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Inde du sud

  • 12/01 - 16/01 - Munnar & Cochin - Visite posée de deux villes phares du Kerala

    Namaste !
    Tout le retard accumulé pendant mon actuel road trip m'avait donné envie de zapper cet épisode post volontariat. En plus de ne pas avoir grand chose de bien passionnant à raconter, la fatigue de quatre heures de route par jour en moyenne me font m'écrouler à la seconde j'essaye de me concentrer. Tous les soirs, je me contente donc de noter les points à retenir et à developper, en comptant sur des temps morts comme les périodes de transition dans les aéroports... Finalement, mon côté perfectionniste a repris le dessus. Et les photos étaient trop bonnes pour rester cachées sur mon disque dur. Voici, rapidement, mes quatre derniers jours au Kerala à Munnar et Cochin.

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    Après trois bus et deux rickshaws, retour aux stations d'altitude (Cette fois-ci, je vous épargne les détails de cette enième journée perdue dans les transports). Le trajet était semblable à celui d'Ooty. Des routes étroites de montagnes, plus vertes cependant. Munnar, c'est la capitale du thé vert. Ses plantations attirent des centaines de milliers de visiteurs par an. Elle accueille d'ailleurs le premier musée du thé. Les tours opérateurs et les hôtels de luxe tournent à plein régime dans cette station de "luxe", autrefois très prisée par la noblesse pour sa fraîcheur en été. Le centre ville regorge de touriste et de boutiques d'épices et de thé.

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    Tea Garden
    C'était vraiment agréabe de se perdre dans ces immenses plantations qui s'étendent à perte de vue (c'est même la première chose à faire selon trip advisor).

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    Prendre n'importe quel sentier fait atterir sur trois autres et ainsi de suite

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    Les joies du travail dans les plantations.
    J'étais surpris de voir que ces femmmes coupant les feuilles de thé sont très souriantes et communicatives.

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    Coupes parfaites
    Au beau milieu d'une journée probablement répétitive et laborieuse, j'étais la seule distraction pour elles. Contrairement au centre-ville, j'étais le seul "touriste" à des kilomètres à la ronde.

    Le temps est bon. Il ne fait pas plus de 25° en journée. Le soir et très tôt le matin, il fait frais. 
    La deuxième nuit, j'ai dû changer d'hôtel car celui ci était complet. Après un petit dej indien et occidental à volonté, je me suis immédiatement fait recalé d'une chambre d'hôte que j'avais réservée un quart d'heure plus tôt sur Booking... Etablissement interdit aux étrangers. Les propriétaires ne proposent pas le fameux formulaire destiné à nous surveiller pendant notre séjour en Inde. Chaque nouvel hôtel, guesthouse ou auberge, en plus de photocopier mon passeport, exige que je remplisse deux feuilles qu'ils envoient sur un site gouvernemental. Du coup, je connais par coeur tous mes numéros de visa, passeport, date de validité, etc.. Mesure anti terroriste apparemment. Dans le coin, tout était complet ou réservé aux indiens, sauf un hôtel de moyen standing.

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    Environ pour 15€ pour cette "chambre deluxe", ma plus chère jusqu'à maintenant.
    Le receptionniste voulait me la vendre 2500 roupies... Bizzarement, le prix a chuté de 1000 roupies quand j'ai fait mine de partir. A bon entendeur...

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    Marche autour de la ville jusqu'aux terrains de criquet.
    Le sport national indien. De ce que j'en ai vu, c'est comme le base ball, mais avec un rebond au lancer de balle. Il faudra que quelqu'un m'explique les règles un jour. A l'aéroport de Cochin, j'avais regardé une partie du match Inde - Afrique du Sud. Ces derniers ce sont imposés. Drame national...
    Finalement, j'ai fini par manger épicé. La mixture la plus épicée de ma vie. Je n'ai jamais autant souffert. Chaque cuillerée m'arrachaît l'intérieur de la bouche au moindre contact. Ma technique : manger le plus vite possible par rafales de cinq cuillères, puis attendre cinq minutes. L'amour de l'épice. pour moi aucun plaisir à cette souffrance qui fait plus de mal que de bien. Heureusement qu'ils mettent la dose de crème dans le "chai" (thé) pour apaiser. 

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    La plage de Cochin
    A part cette nuit où il a plu chez Harsh, pas une goutte d'eau à l'horizon. Janvier est vraiment le mois idéal pour voyager en Inde du Sud. C'est aussi l'hiver ici, d'une manière relative certes. Il n'y a vraiment qu'à Cochin que le temps est lourd. Au lieu d'un climat océanique, on trouve la chaleur écrasante de son port militaire sur la mer d'Arabie.
    Il y a des bus direct entre Munnar et Cochin, respectivement à une centaine de kilomètres. Je suis resté à Fort Cochin, l'ancienne cité coloniale à l'ouest de la ville, assez intéressante à visiter. Le musée indo-portugais, les églises, le marché tibétain, mais surtout la jetée avec toutes les petites boutiques à touristes, la plage, les filets de pêche chinois et les restaurants de fruit de mer. Ma guesthouse était en plein centre de la vieille ville. Anciennement sous l'autorité des portugaise, puis des hollandais, églises, mosquées, temples hindous, bouddhistes, taoistes, etc, cohabitent dans ce quartier. La magie de Fort Cochin. J'ai vu, dans la même rue, entre moultes drapeaux communistes, une église, une mosqué et un temple hindou. Les cochinois, je crois, détiennent le secret de la diversité. Chaque église, et il y en a beaucoup, est unique en son genre.

    Le quartier est également très touristique, spécialement sur la jetée. Enormément de vieux. Surtout des français. J'étais dans l'unique chambre d'invité de mes hôtes : une petite famille indienne à l'accent hispannique. Au point que la propriétaire m'a parlé plusieurs fois espagnol sans faire exprès. Un séjour innatendu chez l'habitant très typique et reposant.

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    L'attraction du coin : les filets de pêche chinois.

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    Depuis le dernier pont, vide, je suis resté jusqu'au coucher du soleil

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    En passant, plusieurs pêcheurs m'ont incité à monter sur leur pont. Ils font payer l'accès à ceux qui cherchent comme moi un bon angle de vue. Des photos pour les plus fainéants, les autres peuvent les aider à remonter les filets.

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    On peut entendre le bruit du marché aux poissons. Ecoutez bien...

