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18/01 - Road trip au Rajasthan [Jour 1] - PUSHKAR - Début difficile mais pas insurmontable - "Suivre le courant"
- Par cpt-tibo
- Le 03/02/2018
- Dans Rajhastan
- 1 commentaire
Malgré les 1000 roupies de caution (environ 13€), j'avais songé à mettre un plan au concessionnaire. De toutes mes affaires de toilette, je n'avais pris avec moi que ma brosse à dents, dentifrice et crème solaire. Tout le bordel médicamenteux dont j'avais tant besoin était resté dans le casier de l'auberge. Je voulais commater toute la journée... Allez hop ! Un coup d'eau sur le visage, et c'est parti.
La magie de l'intrusion de Google Map, qui enregistre et archive tout les déplacements, dès lors que l'application est lancée (même en arrière-plan). Dans le détail plus bas, j'ai carrément le temps d'arrêt au Mcdo. Enlever quelques kilomètres, car il prend également en compte ma visite à pieds de la ville. Avec mes plans hors connexion (sur deux applications différentes), le GPS capable de me localiser absolument partout et mon téléphone de rechange, j'étais pénard.9h30. On me laisse poser mon sac dans le magasin, le temps que je maîtrise l'engin. Débutance oblige, 70% de mon attention était concentrée sur la pédale de frein. Je cale trois bonne fois. "C'est pour ça que je voulais te louer un scooter", me dit le concessionaire. Au lieu de raconter des conneries, explique moi comment ça marche. "Pouvez-vous s'il-vous-plaît m'expliquer comment le véhicule fonctionne ?" Ahhhhh d'accord, c'est le frein gauche qui sert d'embrayage (WTF au début). Par chance, il n'y avait pas besoin de démarrer au kick, ce qui m'inquiétait le plus. Petit à petit, je retrouve quelques sensations. Tout compte fait c'est très simple quand on est déjà habitué à l'embrayage et aux rapports de vitesse. Le concessionnaire m'a accompagné jusqu'à la station d'essence, pour un plein du réservoir à sec. Un peu plus d'un euro le litre ! Bah comme chez nous en fait. Bien évidemment, l'addition était pour moi.
Lac de Pushkar
Après quelques centaines de mètre, je me suis rendu compte que je tournais beaucoup trop la tête. Quelque chose clochait. Vous n'allez pas le croire... Je n'avais même pas remarqué l'absence de rétroviseurs sur ma moto. Oups. Vieux motard que jamais. C'est assez gênant pour ne pas vous mentir. Il faut d'autant plus anticiper chaque rupture de route, obstacle, vache, dromadaire... En ville, tourner la tête toutes les cinq secondes si l'on est pas assez rapide. Le bordel tant redouté était moins difficile que prévu. Il faut simplement l'affronter en trouvant sa vitesse idéale et en s'imposant à coups de klaxon. Suivre le courant, et s'attendre à tout. Prudence rime avec entreprenance. Ce qu'on appelle "prendre des risques" en France, c'est de l'amateurisme ici. A l'inverse, être trop prudent en cédant sans arrêt le passage revient à réellement prendre des risques. S'arrêter pour laisser passer un piéton est juste suicidaire. A chacun d'anticiper pour esquiver convenablement (mais surtout au piéton de nous éviter). De toute façon, vu la vitesse à laquelle ça roule en ville, chacun à le temps de réagir dans les temps.
L'autoroute entre Jaipur et Pushkar est relativement bien tenue. Trois voies et une large bande d'arrêt d'urgence à gauche. Le problème c'est qu'elle incite certains flemmards, surtout des deux-roues mais parfois des voitures, des tracteurs ou encore des camions, à rouler en sens inverse. La circulation était bonne, voire même excellente à la seconde où j'ai quitté Jaipur. Pas dense du tout. Plus de poids lourds que de voitures. Comme ils restent sur la voie de droite, on peut les doubler sans craindre d'avoir une voiture au cul. La visibilité est bonne. On peut tracer, mais pas à plus de 8Okm/h (en théorie).
Un premier arrêt dans un mcdo sur le bord de la route. Juste le temps d'un coca. La route n'était franchement pas passionante. J'étais (beaucoup) plus rapide que la moyenne des deux-roues et des poids lourds, limités à 60km/h hors aglomération. Sachant que les deux roues ont en moyenne trois personnes sans casques, ou transportent une centaine de kilos de sacs... tant mieux pour eux. Seuls quelques rares chars à dromadaire ou des gigantesques "camions mongolfières" rendaient le trajet un peu intéressant.
Trop de lecture sans images n'est jamais bon
Environ quatre heures de route, en comptant les pauses très nombreuses. Le sac n'était pas trop lourd mais finissait par peser. D'abord sur les fesses et le dos. Après quelques minutes un peu en arrière, c'était surtout les fesses, puis, en avant, le dos. Il faut choisir ce qu'on veut sacrifier en premier.
A cinq minutes de Pushkar, les dos d'âne (jamais signalisés) étaient présent en masse. L'un deux m'a surpris au dernier moment et contraint à un dérapage improvisé. Résultat, en l'absence de visière sur mon casque : du sable dans les yeux, un arrêt en urgence sur le bord de la route et un renversement de la moto à l'arrêt. J'arrivais tout juste à la soulever sous le regard médusé des locaux. L'accroche, aussi bien de la moto que de mon entrée en ville, n'était pas très réussie. Je suis prévenu.
