure plus tard. Pour vous faire le topo, je devais embarquer à 1h30 pour un décollage à 2h15. A peine le pied posé, une première quête : trouver ses bagages et un premier périple : passer la frontière. Dans un temps très restreint. Remake indien de Maman j’ai raté l’avion. Je m’attendais à galérer un minimum pour trouver mon chemin, mais (SPOIL) pas à VRAIMENT rater l’avion…
Non, non, faut pas croire que c’est de ma faute... Apparement, Jet Airways propose régulièrement des vols dont le temps de transit pour rejoindre son prochain avion est insuffisant. Juste histoire de posséder un catalogue de vols plus fourni et tout à fait foireux. Les malandrins ! En fait, je devais passer l’immigration avant d’embarquer à destination de Bangalore. Non seulement les vols intérieurs obligent à se réguler dans l’aéroport de transit, mais en plus les bagages ne restaient pas dans le même avion. « Tkt mec, tu vas l’avoir, par contre faut que tu rush. » me rassure l’agent de l’immigration. CET ACCENT ! Ils parlent tellement vite qu’ils oublient de finir les trois quart de leurs mots. Obtenir un e-Visa était facile et rapide, mais étant donné la file d’attente, j’en ai payé le prix fort.
Bref, il était 1h30 lorsque j’ai récupéré mon sac qui traînait en plein milieu d’une allée. Epuisé ; Par le manque de sommeil. Par les contrôles à répétition. Par ce labyrinthe de l’échec semé de couloirs interminables et pas toujours très clairs ; Je me disais qu’effectivement ça allait être rush pour l’embarquement. Par contre je n’aurais jamais imaginé qu’ils oseraient l’avancer d’un quart d’heure. J’ai découvert un nouveau sentiment. Celui quand l’hôtesse t’annonce que ton avion est parti, en précisant qu’ils ne sont pas responsables, alors qu’ils le sont entièrement. Lorsque toi tu as tout donné pour l’avoir, en te disant à la fois « c’est pas possible ils vont forcément m’attendre » et « putain je l’aurais jamais »… Les français qui étaient avec moi depuis Paris étaient presque tous en transit pour une autre destination, sauf trois d’entre nous. Trois passagers quand même…
En vrai ça passe, ils m’ont (encore heureux) assigné le prochain vol et immédiatement soulagé de mes bagages. Départ 6h30. Résultat : une nuit d’hôtel pour rien, deux vraies heures de sommeil en deux jours (et deux fast-food). Bah oui, je devais forcément me prendre la tête la veille de mon départ pour des futilités. Penser à tout en même temps : du coup, tout oublier. En plus du stress d’avant départ : une tempête qui me tapait sur les carreaux dès deux heures et une sœur qui faisait des aller-retours dans sa chambre à cinq heures. Pour couronner le tout, pas de fève pour la galette. Royal… Sans parler des cris stridents du gosse au père à la bedaine protubérante, assis à côté de moi lors des sept heures de vol… En résumé, je n’ai absolument rien vu de l’Inde mais j’ai déjà plein de choses à dire. Voilà les amis, c’est ça l’aventure ! En tout cas cela annonce du très très lourd en termes de pavés de lecture à venir. Bon courage pour ceux qui n’ont pas encore l’habitude. Moi, je m’y remets, c’est-à-dire que je m’éclate à raconter ma vie dans un style lourd et détaillé qui me caractérise.
La stupeur et l’agacement retombés, me voilà au KFC du coin de ma porte d’embarquement, totalement jetlagé, (matrixé dirais-je) essayant de m’occuper comme je peux pendant trois longues heures. Pas de Wi-Fi à l’horizon, mais des moustiques, dans ce prestigieux aéroport international de Mumbai. Je pense à son ciel gris qui va bientôt se lever et que j’aurais peut-être l’occasion d’observer sur mon 27C à trois places du hublot. Que dire d’autre ? Mon premier retrait, 7500 roupies : l’équivalent de cent euros. Pour info 1 euro = environ 76 roupies. Ils ne taxent pas beaucoup sur les retraits. J’ai cherché en vain un magasin qui vendait des cartes SIM. Vous pouvez ajouter 4h30 à votre montre quand vous vous demandez l’heure
Je devrais arriver à Bangalore vers 8h. Au programme : une sieste d'abord, de l'Inde ensuite, puis le repérage du bus et choix des options de destination du lendemain. Dimanche approche à grandes manches et je dois choisir entre Mysore ou Ooty comme étape avant mon premier Workaway (volontariat), qui est tout de même à quelques cinq cents kilomètres. Je ne suis même pas encore arrivé que je dois déjà penser à comment repartir.