Rajhastan
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25/01 - 26/01 - Le désastre d'Agra
- Par cpt-tibo
- Le 06/02/2018
- Dans Rajhastan
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J'annonce que je vais être très dur tout en tâchant d'être le plus objectif possible. C'est un épisode particulièrement foireux mais qui mérite d'être raconté. N'étant photographe de sensation, je n'ai que ma prose de reporter sans pareil à vous offrir.
Mon expérience d'Agra a été particulièrement immonde pour ne rien vous cacher. Delhi, je n'y ai transité qu'à peine un jour, suffisant pour ne pas avoir envie d'y retourner. Après Leh, je suis forcé d'y repasser pour deux jours, mais je ne ferais probablement rien d'autre que du repos.J'ai quitté Jaipur de bon matin à bord d'un bus local. TRES local. Des jeunes indiens sympathiques et envahissants essayaient d'échanger leurs écouteurs contre mon casque. Ils voulaient me faire croire, en rigolant, que la qualité de mon casque était nettement inférieur à leurs écouteurs, afin de le garder pour eux. On a tous éclaté de rire. Pendant la première partie du trajet, j'écoutais donc de la musique traditionelle rajpoute en observant un paysage de désolation, pendant qu'eux passaient du Daft Punk et autres artistes populaires qu'ils reconnaissaient dans mes playlists.
Des bidonvilles à profusion. Malgré le temps maussade, c'était la foire à la douche sauvage. De sauvage, les décharges étaient les plus fréquentes. Les fenêtres de ce bus vétuste, dont il ne restait plus grand chose de la couleur rose d'origine, étaient à moitité ouvertes. Je n'avais pas besoin d'essayer d'imaginer l'odeur. Je ne compte pas, spectacle de désolation, les cadavres de vaches, frais ou en décomposition sur le bord de la route. Pour le grand plaisir des chiens, qui se faisaient une joie de fouiller avidement l'intérieur de ces pauvres bêtes. Le sommum de la décolation était ce cadavre de dromadaire (ou chameau) en plein milieu de la route. Une route qui, en plus d'être longue, s'annonçait rude.
Les pires ordures, c'était les deux collecteurs du bus. Deux frères à l'allure bollywoodienne. Costauds, moustache et manches retroussées, se croyant tout permis. Hautains commme jamais, ils ont presque jeté dehors un vieux qui les suppliait de le laisser rester en leur tendant un billet de dix roupies. Un peu plus tard, un enfant est arrivé, jouant (détruisant) du violon et hurlant ce que je soupçonne être une chanson. Il nous a tous cisaillé le crâne. Je lui ai donné dix roupies. Il s'est fait jeté dehors. Tout cela, ce n'était que les trois premières heures. J'étais serré comme du bétail sur un siège où la place pour mes jambes (c'était prévu) était trois fois trop étroite.Le chauffeur et ses deux imbéciles de collecteurs, à qui j'avais pourtant acheté un billet direct pour Agra, nous ont lâché moi et cinq locaux à Bharatpur. Fuckers ! De là, j'ai suivi le groupe jusqu'à un minibus, conduit par une autre espèce d'ordure. Une fois de plus, un autre vieux qui était avec nous s'est fait jeter comme un malpropre. Heureusement pour nos coprs, car je ne me souviens pas avoir été aussi serré dans un véhicule. Nous étions quatre sur une banquette de trois, avec nos sacs et valises sur et autour de nous. Devant, trois indiens empilés avaient l'air d'être dans une situation légèrement plus problématique. Avec le chauffeur, je crois qu'ils avaient un débat houleux sur je ne sais quel sujet. Quoi qu'il en soit, le chauffeur dominait la discussion. On aurait dit qu'il engeulait en permanence ses passagers, qui semblaient s'écraser à longueur de temps. Avant de partir, grosse frayeur. Un poivrot, apparement ami du chauffeur, s'était fait passer pour lui. Sur peut-être vingt mètres, il a calé cinq bonnes fois et manqué de renverser tous les gens autour. "Ahahah elle est bien bonne Richard" a dû dire son pote. Enc**** !! J'étais tellement écrasé contre ma portière qu'il était impossible de fermer la fenêtre. Frigorifié, on arrive enfin à Agra après une bonne heure de route. Evidemment, il nous lâche aux portes de la ville, à cinq kilomètres de ma guesthouse toute proche du Taj-Mahal.
J'ai choppé le premier Tuk-tuk qui arrvait. Un musulman crachotant qui ne parlait pas un mot d'anglais. Quand je lui ai montré l'adresse, il avait l'air de ne pas savoir lire puisqu'il n'arrêtait pas de prendre mon téléphone pour le montrer à des passants. Beaucoup de petites rues où les voitures, les deux-roues et les tuk-tuk doivent à moitité s'empiler pour circuler, ainsi que, plus intéressant, des troupeaux de buffles le long des grandes avenues. Arrivé autour de la guesthouse, il continuait de s'arrêter pour demander le chemin aux habitants, alors que, grâce à ma carte, je lui donnait les directions précises avec ma main... Rien à faire. Le pire, c'est qu'il s'attendait à un pourboire. Quel abruti ! Dégouté avant même d'arriver à Agra.
Ma guesthouse était très accueillante. Ils m'ont donné un tas de conseils, comme ne pas venir visiter le Taj-Mahal le vendredi (par exemple), car il fermé à cause de la prière... Attends deux minutes... Quel jour est-on ? Jeudi. Fin d'après-midi. Bon. Plus rien à faire. Echec total.
J'ai pris mon temps pour marcher autour du Taj Mahal et ses grandes rues commerçantes, regorgeantes de boutiques de souvenirs. Puis me suis posé sur le toit d'un excellent restaurant pour admirer de loin une merveille que je n'aurais pas la chance (c'est le cas de dire) de voir. Le soir, j'ai découvert des rues de plus en plus petites et sales, et des patisseries sucrées à l'excès.Vendredi matin, j'apprend que je peux voir le verso du Taj Mahal, le "Black Taj Mahal". Une vue aussi intéressante que gratuite de l'autre côté de la rivière. J'emploie donc un tuk-tuk (9km, pas trop le choix) pour me déposer à ce point de vue, avant la gare routière où je pourrais prendre un bus pour New-Dehi, le tout pour un prix raisonnable. En plus du froid de canard, au fur et à mesure que l'on s'approchait de la destination, le brouillard se fasait de plus en plus épais. A un kilomètre, on ne voyait déjà plus à dix mètres. Puis on arrive au "point de vue" : magnifique étendue brouillardeuse à perte de vue. Impressionant. Quelle poisse. Je me suis promis que je me renseignerais un minimum la prochaine fois. On s'est bien marrés avec le chauffeur, quand je lui ai dit "Waouh, magnifique, il est partout en fait. Regarde le Taj Mahal, on peut encore le voir". Il y avait toujours le fort d'Agra, ou le tombeau d'Akbar, mais j'avais plus du tout la motivation. Spécialement quand je me disais que j'aurais pu assister au défilé militaire de la fête nationale si j'avais été directemet à Delhi. Nouvel échec retrospectif.