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    Une dernière pour la route

    Ok, tout compte fait, c'était peut-être pas si rapide. Mon séjour dans ces trois régions d'Inde du Sud, en revanche l'était réellement. J'en ai quand même eu un bon aperçu, et bien profité. Les meilleurs moments étaient évidemment hors des grandes villes. Mention spéciale à Anandu et Harsh. En quittant le Kerala pour le Rajasthan, je me représentais quitter la jungle pour le désert. Le sable contre le vert. Vous vous en doutez, c'est beaucoup plus nuancé.

  • 07/01 - 12/01 - Gaia Grid [2] : Permaculture quotidienne, simple mais rudimentaire

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    Troupeau de chèvres sur les routes de Kadampara
    La vie est rudimentaire
    C'est le principe de la permaculture, ici appliqué dans sa globalité. Elle ne s'applique pas seulemet à l'agriculture, mais désigne plutôt un système durable, économe et autonome. Rien ne se perd, tout se récupère, tout se profite... J'étais surpris de constater qu'il la vit au quotidien, à tous les niveaux de vie.
    D'abord l'eau, ressource particulièrement précieuse et essentielle dans ces collines. Il faut savoir qu'à notre arrivée il n'avait pas plu depuis deux mois. A ce moment, Harsh estimait trois mois secs de plus. C'était sans compter la malé(béné)diction franc(angl)aise. Au troisième jour, il a plu. Evidemment, on a mit du temps à le réaliser. C'était la nuit et presque toutes mes affaires étaient restées dehors. Bonne nouvelle tout de même.
    L'eau donc. Après arrosage des plantes, elle va d'une terrasse à l'autre en ruisselant, et en empruntant les tranchées creusées à cet effet. Pour se laver les mains, on en verse une certaine quantité dans un récipient transformé en arrosoir. Ce qui tombe va directement dans le potager derrière la maison, car le savon est organique. Même principe pour la douche : un arrosoir suspendu à une branche. On peut garder l'eau des seaux à vaisselle au moins trois jours, avant d'en faire profiter les plantes. Le réapprovisionnement des tanks de presque une tonne est un spectacle. Même avec un tout terrain pareil, il faut le faire pour tout transporter sur un terrain pareil.

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    Camion transportant le tank d'eau
    Les déchets organiques vont au compost. Ils sont utlisés comme fertilisants. Le plastique quand à lui sera broyé avec une telle force qu'on pourra l'utiliser pour construire des maisons. Les matières fécales - autant vous prévenir, il a toujours un instant crade dans mes volontariats - sont bien évidemment récupérées. La bouse de vache et d'éléphant, en particulier, a de multiples utilisation : antisceptique pour le sol de la "maison" et engrais. Une fois, Harsh nous a demandé d'arpenter les routes du village pour trouver des bouses fraîches (j'étais de tâche coupage des mauvais à ce moment). A cause de notre alimentation, la notre est tout à fait inutile. Pire, elle véhicule tout un tas de maladies. Du coup, on chie dans un seau, qu'on recouvre avec du sable. Quand il faut vider le seau, ça se gâte... La merde humaine est décidément la plus infecte. Là ou il pêche (pas volontaire, je m'en suis rendu compte en me relisant) niveau récupération, c'est pour le PQ... heureusement pour nous !

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    La fabrication de cet "antisceptique" est simple et permet de repousser les insectes et la poussière.

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    Il faut répandre la mixture et attendre quelques heures. Les villageois font ça une fois par semaine.
    Des panneaux solaires sont installées le long de la propriété. Ils alimentent surtout la clôture electrique, dont le rôle est de repousser les éléphants. 
    Si l'on en croit Harsh, ce n'est vraiment pas quelque chose à prendre à la légère. Chaque mois, on compte plusieurs morts d'attaques d'éléphants dans le coin. Il nous a montré une partie de l'ancienne clôture en fer, complètement pliée par un d'entre eux. La nuit tombée, les flics à Anaikatti interdisent de prendre le chemin de Kadampara. Peu après le nouvel an, les british étaient qui étaient arrivés à Anaikatti très tard ont été retenus au poste de police. Harsh a dû faire jouer ses relations du bureau du premier ministre pour les convaincre de laisser Venkat les emmener à la ferme. Les villageois disent aussi qu'un tigre rôde dans la forêt de la vallée. Des cadavres de chèvres seraient là pour en témoigner. Du coup, j'aime autant autant faire le contorsionniste pour entrer dans le domaine, et dormir tranquillou.

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    Le coin propre. Ne vous inquiétez pas, il y a une trappe pour les toilettes.
    Je vous l'accorde, il y a encore du chemin vers l'autosuffisance. L'eau et la nourriture ne s'improvisent pas. Excepté pour les bananes, les villageois de Kadampara produisent d'abord pour eux-même. Les ananas, grenades, pastèques, fruits de la passion, noix de coco, aubergines, courgettes, cacahuètes, noix et autres féculents viennent d'Anaikatti. J'avais déjà expérimenté le "régime" vegan en Thaïlande. On arrive en pensant à "quinoa", "muesli" ou encore "jeun", et on repart avec cinq kilos en plus Cette fois-ci je n'ai pas non plus été déçu. Aussi bien en quantité qu'en qualité. La médaille d'or revient au porridge du petit-déjeuner, avec ses morceaux de dattes, de noix de coco et sa touche de cannelle.
    Tout le monde prépare à manger, mais c'est Harsh qui fait les mixtures. Il a le don, on lui en était tous reconnaissants, de priviligier le goût à l'épice. Chaque plat principal s'accompagne d'une salade de fruits et de légumes.

    Les journées sont si paisibles.
    Entre 9h et 16h, liberté. C'est-à-dire pas grand chose. Lorsqu'un sujet intéressant pour Harsh (philosophie, histoire, politique, documentaire) est mit sur la table, il peut en parler pendant des heures sans s'épuiser. Il est capable de convaincre une israëlienne que les attentats du 11 septembre sont un complot du Mossad...
    Il est à la pointe de l'information. Je me demande comment il fait, car je ne le vois presque jamais sur son téléphone ou son macbook. Sans volontaires, je pense réellement qu'il s'ennuierait. Le seul villageois qui passe régulièrement dire bonjour, c'est "Mr Bobby", toujours là pour divulguer ses bons conseils ou donner un coup de main. Pour Harsh, la communication avec les locaux n'est pas évidente. Il comprend la langue mais répond en anglais (teinté d'hindi). D'un kilomètre à l'autre de la ferme, les gens parlent une langue différente. Anaikatti est dans le Tamil Nadu alors que Kadampara est dans le Kerala.

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    A un kilomètre il y a une rivière pour se rafraîchir et faire sa lessive.