La visière... Je ne pensais pas qu'elle était si importante. Je peux difficilement rester derrière un camion sans être aveuglé. Un moment, chose assez désagréable, je me suis mangé une abeille en pleine face.La "cité blanche", vieille ville de Pushkar
Plus j'approchais de Pushkar, plus je voyais des véhicules dans ce genre, remplis de pelerins en turban
Cette petite ville toute blanche dont le nom signifie "étang aux lotus" est sacrée pour les hindous. Selon le routard, y venir une fois dans sa vie vaut 100 pèlerinages n'importe où ailleurs. J'ai quelques petites rues très commerçantes et touristiques, le bazar principal en somme, pour arriver dans ma guesthouse à l'ambiance traditionnelle et au patron amical.
Prix : 200 roupies, autant que la taxe pour un retrait d'argent
Nouveaux record pour une chambre. Sur son balcon à la vue panoramique, j'ai dégusté un riz blanc fade à souhait, accompagné de son coca-cola, avant un repos forcé de quelques heures.
Au coucher du soleil, je me dirige vers le lac sacré du centre ville
Autour, entre des escaliers et de nombreux temple, il y a une route piétonne très calme, à l'abri des klaxons de la vieille ville. Il faut se déchausser, et les photos sont interdites dans la majeure partie du quartier. Tout autour de ce lac, des chants, tambours et bains rituels censés purifier le corps et l'âme, voire guérir des maladies. Ces derniers sont égalemement interdits de photo. Généralement, c'est le cas de tout ce qui touche à la religion. Les temples sont photographiables, mais pas les idoles ni les rituels. Au temple de Brahma, (un des seuls au monde au nom de cette divinité), on trouve des gens qui veulent te mettre des pétales de fleur dans les mains. "C'est gratuit tkt". Leur plan : te les faire jeter puis t'imposer une donation pouvant aller jusqu'à 1000 roupies (environ 26000€). Sans doute l'arnaque la plus connue de la ville. En plus d'avoir été prévenu, je l'avais déjà lu plusieurs fois. Ils s'imaginaient vraiment que j'allais tomber dedans ?
Par contre, je me suis laissé tatoué le bras au henné (askon m'a dit) par deux mademoiselles, l'une plus charmante que l'autre.
Sunset point
Pushkar, c'est le repère des hippies de toute l'Inde. La plupart yogatent en face du lac ou sur des marches menant à un temple. Les autres tambourinent ou discutent.
La vache bouffe-tout tapant la pose
Il y a des vaches qui mangent tout ce qu'elles trouvent, mais surtout ce qu'on leur donne. Même les emballages en alu. Ca fait un peu mal au coeur à voir. La nuit tombée, ambiance feu de camp et encens. Je suis tombé sur un groupe d'enfants tout sale qui voulait que je leur achète du lait... Ca fait un peu mal au coeur aussi. Des chiots plus petits que mon avant-bras qui jouaient avec le lacet de ma chaussure. La mère est arrivée pour les faire têter, tous sauf l'avorton du groupe, noir et sale... Vous avez compris.
Photo de groupeLe lendemain, j'avais prévu de me lever tôt afin de voir le lever du soleil depuis un temple sur la montagne à quelques kilomètres de la ville, accessible en téléphérique. Gros suspense...
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16/01 - 17/01 - Road trip au Rajasthan [Jour 0] - JAIPUR - Préparation pychologique - "S'attendre à tout"
- Par cpt-tibo
- Le 03/02/2018
- Dans Rajhastan
- 1 commentaire
Affronter, malade, l'Inde et son trafic apocalyptique, dans ce pays qui dénombre pas moins de 100 000 morts par an sur les routes. Si on retire le "malade" (au sens maladif), voici le challenge que je m'étais fixé. Je bouillais d'impatience à cette idée... Jusqu'à ce que j'arrive à Jaipur.
Si vous voulez un peu mieux comprendre l'état du trafic en Inde, je vous invite à lire cet article. Tout est absolument vrai.
Jaipur
Avant de rentrer dans les détails (miam), une visite de Jaipur s'impose. C'est loin d'être la ville qui m'a le plus séduit. Pour commencer, les cinq heures d'escale entre mes deux vols Cochin-Bangalore-Jaipur m'avaient légèrement mis dans le mal. J'ai quitté ma guesthouse de Cochin à 6h30 pour arriver à mon auberge de Jaipur à 19h30. Depui l'aéroport, la conduite du chauffeur de taxi a fini de m'achever. Juste en face d'un pseudo centre commercial, le seul restaurant du coin était un pseudo resto de luxe. Le genre où les serveurs, constamment sur ton dos, te regardent manger un curry réchauffé de médiocre qualité, en insistant pour te servir dans l'assiette... Insupportable. Du haut de ce restaurant au cinquième étage du mall, je poursuivais mon observation des comportements des usagers de la route. Y a-t-il un schéma logique à ces trois voitures et deux scooters alignés sur deux voies en face de moi ? La voiture qui vient d'en frôler trois autres en les dépassant dans un trou de souris par la voie du milieu était-elle prévisible ? Faut-il simplement s'attendre à tout ? Cette étude s'attachera à montrer l'existence d'une concordance entre les évènements routiers et un schéma prédéfini. Nah je déconne, rien n'a de sens. Néanmoins, pour chaque jour de mon road trip, un objectif titré plus ou moins atteint, ou plutôt une thèmatique entre guillemets ayant rythmé la journée.