Le bus était privé. Impeccable, mais cher. Après environ deux heures, quelqu'un a forcé une pause pipi sur le côté de la route. Plusieurs ont suivi, dont moi. Drôle d'expérience que de pisser en face du bus, sous le regard de dizaines d'indiens. La route, R.A.S. Elle se faisait de plus en plus large. D'immenses échangeurs autoroutiers ammènent dans une ville plutôt banale, de ce que j'en ai vu.Environ 15h. Je me suis fait méchamment couilloner par un chauffeur de taxi. L'erreur a été de lui demander de me déposer au centre commercial le plus proche. Je me suis souvenu à mes dépends qu'il faut toujours donner une adresse précise sans quoi, commissionné par certains magasins, le chauffeur fera tout pour t'y déposer. "Ici tu peux faire ton shopping". Certes, le plan était de traîner dans un "mall" en attendant mon vol le lendemain à 6h. Mais là... Payes ton centre commercial... Je me suis immédiatement barré de cet "emporium gouvernemental" ou plutôt ce piège à cons, qui accepte toutes sortes de moyens de paiement (jusqu'aux mamans), pour me réfugier dans un café, à partir duquel j'ai pu établir un plan solide grâce à leur Wi-Fi. Tout en espérant que ce salaud ne touche aucune comission. Une semaine plus tard (spoil), je me suis fait reconduire dans cette même rue, à pieds, par un chauffeur de tuk-tuk cette fois-ci(soi-disant hors service). Je n'avais plus vraiment la même mentalité. Pour la petite histoire, je galérais en ville, peut-être à un kilomètre de l'endroit en question, lorsqu'un mec m'a abordé. Il a couru le marathon de l'escroquerie pour me convaincre de visiter cette "superbe petite rue locale", qui est en réalité une très grande avenue longeant le métro aérien, infestée de ces magasins gouvernementaux qui vendent de tout. Avant d'y arriver, je l'avais percé à jour. Surpris et amusé, il était curieux de savoir comment j'étais au courant. Tout le monde est au courant... Avec tout le mal qu'il s'est donné, je ne voulais pas faire le crevard, donc je lui ai demandé combien de temps je devais rester dans tel magasin, et si je devais nécesseraiment acheter quelque chose pour qu'il touche son billet. Apparement non, juste dix minutes un quart d'heure suffisent. Mission accomplie.
Retour au 26 janvier, le métro était donc à deux pas. J'ai passé toute la fin de journée dans plusieurs cafés, le décathlon et le supermarché d'un gigantesque centre commercial, avant de finir dans l'aéroport autour de 22h.
La nuit fut très longue... -
23/01 - 24/01 - Road trip au Rajasthan [Jour 6-7] - BUNDI - Le plus dur reste à faire - "Tout donner"
- Par cpt-tibo
- Le 04/02/2018
- Dans Rajhastan
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Dernière étape. La plus longue. Sûrement la plus physique. Sûrement pas la plus compliquée. Près de 300km d'Udaipur à Bundi, en passant par Chittorgarh (autre forteresse classée à l'UNESCO). J'ai décidé de ne pas m'y arrêter, car il était vital que j'atteigne Bundi avant la nuit. Une semaine après le road trip, je me demande toujours si les feux fonctionnent.
Ce furent 250km sur une autoroute toute neuve. J'ai battu mon record qui était de cinquante kilomètres sans m'arrêter. Une enfield au rythme très soutenu m'ouvrait le passage, que je suivais assez loin derrière. J'ai également dû battre mes records de vitesse. Difficile à estimer, mais je dirais entre 90 et 200km/h, pour être précis. La vitesse maximale théorique de la pulsar est de 110km/h, et moi j'étais régulièrement "main au plafond" L'excellent état de la route, la visibilité à l'infini, l'absence de vaches, mon impatience et mon mal de dos grandissant me poussaient à tirer de plus en plus fort la poignée d'accélérateur.
Quelque chose à signaler ? Un mec qui débarque sur la route, pepère, du haut de son éléphant. C'est bouche bant.
Route très représentative de la journée
Après seulement trois heures, mon dos, mes fesses et mes yeux n'en pouvaient plus. A la fin de la journée, j'enlevais un amas de moucherons écrasés sur les coins de mes yeux, irrités par le vent et la poussière. Impossible de le faire sur la route. Faire entrer mes doigts tout sales en contact avec mes yeux n'auraient fait qu'empirer les choses. En plus, sous mes trois couches de t-shirt, j'étais gelé tout le long du trajet. Il faisait de plus en plus froid au fur et à mesure que j'approchais de Bundi, au climat plus doux et plus frais en hiver. Lancé sur la route, je pouvais toujours sentir le fauve qui émanait de mes vêtements. Trois caleçons, t-shirts et paires de chaussettes. Pas assez de temps pour des lessives. Une douche à l'occasion quand je trouvais de l'eau chaude. Tout ce qui touche à l'eau a beau être rudimentaire, je trouve les indiens écologiquement (uniquement sur ce terrain là) en avance sur nous. Il n'y a généralement pas de papier toilette, mais un jet d'eau manuel ou automatique, dans les toilettes les plus aisées. Quand il y a du PQ, on précise bien que ça va dans la poubelle. Les toilettes "locales" consistent en un trou dans une fosse. Penser à prévoir son PQ. On trouve alors (pas toujours) une poubelle, de la terre et une coupelle, pour "tirer la chasse". Je ne veux même pas savoir qui vide la fosse et où ça part.Bundi, l'oasis du Rajasthan
Bundi depuis le Fort Taragarh
Malgré la taille assez imposante de la ville (tout est relatif en Inde), Bundi est un havre de paix. Son lac et son positionnement dans la vallée la font apparaître comme un mirage à son approche. Elle est un peu à l'image de Pushkar, en plus grande, plus verte et sans le côté sacré. La ville entière semble être le quartier ancien. Dans la rue, on dit que les gens vous reconnaissent au bout de deux jours. Je suis arrivé, glacé, avec les derniers rayons d'un soleil timide. Comme à mon habitude (je ne les choisis pas au hasard non plus), je tombe sur une guesthouse familiale au personnel et à l'ambiance chaleureuse. Les gérants, deux frères, parlent un peu français. Ils en sont fiers et en font même un peu trop. Un dernier dîner sur le toit de la barraque s'imposait.
Cour du Palais de Garh
Courbaturé, je m'oblige à me lever à 8h pour voir, une fois est très coutume, le fort et le palais surplombant la ville. Cette fois-ci, surprise, il n'y avait absolument personne. Quel régal ! Après m'être acquitté du droit d'entrée de 500 roupies (un des plus chers jusqu'ici), je commence par le palais, relativement petit et très sobre. La visite n'a pas duré plus d'un quart d'heure.
Bundi depuis le Palais
Rempart
Le fort, c'est autre chose. Tout aussi sobre, son calme et son authenticité sont à couper le souffle. La municipalité, c'est tout à son honneur, a fait le choix de laiser le site en l'état, si ce n'est à l'abandon.
Le chemin pour s'y rendre est un parcours du combattant, infesté de ronces, de ruines et de singes.
Ils se fondent si bien dans le décor
A l'entrée du fort, des indiens avec des gros bâtons se proposent de servir de guide et de repousser les singes soi-disant dangereux. Non merci. Si quelque chose m'a bien attaqué, ce sont les arbres. A l'entrée du fort, il faut se plier en quatre pour passer dans le trou de la porte, puis on accède à un domaine tout simplement magique.
Les arbres et arbustres ont repris le contrôle du fort
Des bouses de vaches et d'éléphants ouvrent un chemin plus ou moins bien praticable. Tout cela donne, je pense, un bon aperçu de la vie médiévale.
Pour aller d'une tour à l'autre, il faut parfois sauter, escalader ou ramper
Les arbres sont agressifs avec leurs grosses pointes. Le délabrement total des structures rendent le passage des ponts vraiment stressant. Un moment, je me suis retrouvé avec un singe en face de moi sur un de ces ponts très étroit. En voyant le macaque à l'allure imposante s'avancer vers moi, je me suis arrêté et j'ai serré les fesses. Comme je l'ai dit, seuls les arbres sont à craindre.