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    Le temple en face de la rivière
    Le dernier jour, j'ai tenté mon expédition jusqu'à la colline en face de la ferme à environ 7 kilomètres, mais on a dû faire demi-tour avant car il était trop tard. J'étais avec Clément et Matthew, qui ont respectivement la même âge que mes deux frères. Comme à la maison.

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    A travers les forêts du Kerala
    Après le temple et la rivière, on arrive sur l'école de Kadampara, une quasi ruine. Les petites maisons sont en briques, bois et tôles. Les villageois à la peau noire et marquée par le dur labeur des champs, nous fixaient une faux à la main. Certains avec le sourire. La faux, on la retrouve avec le marteau sur les nombreux drapeaux rouges qui décorent les chemins. On croise régulièrement des fermiers menant leurs troupeaux de vaches et de chèvres. L'odeur nous rappelle notre bon fromage. Harsh nous avait aussi prévenu que le village concentre pas mal de plantations de cannabis. Apparement, les villageois sont constamment défoncés.

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    Chèvres et fermiers kéralais
    Le travail est très light. Pas plus de 3-4 heures par jour. Et encore, souvent c'est encore moins. Harsh nous pousse à nous dépasser dans le réfonfort. La permaculture va même jusque dans l'économie de ses forces. C'est assez basique : creuser des trous, déraciner, mettre de l'engrais, planter, arroser, creuser des tranchées et couper les mauvaises herbes autour de la clôture. C'est aussi assez physique, car le sol est dur. Il faut creuser à la pioche ou avec une lance pointue en métal d'une quinzaine de kilos. Quand je vois la vitesse à laquelle les mauvaises herbes reprennent le dessus, sur les trous et la clôture, j'admire sa patience.

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    Creuser des tranchées dès 6h30 du matin
    En fait, Harsh attend davantage de créativité que d'effort physique. J'avais eu l'idée d'aménager un endroit vide en face des tentes, pour en faire un coin fauteuil et nature entre des escaliers... Il était emballé par l'idée, jusqu'à ce qu'il se souvienne qu'un volontaire avait déjà planté à cet endroit. Ca n'empêchait pas... Mais il faut dire que je n'ai pas insisté.
    Je me suis vite rendu compte que la procrastination régit véritablement la vie quotidienne. Je ne compte pas le nombre de tâches évoquées tous les jour : boucher le trou de la tente, ceuillir les haricots, semer des légumineuses, même vider le seau de merde... Mais aussi des activités, comme regarder ce "documentaire qui nous fera prendre conscience" de telle ou telle chose ou aller à la rivière, qui a dû être mis sur le tapis au moins trois fois avant qu'il ne se décide enfin. A ce moment, il ne s'était pas lavé depuis une semaine. En même temps, où est l'intérêt quand tout le monde sent mauvais ? Finalement, c'est plus un monastère qu'une ferme. Un monastère libre où les principaux passe temps sont la lecture et les cartes. Cependant une question me taraude. Comment, avec tout ses volontaires, est-il possible qu'il n'ait jamais joué aux cartes ? Le président, ou plutôt le "gandu", le mot indien pour trou du cul, s'imposait. Il apprend vite. Au début, il triait et tenait ses cartes comme un enfant qui apprend à manger.

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    ...
    Je suis parti un jour plus tôt que prévu. Je pourrais finir sur une conclusion bateau, en disant que c'était une expérience fondamentale qui nous renvoie à qui nous sommes vraiment. C'est pas faux. Au delà de ça, c'était tout simplement agréable de vivre avec l'essentiel pendant ces cinq jours.
    Prochaine destination : Munnar, à mi chemin entre Coimbatore et Cochin, dans laquelle où je prendrais mon vol pour le Rajasthan le 16.

  • 07/01 - 12/01 - Gaia Grid [1] : Harsh, ses volontaires et sa "ferme vegan" - Kadampara, Kerala

    Kerala, sud ouest de l'Inde. Le "pays de Dieu", comme aiment l'appeler ses habitants. Un Etat très dense, le plus alphabétisé d'Inde, communiste, d'abord Hindou et de très forte confession chrétienne, héritage des anglais et des hollandais. Personnellement, je n'y suis pas resté assez longtemps pour constater des différences significatives. Les gens ont l'air plus gentils et c'est plus vert... Sauf dans les grandes villes. Une première journée, périple oblige, perdue dans les transports. Quatre étapes cette fois pas franchement intéressantes... Ne vous inquiétez pas, je vous raconte quand même tout.

    Intro trajet

    1) Bus de Ooty à Coimbatore ==> Un peu plus de 5h pour parcourir 85km. En Inde, il faut s'armer de patience et toujours prévoir (BEAUCOUScreenshot 2018 01 15 20 18 24P) plus de temps que prévu dans les transports en commun. Comment ? Quelle grève ? Quoi ? C'est le jour du seigneur en plus ? Que voulez-vous dire par "La seule et unique route de montagne, étroite et sinueuse, pour redescendre dans la vallée" ? Bon ok, il est clair que je suis de mauvaise foi. Et c'est pas fini (comme les transports indiens, il y en a toujours plus). Coimbatore, de ce que j'ai vu, c'est l'Inde surpeuplée et sale. L'Inde des trains archi pleins avec des gens accrochés aux barres, à moitié dans le vide. L'Inde où les gens pissent dans les rues. L'Inde où les gens se lavent dans les rivières, à deux pas de leur slum le long de la voie de chemin de fer. L'Inde des clichés en somme. Ce qui est paraît-il assez fréquent en périphérie des grandes villes. La nature m'appelle. Mais les villes me font fuir d'abord. Je ne m'attarde pas et cherche mon bus.

    2) Sans succès, car pas la bonne station ==> Tuk-tuk jusqu'à Gandhipuram, étape toujours la plus simple et pourtant celle que j'aime le moins.

    3) Bus de Coimbatore à Anaikatti. Un bus local, beaucoup plus vétuste que les bus gouvernementaux, qui crache du gros son. Ambiance locale assez sympa, mais impossibe pour moi de m'asseoir. J'aime autant car je peux rester dans les escaliers, près de mon sac au fond de ce bus rempli. C'est toujours mieux que de me cogner a tête au plafond à chaque ralentisseur.