Heureusement, le personnel et les voyageurs de l'auberge étaient beaucoup moins hautains que le petit personnel du resto à deux balles. L'ambiance backpacker était rafraîchissante. Les lits confortables. Le petit dèj à volonté. Le lendemain, il fallait que je déménage car l'auberge était complète. Mon nouvel hôtel est plus proche de la vieille ville. Ayant laissé quelques affaires dans un casier de l'auberge en préparation du road trip, je peux me délecter de marcher avec un sac de six, sept kilos max.La cité rose, vieille ville de Jaipur
Capitale du Rajasthan, il s'agit de la seule grande ville d'Inde conçue par un urbaniste
Ce surnom vient de la couleur dominante des maisons de la vieille ville, organisées en petites ruelles étroites et perpendiculaires. Depuis mon hôtel, je marchais au hasard en direction du Palais du vent et de la Citadelle d'Amber, ancienne captitale forteresse ==> Habituel trafic assourdissant, pollution, pauvreté et encombrement des grandes avenues sans charme, avant d'arriver dans ces petites rues charmantes (et beaucoup plus encombrées) du "quartier rose". Tout en repérant les concessionaires deux roues, j'admirais les couleurs éclatantes de ce bazar interminable. Des quartiers spécialisées dans les pierres précieuses aux textiles en passant par les objets artisanaux (bois, metal, cuivre).
Rue principale du bazar
Les démarchages étaient assez fréquent. Il y a ceux qui vont droit au but : "Salut mon ami, viens voir ma cam, c'est de la bonne". Il y a ceux qui jouent aux échecs : "Salut mon ami, tu viens d'où ? Première fois en Inde ? T'es photographe pro ? T'as vu, beau quartier hein ? Regarde les murs de cette maison, on peut voir les détails de gravures d'une centaine d'années, elle est tellement bien conservée... Viens voir à l'intérieur c'est encore plus joli !". Et là ils t'attrapent ! Enfin il y a ceux pour qui on est jamais sûr. Mais dans un quartier aussi populaire, je me méfie.
Vieille ville
Je ne suis pas monté sur la citadelle, qui domine la vieille ville, mais j'ai pu l'admirer depuis le toit d'un restaurant. Le Tatoo Cafe, sur lequel j'ai assisté à une baston de type shlaguarde entre deux indiens bedonnants.
Le Palais des Vents, aux innombrables fenêtres, depuis le café
Apparement, le maharaja de l'époque a donné un village entier à l'architecte responsable de ce chef-d'oeuvre. Aujourd'hui, c'est une carte postale qu'on ne peut plus visiter.
Quand on marche plusieurs kilomètres dans une ville si assomante, il est impératif de se poser pour prendre un "shake" ou un "lassi" (jus de fruits à base de yaourt). En y repensant c'est probablement ce dernier qui m'a rendu malade. Environ 5,34/10 sur l'echelle de la tourista : maux de ventre accompagnés d'une petite migraine et d'un "affaiblissement corporel". Viable mais très gênant. Parfait pour apprendre à conduire dans la jungle routière rajpoute.
Fin d'après-midi
Sur le retour, je me suis mis en quête de trouver une mob pour un départ fixé le 18, en commençant par plusieurs adresses que m'avait conseillé le mec de l'auberge. Après plusieurs échecs chez des concessionaires qui ne voulaient me céder que des scooters, je trouve finalement moto à mon aine. "Semi gears 125cc maximum", je demandais pour la enième fois. Ce sont, en plus d'être le maximum autorisé pour ma catégorie de permis, les seules que j'avais appris à conduire en Thaïlande et aux Phillipines. "Only 150cc", me répond finalement un concessionaire à la dégaine douteuse. C'est un début ! Avec sa voix rauque et ses cicatrices de guerre (la moto), je me disais qu'elle s'accorderait parfaitement à un bleu comme moi. Il était clair qu'elle n'attendait qu'une chose : sortir de son garage poussiéreux pour partager son expérience du front routier indien. Je sais que c'est illégal mais c'est pas de ma faute. C'est la moto qui choisit son motard et pas l'inverse...
Quand je lui ai dit que je ne comptais pas rester en ville, le prix est passé de 500 à 700 roupies par jour. On m'avait conseillé de ne pas mentir là dessus. En vrai, je ne lui ai indiqué qu'un quart de mon parcours. Dire que j'avais prévu de faire plus de 1000km aurait surêment fait doublé le prix. Tranquille, environ 60€ la semaine, ça reste correct. Même si, vu l'état de la moto, j'aurais bien dû fermer ma gueule.