Pour ma défense, j'avais déjà mon appareil photo en joue
La récompene est à la hauteur de la difficulté de l'aventure : un panorama sur la ville (pour changer) et une sérenité sans pareille.
Chaque endroit du fort est unique et mystique
Entre les arbres, on n'entend que le résonement des oiseaux
Dans une tour
On trouve des fresques, des petits temples, des lieux de vie qu'on peut parfois identifier : toilette, salle d'arme, salle à manger...
Je m'apprêtais à rentrer, par manque d'eau, quand je suis tombé sur un guide. "Suis-moi, mon ami, je connais un endroit où tu peux boire". Du moins c'est ce que j'ai compris. Evidemment, au lieu de dire non merci, je m'étais justifié en disant que j'étais à sec. Quand il y a une vraie excuse, on ne se prive pas pour la donner. Sauf que c'est pas souvent la meilleure idée. Fin bon, je me disais "cool un endroit où je peux me poser, boire et repartir". Je ne me doutais pas qu'il se foutait carrément de ma gueule. Arrivé en haut d'une tour après quelques minutes de marche, il me montre un autre puit.
"C'est d'ici que vient l'eau qui alimente toute la ville" me répond-il...
Mais VTFF ! Je ne crois pas une seconde au malentendu. No way. Son anglais était décent. Le mien l'est aussi. C'est bien la première fois que je m'énervais contre un indien. J'ai fini par le payer (en roupies) quand il m'a trouvé une bouteille. Pas avant qu'il me montre d'autres parties du fort que je n'avais pas exploré. Je le quitte avec un peu de rancune mais sans regrets quant à ma visite.En ville, je ne reste qu'une quinzaine de minutes le temps d'un mango shake. Il est déjà 10h30, il me reste 200km pour retourner à Jaipur. Je sais que je ne pourrais pas éviter le trafic de fin d'après-midi. Ce retour était plus froid encore. M'arrêter suffisait à peine à me réchauffer. Environ 15°, mais le vent est passé de frais à froid. Le temps était contre moi. Je me suis donc arrêté une bonne heure dans le restaurant d'un hôtel sur le bord de la route pour me ressourcer. Au passage, la nourriture cette semaine était particulièrement répétitive : salade, tomate et fried rice. Les restaurants indiens proposent presque tous du chinois. En plus d'être un choix sûr et délicieux, je ne voulais plus prendre de risque avec mon ventre fragile. Ce midi, c'était autre chose : trois chapati, les galettes indiennes, avec un assortiment de plats à base de poulet. Classique absolu. Epicé mais vaut le coup.
Le trafic commençait vraiment à s'intensifier. Entre le passage d'ambulances fanfaronantes, j'ai vu un camion et une voiture retournées. De quoi faire ralentir. Il y a beaucoup de péages, ce qu'ils appellent des "Toll gates". Chacune annonce une taxe, mais une voie à gauche est toujours libre pour les deux-roues.
Laissez-moi vous décrire un "phénomène humain" qui m'est tombé dessus pendant une pause dans l'un de ces péages. Après recherches et demandes, je n'ai pas trouvé d'explication. Voilà : un groupe d'une dizaine d'hommes avançant sur la route nationale, un porte drapeau à l'avant. Deux hommes complètement nus au milieu de ce groupe. Tous souriants et discutant entre eux. Croyant au départ, de loin, qu'ils étaient forcenés, je me suis rendu compte que c'était en fait des volontaires. Se foutent-ils à poil pour des raisons politiques ou religieuses ? Si quelqu'un a une explication, il est le bienvenue.Abasourdi, je continue ma route. A cause de l'épopée de Ranakpur, le "capot latéral droit" commençait à vouloir faire sa vie ailleurs. Je constate, à environ 7Okm de Jaipur, qu'il y a une serrure à ce capot qui menaçait sérieusement de tomber. Je m'arrête donc pour l'ouvrir et tenter de le remettre bien en place. Quand soudain... La clef se casse en deux dans la serrure ! Le capot tombe ! Si près du but... Sans carte SIM au milieu de nulle part, je suis sous le choc. J'envisage en une fraction de secondes toutes les possibilités : appeler un numéro d'appel d'urgence, pousser la moto jusqu'au prochain village... La moitié de clef restante me permettait presque de faire démarrer l'engin. Mais non. A peine deux minutes plus tard, deux indiens, turban et moustache tressée, apparaissent de l'autre côté d'une barrière sur une moto. "Namaste, aidez moi svp, j'ai pété ma clef". Pas un mot en anglais ne semble passer, mais l'un d'entre eux s'illumine quand je montre le cadavre de la clef. Il retire alors la clef de sa moto, s'avance vers la mienne, la démarre et récupère sa clef. Sorcellerie ! Je respire, mais je me dis que c'est temporaire. Pas le droit d'arrêter le moteur jusqu'à que je trouve une solution. Il m'invite à le suivre dans son village à quelques kilomètres, jusqu'à un garage. En deux temps deux mouvements, le garagiste retire la clef du capot, fixe ce dernier à la moto puis me donne une nouvelle clef. Le tout pour 50 roupies (70 centimes). Je n'ai rarement autant remercié quelqu'un que les deux indiens qui m'ont sorti de cette situation qui s'annonçait merdique.
Jaipur, c'était clairement le boss final de la route. On se se serait cru dans un jeu où il faut esquiver piétons, vaches, chiens, et le plus imprévisible, les voitures et les deux-roues qui sortent de nulle part et dépassent comme des tarés. Regulièrement, des aglutinements massifs aux quelques feux rouges des grandes avenues. Dans ces bouchons, pas questions de se laisser faire sous peine de rester bloquer pour une nouvelle séquence de feu. Certains scooters roulent sur le trottoir, ou en sens inverse pour contourner le feu. Beaucoup le grillent carrément.
Cinq kilomètres parcourus en plus d'une demi-heure, pour arriver chez mon concessionaire qui avait l'air surpris que je sois toujours en vie. Douteux, aussi, du parcours que je soutenais être simplement Ajmer et Pushkar. Il n'a même pas remarqué que la nouvelle clef est plus petite que la précédente, que les vitesses se passent beaucoup moins facilement qu'il y a une semaine, que le guidon se détache progressivement du reste...On ne dirait peut-être pas comme ça, mais conduire en Inde, c'est bien plus simple que ça en a l'air.
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21/ 01 - 22/01 - Road trip au Rajasthan [Jours 4-5] - UDAIPUR - Halte dans la ville des artistes et des érudits - "Apprendre"
- Par cpt-tibo
- Le 04/02/2018
- Dans Rajhastan
- 2 commentaires
Udaipur
La ville culturelle et artistique indienne par excellence. Une ville bâtie par des artistes, le long d'un immense lac. Une ville fière de ne jamais avoir été envahie, à l'époque en avance sur son temps, dans ses infrastructures et son mode de vie. Plus sobre, mais plus hétérogène que les quartiers anciens de ses prédecesseurs (de mon road trip). Toujours les même ruelles étroites et vivantes. Un artisanat omniprésent au point qu'on ne sait plus où donner de la tête. Du coup, on manque de se manger des deux-roues toutes les deux secondes.
La vieille ville depuis le balcon
Je reprend là où je m'étais arrêté la veille. Après une journée déjà riche en sport et en émotion, je n'ai le courage de faire que le tour de la petite rue de ma "Pleasure Guest House". Pas avant que Jitou, le gérant boiteux, rigoleur et carrément porté sur la boisson, ne m'offre un thé et (m'oblige un peu à) entamer une longue discution sur ma vie. Très informel, et tant mieux, il ne m'a même pas prit mon passeport, ni fait remplir le formulaire. Il va avoir des problèmes ! "Y a pas de lézard" comme il aime bien dire. Antant, période depuis laquelle je n'avais pas entendu cette expression sortie des bas fonds ("éructe", comprendra qui s'en rappellera, lel). La chambre d'hôte est dans une ruelle très calme, avec une cour style jardin zen. Le toit offre une fois de plus une vue splendide de la ville et du Palais d'Udaipur.