    4) Jeep de Anaikatti à Gaia Grid, pas loin du petit village de Kadampara. A la station d'Anaikatti, je tombe directement sur des chauffeurs de jeep qui connaissaient Venkat, le chauffeur que je devais appeler. Bonne chose, car je n'ai toujours pas de carte SIM. Coincidence intéressante : un autre volontaire est arrivé à Anaikatti cinq minutes après moi, au moment précis où Venkat arrivait. Andrea, italien de 35 ans, a cru que le chauffeur de jeep était dans le turfu.

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    Le chemin devant la ferme

    Mon hôte, Harsh, avait raison de préciser que l'endroit était vraiment isolé. Le trajet a duré une vigntaine de minutes sur des chemins en terre caillouteux, entre fermes, cultures et forêts. A première vue, les fameuses collines "sèches" n'ont pas l'air si sèches que ça. Seulement son exploitation.


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    En plus de moi, il y avait déjà quatre volontaires : De gauche à droite : Clément, 24 ans, Harsh, un couple d'anglais d'environ 25 ans, Nama, israëlienne d'environ 40 ans, et Andrea.

    Les anglais partaient le lendemain (d'où l'oubli de leurs prénoms). L'importance que les gens accordent aux titres a animé le débat de cette première nuit, qui était la plus captivante. On est bien placés pour en parler, ai-je conclu, car tout le monde autour de la table a plus ou moins quitté son job pour voyager. "Quand tu as compris que tu n'es rien, tu peux être qui tu veux". Cette citation d'Harsh (entre autres), le définit bien.

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    Ce légume, mais aussi l'homme, sont impressionnants.
    C'est un grand sage des collines. Cheveux longs, la trentaine, il vient de Calcutta où il faisait un peu de tout. Maintenant, il mène une vie simple, presque austère, seul dans son verger sur la colline. Il essaye de vivre au plus proche de la nature en se contentant de ce qu'elle peut lui offrir. Pour l'instant, pas grand chose. Le projet est encore jeune. A terme, objectif autosuffisance. Pour son hectare de terre dont l'amménagement en forêt d'arbres fruitier suit tranquillement son cours, à quelques kilomètres de la frontière du Tamil Nadu. Il vit grâce à des dons, l'aide des volontaires et des aides prévues pour ce type de projet. En gros, chaque mois, il doit compléter une feuille de route et échanger des conversations vidéo. Cela lui permet d'acheter à manger, de payer sa facture téléphonique, et de réinvestir dans la terre.

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    Arrosage des plantes avec la fin du tank avant le remplissage
    Il reste cependant "connecté". Pour vous dire, Gaia Grid, sa ferme vegan, est trouvable sur Google Map. La 4G, bien que très faible, passe. Anecdocte marrante, son nom est inscrit au panthéon des "même" sur internet (il faut absolument que je le retrouve). Philosophe dans l'âme, il est très ouvert d'esprit et arrive toujours à intéresser son interlocuteur. Il n'est pas donneur de leçons pour autant, bien au contraire. J'admire sincèrement son éloquence et sa générosité. Le dernier jour, des nouveaux flics sont venus à l'improviste pour une visite de contrôle. Ils étaient venus voir ce qu'il trafiquait et vérifier si les formulaires en ligne qu'il nous a fait remplir (il se fait passer pour une chambre d'hôtes) correspondaient bien aux personnes présentes. Harsh leur a offert à manger et les a fait visiter son domaine en leur expliquant son projet et ses convictions. Il s'est même permit de dire "Si vous voulez fumer, c'est dehors", à celui qui avait sortir sa clope. En moins de deux, il a mit la police locale dans sa poche, sans oublier de mentionner subtilement qu'il a des bons amis qui travaillent au bureau du premier ministre. Ils sont repartis, après un selfie de l'équipe et un échange de WhatsApp. Je dirais qu'à l'exception d'un léger anti-américanisme (assez classique en vrai), il ne rejète rien ou presque.

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    L'entrée de Gaia Grid.
    La seule chose qu'il ne tolère pas, c'est l'intrusion de matière non vegan au sein de sa propriété. Ainsi, un couple de français qui n'est resté qu'une nuit avait ammené une barre de chocolat... au lait ! Malheur ! Le lendemain matin, ils sont repartis sans. La fille avait choppé une tourista à Coimbatore, "raison" principale de leur départ. On se disait que c'était pour le mieux. D'abord pour la place disponible, et puis parce qu'on avait tous le sentiment que, malade ou pas, ce n'était pas un endroit fait pour elle. (Et puis ça faisait trop de français).

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    Vue d'intérieur au coucher du soleil.
    On pourrait en dire autant pour moi, mais je m'adapte. J'étais conscient de (presque) tout les aspects du projet. Ce n'est pas parce que le premier repas que j'ai fait en quittant Gaia Grid était du poulet frit que je n'ai rien retenu du tout, ou pas apprécié mon court séjour passé ici. J'ai juste des besoins vitaux. D'autres comme Andrea, parfait hippie des bois et Clément, pur hippie des marais, ont trouvé leur paradis. Le premier, vêtements larges tout terrain, est un ancien restaurateur qui veut créer une communauté durable semblable à celle-ci. Le second, dread lock et grosses lunettes, est taciturne et toujours souriant. Il fait science po et intérim, comme moi l'année dernière.  Au sujet du végétalisme, ils me diraient que ce n'est pas vital. Qu'il s'agit juste d'un travail sur soi, passant entre autres par la méditation ou le yoga, pour laquelle ils sont impressionants soi dit en passant. Harsh préfère dire que la conviction passe d'abord par soi-même. Cherchez pas les gars, c'est peine perdue de toute façon.

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    Lever du soleil, admirez moi sa courbe parfaite

  • 06/01 - Le Festival d'Anandu

    En plus des paysages magnifiques, le train des montagnes m'a permit de vivre une, si ce n'est la, meilleure expérience culturelle de ma vie.
    Sur le chemin du retour à Ooty, je demande à un flic qui faisait la circulation où se trouve le bus. Il me dit d'attendre, suite à quoi je le vois arrêter la première voiture qui passe et demander à son chauffeur s'il va à Ooty. Surpris et pas forcément rassuré, je me retrouve dans la voiture d'Anandu, tamoul de 28 ans, parti chercher sa fiancée à Coonor pour l'emmener à Chinacoonoor, son petit village où se déroule un festival hindou. "Tu veux venir ?" il me demande - "Ouais pourquoi pas, j'ai rien de prévu".Il est environ 13h, le village est à une heure de route mais il peut me raccompagner vers 18h. Ok, faisons comme ça.