Bajaj Pulsar 150cc
Indienne, 2001, est une quatre-temps, monocylindre moteur DTS-i refroidi par air avec une valve, couplé avec un taux de compression de 9,5: 1, et un alésage et une course de 57 et 56,4 mm respectivement, produisant un déplacement de 149.01 cc, une puissance maximale de 14,09 chevaux à 8500 rpm et un couple maximal de 12,76 Nm à 6.500 tours par minute. A mes souhaits !
De retour à l'hôtel, j'ai réalisé que je n'avais plus aucune idée, de comment démarrer ou changer les vitesses. Tout ce que que j'avais appris de mon très court road trip de l'année dernière s'était envolé. Internet ? INTERNEEEEEETTT ??? Non ? Tant pis. J'ai dormi serainement, jusqu'à ce que mon ventre ne m'envoie des signaux de détresse. Ma tête pensait "Je vais jamais y arriver" mais mon attention était plus concentrée sur mon ventre.
Le parcours
Une moyenne de 150km par jour. -
12/01 - 16/01 - Munnar & Cochin - Visite posée de deux villes phares du Kerala
- Par cpt-tibo
- Le 24/01/2018
- Dans Inde du sud
- 2 commentaires
Namaste !
Tout le retard accumulé pendant mon actuel road trip m'avait donné envie de zapper cet épisode post volontariat. En plus de ne pas avoir grand chose de bien passionnant à raconter, la fatigue de quatre heures de route par jour en moyenne me font m'écrouler à la seconde j'essaye de me concentrer. Tous les soirs, je me contente donc de noter les points à retenir et à developper, en comptant sur des temps morts comme les périodes de transition dans les aéroports... Finalement, mon côté perfectionniste a repris le dessus. Et les photos étaient trop bonnes pour rester cachées sur mon disque dur. Voici, rapidement, mes quatre derniers jours au Kerala à Munnar et Cochin.Après trois bus et deux rickshaws, retour aux stations d'altitude (Cette fois-ci, je vous épargne les détails de cette enième journée perdue dans les transports). Le trajet était semblable à celui d'Ooty. Des routes étroites de montagnes, plus vertes cependant. Munnar, c'est la capitale du thé vert. Ses plantations attirent des centaines de milliers de visiteurs par an. Elle accueille d'ailleurs le premier musée du thé. Les tours opérateurs et les hôtels de luxe tournent à plein régime dans cette station de "luxe", autrefois très prisée par la noblesse pour sa fraîcheur en été. Le centre ville regorge de touriste et de boutiques d'épices et de thé.
Tea Garden
C'était vraiment agréabe de se perdre dans ces immenses plantations qui s'étendent à perte de vue (c'est même la première chose à faire selon trip advisor).
Prendre n'importe quel sentier fait atterir sur trois autres et ainsi de suite
Les joies du travail dans les plantations.
J'étais surpris de voir que ces femmmes coupant les feuilles de thé sont très souriantes et communicatives.
Coupes parfaites
Au beau milieu d'une journée probablement répétitive et laborieuse, j'étais la seule distraction pour elles. Contrairement au centre-ville, j'étais le seul "touriste" à des kilomètres à la ronde.Le temps est bon. Il ne fait pas plus de 25° en journée. Le soir et très tôt le matin, il fait frais.
La deuxième nuit, j'ai dû changer d'hôtel car celui ci était complet. Après un petit dej indien et occidental à volonté, je me suis immédiatement fait recalé d'une chambre d'hôte que j'avais réservée un quart d'heure plus tôt sur Booking... Etablissement interdit aux étrangers. Les propriétaires ne proposent pas le fameux formulaire destiné à nous surveiller pendant notre séjour en Inde. Chaque nouvel hôtel, guesthouse ou auberge, en plus de photocopier mon passeport, exige que je remplisse deux feuilles qu'ils envoient sur un site gouvernemental. Du coup, je connais par coeur tous mes numéros de visa, passeport, date de validité, etc.. Mesure anti terroriste apparemment. Dans le coin, tout était complet ou réservé aux indiens, sauf un hôtel de moyen standing.
Environ pour 15€ pour cette "chambre deluxe", ma plus chère jusqu'à maintenant.
Le receptionniste voulait me la vendre 2500 roupies... Bizzarement, le prix a chuté de 1000 roupies quand j'ai fait mine de partir. A bon entendeur...
Marche autour de la ville jusqu'aux terrains de criquet.
Le sport national indien. De ce que j'en ai vu, c'est comme le base ball, mais avec un rebond au lancer de balle. Il faudra que quelqu'un m'explique les règles un jour. A l'aéroport de Cochin, j'avais regardé une partie du match Inde - Afrique du Sud. Ces derniers ce sont imposés. Drame national...
Finalement, j'ai fini par manger épicé. La mixture la plus épicée de ma vie. Je n'ai jamais autant souffert. Chaque cuillerée m'arrachaît l'intérieur de la bouche au moindre contact. Ma technique : manger le plus vite possible par rafales de cinq cuillères, puis attendre cinq minutes. L'amour de l'épice. pour moi aucun plaisir à cette souffrance qui fait plus de mal que de bien. Heureusement qu'ils mettent la dose de crème dans le "chai" (thé) pour apaiser.