Leçon de cuisine du "chicken masala"
Oignons, gingembre, ail, coriandre, canelle, safran, etc. Masala siginifie en fait mélange. Chaque masala est différent en fonction de son créateur et de la base du plat (poulet, poisson, viande rouge...). Une française nous a rejoint pendant le dîner, pour la dernière semaine de son année d'étude en Inde. A Udaipur aussi, l'extrême majorité des visiteurs étrangers sont français. Je n'ai encore rien vu de la ville, mais je compte bien rester une nuit de plus.
Le Jagdish Temple, "vishnouïste", au milieu d'une rue très animée.
Toutes les figures divines (Shiva, Ganesh, Durga, le Soleil...) sont représentées. Tout autour, des mendiants, boiteux, aveugles, manchots, font la manche.
Certains sont plus photogéniques que d'autres
En sortant du temple, les boutiques d'art sont présentes en masse jusqu'au lac. Les devantures sont passionantes, chacune est un véritable petit musée en soi.
Gothwal Arts
Bonne découverte : la boutique d'art familiale de Mr Shyam, qui m'a fait une démonstration de sa peinture à l'eau sur des vieux parchemins. Le premier commerçant à me faire un prix, pour un lot de peintures sur des vieilles cartes postales, que je compte organiser en fresque en rentrant. Il était 11h, j'étais son premier client. Je l'ai recroisé deux fois, les bras croisés devant sa boutique. La première fois, je tournais en rond avant qu'il me conseille d'aller faire un tour du côté du Folk Art Museum, à trois rues d'ici. Sans grand intérêt, au moins j'ai pu réserver ma place pour le spectacle folklorique organisé tous les soirs dans la petite salle en plein air du musée.
City Palace Museum
Enuite, il fallait absolument que je me tape l'incontournable City Palace Museum. Cher, surtout si on prend des photos, et pas worth. Légèrement déçu, d'abord parce que l'habituelle vermine touristique grouillait au sein de ses murs. Mais surtout, on se lasse vite des éternelles batailles à répétition des maharajahs pour le contrôle de la ville, de la manière dont ils ont vaillament repoussé les envahisseurs moghols, anglais ou musulmans, ou de leurs jeux d'alliances et de trahisons pour garder le pouvoir. Au final, la fin justifie toujours les moyens. En plus, j'avais soif et chaud donc je ne me suis pas attardé dans ce palais musée.
Salle quelconque (mais sympa)
Seul quelques salles, cours et la vue sur le lac et la ville valent vraiment le coup. Il y a des pancartes et des barrières partout. Bâti par le fondateur de la ville au début du XVIè, il fut sans cesse agrandit au fil des siècles.
Certaines armes, tableaux, instruments de musique et objets sont intéressants, plus pour leur raffinement que leur histoire.
Structure quelconque (sympa aussi) avant un pont
Plus tard, alors que je m'étais arrêté sur ce pont, un dealer a essayé de me convaincre pendant dix bonnes minutes que son matos était parfaitement légal. Pas crédible une seconde, il me balançait en boucle du "ta gueule c'est sacré ici". J'ai quand même eu un doute quand son pote a débarqué et commencé à rouler sa beuh devant tout le monde. Il était pas facile à chasser celui-là.
Spectacle folklorique
Le speaker raconte à chaque entracte, en anglais puis en hindi, l'origine et la signification des performances qui suivent. Vous, vous avez le droit à une description banale et assez évidente.
Danses traditionnelles, très axée sur les poignés et les genoux.
Souvent couchées ou à genoux, elles jouent pas mal avec les bijoux et d'autres instruments.
Scène de combat. Les costumes et le maquillage sont saisissants. Mais l'air abattu du mec jouant le cheval est plus prenant que n'importe quoi d'autre.
Le chanteur à droite, et les musicienns. S'ennuyant ferme, ils étaient constamment en train de se casser des grosses barres en douce.
Le meilleur pour la fin : l'équilibriste folle aux moultes vases. On arrêtait pas de lui en rajouter et elle n'arrêtait pas de tourner sur elle même de plus en plus vite. On finit par un spectacle de marionnettes fun.
Perspective intéressante
J'ai fini par traîner dans la ville, dans des rues pas toujours très propres et abordables, jusqu'au Tibetan Market. Ils ne vendent que des vêtements, mais toutes sortes de vêtements.Le soir, j'ai réalisé quelque chose de marrant. Au départ, pensant que je devais être un parmi tant d'autres à me lancer en moto à la conquête de ce que certains appellent le "triangle d'or", je m'attendais par conséquent à en rencontrer d'autres comme moi. En fait, personne ne semble faire ce road trip, du moins pas en moto, ni à cette période ou dans cette direction. Je ne croise, dans mes guesthouse, que des indiens et des occidentaux ayant pris le bus ou le train (pour les plus courageux). L'idée m'était venue après avoir constaté que les "principaux sites d'intérêt" sont tous respectivement à une centaine de kilomètres. Ceux qui m'attiraient le plus formaient un cercle ce qui m'évitait d'avoir à revenir sur mes pas. A peu de choses près, j'ai respecté l'itinéraire de base. Le plus dur est quand même à venir. Enorme suspense.
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20/01 - 21/01 - Road trip au Rajasthan [Jours 3-4] - RANAKPUR & KULBALGARTH - Approche pittoresque de la campagne rajpoute - "Prendre son temps"
- Par cpt-tibo
- Le 04/02/2018
- Dans Rajhastan
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Frustré et admiratif, je bois mon café depuis le toit où je peux contempler une dernière fois cette majestueuse forteresse. Une nuit de plus à maudire cet éternel tapage nocturne. Grandes villes ou pas, j'ai réalisé que c'est d'abord l'épaisseur des murs de la chambre qui détermine le droit au sommeil. Cette fois-ci, j'avais carrément l'impression d'être en plein milieu de la rue. J'entendais avec précision les conversations bruyantes des gens dans leur chambres et sur le toit, en plus des BOUM BOUM à répétition jusqu'à deux heures du matin, comme s'ils étaient en travaux. Malgré un prix imbattable et un personnel le plus attentionné du monde, quand un établissement ne parvient pas à remplir sa fonction première, à savoir dormir, c'est caca.
La veille, j'hésitais toujours entre Jaisalmer et Ranakpur. Le premier me faisait emprunter le grand ouest désertique, jusqu'à une centaine de kilomètres de la frontière pakistanaise. L'idée était tentante, mais les possibilités qui s'offraient ensuite plus limitées. Sur les conseils de mes hôtes et des invités, j'ai opté pour Ranakpur, moins loin mais plus reculé.
Comme chaque veille depuis mon départ, j'avais réservé mon hébergement pour le lendemain. Après environ cinq heures de route (en omptant les pauses), posé mes affaires, fait le tour du vieux quartier et des sites d'intérêt, avant de m'écrouler pour dormir d'un sommeil saccadé et finalement partir plus tard que prévu. Heureusement, cette journée va venir un peu casser cette "routine" si vite établie.
Au delà des problèmes mécaniques, le plus gênant sur la route est un facteur que j'aurais pu prévoir : le froid. Ayant laissé ma parka dans le casier de l'auberge à Jaipur, je n'avais que mes t-shirt et une veste (assez légère) avec moi. Quand bien même je faisais des vraies nuits, impossible de partir à l'aube. Il fait entre 10 et 15° jusqu'à 8h du matin, heure à laquelle le soleil finit de se lever. Ensuite, ça se réchauffe, mais pas assez pour rouler confortablement dans un tel accoutrement. C'est con, parce que les citadins indiens sont les pires couche-tard. Du coup, la circulation le matin est excellente.