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    Le temple vu du haut du village
    C'est ainsi que je me suis retrouvé dans ce petit village traditionnel de moins de 200 habitants. La majeure partie de ses habitants vivent de la culture du thé, des oignons, tomates, ail... Les autres ont étudié à Coimbatore et sont dans l'informatique. A notre arrivée, ils étaient tous rassemblés à l'intérieur et autour du temple, dans leur tenue traditionnelle hindoue. Le point sur le front et un foulard.


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    La "cuisine" et la "salle à manger" en face du temple

    Vous pouvez imaginer leur surprise lorsque je suis arrivé dans la voiture du neveu du "maire". Anandu ne me quittait pas d'un poil. "T'inquiètes je vais m'occuper de toi" m'avait-il prévenu sur le chemin. Sa manière de s'adresser à moi en finissant chacune de ses phrases par "sir" était, au départ, un peu gênante. En fait, il ne s'agit pas d'un respect poussé à l'outrance digne de l'époque coloniale (j'exagère, loin de moi cette idée), ce que j'ai réalisé plus tard. Jusqu'alors, j'ai rencontré deux types d'indiens: les indifférents et les "respecurieux". Ceux-là me posent pleins de questions sur mon origine et mon séjour. "What pourrpoz u come in India ?" (C'est quoi les bails?) est la plus récurrente. Ils sont très humbles, surtout quand je dois leur demander de répéter chaque question en moyenne 4,8 fois. Parfois, au bout d'un moment, je souris ou je répond à côté. Et ça passe en général. Mon hôte et guide était tellement gentil qu'il arrêtait la voiture à chaque fois que je sortais l'appareil pour tenter capturer les incroyables paysages de la vallée. Ca n'a quand même pas donné grand chose.

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    Anandu's milf
    Dans une large rue au style grec sur les toits du village, il m'a d'abord invité à prendre le thé dans sa petite maison rose. La famille proche était assise autour de la salle à manger. Lors du festival, la plus âgée de la famille donne sa bénédiction à chaque membre de celle-ci. En l'occurence l'arrière grand-mère de 97 ans (probablement la doyenne du village). Encore quelques dents, et le visage si marqué qu'on aurait pu faire du bobsleigh entre ses rides. Elle n'arrêtait pas de me gaver de bananes. Pas grave, elles sont pas si mauvaises ici.


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    Anandu l'hindou en face de chez lui
    Pendant que l'on faisait le tour du village, j'ai eu le droit à un briefing. Le festival dure une semaine et célèbre leurs ancêtres. Samedi était l'avant dernier jour de fête. Il y a plusieurs rituels assez formels, comme le pélerinage jusqu'à la montagne ou le passage au temple pour la prière. Mais rien de très exigent. Voir un étranger débouler un appareil photo autour du cou, en plein milieu d'une cérémonie sacrée n'a eu comme conséquence que de la curiosité. Il fallait qu'il sachent ce que je foutais là, tout seul, et surtout comment j'étais arrivé là.  Pieds nus, j'étais libre d'aller où je voulais. Mais comme je suis resté la plupart du temps avec mon cher guide, il pouvait d'abord m'introduire en Indi avant la classique présentation en face à face.


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    La cour du temple Hetai Amman pendant le passage du cortège
    Il s'agit avant tout de manger et danser dans la joie et la bonne humeur. Avant cela, j'ai suivi Aandu jusqu'au temple où le prêtre lui administrait un sacrement. Il voulait que je m'agenouille et que je prie avec lui, mais son pote m'a retenu. Bien vu, je ne sais pas si ça aurait plu au prêtre. Même pour moi, il y a des limites à l'intégration culturelle. Pour me fondre dans la masse, il m'a demandé si je voulais m'habiller des vêtements traditionnels, à savoir le dhoti, un tissu blanc noué autour de la taille et une longue chemise avec des motifs dorés. Finalement, je me suis ponctué le front à la craie. 


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    Les six cuistots du peuple
    Une semaine pendant laquelle les cuisiniers se relaient 24h/24, en dormant devant des chaudrons dignes de Taram. La fumée, l'odeur et le paysage dégageaient une atmosphère particulière, hors du temps.


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    Préparation du thé
    Pendant que les femmes préparent le thé... dans un sauna. Je pouvais lire des sourires qui me semblaient sincères. Respect dans tous les cas.


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    A table !
    Tout le monde est libre, tout est gratuit. En ligne le long d'un tapis rouge, les habitants mangent quand ils veulent sur une feuille de bananier. C'est un peu le Thanksgiving hindou. Juste, pourquoi il fallait que ces haricots soient si épicés ?! Surement le chili local. En plus du coulage de nez et de mon absence de souplesse (de fait l'impossibilité pour moi de me tenir en tailleur plus de quelques minutes sans souffir), j'ai encore eu le droits à ces sourires, plus bienveillants que moqueurs, de la part des filles qui mangeaient en face de moi. J'admire la dextérité avec laquelle ils parvenaient à s'en mettre, aussi proprement, plein la bouche.


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    Chinacoonoor boyz
    Avant l'arrivée du cortège religieux au retour de la montagne, j'étais assaili par une horde d'enfants. Ils étaient intéreressés par mon appareil. Je n'ai pas hésité à leur prêter. Le petit chef de la bande m'a bien amusé en demandant ma religion. Je lui ai répondu "atheist" puis "no religion". Il ne comprenait pas et continuait de me citer des religions. "No christian, no muslim, no boudhist, no hindou..." ai-je finit par répondre. "Aaaah, all religion !".  Ou bien mon anglais est définitivement incompréhensible, ou bien son regard illuminé ne pouvait pas concevoir que quelqu'un ne croit pas en l'existence d'un dieu. Très, trop curieux, ils étaient ravis d'avoir une source de distraction innatendu dans ce festival qui semblait les ennuyer.


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    Anandu, des gosses et moi
    Jusqu'à ce que mon bon Anandu ne les chasse et me présente à ses potos (pas les gosses sur cette photo). Pendant le passage du cortège, je les voyais se moquer en douce de leurs amis "enrôlés" dans ce rite à priori obligatoire pour "l'accomplissement religieux". On l'a tous déjà vécu, moi avec mes frères et ma soeur : ces regards et sourires impossibles à retenir lorsque l'on se trouve une situation formelle où la bienscéance est de rigueur.


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    Chinacoonoor girlz (et moi)
    Les filles, normal à cet âge, font bande à part des mecs. La "chef du groupe" était la seule entreprenante. Un pot de colle. Des étoiles sont apparues dans ses yeux yeux quand je lui ai dit venir de Paris.