La plage de Cochin
A part cette nuit où il a plu chez Harsh, pas une goutte d'eau à l'horizon. Janvier est vraiment le mois idéal pour voyager en Inde du Sud. C'est aussi l'hiver ici, d'une manière relative certes. Il n'y a vraiment qu'à Cochin que le temps est lourd. Au lieu d'un climat océanique, on trouve la chaleur écrasante de son port militaire sur la mer d'Arabie.
Il y a des bus direct entre Munnar et Cochin, respectivement à une centaine de kilomètres. Je suis resté à Fort Cochin, l'ancienne cité coloniale à l'ouest de la ville, assez intéressante à visiter. Le musée indo-portugais, les églises, le marché tibétain, mais surtout la jetée avec toutes les petites boutiques à touristes, la plage, les filets de pêche chinois et les restaurants de fruit de mer. Ma guesthouse était en plein centre de la vieille ville. Anciennement sous l'autorité des portugaise, puis des hollandais, églises, mosquées, temples hindous, bouddhistes, taoistes, etc, cohabitent dans ce quartier. La magie de Fort Cochin. J'ai vu, dans la même rue, entre moultes drapeaux communistes, une église, une mosqué et un temple hindou. Les cochinois, je crois, détiennent le secret de la diversité. Chaque église, et il y en a beaucoup, est unique en son genre.Le quartier est également très touristique, spécialement sur la jetée. Enormément de vieux. Surtout des français. J'étais dans l'unique chambre d'invité de mes hôtes : une petite famille indienne à l'accent hispannique. Au point que la propriétaire m'a parlé plusieurs fois espagnol sans faire exprès. Un séjour innatendu chez l'habitant très typique et reposant.
L'attraction du coin : les filets de pêche chinois.
Depuis le dernier pont, vide, je suis resté jusqu'au coucher du soleil
En passant, plusieurs pêcheurs m'ont incité à monter sur leur pont. Ils font payer l'accès à ceux qui cherchent comme moi un bon angle de vue. Des photos pour les plus fainéants, les autres peuvent les aider à remonter les filets.
On peut entendre le bruit du marché aux poissons. Ecoutez bien...
Une dernière pour la routeOk, tout compte fait, c'était peut-être pas si rapide. Mon séjour dans ces trois régions d'Inde du Sud, en revanche l'était réellement. J'en ai quand même eu un bon aperçu, et bien profité. Les meilleurs moments étaient évidemment hors des grandes villes. Mention spéciale à Anandu et Harsh. En quittant le Kerala pour le Rajasthan, je me représentais quitter la jungle pour le désert. Le sable contre le vert. Vous vous en doutez, c'est beaucoup plus nuancé.
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07/01 - 12/01 - Gaia Grid [2] : Permaculture quotidienne, simple mais rudimentaire
- Par cpt-tibo
- Le 18/01/2018
- Dans Inde du sud
- 2 commentaires
Troupeau de chèvres sur les routes de Kadampara
La vie est rudimentaire
C'est le principe de la permaculture, ici appliqué dans sa globalité. Elle ne s'applique pas seulemet à l'agriculture, mais désigne plutôt un système durable, économe et autonome. Rien ne se perd, tout se récupère, tout se profite... J'étais surpris de constater qu'il la vit au quotidien, à tous les niveaux de vie.
D'abord l'eau, ressource particulièrement précieuse et essentielle dans ces collines. Il faut savoir qu'à notre arrivée il n'avait pas plu depuis deux mois. A ce moment, Harsh estimait trois mois secs de plus. C'était sans compter la malé(béné)diction franc(angl)aise. Au troisième jour, il a plu. Evidemment, on a mit du temps à le réaliser. C'était la nuit et presque toutes mes affaires étaient restées dehors. Bonne nouvelle tout de même.
L'eau donc. Après arrosage des plantes, elle va d'une terrasse à l'autre en ruisselant, et en empruntant les tranchées creusées à cet effet. Pour se laver les mains, on en verse une certaine quantité dans un récipient transformé en arrosoir. Ce qui tombe va directement dans le potager derrière la maison, car le savon est organique. Même principe pour la douche : un arrosoir suspendu à une branche. On peut garder l'eau des seaux à vaisselle au moins trois jours, avant d'en faire profiter les plantes. Le réapprovisionnement des tanks de presque une tonne est un spectacle. Même avec un tout terrain pareil, il faut le faire pour tout transporter sur un terrain pareil.
Camion transportant le tank d'eau
Les déchets organiques vont au compost. Ils sont utlisés comme fertilisants. Le plastique quand à lui sera broyé avec une telle force qu'on pourra l'utiliser pour construire des maisons. Les matières fécales - autant vous prévenir, il a toujours un instant crade dans mes volontariats - sont bien évidemment récupérées. La bouse de vache et d'éléphant, en particulier, a de multiples utilisation : antisceptique pour le sol de la "maison" et engrais. Une fois, Harsh nous a demandé d'arpenter les routes du village pour trouver des bouses fraîches (j'étais de tâche coupage des mauvais à ce moment). A cause de notre alimentation, la notre est tout à fait inutile. Pire, elle véhicule tout un tas de maladies. Du coup, on chie dans un seau, qu'on recouvre avec du sable. Quand il faut vider le seau, ça se gâte... La merde humaine est décidément la plus infecte. Là ou il pêche (pas volontaire, je m'en suis rendu compte en me relisant) niveau récupération, c'est pour le PQ... heureusement pour nous !