Quelque part entre Ranakpur et Ganerao
Entre Jodhpur et mon auberge de jeunesse à Ganerao, la route était, comme prévu, fraîche et tranquille. Les villages que traversaient l'autoroute étaient de plus en plus petits au fur et à mesure que j'approchais de ma destination. Je suis arrivé en début d'après-midi dans un domaine avec piscine, tentes de luxe et cinéma en plein air, vide de gens et de bruit. Victoire ! Je n'avais qu'un lit dans le dortoir principal, mais tout le service de ce "camp" à ma disposition. A ma grande satisfaction, ils n'étaient pas trop envahissants. Pas de Wi-fi, mais le gérant a eu la gentillesse de partager sa 4G pour que je puisse réserver ma prochaine chambre d'hôte. Posé sur un transat en face de la piscine, j'ai savouré ma salade de tomates en me réconciliant avec mon estomac. Une petite heure au calme, presque plus réparatrice que mes deux dernières nuits, avant de repartir aussitôt pour Ranakpur.
Le petit village à une trentaine de km était aussi innatendu qu'impressionant...
Pour ses minuscules rues et la beauté architecturale de ses maisons. Je m'étais arrêté à la recherche d'un ATM (distributeur d'argent), dans ce village et ses rues qui ne figurent sur aucune carte. Chaque habitant m'arrêtait pour savoir comment j'étais arrivé là.
Des enfants qui rentraient de l'école voulaient prendre des selfies.
Il y en a un qui n'a pas perdu le nord en me demandant son "cadeau". 10 roupies svp monsieur.
Plafond du Temple d'Adinath
Ranakpur, à une vingtaine de kilomètres de mon auberge, sur une route défoncée, est davantage un site historique qu'un village. Il est célèbre pour son immense "Temple d'Adinath" en marbre blanc, un des plus grand temple jaïn d'Inde. Les jaïn sont une minorité religieuse de 4 millions de pratiquants en Inde, basée sur la non violence, la tolérance et l'honnêteté. Ce sont des extrêmes pacifistes, au point que certains se couvrent la bouche pour éviter d'avaler un insecte ou refusent de prendre le bus qui tue parfois des animaux. Le plus drôle, c'est qu'ils font partie des castes les plus riches, car tout le monde leur fait confiance pour les transactions commerciales.
1444 pilliers aux détails impressionants
Un seul de ces piliers n'est pas droit, car "dieu seul est parfait, pas l'homme"
En fin d'après-midi, l'atmosphère de ce temple à l'architecture si complexe et détaillée était véritablement seraine
Je voulais m'endormir là, entre ces dômes, chapelles et pilliers, dans la fraîcheur des derniers rayons du soleil.
De retour au camp, le personnel était aux petits soins. Déçus que je refuse de voir un film dans leur cinéma en plein air, ils en ont quand même lancé un le son à fond, pendant eviron un quart d'heure, avant de tout arrêter brusquement. Petite frayeur. J'ai dormi comme un bébé jusqu'à 9h.
Coucher de soleil depuis la terrasseAu programme, Kumbhalgarh, puis Udaipur. Kumbhalgarh est à une dizaine de kilomètres de Ranakpur à vol d'oiseau. Soixante par la route. Mais quelle route ! Finie la monotonie des non paysages autoroutiers.
Une première partie forestière montante qui regorge de singes parqués au bord de la route. Il me restait quelques bananes achetées la veille (je ne pensais pas que ça m'arriverait un jour) pour finir d'achever mes problèmes de transit intestinaux. Inutile de vous dire qu'eux ont achevé mes bananes. On alterne ensuite entre des étendues arides et caillouteuses et des terres cultivées, le long d'une rivière.
Cinquante nuances de vert
La route est dans un sale état, mais pas à flanc de montagne. Ouf, car elle trop étroite même pour une voiture et une moto. J'ai pris le temps de m'arrêter de nombreuses fois pour observer ces paysages ruraux à couper le souffle. La vie modeste des travaux des champs : les hommes en turban, les femmes toutes en couleurs, menant leur troupeux de boeufs ou cultivant leurs terres. L'un d'entre eux est venu me parler, curieux mais très réaliste quand à ma présence dans le secteur.
La route suit une rivière pendant quelques kilomètres
Le tout sous un soleil radieux et une température idéale, malgré le petit kilomètre d'altitude. On se sent bien.
Kumbhalgarth, la Grande Muraille d'Inde
Le surnom que chacun donne spontanément à cette forteresse et sa muraille, tant la ressemblance avec la chinoise est frappante. Construite au XVIè siècle, désormais classée à UNESCO, elle ne protège plus aucune ville. Depuis n'importe quel terasse, la vue sur les montagnes arides des alentours est magnifique. Je n'ai pas trouvé de casier pour poser mon sac. Avec le soleil de midi qui tapait, tout comme mon estomac, j'en ai fait le tour en une demi-heure. En sortant, je me suis rendu compte que j'avais zappé le passage au guichet, et de fait, économisé environ cinq euros. Le garde, me voyant arriver l'air épuisé et chargé comme un mulet, a dû se dire que j'avais forcément mon ticket.
Environ 50 km avant Udaipur
Arrivée à Udaipur au coucher du soleil après trois bonne heures de route. A la fin de cette journée, lje me dis que le mieux aurait été de sortir des sentiers battus. Le problème, c'est qu'ils ne figurent pas dans les guides. On peut facilement se retrouver dans une zone de traitement des eaux usées à l'odeur insoutenabe. Dans une zone militaire s'étendant à perte de vue, sur une route longeant un grillage de barbelés avec des pancartes très claires sur le fait qu'on va mourrir si on met un pied dedans. Dans des décharges sauvages habitées par des cochons d'Inde ou bien juste en plein désert naturel et humain. Pas de regrets à avoir, les grandes villes restent dignes d'intérêt. Par contre, les grandes routes le sont beaucoup moins. -
19/01 - Road trip au Rajasthan [Jour 2] - JODHPUR - Route banale, conditions précaires - "Lâcher prise"
- Par cpt-tibo
- Le 03/02/2018
- Dans Rajhastan
- 2 commentaires
8h du matin. Je me réveille brusquement. J'ai à peine dormi deux heures. Les chiens ont hurlé à la mort toute la nuit. Ma petite chambre aux murs si fins n'isolait aucun son, que ce soient les aboiements, les klaxons ou les voix. Je me souviens avoir fait répéter plusieurs fois mon alarme programée à 6h du matin. On oublie d'emblée l'idée du temple. Dommage.
D'un côté, je voulais abattre tous les chiens de Pushkar un par un. De l'autre, ayant vu comme ils sont traités ici, ils me faisaient un peu pitié. Chétifs, pleins de puces et d'infections, obligés de manger des déchets, voire leur propre merde, pour survivre. Le jour, ils dorment (parfois en plein milieu de la route), la nuit, ils se plaigent, et se foutent sur la gueule. Même le chien des voisins, pas de rue que je sache, se faisait une joie de participer à ce concours d'éloquence. Pour le coup, j'avais plus envie d'abattre son maître. Le gérant m'a dit que c'était un vrai problème ici. Apparement, plusieurs d'entre eux l'ont rapporté à la mairie, qui est trop fainéante pour faire quoi que ce soit. Cet homme m'a dit que si ça continuait, il embaucherait quelqu'un pour les caillasser (les chiens).