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    Les femmes dansent dans la cour du temple

    La danse, entre le cortège, est continue. J'ai habilement réussi à y échapper pendant une bonne partie de la journée. Puis j'ai cédé pour deux minutes, je ne vais pas vous mentir, pas faciles faciles. Aandu m'avait dit qu'il allait me montrer. Le traître, je ne l'ai pas vu danser du tout. A moi de vous apprendre. Tout est dans les poignets et les genoux. En gros, il faut faire de moulinets avec ses mains tout en tournant recourbé sur soi-même. Je vous l'assure, effectuer une danse inconnue et "ininstinctive", sobre, sous le regard de presque tout un village, fait parti des expériences que l'on oublie pas. Des preuves :


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    Rien à ajouter
    J'ai dû serrer une bonne vingtaine de mains des frères, soeurs, oncles, tantes et parents. Certains me demandaient d'eux même une photo. Le leader (spirituel) du village était plutôt cool. Il était ravi de me serrer la main très longtemps, se délectant des compliments que je lui versais, sans modération, en réponse à ce que je pensais de la fête. Vous pouvez le voir à ma gauche.

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    Trois frères (j'adore le côté rétro de cette photo)

    Vers 17h, Anandu m'a emmené chez son oncle. Avec un accent et des manières impeccables, il est le maire spontané du village. Il prend soin des villageois, notamment en gérant internet et les circuits électriques. C'est le meneur de sa lignée de développeurs et d'informaticiens. Une grande maison soignée et bien équipée. C'était le premier à plus me parler de lui qu'à me poser des questions. Il a beaucoup voyagé en Europe dans les années 90. Lorsque je lui ai parlé du volontariat, il était très intéressé par le concept. Apparement il avait accueilli une américaine il n'y a pas si longtemps pour un stage. Je devrais être sponsorisé par Workaway.


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    La petite famille
    Un athé, après trois thés et trois albums de voyage, est retourné au temple magnifiquement éclairé. Finalement, mon bus est arrivé vers 20h. La faute à une grève générale qui a fait remplacer les chauffeurs Fury Road des montagnes par ceux qui "conduisent lentement et se trompent de chemin"... Plus ou moins rassurant. Je commence à m'habituer aux conduites de l'extrême, mais il faut fixer des bases solides. Ma journée dans "l'endroit le plus sûr d'Inde" (0% de crimes) comme aime bien le rappeler monsieur le maire, touche à sa fin. Une expérience inattendu et pleine de surprises, dans ce village où tout le monde semble heureux. Cohabitation de fermiers et d'informaticiens, pas la même valeur ajoutée mais des valeurs et une culture commune.


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    Le temple la nuit


    Apparté : pendant le trajet Bangalore - Ooty, j'étais passé devant un "cashless village", qui sont sensés être des endroits démonétisées. Selon Indian Express, les quelques villes de ce genre en Inde ne fonctionnent ont maintenant carrément des distributeurs d'argent en leur sein... Le secret pour être heureux , c'est peut-être l'isolement.


    Bref, j'en ai pris plein les yeux. Je suis juste un peu déçu d'avoir oublié le nom de la cérémonie. Pour moi ça restera le "festival d'Aandu".

  • 05/01 - 06/01 - Mysore & Ooty - Voyage d'un autre temps à travers l'Inde des collines du Tamil Nadu

    C'est l'aube, Bangalore s'endort. Dans le hall de l'hôtel, les réceptionnistes sont couchés à même le sol. Moi, je leur rend les clefs et je me sauve, motivé par le voyage à venir à travers le Tamil Nadu. Une journée qui sera riche en transports.

    Bangalore
    Chikpet, la veille à côté de mon hôtel

    Non sans mal, je trouve une gare de bus, mais pas la bonne. Non sans peine, j'accepte de prendre un ricksaw, les tuk-tuk jaune indiens. Non sans surprise, il m'a couté six fois plus cher que mon dernier repas (Ca reste moins de 4€).
    Pas de bus direct pour Ooty avant 8h30. Tant pis, ça fera l'occasion de s'arrêter un peu à Mysore. Environ 3h de route avec au loin le Monument Valley indien et ses montagnes de formation rocheuses d'une taille impressionante. J'ai à peine le temps de poser le pied à Mysore qu'un ricksaw me démarche pour faire les "highlights de la ville" (non sans mal pour lui).


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    Le palais de Mysore, principal monument, architecturalement impressionant.


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    Le marché aux épices, très petit et pas assez épicé à mon goût (Prétexte pour m'emmener plus loin).

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    Je l'attendais le voici : le fameux "comissionnage" décrit dans tout les guides touristiques. Jamais deux attractions sans un virage commercial comme on dit. Du coup je quitte Mysore avec trois flacons d'huiles essentielles multifonction. De l'huile de lotus entre autres, efficace contre les maux de tête, l'insomnie, les rhumes, diarrhées, cicatrices... Rien que l'odeur, je vous assure, ainsi qu'un petit massage des tempes avec une seule goutte d'huile était déjà très apaisant... Aussi, comment refuser après une telle présentation et démonstration ?  Je n'ai pas le sentiment de m'être fait entuber., mais davantage surpris de m'être laissé prendre dans cet engrenage bien connu.

    Cette interlude commerciale révélant ma capacité à donner de l'argent en échange de biens, il a fallu que je montre ma détermination au chauffeur pour qu'il me ramène à la gare routière. Trois fois "no thanks" et au revoir Mysore.

     

    Je reste sur une note positive, en notant que cette ville semble être comme il le dit la "plus propre d'Inde".

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    Gare routière de Mysore
    Arrive la meilleure partie : la route reliant Mysore à Ooty, dans les collines du Tamil Nadu. On est littéralement passé du moche au beau (Rien de subjectif, c'est l'UNESCO qui le dit) lorsqu'on a passé la frontière des deux régions. Elle passe en plein milieu du parc national de Bandipur et de Mudumalai. Juste Sublime ! Subjugué par la beauté du paysage, il m'en arrivait d'oublier pourquoi j'avais pris le bus à la base.

     

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    La première partie est très sèche. Plus on monte, plus on zig zag, plus il fait froid et plus c'est vert. Pendant quelques kilomètres, on longe une rivière où on peut voir des éléphants, avant d'arriver aux villages perchés sur les collines et les plantations de thé.
     

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    La meilleure partie ommence à partir à partir du Parc de Mudumalai et de la ville de Gudalur. Les vallées du Tamil Nadu sont tout simplement paradisiaques, et le changement progessif de climat et de paysages est ahurissant. Il y a carrément une forêt de sapins un peu avant Ooty.
     