La fabrication de cet "antisceptique" est simple et permet de repousser les insectes et la poussière.
Il faut répandre la mixture et attendre quelques heures. Les villageois font ça une fois par semaine.
Des panneaux solaires sont installées le long de la propriété. Ils alimentent surtout la clôture electrique, dont le rôle est de repousser les éléphants.
Si l'on en croit Harsh, ce n'est vraiment pas quelque chose à prendre à la légère. Chaque mois, on compte plusieurs morts d'attaques d'éléphants dans le coin. Il nous a montré une partie de l'ancienne clôture en fer, complètement pliée par un d'entre eux. La nuit tombée, les flics à Anaikatti interdisent de prendre le chemin de Kadampara. Peu après le nouvel an, les british étaient qui étaient arrivés à Anaikatti très tard ont été retenus au poste de police. Harsh a dû faire jouer ses relations du bureau du premier ministre pour les convaincre de laisser Venkat les emmener à la ferme. Les villageois disent aussi qu'un tigre rôde dans la forêt de la vallée. Des cadavres de chèvres seraient là pour en témoigner. Du coup, j'aime autant autant faire le contorsionniste pour entrer dans le domaine, et dormir tranquillou.
Le coin propre. Ne vous inquiétez pas, il y a une trappe pour les toilettes.
Je vous l'accorde, il y a encore du chemin vers l'autosuffisance. L'eau et la nourriture ne s'improvisent pas. Excepté pour les bananes, les villageois de Kadampara produisent d'abord pour eux-même. Les ananas, grenades, pastèques, fruits de la passion, noix de coco, aubergines, courgettes, cacahuètes, noix et autres féculents viennent d'Anaikatti. J'avais déjà expérimenté le "régime" vegan en Thaïlande. On arrive en pensant à "quinoa", "muesli" ou encore "jeun", et on repart avec cinq kilos en plus Cette fois-ci je n'ai pas non plus été déçu. Aussi bien en quantité qu'en qualité. La médaille d'or revient au porridge du petit-déjeuner, avec ses morceaux de dattes, de noix de coco et sa touche de cannelle.
Tout le monde prépare à manger, mais c'est Harsh qui fait les mixtures. Il a le don, on lui en était tous reconnaissants, de priviligier le goût à l'épice. Chaque plat principal s'accompagne d'une salade de fruits et de légumes.Les journées sont si paisibles.
Entre 9h et 16h, liberté. C'est-à-dire pas grand chose. Lorsqu'un sujet intéressant pour Harsh (philosophie, histoire, politique, documentaire) est mit sur la table, il peut en parler pendant des heures sans s'épuiser. Il est capable de convaincre une israëlienne que les attentats du 11 septembre sont un complot du Mossad...
Il est à la pointe de l'information. Je me demande comment il fait, car je ne le vois presque jamais sur son téléphone ou son macbook. Sans volontaires, je pense réellement qu'il s'ennuierait. Le seul villageois qui passe régulièrement dire bonjour, c'est "Mr Bobby", toujours là pour divulguer ses bons conseils ou donner un coup de main. Pour Harsh, la communication avec les locaux n'est pas évidente. Il comprend la langue mais répond en anglais (teinté d'hindi). D'un kilomètre à l'autre de la ferme, les gens parlent une langue différente. Anaikatti est dans le Tamil Nadu alors que Kadampara est dans le Kerala.
A un kilomètre il y a une rivière pour se rafraîchir et faire sa lessive.
Le temple en face de la rivière
Le dernier jour, j'ai tenté mon expédition jusqu'à la colline en face de la ferme à environ 7 kilomètres, mais on a dû faire demi-tour avant car il était trop tard. J'étais avec Clément et Matthew, qui ont respectivement la même âge que mes deux frères. Comme à la maison.
A travers les forêts du Kerala
Après le temple et la rivière, on arrive sur l'école de Kadampara, une quasi ruine. Les petites maisons sont en briques, bois et tôles. Les villageois à la peau noire et marquée par le dur labeur des champs, nous fixaient une faux à la main. Certains avec le sourire. La faux, on la retrouve avec le marteau sur les nombreux drapeaux rouges qui décorent les chemins. On croise régulièrement des fermiers menant leurs troupeaux de vaches et de chèvres. L'odeur nous rappelle notre bon fromage. Harsh nous avait aussi prévenu que le village concentre pas mal de plantations de cannabis. Apparement, les villageois sont constamment défoncés.
Chèvres et fermiers kéralais
Le travail est très light. Pas plus de 3-4 heures par jour. Et encore, souvent c'est encore moins. Harsh nous pousse à nous dépasser dans le réfonfort. La permaculture va même jusque dans l'économie de ses forces. C'est assez basique : creuser des trous, déraciner, mettre de l'engrais, planter, arroser, creuser des tranchées et couper les mauvaises herbes autour de la clôture. C'est aussi assez physique, car le sol est dur. Il faut creuser à la pioche ou avec une lance pointue en métal d'une quinzaine de kilos. Quand je vois la vitesse à laquelle les mauvaises herbes reprennent le dessus, sur les trous et la clôture, j'admire sa patience.