Coucher du soleil depuis la Forteresse de Mehrangarh
Un café (au gingembre, pouah !) et c'est ti-part ! On ne peut pas dire que ça ne va pas, je n'ai pas dormi assez longtemps pour être trop assomé, ni pas assez longtemps pour ne pas être assez réveillé. Toujours un peu nauséeux, mais je tiens la route. Quitté Pushkar, j'arrive à m'oublier pour piloter d'abord avec mes sensations. Le pire, c'est d'essayer de se concentrer, pratique assez paradoxale. Quand on débute comme moi, c'est inévitable dans un premier temps. Il n'y a que lorsque la confiance vient qu'on arrête de penser et qu'on peut vraiment en profiter. Comme pour tout, le plaisir vient avec le "talent" qui vient avec le temps. Les quatre heures d'hier étaient amplement suffisantes pour que je familiarise avec le concept.
Si je pouvais profiter d'autoroutes dégagées en permanence, quel dommage qu'elles soient si fades. C'est du semi-aride tout le long, sans aucune vue d'ensemble. Les côtés de la route sont en permanence bordés des mêmes arbres. On tombe régulièrement sur des villages, mais eux aussi sont tous globalement les mêmes. De type hybride, ni modernes ni ancien, peuplés de fermiers connectés, de jeunes bien habillés et de femmes en tenues traditionnelles, des fils electriques, des restaurants et des ordures partout. Même les vaches sont si prévisibles. J'ai beau voir fréquemment des troupeaux au milieu de la route, il n'y a jamais d'accident ! Sans déconner, j'espère que le chien qui faisait le mort ce jour-là était juste en train de dormir pèpère sur la route. Cette épisode routier sans saveur est sans doute le meilleur moment pour vous énoncer les nombreux problèmes de ma petite pulsar 150.
Canon sur les remparts du fort
Pour commencer, le kick. Ma plus grosse frayeur à la base est devenu un véritable problème, beaucoup plus dangereux que celui que j'avais prévu. Dès que je vais un peu vite, cette saloperie ne cesse de tomber entre mon pied droit et la pédale de frein. Je finis par avoir le réflexe de le lever avant de freiner, mais p***** (putain), en cas de freinage d'urgence, vous me l'accorderez, c'est pas optimal. J'ai fini par l'accrocher avec du fil. Sinon, mécaniquement, c'était presque parfait. A part la troisième vitesse vitesse qui se transformait en première selon son humeur, rien à redire là dessus. J'ai déjà évoqué l'absence de rétros et de visière. Comme si ça ne suffisait pas, l'aiguille du compteur de vitesse et d'essence est bloquée plein sud. Pratique quand on est en plein désert. Le truc, c'est qu'il manque aussi un bouchon au réservoir, situé entre le siège et le guidon. Il y a le "capuchon" verrouillable, mais cet incapable laisse fuiter de l'essence quand la moto est vérouillée à l'arrêt, et donc légèrement inclinée sur le côté. L'art consiste à s'arrêter droit ou stationner avec un réservoir semi-plein. Pas très pratique non plus. Je vous en garde un peu pour les prochains épisodes.
Jodhpur entre les murailles
Rencontre intéressante d'un groupe d'indiens, dans une gargote sur la route à environ 100km de Jodhpur. Ils étaient tous super curieux, en cercle autour de moi, à me poser des questions dans un anglais approximatif. C'était bien marrant et le thé était bon. L'avantage de voyager en moto, c'est la spontaneité assurée des rencontres. Quand je leur dit ou qu'ils constatent que j'ai une moto, on part tout de suite d'un bon pied. Pas de sous entendu commercial, car mon parcours et mon moyen de transport sont prédéfinis. Dans votre gueule les tuk-tuk !La cité bleue, vieille ville de Jodhpur
Vue du toit de ma guesthouse
Deuxième ville du Rajasthan avec un peu plus d'un million d'habitants, c'est la "Sun City", ville la plus ensoleillée d'Inde. Elle est à la frontière du désert du Thar. La forteresse de Mehrangarh, qui se voit à des kilomètres, surplombe la ville de manière imposante.
Les rues sont de plus en plus vivantes et animées au fur et à mesure qu'on s'approche du fort
Ma chambre d'hôte à deux pas de la forteresse m'a contraint à emprunter l'artère commerciale de la Clock Tower à l'heure de pointe.
Imaginez un Times Square où chacun est en scooter. On force comme on peut.
Je pose mes affaires, pour un repas rapide sur le toit de ma chambre d'hôte à la vue imprenable avant de foncer en direction de la forteresse une heure avant sa fermeture.
Forteresse du XVè siècle s'élevant 140m au dessus de la ville. De loin, il semble en bois mais est entièrement en calcaire ocre.
Très touristique, c'est plus un musée qu'un fort
Avant d'arriver sur les remparts, on passe par plusieurs cours, chambres royales, des salle de miniatures, d'armes de guerre, d'armures et même de nacelles d'éléphants.
On trouve la racaille touristique comme on l'aime. Celle qui se prend en photo avec tout ce qu'elle trouve, de manière immédiate dès l'arrivée dans une pièce. J'avoue, je fais le vieil aigri, mais souvent il m'arrive souvent de me demander "pourquoi j'ai pris ce tableau ou cette pièce ?" Sincèrement, même moi ça ne m'intéresse pas de revoir cette photo mal cadrée du tableau d'un tel maharaja dont j'ai oublié le nom et l'histoire. Si je fais des progrès, le savoir ne m'empêche pas de continuer. A mon avis, le bruit du déclencheur de mon reflex rend accro.
Atelier fumage d'opium
Ahurissant, aussi, le nombre de jeunes qui voulaient prendre un selfie avec moi. Au début, j'étais surpris et flatté de réaliser qu'ils voulaient non pas que je les prenne, mais que je sois sur leur photo. A la fin, j'étais carrément saoulé. En descendant du fort, j'étais un moment derrière un couple de vieux qui photographiait les gens devant chez eux comme des animaux au zoo devant leur cage. Sans leur demander, dans le plus grand des calmes.
La vieille ville qui s'étend de l'horloge au fort est un autre labyrinthe de ruelles étroites où s'enchaînent le fouillis du bazar continuel et la tranquilité de certaines rues plus calmes.
Vendeurs de fruits au pied de la Clock Tower
C'est Jaipur en bleu
Peut-être avec un aspect plus intimiste. Les portes des gens sont ouvertes sur la rue et on peut sentir l'odeur des cuisines venant de l'intérieur. Très vivant et authentique. Toujours des rabateurs et un vacarme d'enfer, mais plus rafraîchissant et colorée que l'imposante Jaipur. Parmi les touristes étrangers, il paraît que 50% sont français. Les vendeurs connaissent les phrases d'accroche dans la langue de Depardieu. Comment ruiner un peu l'authenticité et la magie du lieu... -
18/01 - Road trip au Rajasthan [Jour 1] - PUSHKAR - Début difficile mais pas insurmontable - "Suivre le courant"
- Par cpt-tibo
- Le 03/02/2018
- Dans Rajhastan
- 1 commentaire
Malgré les 1000 roupies de caution (environ 13€), j'avais songé à mettre un plan au concessionnaire. De toutes mes affaires de toilette, je n'avais pris avec moi que ma brosse à dents, dentifrice et crème solaire. Tout le bordel médicamenteux dont j'avais tant besoin était resté dans le casier de l'auberge. Je voulais commater toute la journée... Allez hop ! Un coup d'eau sur le visage, et c'est parti.