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    J'ai vu des grosses bêtes à corne, des grosses bêtes à plume et beaucoup de singes. Six heures pour rejoindre notre destination, dont quatre pour traverser les parcs. En plus des nombreuses pauses, il fallait souvent s'arrêter pour dépasser des chars à boeuf ou des camions transportant du bois, fruits et briques...
     

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    Parfois la route était trop étroite pour deux véhicules. Dans ce cas le plus léger doit faire marche arrière. Quand on est du côté du vide, on ne fait pas le malin... Faut pas trembler des mains, et ça n'arrive jamais. Ici ils n'hésitent pas à dépasser sans visibilité, même avant une épingle. Indian style. Je me dis sincèrement que c'était l'endroit rêvé pour un road trip en moto.
     

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    Ooty est un petit village situé d'environ 80 000 habitants, à quelques 2000m d'altitude. Fraîche et haute en couleurs. Ma Guesthouse, spacieuse, calme et confortable, était juste en face du lac de Ooty à 200m du centre. Des européens, un israelien, et une vue imprenable sur les collines et les maisons perchées au loin..

     

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    11J'ai testé différentes crêpes indiennes, notamment les "chapati", dans une petite gargote sous le regard amusé des tamouls.  Le gérant était gentil de m'expliquer commment nettoyer la feuille de bananier qui sert d'assiette et comment manger avec ses doigts. A force d'avaler ma main pour ne rien renverser, j'ai fini par utiliser deux morceaux de crêpes comme couverts. Il y a aussi le "Indian Meals" qui consiste en un assortiment de sauces et autres mixtures autour d'un bol de riz et d'une crêpe. Toujours servi avec du lait crémeux pour contrer les épices. Etrangement, je n'ai rien mangé de trop agressif jusqu'à maintenant.

     

    Must to do à Ooty : Nilgiri Mountain Railway ou "Toy Train". Egalement classé à l'UNESCO, c'est un vieux train à vapeur reliant Ooty à Coonoor. Prix : 15 centimes. La première classe coutaît environ 3€ mais était complète. Il faut se mettre du côté gauche pour voir les villages et les plantations en terrasse dans les vallées.
     

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    Entre les forêts et les collines, on passe sur plusieurs ponts suspendus. Véritable expérimentation du trajet des britanniques à l'époque coloniale.
     

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    Le train avance à une vitesse de croisière, assez lente pour sortir la tête du train et contempler cette magnifique nature à travers l'écran de son téléphone ou de sa caméra. Une ballade plutôt cool qui emmène jusqu'à Coonoor, une petite ville très similaire à Ooty, à une vingtaine de km.
     

    Pour la petite histoire, ce fantastique blog n'accepte que des photos d'une taille inférieure à 10mo. Il m'aura fallu une semaine pour réaliser qu'on pouvait réduire la taille des photos sur paint. C'est donc avec presque 5 jours de retard que je poste ce périple.
    Je vous fais des bisous.

  • 04/01 - Bangalore, dans le bain direct - Premières impressions

    7h, à environ 10 000 mètres au dessus du "Sous-Continent", le soleil se lève sur la musique "The House of The Rising Sun" du groupe Animals. Comment faire mieux ?  Nous y sommes. Bangalore, Karnataka : The "IT city", berceau des nouvelles technologies... askip... Du moins pas dans mon quartier. 


    Le temps de reprendre mes esprits après la course folle de mon bus, quelques souvenirs me reviennent de manière rapide et furieuse. J'avais oublié les principes de la jungle routière asiatique. Règle n°1 : priorité à celui qui force. Cette règle est respectée à la lettre. Les deux-roues, fourmillantes, n'hésitent pas à se faufiler entre deux bus à moins d'un mètre cinquante. Il y a beau y avoir des marquages au sol, on compte autant de voies qu'il y a de place sur la route. Ca passe tellement juste à chaque fois. Etant donné les reflexes accérés des conducteurs, les bus doivent se renverser plus facilement que les gens.

    Décidé à ne pas prendre de taxi, j'ai cherché un hôtel à Chickpet, le quartier où le bus m'a lâché. Prestige Residency, bon marché mais vétuste. Pardonnez mon impolitesse, mais je suis gentil vu la gueule du bordel. Le terme est beaucoup plus adéquat. Sans rentrer dans les détails, l'odeur et la saleté me faisent penser à un squat de junkies. Faut savoir que les auberges de jeunesse ne sont pas encore un concept très répandu en Inde. On trouve facilement des hôtels et des chambres d'hôte à moins de dix euros.

    Ce qui frappe en premier à Bangalore ce sont les couleurs vives. Le jaune et le vert, couleurs nationales, qui dominent le paysage urbain, en particulier dans les habitations et les publicités. J'aime bien ce style architectural un peu oriental, avec les immeubles blancs et jaune clair et leurs étages carrés sans dessus-dessous. De loin, les ballons d'eau de couleur jaune sur les toits se confondent avec les domes dorés qu'on trouve sur les mosquées. Le temps est bon, frais le matin et en début de soirée, pas trop lourd en journée. La petite brise du soir met bien.

    Quelques rues après mon hôtel, Raja Market. Un bazar géant. Quelle concentration d'indiens ! Beaucoup de petites rues sympas et typiques, malgré des embouteillages omniprésents. Il fallait se frayer un chemin à travers des vendeurs de fruits, de tissus et de vêtements disséminés entre les trottoirs et les rues, les deux-roues, klaxon enclenché, mais aussi les vaches, les chiens et les chèvres. Les odeurs d'épices n'étaient pas désagréables, on s'y habitue rapidement. L'ambiance était (je n'en demande pas plus) typique. C'était surtout assourdissant ! Sérieux, les gens ici klaxonnent plus qu'on met nos clignotants en France. Clairement, je pense, l'archétype d'un quartier d'une ville en voie de développement.

    Puis j'ai quitté le quartier des marchés pour arriver sur Shankarapura, aux avenues plus larges. Un quartier qui me paraît plus aisé, avec ses banques, ses boutiques de téléphonie et quelques supermarchés et fast-food. Pas difficile de faire mieux après la rue qui longe le métro. Assez désolant. Peu de monde mais des allées hybrides de terre et de pierre jonchées d'ordures. En y pensant, il y avait une vue intéressante sur des buildings en arrière plan. Avec la barrière de séparation du métro au premier plan, cela me rappelle des photos que l'on étudiait au collège. Elles montraient le contraste de la coexistence des bidonvilles et des quartiers d'affaire à  Mumbai. Je ne vous cache pas que j'ai beaucoup hésité à sortir mon appareil photo.