Creuser des tranchées dès 6h30 du matin
En fait, Harsh attend davantage de créativité que d'effort physique. J'avais eu l'idée d'aménager un endroit vide en face des tentes, pour en faire un coin fauteuil et nature entre des escaliers... Il était emballé par l'idée, jusqu'à ce qu'il se souvienne qu'un volontaire avait déjà planté à cet endroit. Ca n'empêchait pas... Mais il faut dire que je n'ai pas insisté.
Je me suis vite rendu compte que la procrastination régit véritablement la vie quotidienne. Je ne compte pas le nombre de tâches évoquées tous les jour : boucher le trou de la tente, ceuillir les haricots, semer des légumineuses, même vider le seau de merde... Mais aussi des activités, comme regarder ce "documentaire qui nous fera prendre conscience" de telle ou telle chose ou aller à la rivière, qui a dû être mis sur le tapis au moins trois fois avant qu'il ne se décide enfin. A ce moment, il ne s'était pas lavé depuis une semaine. En même temps, où est l'intérêt quand tout le monde sent mauvais ? Finalement, c'est plus un monastère qu'une ferme. Un monastère libre où les principaux passe temps sont la lecture et les cartes. Cependant une question me taraude. Comment, avec tout ses volontaires, est-il possible qu'il n'ait jamais joué aux cartes ? Le président, ou plutôt le "gandu", le mot indien pour trou du cul, s'imposait. Il apprend vite. Au début, il triait et tenait ses cartes comme un enfant qui apprend à manger.
...
Je suis parti un jour plus tôt que prévu. Je pourrais finir sur une conclusion bateau, en disant que c'était une expérience fondamentale qui nous renvoie à qui nous sommes vraiment. C'est pas faux. Au delà de ça, c'était tout simplement agréable de vivre avec l'essentiel pendant ces cinq jours.
Prochaine destination : Munnar, à mi chemin entre Coimbatore et Cochin, dans laquelle où je prendrais mon vol pour le Rajasthan le 16. -
07/01 - 12/01 - Gaia Grid [1] : Harsh, ses volontaires et sa "ferme vegan" - Kadampara, Kerala
- Par cpt-tibo
- Le 17/01/2018
- Dans Inde du sud
- 2 commentaires
Kerala, sud ouest de l'Inde. Le "pays de Dieu", comme aiment l'appeler ses habitants. Un Etat très dense, le plus alphabétisé d'Inde, communiste, d'abord Hindou et de très forte confession chrétienne, héritage des anglais et des hollandais. Personnellement, je n'y suis pas resté assez longtemps pour constater des différences significatives. Les gens ont l'air plus gentils et c'est plus vert... Sauf dans les grandes villes. Une première journée, périple oblige, perdue dans les transports. Quatre étapes cette fois pas franchement intéressantes... Ne vous inquiétez pas, je vous raconte quand même tout.
Intro trajet
1) Bus de Ooty à Coimbatore ==> Un peu plus de 5h pour parcourir 85km. En Inde, il faut s'armer de patience et toujours prévoir (BEAUCOU
P) plus de temps que prévu dans les transports en commun. Comment ? Quelle grève ? Quoi ? C'est le jour du seigneur en plus ? Que voulez-vous dire par "La seule et unique route de montagne, étroite et sinueuse, pour redescendre dans la vallée" ? Bon ok, il est clair que je suis de mauvaise foi. Et c'est pas fini (comme les transports indiens, il y en a toujours plus). Coimbatore, de ce que j'ai vu, c'est l'Inde surpeuplée et sale. L'Inde des trains archi pleins avec des gens accrochés aux barres, à moitié dans le vide. L'Inde où les gens pissent dans les rues. L'Inde où les gens se lavent dans les rivières, à deux pas de leur slum le long de la voie de chemin de fer. L'Inde des clichés en somme. Ce qui est paraît-il assez fréquent en périphérie des grandes villes. La nature m'appelle. Mais les villes me font fuir d'abord. Je ne m'attarde pas et cherche mon bus.
2) Sans succès, car pas la bonne station ==> Tuk-tuk jusqu'à Gandhipuram, étape toujours la plus simple et pourtant celle que j'aime le moins.
3) Bus de Coimbatore à Anaikatti. Un bus local, beaucoup plus vétuste que les bus gouvernementaux, qui crache du gros son. Ambiance locale assez sympa, mais impossibe pour moi de m'asseoir. J'aime autant car je peux rester dans les escaliers, près de mon sac au fond de ce bus rempli. C'est toujours mieux que de me cogner a tête au plafond à chaque ralentisseur.
4) Jeep de Anaikatti à Gaia Grid, pas loin du petit village de Kadampara. A la station d'Anaikatti, je tombe directement sur des chauffeurs de jeep qui connaissaient Venkat, le chauffeur que je devais appeler. Bonne chose, car je n'ai toujours pas de carte SIM. Coincidence intéressante : un autre volontaire est arrivé à Anaikatti cinq minutes après moi, au moment précis où Venkat arrivait. Andrea, italien de 35 ans, a cru que le chauffeur de jeep était dans le turfu.