La magie de l'intrusion de Google Map, qui enregistre et archive tout les déplacements, dès lors que l'application est lancée (même en arrière-plan). Dans le détail plus bas, j'ai carrément le temps d'arrêt au Mcdo. Enlever quelques kilomètres, car il prend également en compte ma visite à pieds de la ville. Avec mes plans hors connexion (sur deux applications différentes), le GPS capable de me localiser absolument partout et mon téléphone de rechange, j'étais pénard.9h30. On me laisse poser mon sac dans le magasin, le temps que je maîtrise l'engin. Débutance oblige, 70% de mon attention était concentrée sur la pédale de frein. Je cale trois bonne fois. "C'est pour ça que je voulais te louer un scooter", me dit le concessionaire. Au lieu de raconter des conneries, explique moi comment ça marche. "Pouvez-vous s'il-vous-plaît m'expliquer comment le véhicule fonctionne ?" Ahhhhh d'accord, c'est le frein gauche qui sert d'embrayage (WTF au début). Par chance, il n'y avait pas besoin de démarrer au kick, ce qui m'inquiétait le plus. Petit à petit, je retrouve quelques sensations. Tout compte fait c'est très simple quand on est déjà habitué à l'embrayage et aux rapports de vitesse. Le concessionnaire m'a accompagné jusqu'à la station d'essence, pour un plein du réservoir à sec. Un peu plus d'un euro le litre ! Bah comme chez nous en fait. Bien évidemment, l'addition était pour moi.
Lac de Pushkar
Après quelques centaines de mètre, je me suis rendu compte que je tournais beaucoup trop la tête. Quelque chose clochait. Vous n'allez pas le croire... Je n'avais même pas remarqué l'absence de rétroviseurs sur ma moto. Oups. Vieux motard que jamais. C'est assez gênant pour ne pas vous mentir. Il faut d'autant plus anticiper chaque rupture de route, obstacle, vache, dromadaire... En ville, tourner la tête toutes les cinq secondes si l'on est pas assez rapide. Le bordel tant redouté était moins difficile que prévu. Il faut simplement l'affronter en trouvant sa vitesse idéale et en s'imposant à coups de klaxon. Suivre le courant, et s'attendre à tout. Prudence rime avec entreprenance. Ce qu'on appelle "prendre des risques" en France, c'est de l'amateurisme ici. A l'inverse, être trop prudent en cédant sans arrêt le passage revient à réellement prendre des risques. S'arrêter pour laisser passer un piéton est juste suicidaire. A chacun d'anticiper pour esquiver convenablement (mais surtout au piéton de nous éviter). De toute façon, vu la vitesse à laquelle ça roule en ville, chacun à le temps de réagir dans les temps.
L'autoroute entre Jaipur et Pushkar est relativement bien tenue. Trois voies et une large bande d'arrêt d'urgence à gauche. Le problème c'est qu'elle incite certains flemmards, surtout des deux-roues mais parfois des voitures, des tracteurs ou encore des camions, à rouler en sens inverse. La circulation était bonne, voire même excellente à la seconde où j'ai quitté Jaipur. Pas dense du tout. Plus de poids lourds que de voitures. Comme ils restent sur la voie de droite, on peut les doubler sans craindre d'avoir une voiture au cul. La visibilité est bonne. On peut tracer, mais pas à plus de 8Okm/h (en théorie).
Un premier arrêt dans un mcdo sur le bord de la route. Juste le temps d'un coca. La route n'était franchement pas passionante. J'étais (beaucoup) plus rapide que la moyenne des deux-roues et des poids lourds, limités à 60km/h hors aglomération. Sachant que les deux roues ont en moyenne trois personnes sans casques, ou transportent une centaine de kilos de sacs... tant mieux pour eux. Seuls quelques rares chars à dromadaire ou des gigantesques "camions mongolfières" rendaient le trajet un peu intéressant.
Trop de lecture sans images n'est jamais bon
Environ quatre heures de route, en comptant les pauses très nombreuses. Le sac n'était pas trop lourd mais finissait par peser. D'abord sur les fesses et le dos. Après quelques minutes un peu en arrière, c'était surtout les fesses, puis, en avant, le dos. Il faut choisir ce qu'on veut sacrifier en premier.
A cinq minutes de Pushkar, les dos d'âne (jamais signalisés) étaient présent en masse. L'un deux m'a surpris au dernier moment et contraint à un dérapage improvisé. Résultat, en l'absence de visière sur mon casque : du sable dans les yeux, un arrêt en urgence sur le bord de la route et un renversement de la moto à l'arrêt. J'arrivais tout juste à la soulever sous le regard médusé des locaux. L'accroche, aussi bien de la moto que de mon entrée en ville, n'était pas très réussie. Je suis prévenu.
La visière... Je ne pensais pas qu'elle était si importante. Je peux difficilement rester derrière un camion sans être aveuglé. Un moment, chose assez désagréable, je me suis mangé une abeille en pleine face.La "cité blanche", vieille ville de Pushkar
Plus j'approchais de Pushkar, plus je voyais des véhicules dans ce genre, remplis de pelerins en turban
Cette petite ville toute blanche dont le nom signifie "étang aux lotus" est sacrée pour les hindous. Selon le routard, y venir une fois dans sa vie vaut 100 pèlerinages n'importe où ailleurs. J'ai quelques petites rues très commerçantes et touristiques, le bazar principal en somme, pour arriver dans ma guesthouse à l'ambiance traditionnelle et au patron amical.
Prix : 200 roupies, autant que la taxe pour un retrait d'argent
Nouveaux record pour une chambre. Sur son balcon à la vue panoramique, j'ai dégusté un riz blanc fade à souhait, accompagné de son coca-cola, avant un repos forcé de quelques heures.
Au coucher du soleil, je me dirige vers le lac sacré du centre ville
Autour, entre des escaliers et de nombreux temple, il y a une route piétonne très calme, à l'abri des klaxons de la vieille ville. Il faut se déchausser, et les photos sont interdites dans la majeure partie du quartier. Tout autour de ce lac, des chants, tambours et bains rituels censés purifier le corps et l'âme, voire guérir des maladies. Ces derniers sont égalemement interdits de photo. Généralement, c'est le cas de tout ce qui touche à la religion. Les temples sont photographiables, mais pas les idoles ni les rituels. Au temple de Brahma, (un des seuls au monde au nom de cette divinité), on trouve des gens qui veulent te mettre des pétales de fleur dans les mains. "C'est gratuit tkt". Leur plan : te les faire jeter puis t'imposer une donation pouvant aller jusqu'à 1000 roupies (environ 26000€). Sans doute l'arnaque la plus connue de la ville. En plus d'avoir été prévenu, je l'avais déjà lu plusieurs fois. Ils s'imaginaient vraiment que j'allais tomber dedans ?
Par contre, je me suis laissé tatoué le bras au henné (askon m'a dit) par deux mademoiselles, l'une plus charmante que l'autre.
Sunset point
Pushkar, c'est le repère des hippies de toute l'Inde. La plupart yogatent en face du lac ou sur des marches menant à un temple. Les autres tambourinent ou discutent.
La vache bouffe-tout tapant la pose
Il y a des vaches qui mangent tout ce qu'elles trouvent, mais surtout ce qu'on leur donne. Même les emballages en alu. Ca fait un peu mal au coeur à voir. La nuit tombée, ambiance feu de camp et encens. Je suis tombé sur un groupe d'enfants tout sale qui voulait que je leur achète du lait... Ca fait un peu mal au coeur aussi. Des chiots plus petits que mon avant-bras qui jouaient avec le lacet de ma chaussure. La mère est arrivée pour les faire têter, tous sauf l'avorton du groupe, noir et sale... Vous avez compris.
Photo de groupeLe lendemain, j'avais prévu de me lever tôt afin de voir le lever du soleil depuis un temple sur la montagne à quelques kilomètres de la ville, accessible en téléphérique. Gros suspense...