    Contrairement à l'Asie du Sud-Est, je trouve pour l'instant les indiens moins entreprenants. Ce n'est pas le meilleur accueil que j'ai eu. Les gens ont l'air relativement indifférents quant aux étrangers. Pourtant à la fin de la journée, je n'ai pas vu un seul occidental (A part si on se penche un peu sur la photo que j'ai prise d'une rue à Chickpet) [INSERER PHOTO INSERER INTERNET] Comme je le disais avant de partir, l'Inde est si vaste et pleine de cultures différentes qu'il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives.

    Désespérant d'internet, je suis resté devant un KFC pour squatter sa Wi-Fi. Forcément, j'ai d'abord perdu 15min à répondre à mes messages, suite à quoi le réseau était parti. Au final je pense que c'était quelqu'un qui partageait sa connexion. Quelques centaines de mètres plus loin, je check les Wi-Fi de dispo. Confirmation, car moins cinq sur les quinze étaient des hotspots, et deux d'entre eux étaient libres. J'arrive à me connecter juste assez longtemps pour réserver une chambre d'hôtes à Ooty pour le lendemain. Pas question d'échouer cette fois. Je vais devoir trouver à l'ancienne un bus qui y va. 

    En remontant à travers Sultanpete, on trouve beaucoup de mosquées et une pauvreté ambiante assez malaisante. Si les voitures de patrouille étaient nombreuses, j'ai quand même un don pour emprunter les quartiers les moins "fréquentables". En même temps sans internet, difficile de savoir quelles sont les centres d'intérêt. Les mecs de mon hôtel parlent extrêmement mal anglais.

  • 03/01 - Paris to l’aéroport de Mumbai - Cité des anges, dédale infernal

    Commençons par le plus drôle. Mon avion a atterri à minuit trente, mais on a pu en sortir qu’un quart d’heure plus tard. Pour vous faire le topo, je devais embarquer à 1h30 pour un décollage à 2h15. A peine le pied posé, une première quête : trouver ses bagages et un premier périple : passer la frontière. Dans un temps très restreint. Remake indien de Maman j’ai raté l’avion. Je m’attendais à galérer un minimum pour trouver mon chemin, mais (SPOIL) pas à VRAIMENT rater l’avion…

    Non, non, faut pas croire que c’est de ma faute... Apparement, Jet Airways propose régulièrement des vols dont le temps de transit pour rejoindre son prochain avion est insuffisant. Juste histoire de posséder un catalogue de vols plus fourni et tout à fait foireux. Les malandrins ! En fait, je devais passer l’immigration avant d’embarquer à destination de Bangalore. Non seulement les vols intérieurs obligent à se réguler dans l’aéroport de transit, mais en plus les bagages ne restaient pas dans le même avion. « Tkt mec, tu vas l’avoir, par contre faut que tu rush. » me rassure l’agent de l’immigration. CET ACCENT ! Ils parlent tellement vite qu’ils oublient de finir les trois quart de leurs mots. Obtenir un e-Visa était facile et rapide, mais étant donné la file d’attente, j’en ai payé le prix fort.

    Bref, il était 1h30 lorsque j’ai récupéré mon sac qui traînait en plein milieu d’une allée. Epuisé ; Par le manque de sommeil. Par les contrôles à répétition. Par ce labyrinthe de l’échec semé de couloirs interminables et pas toujours très clairs ; Je me disais qu’effectivement ça allait être rush pour l’embarquement. Par contre je n’aurais jamais imaginé qu’ils oseraient l’avancer d’un quart d’heure. J’ai découvert un nouveau sentiment. Celui quand l’hôtesse t’annonce que ton avion est parti, en précisant qu’ils ne sont pas responsables, alors qu’ils le sont entièrement. Lorsque toi tu as tout donné pour l’avoir, en te disant à la fois « c’est pas possible ils vont forcément m’attendre » et « putain je l’aurais jamais »… Les français qui étaient avec moi depuis Paris étaient presque tous en transit pour une autre destination, sauf trois d’entre nous. Trois passagers quand même…

    En vrai ça passe, ils m’ont (encore heureux) assigné le prochain vol et immédiatement soulagé de mes bagages. Départ 6h30. Résultat : une nuit d’hôtel pour rien, deux vraies heures de sommeil en deux jours (et deux fast-food). Bah oui, je devais forcément me prendre la tête la veille de mon départ pour des futilités. Penser à tout en même temps : du coup, tout oublier. En plus du stress d’avant départ : une tempête qui me tapait sur les carreaux dès deux heures et une sœur qui faisait des aller-retours dans sa chambre à cinq heures. Pour couronner le tout, pas de fève pour la galette. Royal… Sans parler des cris stridents du gosse au père à la bedaine protubérante, assis à côté de moi lors des sept heures de vol… En résumé, je n’ai absolument rien vu de l’Inde mais j’ai déjà plein de choses à dire. Voilà les amis, c’est ça l’aventure ! En tout cas cela annonce du très très lourd en termes de pavés de lecture à venir. Bon courage pour ceux qui n’ont pas encore l’habitude. Moi, je m’y remets, c’est-à-dire que je m’éclate à raconter ma vie dans un style lourd et détaillé qui me caractérise.

    La stupeur et l’agacement retombés, me voilà au KFC du coin de ma porte d’embarquement, totalement jetlagé, (matrixé dirais-je) essayant de m’occuper comme je peux pendant trois longues heures. Pas de Wi-Fi à l’horizon, mais des moustiques, dans ce prestigieux aéroport international de Mumbai. Je pense à son ciel gris qui va bientôt se lever et que j’aurais peut-être l’occasion d’observer sur mon 27C à trois places du hublot. Que dire d’autre ? Mon premier retrait, 7500 roupies : l’équivalent de cent euros. Pour info 1 euro = environ 76 roupies. Ils ne taxent pas beaucoup sur les retraits. J’ai cherché en vain un magasin qui vendait des cartes SIM. Vous pouvez ajouter 4h30 à votre montre quand vous vous demandez l’heure

    Je devrais arriver à Bangalore vers 8h. Au programme : une sieste d'abord, de l'Inde ensuite, puis le repérage du bus et choix des options de destination du lendemain. Dimanche approche à grandes manches et je dois choisir entre Mysore ou Ooty comme étape avant mon premier Workaway (volontariat), qui est tout de même à quelques cinq cents kilomètres. Je ne suis même pas encore arrivé  que je dois déjà penser à comment repartir.

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