Le chemin devant la fermeMon hôte, Harsh, avait raison de préciser que l'endroit était vraiment isolé. Le trajet a duré une vigntaine de minutes sur des chemins en terre caillouteux, entre fermes, cultures et forêts. A première vue, les fameuses collines "sèches" n'ont pas l'air si sèches que ça. Seulement son exploitation.
En plus de moi, il y avait déjà quatre volontaires : De gauche à droite : Clément, 24 ans, Harsh, un couple d'anglais d'environ 25 ans, Nama, israëlienne d'environ 40 ans, et Andrea.Les anglais partaient le lendemain (d'où l'oubli de leurs prénoms). L'importance que les gens accordent aux titres a animé le débat de cette première nuit, qui était la plus captivante. On est bien placés pour en parler, ai-je conclu, car tout le monde autour de la table a plus ou moins quitté son job pour voyager. "Quand tu as compris que tu n'es rien, tu peux être qui tu veux". Cette citation d'Harsh (entre autres), le définit bien.
Ce légume, mais aussi l'homme, sont impressionnants.
C'est un grand sage des collines. Cheveux longs, la trentaine, il vient de Calcutta où il faisait un peu de tout. Maintenant, il mène une vie simple, presque austère, seul dans son verger sur la colline. Il essaye de vivre au plus proche de la nature en se contentant de ce qu'elle peut lui offrir. Pour l'instant, pas grand chose. Le projet est encore jeune. A terme, objectif autosuffisance. Pour son hectare de terre dont l'amménagement en forêt d'arbres fruitier suit tranquillement son cours, à quelques kilomètres de la frontière du Tamil Nadu. Il vit grâce à des dons, l'aide des volontaires et des aides prévues pour ce type de projet. En gros, chaque mois, il doit compléter une feuille de route et échanger des conversations vidéo. Cela lui permet d'acheter à manger, de payer sa facture téléphonique, et de réinvestir dans la terre.
Arrosage des plantes avec la fin du tank avant le remplissage
Il reste cependant "connecté". Pour vous dire, Gaia Grid, sa ferme vegan, est trouvable sur Google Map. La 4G, bien que très faible, passe. Anecdocte marrante, son nom est inscrit au panthéon des "même" sur internet (il faut absolument que je le retrouve). Philosophe dans l'âme, il est très ouvert d'esprit et arrive toujours à intéresser son interlocuteur. Il n'est pas donneur de leçons pour autant, bien au contraire. J'admire sincèrement son éloquence et sa générosité. Le dernier jour, des nouveaux flics sont venus à l'improviste pour une visite de contrôle. Ils étaient venus voir ce qu'il trafiquait et vérifier si les formulaires en ligne qu'il nous a fait remplir (il se fait passer pour une chambre d'hôtes) correspondaient bien aux personnes présentes. Harsh leur a offert à manger et les a fait visiter son domaine en leur expliquant son projet et ses convictions. Il s'est même permit de dire "Si vous voulez fumer, c'est dehors", à celui qui avait sortir sa clope. En moins de deux, il a mit la police locale dans sa poche, sans oublier de mentionner subtilement qu'il a des bons amis qui travaillent au bureau du premier ministre. Ils sont repartis, après un selfie de l'équipe et un échange de WhatsApp. Je dirais qu'à l'exception d'un léger anti-américanisme (assez classique en vrai), il ne rejète rien ou presque.
L'entrée de Gaia Grid.
La seule chose qu'il ne tolère pas, c'est l'intrusion de matière non vegan au sein de sa propriété. Ainsi, un couple de français qui n'est resté qu'une nuit avait ammené une barre de chocolat... au lait ! Malheur ! Le lendemain matin, ils sont repartis sans. La fille avait choppé une tourista à Coimbatore, "raison" principale de leur départ. On se disait que c'était pour le mieux. D'abord pour la place disponible, et puis parce qu'on avait tous le sentiment que, malade ou pas, ce n'était pas un endroit fait pour elle. (Et puis ça faisait trop de français).
Vue d'intérieur au coucher du soleil.
On pourrait en dire autant pour moi, mais je m'adapte. J'étais conscient de (presque) tout les aspects du projet. Ce n'est pas parce que le premier repas que j'ai fait en quittant Gaia Grid était du poulet frit que je n'ai rien retenu du tout, ou pas apprécié mon court séjour passé ici. J'ai juste des besoins vitaux. D'autres comme Andrea, parfait hippie des bois et Clément, pur hippie des marais, ont trouvé leur paradis. Le premier, vêtements larges tout terrain, est un ancien restaurateur qui veut créer une communauté durable semblable à celle-ci. Le second, dread lock et grosses lunettes, est taciturne et toujours souriant. Il fait science po et intérim, comme moi l'année dernière. Au sujet du végétalisme, ils me diraient que ce n'est pas vital. Qu'il s'agit juste d'un travail sur soi, passant entre autres par la méditation ou le yoga, pour laquelle ils sont impressionants soi dit en passant. Harsh préfère dire que la conviction passe d'abord par soi-même. Cherchez pas les gars, c'est peine perdue de toute façon.
Lever du soleil, admirez moi sa courbe parfaite