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16/01 - 17/01 - Road trip au Rajasthan [Jour 0] - JAIPUR - Préparation pychologique - "S'attendre à tout"
- Par cpt-tibo
- Le 03/02/2018
- Dans Rajhastan
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Affronter, malade, l'Inde et son trafic apocalyptique, dans ce pays qui dénombre pas moins de 100 000 morts par an sur les routes. Si on retire le "malade" (au sens maladif), voici le challenge que je m'étais fixé. Je bouillais d'impatience à cette idée... Jusqu'à ce que j'arrive à Jaipur.
Si vous voulez un peu mieux comprendre l'état du trafic en Inde, je vous invite à lire cet article. Tout est absolument vrai.
Jaipur
Avant de rentrer dans les détails (miam), une visite de Jaipur s'impose. C'est loin d'être la ville qui m'a le plus séduit. Pour commencer, les cinq heures d'escale entre mes deux vols Cochin-Bangalore-Jaipur m'avaient légèrement mis dans le mal. J'ai quitté ma guesthouse de Cochin à 6h30 pour arriver à mon auberge de Jaipur à 19h30. Depui l'aéroport, la conduite du chauffeur de taxi a fini de m'achever. Juste en face d'un pseudo centre commercial, le seul restaurant du coin était un pseudo resto de luxe. Le genre où les serveurs, constamment sur ton dos, te regardent manger un curry réchauffé de médiocre qualité, en insistant pour te servir dans l'assiette... Insupportable. Du haut de ce restaurant au cinquième étage du mall, je poursuivais mon observation des comportements des usagers de la route. Y a-t-il un schéma logique à ces trois voitures et deux scooters alignés sur deux voies en face de moi ? La voiture qui vient d'en frôler trois autres en les dépassant dans un trou de souris par la voie du milieu était-elle prévisible ? Faut-il simplement s'attendre à tout ? Cette étude s'attachera à montrer l'existence d'une concordance entre les évènements routiers et un schéma prédéfini. Nah je déconne, rien n'a de sens. Néanmoins, pour chaque jour de mon road trip, un objectif titré plus ou moins atteint, ou plutôt une thèmatique entre guillemets ayant rythmé la journée.
Heureusement, le personnel et les voyageurs de l'auberge étaient beaucoup moins hautains que le petit personnel du resto à deux balles. L'ambiance backpacker était rafraîchissante. Les lits confortables. Le petit dèj à volonté. Le lendemain, il fallait que je déménage car l'auberge était complète. Mon nouvel hôtel est plus proche de la vieille ville. Ayant laissé quelques affaires dans un casier de l'auberge en préparation du road trip, je peux me délecter de marcher avec un sac de six, sept kilos max.La cité rose, vieille ville de Jaipur
Capitale du Rajasthan, il s'agit de la seule grande ville d'Inde conçue par un urbaniste
Ce surnom vient de la couleur dominante des maisons de la vieille ville, organisées en petites ruelles étroites et perpendiculaires. Depuis mon hôtel, je marchais au hasard en direction du Palais du vent et de la Citadelle d'Amber, ancienne captitale forteresse ==> Habituel trafic assourdissant, pollution, pauvreté et encombrement des grandes avenues sans charme, avant d'arriver dans ces petites rues charmantes (et beaucoup plus encombrées) du "quartier rose". Tout en repérant les concessionaires deux roues, j'admirais les couleurs éclatantes de ce bazar interminable. Des quartiers spécialisées dans les pierres précieuses aux textiles en passant par les objets artisanaux (bois, metal, cuivre).
Rue principale du bazar
Les démarchages étaient assez fréquent. Il y a ceux qui vont droit au but : "Salut mon ami, viens voir ma cam, c'est de la bonne". Il y a ceux qui jouent aux échecs : "Salut mon ami, tu viens d'où ? Première fois en Inde ? T'es photographe pro ? T'as vu, beau quartier hein ? Regarde les murs de cette maison, on peut voir les détails de gravures d'une centaine d'années, elle est tellement bien conservée... Viens voir à l'intérieur c'est encore plus joli !". Et là ils t'attrapent ! Enfin il y a ceux pour qui on est jamais sûr. Mais dans un quartier aussi populaire, je me méfie.
Vieille ville
Je ne suis pas monté sur la citadelle, qui domine la vieille ville, mais j'ai pu l'admirer depuis le toit d'un restaurant. Le Tatoo Cafe, sur lequel j'ai assisté à une baston de type shlaguarde entre deux indiens bedonnants.
Le Palais des Vents, aux innombrables fenêtres, depuis le café
Apparement, le maharaja de l'époque a donné un village entier à l'architecte responsable de ce chef-d'oeuvre. Aujourd'hui, c'est une carte postale qu'on ne peut plus visiter.
Quand on marche plusieurs kilomètres dans une ville si assomante, il est impératif de se poser pour prendre un "shake" ou un "lassi" (jus de fruits à base de yaourt). En y repensant c'est probablement ce dernier qui m'a rendu malade. Environ 5,34/10 sur l'echelle de la tourista : maux de ventre accompagnés d'une petite migraine et d'un "affaiblissement corporel". Viable mais très gênant. Parfait pour apprendre à conduire dans la jungle routière rajpoute.
Fin d'après-midi
Sur le retour, je me suis mis en quête de trouver une mob pour un départ fixé le 18, en commençant par plusieurs adresses que m'avait conseillé le mec de l'auberge. Après plusieurs échecs chez des concessionaires qui ne voulaient me céder que des scooters, je trouve finalement moto à mon aine. "Semi gears 125cc maximum", je demandais pour la enième fois. Ce sont, en plus d'être le maximum autorisé pour ma catégorie de permis, les seules que j'avais appris à conduire en Thaïlande et aux Phillipines. "Only 150cc", me répond finalement un concessionaire à la dégaine douteuse. C'est un début ! Avec sa voix rauque et ses cicatrices de guerre (la moto), je me disais qu'elle s'accorderait parfaitement à un bleu comme moi. Il était clair qu'elle n'attendait qu'une chose : sortir de son garage poussiéreux pour partager son expérience du front routier indien. Je sais que c'est illégal mais c'est pas de ma faute. C'est la moto qui choisit son motard et pas l'inverse...
Quand je lui ai dit que je ne comptais pas rester en ville, le prix est passé de 500 à 700 roupies par jour. On m'avait conseillé de ne pas mentir là dessus. En vrai, je ne lui ai indiqué qu'un quart de mon parcours. Dire que j'avais prévu de faire plus de 1000km aurait surêment fait doublé le prix. Tranquille, environ 60€ la semaine, ça reste correct. Même si, vu l'état de la moto, j'aurais bien dû fermer ma gueule.
Bajaj Pulsar 150cc
Indienne, 2001, est une quatre-temps, monocylindre moteur DTS-i refroidi par air avec une valve, couplé avec un taux de compression de 9,5: 1, et un alésage et une course de 57 et 56,4 mm respectivement, produisant un déplacement de 149.01 cc, une puissance maximale de 14,09 chevaux à 8500 rpm et un couple maximal de 12,76 Nm à 6.500 tours par minute. A mes souhaits !
De retour à l'hôtel, j'ai réalisé que je n'avais plus aucune idée, de comment démarrer ou changer les vitesses. Tout ce que que j'avais appris de mon très court road trip de l'année dernière s'était envolé. Internet ? INTERNEEEEEETTT ??? Non ? Tant pis. J'ai dormi serainement, jusqu'à ce que mon ventre ne m'envoie des signaux de détresse. Ma tête pensait "Je vais jamais y arriver" mais mon attention était plus concentrée sur mon ventre.
Le parcours
Une moyenne de 150km par jour.